Plus d'un demi-siècle après son déclenchement, la Révolution culturelle (RC, 1966-1976), un épisode de l'histoire chinoise contemporaine et du mouvement communiste garde son lot de zones d'ombres et d'ambiguïtés.
Jiang Hongsheng raconte en détail l'histoire de Shanghai, ville populaire et ouvrière, durant cet épisode de la RC. Une tâche loin d'être facile car beaucoup d'archives liées à cette période demeurent confidentielles et gardées par le parti-État actuel. L'auteur montre en effet que l'historiographie de la RC s'inscrit dans la lutte de pouvoir au sein du PCC entre maoïstes et "liu-dengistes", ces derniers ayant pris le pouvoir sous la houlette de Deng Xiaoping.
Si l'ouvrage nécessite une lecture critique (l'auteur précise lui-même dans l'ouvrage être partisan de Mao), l'ensemble des sources sont minutieusement documentées.
Ses travaux mettent la lumière sur la RC, qui elle-même éclaire sur de multiples problématiques du mouvement communiste : une fois la prise du pouvoir achevée, comment faire en sorte que le parti d'avant-garde ne constitue pas une nouvelle oligarchie ? Peut-on rendre le pouvoir aux masses en évitant le factionnalisme et les contre-offensives réactionnaires ? Peut-on dépasser le parti-État ? Sans forcément constituer un modèle à suivre, la Commune de Shanghai est riche d'enseignements.
Le parallèle avec la Commune de Paris joue finalement un rôle plus secondaire.
La RC avait-elle in fine pour réel objectif de préserver la révolution ou bien simplement de servir les ambitions personnelles de Mao et sa garde rapprochée ? La lecture de ce livre ne permet pas d'apporter une réponse précise à cette question, mais apporte des éléments essentiels à la réflexion.