Tout d'abord il y a la longue introduction par
Delphine Horvilleur, sorte de méditation, de travail sur l'identité et la dualité
Romain Gary, Émile
Ajar, ce double qui n'existe pas mais qui a pourtant eu une véritable existence puisqu'il a écrit des romans, reçu le Goncourt, publié des ouvrages que n'aurai jamais pu écrire
Romain Gary.
Comment ne pas être fasciné, troublé voire obsédé par ce personnage.
L'aviateur, l'écrivain, l'ambassadeur
Romain Gary, celui-là même qui a réalisé tous les rêves qu'avait placé en lui sa mère, celle-là même que nous avons tous rencontrée dans
La promesse de l'aube, est un homme double. Et comment ne pas vouloir comprendre, avoir envie de le rencontrer, d'échanger avec lui, comme nous l'explique l'autrice dans ce long prologue.
Dans le texte proprement dit, nous sommes en présence de Abraham
Ajar, fils légitime de Émile
Ajar. Aussi irréel que l'était son père, il est le vecteur qui permet de poser ce long monologue de recherche d'identité. Qui sommes nous, qui sont-ils.
Du talmud à aujourd'hui,
Delphine Horvilleur interroge, le passé, la religion l'humanité sur le sujet majeur qu'est l'identité, pour ou contre. Sommes nous unique, sommes nous multiples, sommes nous ce que nous représentons, ce que nous pensons, ce d'où nous venons.
Un texte qui s'écoute avec attention, qui est empreint d'humour, de vivacité, jeux de mots, retour dans le passé ou clin d'oeil au présent, tout est bon pour se poser, nous poser la question de cet être unique ou pas.
L'écriture est travaillée sans être trop complexe, le style est très agréable.
La voix de
Johanna Nizard est déstabilisante au départ, surtout après avoir écouté
Delphine Horvilleur présenter l'introduction de sa belle voix posée et dynamique. Mais très vite l'intérêt est là, les mots dansent, la voix nous emporte et nous interroge. Et si nous aussi nous étions double ?
Bien sûr en filigrane mais toujours présent, la notion de religion, qu'est-ce qu'être juif hier et aujourd'hui, elle évoque le racisme, l'intégrisme, fait appel à notre sens des valeurs universelles. le tout écrit avec talent et justesse, compris dans cette dérision et cet humour parfois terrible dont elle sait faire preuve. Je suis très heureuse d'avoir pu écouter ce monologue contre l'identité, et pas pour ou sur l'identité. Comme si au final il était impossible d'être un autre ? Malgré ce que nous si bien démontré Romain-Émile ?
https://domiclire.wordpress.com/2024/01/13/il-ny-a-pas-de-ajar-monologue-contre-lidentite-delphine-horvilleur/
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