AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 370 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Première remarque à la lecture du nouveau livre de Delphine Horvilleur : cette autrice est brillante, et elle frappe fort ! Il y a des mots, des attitudes, des comportements actuels qui ne lui plaisent pas, mais alors pas du tout, et elle le fait savoir. Les expressions après un décès par exemple qu'elle trouve "idiotes", et surtout le nom vraiment "dégoûtant" d'identité...

Une colère sourde l'habite à la pensée que nous vivons en ce moment un "enfermement identitaire" : "... nous sommes... esclaves des définitions figées et finies de nous-mêmes, de nos origines, de nos ancrages, de nos assignations ethniques ou religieuses"... des voix affirment que pour être authentiques, il faudrait être entièrement définis par notre naissance, notre sexe, notre couleur de peau ou notre religion." (p 15)

Alors pourquoi Romain Gary alias Emile Ajar ? Parce que toute son oeuvre dit constamment qu'il "est permis et salutaire de ne pas se laisser définir par son nom ou sa naissance. Permis et salutaire de se glisser dans la peau d'un autre qui n'a rien à voir avec nous. Permis et salutaire de juger un homme pour ce qu'il fait et non pour ce dont il hérite". (p 18)
Et puis de nombreuses coïncidences montre le lien de D. Horvilleur avec Romain Gary / Emile Ajar, ainsi que les significations des noms Gary et Ajar... Démonstration étonnante et lumineuse de l'autrice : il n'y a pas de ... hasard.

Deuxième partie du livre : un texte écrit par le fils d'Emile Ajar... Mais Emile Ajar n'existe pas, c'est un pseudonyme... Peut-il avoir un enfant ?...
L'autrice donne donc la parole à Abraham Ajar, le fils de la falsification légendaire, dans une rhétorique très intelligente sur l'identité, la fausse identité, l'obsession identitaire, qu'on peut résumer ainsi : on n'est pas que ce qu'on dit qu'on est et même pas ce qu'on dit qu'on pense ; chacun, chacune est bien plus que cela !
Et attention, quand les identités sont simplifiées, l'autre devient un ennemi.

Enfin, une phrase magnifique - parmi beaucoup d'autres - : "en plus d'être les enfants de nos parents, ...nous sommes aussi les enfants des livres que nous avons lu".

Formidable écrit, à lire absolument !
Lien : https://www.les2bouquineuses..
Commenter  J’apprécie          81
Delphine HORVILLEUR imagine le fils d'Emile AJAR qui s'en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.

Encore une fois, la seule rabbin de France touche juste, et j'ai senti que cette question de l'identité, ou plutôt des identités lui tenait à coeur.

Un texte court mais fort et non dénué d'humour, dont j'ai surligné pleins de passages.

Quelques citations :

Le refus de Gary de se laisser définir par une identité ou une seule définition de soi à beaucoup à voir, à mon sens, avec sa judéité. D'une certaine manière, sa défiance à l'égard de l'identité fait de lui un auteur très juif.

… s'assurer de n'être jamais complétement soi-même, en rendant toute sa place à l'étranger en soi. Savoir ainsi, où que l'on se trouve, qu'on ne sera jamais complètement à la maison.

Parce que le message (d'Abraham) était on ne peut plus clair : Quoi qu'il arrive, hors d'Ur tu es, hors d'Ur tu resteras !

Je suis pour polluer toutes les “identités”. Pour que puisse à nouveau circuler la conscience claire de tout ce que l'existence doit au mélange.

Bref, en hébreu, tu peux “avoir été” et tu peux “être en train de devenir”, mais tu ne peux absolument pas être… ni binaire, ni non binaire, ni homme, ni femme. Tu as été et tu deviendras, mais tu es forcément en plein dans ta mutation. En clair, l'hébreu, c'est la langue des trans.

Un bon traumatisme, ça s'imprime sur plusieurs générations. Ca dégouline sans gêne. Mais si y'avait pas eu la Shoah, on n'aurait jamais pu le savoir. On doit tant à l'Allemagne.
Lien : https://alexmotamots.fr/il-n..
Commenter  J’apprécie          80
Entre essai et biographie, Il n'y a pas de Ajar revient d'abord sur la révélation quelque peu confuse par Bernard Pivot de la "filouterie sur les noms" orchestrée par Gary : Romain Gary et Emile Ajar, tous deux lauréats du prix Goncourt respectivement en 1956 et 1975, ne sont qu'une seule et même personne. le fils inexistant d'Ajar prend la parole pour explorer la notion d'identité dont Delphine Horvilleur, dans sa préface, rappelle que Romain Gary la refusait.

Beaucoup de notions sont abordées dans ce livre : celle de l'identité, du repli identitaire, de l'appropriation culturelle. Celle aussi de la judéité, chère à l'autrice. Cette dernière montre que la réflexion sur l'identité menée par Romain Gary en son temps est plus que jamais d'actualité. Elle a le sens de la formule qui fait mouche et saupoudre son texte d'un humour parfois grinçant.
Commenter  J’apprécie          70
Cette rabbine si ouverte, si intelligente et si pédagogue est pour moi toujours passionnante, dans ses écrits comme lors de ses fréquentes interventions médiatiques. Dans cet ouvrage, elle change de ton, en particulier dans la deuxième partie où elle fait parler un fils de l'auteur fictif Émile Ajar, double inventé par Romain Gary. Sur le fond, elle combat avant tout la passion de l'identité, qui enferme, réifie et interdit la complexité en soi autant que le dialogue avec les autres trop différents de soi. Mais sur la forme Delphine se lâche et je suis déstabilisée, moi qui admire tant sa sagesse et sa mesure. Un texte intéressant donc. Même si ce n'est pas mon préféré de l'auteure car il est peu argumenté, j'ai apprécié son espièglerie.
Commenter  J’apprécie          70
Avec cet ouvrage, l'autrice nous emmène au coeur de la double identité qu'a vécu le protagoniste pendant quelques temps.. En effet, Romain Gary a également écrit des oeuvres sous le pseudonyme d'Emile Ajar.
Cette idée a germée en 1974 quand il sest autorisé une interruption volontaire de bibliographie officielle et qu'il a décidé de se crée une identité littéraire qui fera beaucoup parler.
En voyant les critiques littéraires, il jubile...
Ces fameux journalistes viennent même à penser que Romain Gary serait dépasser par Emile Ajar.. "une grande plume"
Ce fut d'ailleurs la plus grande supercherie litteraire du 20ème siècle.

Etant complètement sous le charme de l'écrivain, je le suis également pour l'homme. Ce personnage aux milles vies qui m'a toujours intrigué par sa fougue.
Pour en savoir llus, je vous invite à découvrir le film qui retrace cette double identité avec le merveilleux film "L'enchanteur", un véritable bijou.
Cet homme qui a réussi à gagner deux prix goncourt.. une folie litteraire.
De nationalité russe et de confession juive, il ne cessera de nous réveler des secrets des différents pans de sa vie.

Un ouvrage qui éclaircit quelques tranches de vie sous la plume d'un rabbin qui mêle fiction et réalité.
Commenter  J’apprécie          50
Tout d'abord il y a la longue introduction par Delphine Horvilleur, sorte de méditation, de travail sur l'identité et la dualité Romain Gary, Émile Ajar, ce double qui n'existe pas mais qui a pourtant eu une véritable existence puisqu'il a écrit des romans, reçu le Goncourt, publié des ouvrages que n'aurai jamais pu écrire Romain Gary.

Comment ne pas être fasciné, troublé voire obsédé par ce personnage.

L'aviateur, l'écrivain, l'ambassadeur Romain Gary, celui-là même qui a réalisé tous les rêves qu'avait placé en lui sa mère, celle-là même que nous avons tous rencontrée dans La promesse de l'aube, est un homme double. Et comment ne pas vouloir comprendre, avoir envie de le rencontrer, d'échanger avec lui, comme nous l'explique l'autrice dans ce long prologue.

Dans le texte proprement dit, nous sommes en présence de Abraham Ajar, fils légitime de Émile Ajar. Aussi irréel que l'était son père, il est le vecteur qui permet de poser ce long monologue de recherche d'identité. Qui sommes nous, qui sont-ils.

Du talmud à aujourd'hui, Delphine Horvilleur interroge, le passé, la religion l'humanité sur le sujet majeur qu'est l'identité, pour ou contre. Sommes nous unique, sommes nous multiples, sommes nous ce que nous représentons, ce que nous pensons, ce d'où nous venons.

Un texte qui s'écoute avec attention, qui est empreint d'humour, de vivacité, jeux de mots, retour dans le passé ou clin d'oeil au présent, tout est bon pour se poser, nous poser la question de cet être unique ou pas.

L'écriture est travaillée sans être trop complexe, le style est très agréable.

La voix de Johanna Nizard est déstabilisante au départ, surtout après avoir écouté Delphine Horvilleur présenter l'introduction de sa belle voix posée et dynamique. Mais très vite l'intérêt est là, les mots dansent, la voix nous emporte et nous interroge. Et si nous aussi nous étions double ?

Bien sûr en filigrane mais toujours présent, la notion de religion, qu'est-ce qu'être juif hier et aujourd'hui, elle évoque le racisme, l'intégrisme, fait appel à notre sens des valeurs universelles. le tout écrit avec talent et justesse, compris dans cette dérision et cet humour parfois terrible dont elle sait faire preuve. Je suis très heureuse d'avoir pu écouter ce monologue contre l'identité, et pas pour ou sur l'identité. Comme si au final il était impossible d'être un autre ? Malgré ce que nous si bien démontré Romain-Émile ?

https://domiclire.wordpress.com/2024/01/13/il-ny-a-pas-de-ajar-monologue-contre-lidentite-delphine-horvilleur/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Depuis la lecture de « Réflexions sur la question antisémite », je suis impressionné par l'intelligence et la méthode de Mme Horvilleur. Sur cette question que je me posais depuis si longtemps et où la plupart des ouvrages me livraient un comment, Delphine Horvilleur m'offrait enfin une sorte de pourquoi. J'avais aussi aimé sa distanciation à travers un humour libérateur. Je n'ai donc pas résisté au titre de son dernier ouvrage, sous-titré « monologue contre l'identité ».

Notre époque qui se voudrait tellement inclusive est en fait une véritable fabrique à segmentations et identités exclusives, se mettre dans les pas de Gary/Ajar/Ah'ar, de ses livres et de tous les livres dont nous sommes « les fils et les filles » est un remède à cette tentation funeste.

L'héritier d'Ajar, le fils d'une invention, retrouve son père dans cette cave où il s'est réfugié, (rappel de « La Vie devant soi ») après le suicide de Romain Gary et annonce la couleur, si je puis dire, dès l'épigraphe du monologue « L'humour est une affirmation de supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive ».

Dans le corps du monologue où l'on retrouve des thèmes chers à l'autrice, le « presque », le refus des identités, les histoires de la thora, l'impossibilité de prononcer le nom de Dieu (1), la disparition de nos sociétés dans la victimisation de chacun et la rencontre avec la parole des « Livres » socles des déflagrations identitaires. le monologue s'articule autour de citations de « Pseudo » ou « La Vie devant soi », qui révèlent une sorte de prémonition chez Gary/Ajar du devenir de notre époque, mais aussi de la volonté farouche « d'appropriation culturelle » et d'ouverture au monde de Maurice Ajar.

Ce court ouvrage destiné à la scène est finalement, à mon sens, un autre moyen pour Delphine Horvilleur de poursuivre un travail de pédagogue et d'humaniste.

(1) le court développement autour du nom de « celui dont on ne prononce pas le nom » m'a remis en mémoire un livre très érudit de Thomas Römer « L'invention de Dieu » que je conseillerais à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Bible.
Commenter  J’apprécie          50
J'aime beaucoup Delphine Horvilleur et j'ai été submergée d'émotions lorsque j'ai découvert et lu Vivre avec nos morts. Elle sait toujours trouver le ton juste et les mots qu'il faut pour parler de sujets souvent délicats.

Ici, elle parle de Romain Gary, un romancier qui lui colle à la peau.

Elle trouve dans son parcours de vie des dates, des similitudes avec la vie ou l'oeuvre de Gary et le considère comme son Dibbouk (esprit d'une personne décédée qui pénètre le corps d'une personne vivante).

Dans un prologue fort intelligent, elle nous décrit la relation qu'elle entretient avec cet auteur qu'elle n'a pas connu mais qu'elle affectionne.

Puis, dans une courte réflexion, elle fait apparaitre le fils d'Emile Ajar, Abraham.
Emile Ajar, c'est le pseudonyme qu'a créé Romain Gary pour pouvoir publier sous un autre nom et réinventer son oeuvre.
Inutile de vous préciser qu'Abraham est donc un personnage fictif.
Ici, il est mis en scène dans un long monologue et par sa voix, Delphine Horvilleur traite de différents sujets.

A travers du vécu, de l'historique, mais surtout la religion juive, sa mythologie et ses personnages, elle nous donne ses réflexions sur l'identité, la religion, le racisme, tout en délicatesse et sagesse, comme à son habitude.

J'ai lu que ce texte a été écrit pour être joué sur scène, et c'est exactement comme ça qu'il faut l'appréhender. Tout au long de cette courte lecture j'ai imaginé l'autrice nous raconter ses mots avec sa voix douce et posée, pleine de bienveillance et de tolérance.

C'est un très beau texte, exigeant et rempli de justesse et de sagesse.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50
Il n'y a pas d'Ajar – Dephine Horvilleur

Un petit livre accrocheur !

Rabbin, philosophe, journaliste, écrivaine, Delphine Horvilleur vient d'écrire un monologue contre l'identité juive tout à fait intéressant. Ce petit livre laisse à penser sur notre identité.

Elle va user d'un homme qui va affirmer être le fils d'Emile Ajar pour faire avancer sa réflexion sur notre équivalence de nos génomes.

Elle donne un exemple très clair et intéressant sur l'épigénétisme.

Un livre aussi qui fait sourire notre réflexion !

A découvrir ! Un coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          50
J'ai adoré ce livre.
S'attaquer au dur sujet qu'était le personnage très décalé Romain Gary, ou, devrais-je dire les personnages qu'étaient Gary Ajar, chapeau bas ! le piège était de taille ! Tomber dans les banalités cent fois rassassées, relater une énième bio de l'aviateur, le comédien, l'auteur, le producteur...
Mais non le talent de Mme Horvilleur a contourné tout cela.
D'abord elle réalise une bio légère qui, nous parle du refus de Romain Gary de s'ancrer dans une identité et une vie que l'on t'a refilé et deémerte-toi. Donc Gary s'offre une seconde vie qu'il choisit, celle d'Émile Ajar, Goncourt pour la seconde fois en 75 (Gary en 59).
Mais, cerise sur le gâteau, voilà Abraham Ajar, fils fictif d'Émile, pseudo fils de son pseudo père. C'est part pour un monologue conséquent et passionnant

Le jour où j'avais découvert Mme Horvilleur (vivre avec nos morts) n'a pas changé ma vie mais l'a améliorée.
Elle fait partie de ces personnes qui m'amene à la sérénité, au calme comme François Cheng, Jeanne Bénameur et quelques autres.
Ce n'est pas étonnant si le même jour j'ai acheté (chez mon Libraire indépendant Même Horvilleur et M. Cheng
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (763) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
857 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}