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sur 1452 notes
Je n'ai pas essayé de le trouver autrement qu'en librairie car je voulais le posséder ; le livre c'est entendu. Pour moi c'est un bon cru. Ça tombe bien on est en Beaujolais. Saint-Amour, Juliénas, Moulin-à-vent. Des rouges que je n'aime pas, vieux et que je consomme rapidement de préférence, car ils sont fleuris. Houellebecq n'a pas d'âge en ce sens qu'il vieillit bien, d'ailleurs il a toujours cinq à dix ans de maturation tellement sa perspective est juste. On le voit bien ici, avec Bruno ministre du budget et Paul Raison aux finances. Prudence, la femme de Paul. Paul, le fils d'Edouard de la DGSI et Madeleine, sa compagne. Martin-Renaud, commissaire chef de la DGSI, ami d'Edouard. Nous sommes en 2027, période électorale. le président (le nôtre, est très vieux et n'a de jeune que l'aspect) ne peut pas se représenter. Il a fait son temps. Paul a une soeur, Cécile, mariée à Hervé, et un frère Aurélien, restaurateur d'oeuvres d'art, tapisseries du moyen-âge, Indi sa femme, leur fils, Godefroy… un brouillon ! Il y a deux passionnés d'informatique, Bastien Doutremont qui roule en Aston Martin DB11 et aime déchiffrer les graffitis du métro et Fred le geck, pour lui, les jeux vidéo. Puis, Delano Durand, Hacker, du genre qu'il vaut mieux recruter à son actif. Brian, un activiste. Sitbon-Nozières, normalien agrégé d'histoire, qui aime le paraître, addict aux costumes très, très, chics. Recruté par Martin-Renaud pour surveiller les publications extrémistes et appels à l'insurrection sur le net, en cette période d'attentats à répétition... Des Chefs de médecine, Martial le chirurgien, Lesage et Lebon. Bon, sage, et, tranchant. Ça démarre au quart de tour et ça ne s'arrête plus. C'est un conteur du réel qui me passionne et qui me donne à lire un roman contemporain qui fait l'actualité sans jamais me rebuter, au contraire. Si toutefois, je m'attriste, je ne puis que constater que mon sentiment naît d'une authentique représentation de la vie telle qu'elle m'est offerte. Soit, que le bonheur m'est donné en dépit de toute possession matérialiste et qu'il m'a été enlevé de même sans que je puisse intercéder de quelque façon. Je constate alors que tout ce qui m'entoure, de nature et naturel, participe d'une grandeur souvent ignorée.
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La publication d'un roman de Michel Houellebecq est toujours un événement littéraire ; l'écrivain est une star, il a ses idolâtres et ses détracteurs. J'aime bien sa manière d'écrire, j'ai apprécié la plupart de ses romans et c'est assez naturellement que je me suis imposé de lire anéantir dès sa parution.

Les premiers chapitres sont accrocheurs, prometteurs. Les touches d'ironie décalées caractéristiques de Houellebecq transparaissent derrière le style simple, direct, à la fois classique et libre. Je me suis laissé docilement embarquer par la fiction, début 2027 – oui, dans cinq ans ! – à Paris, dans les cercles du pouvoir.

Là, on s'inquiète d'une mystérieuse organisation terroriste qui s'attaque au commerce mondial, tout en diffusant des messages composés de signes cabalistiques, auxquels les hackers les plus affûtés n'entravent que pouic. L'on prépare aussi les élections présidentielles, qui approchent. La Constitution ne permet pas au président en exercice – qui n'est pas nommé, mais ressemble à qui vous savez – de se représenter pour un troisième mandat, une option que ne rejetterait pourtant pas l'opinion publique. On subodore que le président pourrait faire élire un homme de paille, avec l'intention de revenir cinq ans plus tard pour deux mandats supplémentaires ; un scénario à la Poutine / Medvedev.

J'en ai eu l'eau à la bouche et je me suis préparé à suivre tout cela en compagnie de l'antihéros houellebecquien de service, l'homme apathique sans qualités, central dans chaque roman de l'auteur. Il est un peu monté en grade par rapport à ses prédécesseurs. Pensez : un énarque, haut fonctionnaire ! Paul Raison est le chef de cabinet (le chef, pas le directeur !) du ministre de l'Economie et des Finances, un certain Bruno Juge, que certains lecteurs identifient à Bruno Lemaire… une assimilation qui fonctionne assez bien. Pour corser le tout, j'apprends que le père de Paul était un agent très important des services secrets français. Voilà qui laissait augurer une histoire passionnante !

Un feuilleton en-dessous de mes espérances ! Je n'ai eu à me mettre sous la dent que le quotidien tristounet du presque quinquagénaire Paul Raison et de sa grise famille. Sortir de l'ENA n'empêche pas d'être un homme comme les autres, avec ses petites misères secrètes. A l'exception des deux dernières parties (sur sept), où la glissade progressive vers le néant, inattendue et glaçante, m'a littéralement tétanisé, j'ai lu les sept cents pages d'anéantir sans enthousiasme ni déplaisir. L'écriture est tellement habile, fluide, avec ici ou là un commentaire désabusé aussi pertinent qu'hilarant, que malgré la longueur du livre, je n'ai pas eu le sentiment de m'ennuyer.

Ai-je perdu mon temps ?… Pas autant que Paul et sa femme, qui ne se sont pas touchés pendant dix ans ! Ils s'y remettent, y prennent goût, baisent comme des fous… Malheureusement, c'est un peu tard ! Mais ils ont raison, ce serait bête de mourir idiot…

Il me reste des questions sans réponses. Quel est l'intérêt des nombreux et indéchiffrables rêves de Paul ? A quoi rime l'intervention clandestine d'un commando de gentils mercenaires d'extrême droite, juste pour sortir un père âgé et handicapé d'un établissement de soins et l'installer dans sa famille ?

Je lis dans la presse qu'anéantir est l'occasion pour Houellebecq d'exprimer sa foi catholique et ses convictions politiques très conservatrices. On évoque aussi le pessimisme de l'auteur et sa vision prémonitoire de l'effondrement de notre civilisation. Rien que cela ! Il y a pourtant eu pire dans l'histoire et il y a toujours pire de nos jours sur la planète. le talent d'un romancier est de faire vivre des personnages de fiction ; ils ont leurs idées, leurs convictions, leur sensibilité ; ce sont les leurs. En tant que lecteur de romans, ça ne m'intéresse pas de savoir si ce sont aussi celles de l'auteur.

En conclusion, je me demande quand même si une forme de magie n'est pas en train de se dissiper. En d'autres termes, serai-je aussi prompt à lire le prochain Houellebecq ?

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Au fond, avant de commencer Anéantir, il faudrait ne rien avoir lu de Houellebecq auparavant et partir à l'abordage sans préjugés, vierge de tout sentiment sur l'auteur. Mais en même temps, ce livre plutôt "soft" n'existerait pas sans ses antécédents littéraires et, plus largement, l'image qu'il renvoie, plutôt "hard." Anéantir a beau être un roman plus apaisé et moins radical que ses prédécesseurs, il n'en restera pas moins familier, par certaines obsessions très personnelles, à ses lecteurs fidèles. Ce que l'on retient au fil de la lecture, c'est l'incroyable richesse narrative du roman, qui commence comme un thriller et se termine sur des notes philosophiques. Certes, il y est question d'attentats mystérieux et d'une campagne électorale se déroulant en 2027, et les deux sujets sont passionnants pendant une grosse moitié du livre, mais ensuite, Houellebecq les laisse carrément tomber et finit par recentrer son propos autour de son personnage principal, Paul, et accessoirement sur les membres de sa famille. le héros, un peu mou et passif, conseiller spécial du Ministre de l'Économie, a pour principale qualité la lucidité mais c'est un peu normal puisque c'est Houellebecq qui s'exprime à travers lui. Les portraits de chacun des protagonistes, y compris ceux qui n'ont qu'une importance relative, sont un pur délice, croqués en quelques phrases, souvent assassines et drôles mais pas si méchantes que cela, en définitive, comme si l'auteur distillait son venin en le mélangeant à une certaine bienveillance voire tendresse (sic). Attention tout de même, sur certains sujets -le capitalisme, la religion, le sort réservé par la société aux personnes âgées- l'écrivain furieux reprend le dessus mais cela ne dure qu'un temps. Quant au désir de choquer, il est encore là mais ne se manifeste qu'incidemment, même si les scènes crues ne sont pas absentes, loin de là. Il y a à boire et à manger dans le roman, du beau et du bizarre (les rêves récurrents) mais surtout des pages entières à déguster (les conversations dans la famille de Paul) et des moments d'une infinie cocasserie mais aussi de douceur mélancolique vers la fin de l'ouvrage. Ce qui ressort du livre, en fin de compte, c'est que ce monde est absurde et que la vie humaine ne l'est pas moins mais que ce n'est pas une raison pour galvauder cette dernière, dans la mesure des moyens de chacun. Ce n'est peut-être pas très révolutionnaire ni profond comme conclusion, c'est entendu, mais le livre de Houellebecq, que l'on aime ou pas le personnage, a dans sa densité quelque chose de balzacien, ni plus, ni moins. Houellebecq est un expert du marketing comme le montre le lancement du roman mais pour une fois que le produit est à la hauteur des espérances ...
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Je ne suis pas une familière de l'oeuvre de Houellebecq. J'ai lu Les particules élémentaires il y a plus de dix ans. Je me souviens avoir été impressionnée par le ton irrévérencieux de l'auteur et par sa capacité à insérer l'histoire intime des personnages au sein d'une histoire plus vaste, sociétale, scientifique, questionnant les grands enjeux contemporains. J'avais été également séduite par sa vision désenchantée, voire franchement désespérée du monde. Mais, pour une raison que je ne m'explique pas très bien moi-même, je n'ai pas poursuivi plus avant l'exploration de son oeuvre. Peut-être aussi que le personnage m'énervait, ainsi que le battage médiatique auquel il semblait se prêter volontiers. Et puis, j'avais été un peu rebutée par son style, que je jugeais assez plat.
Je viens d'achever la lecture d'Anéantir, et je suis subjuguée. Et si je continue à penser que Houellebecq n'est pas un grand styliste de la langue, je suis tentée de dire : « ce n'est pas bien grave. » Son immense talent réside ailleurs. Dans son aptitude véritablement inouïe à entremêler les fils d'une histoire complexe et profuse sur plus de sept cent pages (quel souffle!) sans jamais égarer son lecteur. Car, et c'est là une chose qui m'a frappée tout le long de cette fascinante lecture, l'auteur a profondément à coeur de se faire comprendre et ne perd jamais de vue son lecteur. Un auteur ayant sa vision du monde, un auteur capable d'élaborer une pensée autonome, souvent originale, parfois iconoclaste, très argumentée et minutieusement documentée, ce n'est pas fréquent. C'est même assez rare. Houellebecq est incontestablement un tel auteur, et de surcroît, il parvient à nous transmettre sa vision via un roman qui jamais ne s'égare dans de pesantes explications, via un roman qui ouvre de passionnantes pistes de réflexions tout en nous emportant dans une intrigue digne d'un excellent thriller et en nous emmenant à la rencontre de personnages incroyablement vivants et humains. du grand art.

Dès l'incipit, le ton est posé :
« Certains lundis de la toute fin novembre, ou du début de décembre, surtout lorsqu'on est célibataire, on a la sensation d'être dans le couloir de la mort ».
Et dès les premières pages, une intrigue forte se noue autour d'événements récents aussi mystérieux que terrifiants : des messages incompréhensibles accompagnant des vidéos dont l'une simule avec un réalisme saisissant la décapitation de l'actuel ministre de l'économie et des finances, Bruno Juge, inondent la Toile. La mise en place de l'intrigue, après quelques détours, nous mène au personnage principal et double de l'auteur, Paul Raison, ainsi qu'aux deux personnages qui jouent un rôle majeur dans son existence : sa femme Prudence, et Bruno Juge. Bruno est l'unique ami de Paul et son supérieur hiérarchique direct. Loyal et fidèle, il répond toujours présent quand Paul a besoin de lui. Il est, pour quelques mois encore, ministre de l'économie et des finances au sein du gouvernement d'un Président qui achève son deuxième mandat. Nous sommes dans les toutes dernières semaines de l'année 2026, la bataille pour les présidentielles de 2027 va bientôt commencer…
Nous quittons provisoirement Bercy et l'Histoire en marche pour le Beaujolais. L'histoire intime et familiale fait brutalement irruption dans la vie de Paul, requis au chevet de son père. Celui-ci vient d'être victime d'un AVC, et c'est l'occasion pour l'auteur d'introduire l'une des thématiques majeures du livre, la trilogie : vieillesse, fin de vie, mort.
Si la vieillesse correspond indubitablement à une lente et inexorable déchéance ponctuée d'ennuis médicaux, elle peut, parfois, dans le cas assez rare où l'amour perdure au sein du couple « ne pas être tout à fait malheureuse. » La fin de vie est traitée du point de vue de diverses situations et de divers personnages et elle est tout sauf monolithique : certains, comme Edouard Raison, le père de Paul, même terriblement diminués, sont animés d'une volonté de vivre indestructible, tandis que d'autres, pourtant bien plus jeunes mais gravement malades, refusent des interventions lourdes et invalidantes, diminuant ainsi leur chance de survie. Dans les deux cas, le devoir de la société et des proches est de savoir entendre leur désir et d'y répondre le mieux possible. Quant à la mort, si elle s'apparente presque à coup sûr au néant, il reste que sa perspective toute proche peut rendre à l'homme moderne ce qu'il a perdu : la connexion au monde qui l'entoure, la capacité à jouir de l'instant présent.
« L'immense forêt qui s'étendait devant eux n'était pas immobile, une brise légère faisait onduler les feuilles, et ce très léger mouvement était encore plus apaisant que ne l'aurait été une immobilité parfaite, la forêt semblait animée d'une respiration calme, (…) elle était la vie dans son essence, la vie paisible, ignorante des combats et des douleurs. Elle n'évoquait pas l'éternité, ce n'était pas la question, mais lorsqu'on se perdait dans sa contemplation la mort paraissait beaucoup moins importante. »

le bref premier séjour de Paul dans le Beaujolais où son père est hospitalisé fournit également à l'auteur l'occasion de nous présenter deux personnages magnifiques : sa soeur Cécile et Madeleine, la compagne d'Edouard Raison. Cécile et Madeleine incarnent chacune à leur manière un sentiment, la compassion, considérée par Houellebcq comme « source de toute morale ». Elle est, dans le roman, presque exclusivement endossée par les femmes. Certes, Paul Raison est lui-même traversé à au moins deux reprises par un sentiment analogue : « En pensant à la vie brisée de Madeleine, il fut envahi par un flot de compassion si violent qu'il dut se détourner pour s'empêcher de pleurer », ou encore : « Paul fut envahi par une vague de compassion affreuse, crucifiante, mêlée de culpabilité parce que lui non plus n'avait rien fait pour l'aider, il faillit s'effondrer mais il se reprit ». Seulement, contrairement à Cécile et à Madeleine, Paul ne sait que faire de la compassion, elle manque le submerger et il la chasse aussitôt. Cécile et Madeleine ne sont pas submergées, elles ne subissent pas la violence de leurs émotions, elles ont la capacité de transformer en actes leur compassion. Et si elles y parviennent si aisément, c'est parce que leur dévouement a un solide soubassement : l'amour. La foi et l'amour de Dieu pour Cécile, l'amour d'Edouard pour Madeleine, auquel elle voue une reconnaissance infinie.
L'amour est l'autre grand thème qui irrigue tout le roman. Il est essentiellement porté par les femmes, et il est la seule chose qui permet aux hommes d'échapper à l'absurdité de l'existence. Il est même, dans certains cas, la dernière chose qui les relie à la vie. À cet égard, alors que j'ai lu nombre de romans s'attachant à la description décourageante du délitement du couple, je ne me souviens pas en avoir lu qui, à l'instar de celui-ci, nous narrent la recomposition lente et délicate d'un couple défait. L'amour patiemment retissé entre deux personnages qui n'ont plus aucun rapport sexuel depuis dix ans, qui vivent au sein de leur appartement une forme de cohabitation vaguement belliqueuse est l'une des grandes surprises de ce livre. Ce miracle tient à un fil ténu, c'est ce qui le rend si émouvant et si beau, on pressent qu'il aurait tout aussi bien pu ne jamais avoir lieu, laissant à jamais les deux personnages à leur solitude écrasante. Mais il a lieu.
« Des moments ont lieu ou n'ont pas lieu, la vie des personnes s'en trouve modifiée et parfois détruite, et que peut‑on en dire ? Que peut‑on y faire ? de toute évidence, rien. »
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Paul travaille à Bercy à la direction du budget. Il partage un magnifique appartement avec sa femme Prudence mais ils font chambre – et repas - à part. Ils ne se sont d'ailleurs plus croisés depuis des mois. Ils n'ont pas d'enfants. Il apprend par la DGSI qu'une cyberattaque menace le gouvernement. Son père, ancien membre de la DGSI vient d'avoir un AVC et est dans le coma. Son ami Bruno, ministre des finances, lui-même au bord du divorce, se prépare à la nouvelle campagne présidentielle, celle de 2027, dans cette ambiance morose. Un ancien présentateur de télé est candidat à la place du président sortant. Une manoeuvre purement politicienne.

Paul se rend dans le Beaujolais, là où vit son père dans la grande demeure familiale. Sa mère est morte il y a quelques années ; son père s'est remarié avec Madeleine, son aide-ménagère. Elle est effondrée. Il retrouve sa soeur Cécile, très croyante et son mari Hervé, au chômage depuis peu. Ils viennent du Nord, région économiquement sinistrée. Son autre frère, Aurélien, a épousé une harpie, journaliste ratée, qui le méprise. Ils ont eu un fils par PMA qui n'est pas son enfant biologique. Un gamin odieux, fruit d'une époque nihiliste qui sacralise l'enfant et considère les anciens comme d'inutiles fardeaux. le père, Edouard est à l'hôpital et bientôt transféré dans une unité EVR-EPR pour patient en état végétatif. Occasion de retrouvailles familiales douloureuses et tourmentées par quelques règlements de comptes…

L'enquête va se poursuivre, Paul se réconcilier avec Prudence mais de nouveaux drames vont venir alourdir le tableau, déjà bien pessimiste, d'un pays au bord de l'effondrement et de personnage pris dans cette morosité absolue. Les femmes s'en sortent un peu mieux, grâce à l'amour, la religion, les sagesses anciennes, le dévouement…Edouard, vieillard dépendant, sera arraché à un système de santé qui le condamne, ses fils auront moins de chance. Mais la roue tourne, l'homme sans Dieu est condamné au néant d'un monde devenu absurde. C'est parfaitement pessimiste, c'est du Houellebecq mais si souvent juste, écrit avec beaucoup d'humour et finalement une grande tendresse pour ses personnages –quelques-uns mis à part. A déguster sans modération.
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Aucune majuscule sur la première de couverture, histoire de contrebalancer le chic de cette édition de choc. M. Houellebecq s'offre sa petite édition personnelle de la Pléiade, ses anciens titres prendront bientôt le même chemin, le sens du marketing peut rimer avec talent ceci dit!
Ce roman foisonnant touche à tout notre univers actuel, la vie, l'amour, le travail, le terrorisme,la politique ,l'écologie et j'en passe, le tout pimenté des obsessions houellebecquiennes et je dirais "heureusement".
Cette histoire" touche à tout"est racontée par Paul, le proche d'un ministre qui s'appelle Bruno, ça ne s'invente pas et nous sommes en 2027, le Président a fait 2 mandats, espère louer l'Elysée à un pitre de télévision pour mieux s'y réinstaller 5 ans plus tard, en se méfiant quand même des aspirations de Bruno.
L'auteur
a ses têtes comme on dit, et c'est toujours amusant surtout si on pense la même chose.
La maladie, la médecine, la haute technologie ont une grande part de réflexion dans ce roman, son attention pour les personnes âgées, seules ou malades est touchante.
Bien sûr, les couples qui vont mal, le sexe, sont toujours présents, et tant d'autres sujets qui démontrent ,fatalistes, que ce monde est au bord du chaos.
Je relève une phrase qui résume l'idéologie qui commence à s'imposer aussi en France :
"Beaucoup de gens aujourd'hui étaient devenus très cons:c'était un phénomène contemporain frappant, indiscutable ." du pur Houellebecq.
Ce qui a changé peut-être un peu sa vision du monde c'est que seul en Irlande avec son chien et un ciel tourmenté , était plus rude que maintenant, marié et peut-être heureux.
Quant aux rêves racontés plusieurs fois, peut-être a t-il consulté un oniromancien et que ces pages sont précieuses pour le roman , je ne sais.
Pas une once d'ennui pendant la lecture de ces 700p.
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Alors personne n'arrivera à me faire croire:.
- Que "Où est le bec?" est le Balzac du XXIe.
- Qu'il a quelque chose à dire.
- Que c'est un écrivain. C'est à peine un écrivant.
J'ai lu, je me suis em... comme un rat mort. Je n'en lirai plus. Jamais. A quoi bon se tartiner des kilomètres de platitudes affligeantes, de banalités politico-sociologico-masturbo-bito-philosophiques qui ne valent pas tripette?
Seul intérêt de ce livre: il peut aider à surélever les meubles en cas d'inondation!
Et c'est aussi un excellent baromètre de la connerie ambiante. On bat des records.
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Le tout dernier Houellebecq est arrivé et il est excellent, je l'ai dévoré en une journée complète. On comment l'ouvrage par un mystérieux croquis que Bastien Doutremont voit dans le métro parisien, son passe-temps pour les graffitis le caractérise bien, Bastien est aussi un contractuel de la DGSI, personnage atypique et original, je reconnais bien là l'auteur. L'intrigue est excellente, je me suis laissé porté par le récit, l'écriture à bien évoluée depuis Extension du domaine de la lutte, mais toujours avec cette mélancolie qui prédomine chez cet auteur. Il digresse moins et ça me plaît, je ne me perds pas en le lisant.
Dans ce pavé de 735 pages quand même, je ne lui trouve rien à jeter, tout le texte et le sous-texte est à garder. Michel (vous permettez que je vous appel Michel ?) sait parfaitement où il va est ça se ressent dès les premières lignes. Il faut que je vous parle de Fred aussi, le génie de l'informatique, très au courant de ce qui se fait et loin des clichés de l'hacker à capuche que l'on croise trop souvent dans les romans. Au final on a deux types banals, comme souvent chez Michel Houellebecq, qui se retrouve dans une aventure pas banale, là aussi comme toujours, et on les suit avec plaisir.
Ce que j'aime chez cet auteur c'est son authenticité, qui se retrouve dans ses personnages, il ne cherche pas à nous convaincre de quoi que ce soit, il n'est pas là pour nous offrir une morale, c'est à nous de nous débrouiller avec ce qu'il nous donne et j'aime ça.
Côté rythme les chapitres courts aident pas mal à enchaîner les pages, c'est d'ailleurs à cause de ça que je l'ai déjà terminé, mais le rythme du récit, lui, il prend son temps, il développe ses personnages, l'ambiance, nous fait nous poser des tonnes de questions auxquelles on n'aura pas forcément toutes les réponses mais encore une fois, il faut être débrouillard avec Michel.

Avec tout ça j'en oublierais presque de parler de l'intrigue, l'auteur fait dans l'original dans sa façon de traiter les nouvelles technologies, les trois vidéos qu'étudient nos deux comparses sont bluffantes par leur réalisme, on progresse à bonne vitesse dans l'intrigue mais ne soyez pas trop pressé, il y a anguille sous roche et il vaut mieux être bien armé pour la suite. Franchement je suis fan de ce genre d'histoire, du grand Houellebecq.

Je pourrais en parler pendant des heures mais je trouve ma critique déjà trop longue alors pour résumer, on a des personnages excellents, une intrigue qui avance à bon rythme, une vision originale de la technologie et de ses travers, les détails très précis me font toujours autant sourire, c'est très bien documenté aussi. Michel Houellebecq nous offre son meilleur cru pour l'année 2022.
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Je ne comprends pas. Je ne comprends pas que cet auteur soit considéré comme l'un des meilleurs dont la France puisse s'enorgueillir. La centaine de pages que je me suis contraint d'avaler était d'une plateur syntaxique affligeante, et au bout de deux ou trois bites, j'ai dit stop. Pour rester dans le langage ordurier de l'air du temps, vraiment rien à battre de cet ouvrage.
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- Bon alors tu as fini par le lire ?
- Oui, ça a été un peu long, c'est un pavé.

- Certes, mais c'est un bel objet, agréable à tenir, visuellement réussi.
- Franchement, j'ai une pensée pour tous les arbres abattus pour le réaliser. Mérite-t-il ce sacrifice ?

- ... (silence devant l'horreur suscitée par la remarque précédente pour un bibliophile)
- Je te rassure, pour éviter ça, je l'ai « lu en audio » en roulant dans mon véhicule Diesel.

- ... (resilence devant l'horreur suscitée par la remarque précédente pour un électrophile)
- C'est un roman « cinéma français ». D'un petit bourgeois désabusé qui n'a pas grand-chose d'utile à faire dans la vie à part dépenser les dividendes de ses livres qui se vendent comme les objets inutiles qui abreuvent notre société et qui, selon les collapsologues, conduisent notre monde à sa perte.

- ... (reresilence devant l'horreur suscitée par la remarque précédente pour un exceptionfrançaisophile)
- Ceci dit, l'écriture de M. Houellebecq est agréable, cela glisse, cela amuse parfois. Certains traits sont bien ajustés, font mouche. L'auteur observe à loisir, avec un cynisme amusé cette société qu'il décrit.

- Ah voilà ! C'est exactement cela ! L'art de Houellebecq est descriptif, contemplatif presque !
- Ce n'est pas très difficile lorsque, à l'instar de ses héros, le travail consiste à se regarder agir et recenser tout ce que l'on ne sait pas, tout ce qu'on ne sait pas faire : c'est-à-dire tout en fait.

- Oui mais il le fait avec talent, avec une plume acérée parfois, nostalgique souvent. Et ses saillies sexuelles sont toujours assez ... étonnantes ! Ils rompent avec brio avec le tempo plus ... « Lento ».
- Traduction : C'est donc un roman petit bourgeois pour petit bourgeois neurasthénique se percevant immergé inéluctablement dans une décadence de sa civilisation, au ralenti.

- C'est une marche funèbre ! Individuelle et collective.
- Si celle menait quelque part encore, cela pourrait se justifier mais non. C'est un roman « cinéma français » comme je le disais, à toi d'imaginer la fin. Ou pas. le seul fil un peu intéressant, les attentats spectaculaires, ne seront pas élucidés.

- C'est la beauté du geste. Ce côté « thriller » est un piège pour nous amener à poursuivre la lecture et écouter l'auteur discourir sur nos problèmes de société. C'est plus agréable que lire Michel Onfray sur une ligne similaire.
- Alors l'ensemble ne mérite pas le détour. Sauf pour encourager l'auteur à continuer de décrire notre déclin, notre soumission, notre disparition physique. Ses fantasmes récurrents.
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