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3,6

sur 3949 notes
Probablement le chef d'oeuvre de Houellebecq. Une observation très fine du monde occidental et une accumulation extraordinaire de connaissances pour rendre crédible le personnage de Michel, scientifique qui va bouleverser l'histoire du monde occidental. Beaucoup d'observations et de commentaires émaillent le roman ; il n'est donc pas réservé à tout le monde.
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A ceux qui seraient tentés d'abandonner en cours de lecture, l'épilogue, qui révèle le génie de l'auteur, vaut vraiment la peine de s'accrocher.

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LE PITCH

Les Particules élémentaires rapporte l'existence de deux demi-frères, Michel Djerzinski et Bruno Clément.

L'histoire débute le 1er juillet 1998, au moment où Michel, chercheur au C.N.R.S. en biologie moléculaire, prend une année sabbatique. Il espère sortir d'une impasse théorique : les hypothèses actuelles le dépassent. C'est un scientifique austère, détaché du matérialisme ambiant, qui réfléchit à inventer l'Homme nouveau… Somme toute, un type chiant.

Bruno, de son côté, s'acharne en une quête désespérée du plaisir sexuel. Il cherche à jouir par tous les moyens. Implacablement, il s'adonne à un plaisir consumériste, celui du « toujours plus, jamais trop ».

Tous deux avancent ensemble vers la fin de leurs vies sans joie.

Ceci étant dit, si tu es prêt pour une bonne tranche de cynisme,

Pourquoi lire Les particules élémentaires (mais pas au bord d'une falaise) ?

1. TU VAS RÉFLÉCHIR.

« le mystère Houellebecq, c'est qu'il existe deux Houellebecq, un méchant Houellebecq, le mieux connu du grand public, provocateur qui dépasse plus souvent qu'à son tour la limite du tolérable, qui profère des énormités d'un air de ne pas y toucher, qui choque par trop le respect dû aux gens. Et un gentil Houellebecq, qui parle d'amour et de bonté, qui prend la défense des enfants délaissés, des filles moches et des vieillards abandonnés. Lire Houellebecq, c'est écouter ces deux voix narratives si opposées, au lieu de n'écouter que celle qu'on préfère, et tenter d'interpréter une contradiction aussi patente et aussi dérangeante. »

Les tiroirs de Michel Houellebecq, Bruno Viard, 2013

Si je commence par cette citation de Bruno Viard, c'est que mon analyse de l'oeuvre va globalement se reposer sur ce point de vue.

Les particules élémentaires, quoi que puissent en dire les détracteurs de Houellebecq, est un roman important et un phénomène littéraire, en rupture avec les esthétiques officielles de l'époque.

C'est un symptôme, un peu à la manière des naturalistes ou de tout ceux qui ont été dissidents.

La prose toute particulière de Houellebecq repose, entre autre, sur sa faculté cynique d'analyse du monde qui l'entoure. Il pose un regard dont l'acuité est dérangeante au premier abord : elle désenchante, et ce n'est pas agréable à lire.

Autrement dit, Houellebecq expose quasi scientifiquement les mécanismes de la société post-68, à savoir : triomphe de l'individu, libéralisme économique (et sexuel !), destruction des structures sociales et collectives. À l'échelle humaine, on y parle de misère sexuelle, de manipulations génétiques, de divorce, d'ennui, de violence, de racisme, de sexisme, du culte du corps et de la jeunesse, etc.

On est très loin des romans « feel-good »...

Cependant, au milieu de ce marasme sociétal, gravite la question du bonheur.

Le désenchantement n'est pas total et inébranlable, comme beaucoup ont été amenés à le penser. Au contraire, Houellebecq le met en jeu, ce qui signifie qu'il le met en question, qu'il le soumet à l'analyse. Il fait son travail de romancier.

Les lecteurs habitués des littératures de l'imaginaire (des dystopies, entre autre), auront certainement plus de facilité à remettre en question les propos de cet ouvrage. Rien n'est acté, tout est à faire.

(Ah, et pour ceux qui pensent que Houellebecq est misogyne, pour info, il a rédigé la postface du pamphlet féminise Scum manifesto.)

(...)

Si tu veux continuer de lire cette (longue) critique, n'hésite pas à aller directement sur mon blog ! le lien est juste en bas !
Lien : https://www.pagenoireblog.co..
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J'ai lu pour vous le prologue afin que vous vous fassiez votre opinion.
Retrouvez cet extrait sonore de quelques minutes afin de l'acheter ou l'emprunter en connaissance de cause.

Lien : https://youtu.be/7oMXoQ4CKMc
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A maints égards, Michel et son demi frère Bruno représentent la déliquescence du monde libéral occidental dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Dans deux axes résolument opposés - le corps et l'âme -, ils vivent en marge d'un monde qui, depuis leur plus tendre enfance, les a rejetés. Ils témoignent tous deux de la mort de Dieu (depuis la fameuse formule de Nietzsche) et donc de l'impossibilité pour l'Homme de vivre en société depuis la disparition de son ferment religieux et métaphysique. Les particules élémentaires, c'est une histoire de Dieu, de l'amour et de la biologie moléculaire, trois thèmes habilement mis en relation par l'autre Michel, Houellebecq.

Dieu est mort, affirmait Nietzsche ; ainsi en est-il de l'Homme, tout du moins dans sa version occidentale ou judéo-chrétienne, proclame Houellebecq. La religion, n'étant plus ou étant du moins destinée à une fin certaine, n'assure plus son rôle de cohésion sociale. Partant, la famille apparaît comme une idée ancienne : de cela, Michel et Bruno sont tous les deux victimes. Privés de leurs parents mènent leurs vies, donnés à qui veut s'en occuper : les grands-mères, les pensionnats. Leur mère, seule et étrange liaison entre ces deux hommes, préfère profiter de la liberté sexuelle des années 1960 ; à la poursuite d'une jeunesse perdue, elle personnalise à elle seule l'un des facteurs de la déliquescence des sociétés libérales occidentales : l'individualisation extrême, assimilée à l'atomisation de la société, où chacun agit selon ses intérêts et ses désirs propres. Atomisation subie aussi par Michel et Bruno dès leur plus jeune âge : ils vivent déjà leurs scolarités à l'écart des autres, éloignés d'eux par une intelligence hors norme (Michel) ou par une obésité infantile difficile à vivre (Bruno). Au pensionnat, Bruno fait encore l'expérience de la barbarie humaine : frappé, humilié, harcelé, il sera un être de chair, car c'est elle qui le définit dès l'enfance.

De l'amour, Michel et Bruno en ont des expériences tardives et radicalement différentes. Michel vit un amour platonique, sorte d'amitié amoureuse, avec Annabelle, dont la beauté physique lui vaudra d'être considérée comme un vulgaire trophée de chasse par nombre d'hommes au cours de sa vie. Bruno, lui, qui s'inscrit en fac de lettres uniquement parce qu'il pense qu'il s'y trouve une surreprésentation de jeunes femmes, devient un habitué des cinémas pornos et des prostituées. Il se marie à une jeune catholique dont il a un enfant dont, à l'instar de ses parents avec lui-même, il ne cherche pas à s'occuper. C'est au cours d'un voyage dans un camping naturiste qu'il rencontre Christiane avec laquelle il vit une histoire d'amour fondée, là encore, sur la jouissance physique. C'est accompagné qu'il fréquente alors les clubs libertins et fait la constatation des limites de son propre physique. Michel, lui, retrouve Annabelle à la faveur d'un hasard ; renaîtra alors leur tendre idylle durant laquelle Michel éprouve le plus vif plaisir à la tenir dans ses bras. Les disparitions quasi conjointes de Christiane et d'Annabelle, terrassées par d'insidieuses maladies, rendent Bruno et Michel à leurs solitudes. Michel, alors, développe en Irlande la théorie qui mettra fin à l'humanité, en lui assurant l'immortalité et en lui interdisant la reproduction.


Qu'est-ce qui disjoncte à ce point dans l'espèce humaine pour qu'un de ses membres envisage son remplacement ? Qui aurait pu croire notre espèce supérieure au autres, au motif qu'elle avait inventé la philosophie et d'autres sciences qui définissait et encadrait le monde ? Bruno en fait le constat amer dans les clubs libertins de Paris ou du cap d'Agde : l'homme est un animal qui ne recherche que son plaisir. La morale a longtemps couvert cela, mais dans un monde sans religion, la morale perd de son pouvoir. Les hommes entrent alors en compétition entre eux, se classant entre mâles alpha, bêta et omega, et c'est finalement à qui possède la plus longue verge que reviennent les honneurs. Lorsque le plaisir sexuel ne suffit plus, certains hommes n'hésitent plus à aller dans les territoires interdits de la souffrance physique, voire du meurtre : le récit sur David di Meola, le faux satanique mais vrai dingue, laisse entrevoir la profonde bestialité de l'homme. Il n'en reste pas moins que, malgré tous les avantages physiques qu'il a sur Michel, ledit David n'aura su conquérir le coeur d'Annabelle. Ce retour à l'animalité s'explique, selon le narrateur, par la libération des moeurs des années 1960, par le rejet de la morale religieuse et par l'exacerbation extrême de l'individualisme, produit des deux autres facteurs. En rêve, Michel voit deux sphères : l'une avec l'individu et la séparation ; l'autre avec le corps collectif et l'union : c'est vers cette deuxième sphère qu'il se dirige. Ainsi revient-on vers le principe des particules élémentaires, indissociables lorsqu'elles sont liées, chaînon premier de la matière et donc origine du monde physique, obéissant à des lois inamovibles qui garantissent la perpétuation de la vie, mais qui excluent, de fait, tout sentiment.

Cette tension permanente dans le récit entre l'intellect et la chair, entre la raison et la pulsion, entre l'Homme et l'animal, rejaillit dans l'écriture. Houellebecq use d'un langage souvent simple, toujours rythmé. Qui dit simple ne dit pas forcément simpliste : les théories philosophiques fusent entre deux constats de la banalité de nos sociétés contemporaines, les développements savants sur telle ou telle espèce animale croisent les descriptions atroces de snuff-movies. Cette facilité narrative aiguillonne le lecteur autant qu'elle peut le perdre : des débats quant à la nature ontologique des êtres et des choses au questionnement sur la capacité phénoménale de certains hommes de retenir leur éjaculation, Les particules élémentaires semble un fourre-tout narratif à la fois brillant et vulgaire. Houellebecq, par la voix de son narrateur, dédie le roman à l'homme. Fort justement.

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Tout y est dans ce livre.
Plusieurs notions sont abordées et nous demandent réflexion : le désir, la liberté, la vieillesse, le déterminisme, la violence...
Toute une réflexion sur le genre humain. Quel rôle a-t-il pour lui-même, les autres, l'humanité ?
Faut lire entre les lignes, comprendre ce que l'auteur a décrit en écrivant ce livre...
Je l'ai lu avec hâte, j'ai fais des pauses pour réfléchir où l'auteur veut en venir.
Les passages "hards" ont servi à la publicité du livre. Ont-ils servis qu'à cela? Étaient-ils nécessaires dans le livre? Je pense que oui, au moins pour les remarques: on est outrés que l'auteur puisse écrire ça et on peut cautionner activement ou passivement d'autres faits " hards" dans nos vies.
La fin est délicieuse.
J'ai aimé l'univers Houellebecq, je vis dans le même que lui. Vous aussi...
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Cette note moyenne ne signifie pas que le livre est moyen, au contraire. C'est la synthèse de mes deux sentiments excessifs.

Premier sentiment : 1/10. La lecture de ce livre m'a été pénible. Beaucoup d'ennui, de longueurs. Ce livre n'a suscité en moi aucun intérêt. Pas d'alchimie.

Second sentiment : 9/10. Malgré mon désintérêt abyssal, c'est une vraie proposition artistique, culottée, documentée, sertie de références éparses, assortie d'une vraie "vision des choses", profonde, ancrée. Malgré ses dehors vulgaires, ce livre est loin d'être superficiel. La proposition est là. À chacun d'y adhérer, ou non.

Pour ma part, ce fut non.

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Bon, la formule est simple et toujours la même avec Houellebecq: un paragraphe de culture encyclopédique, un paragraphe de sexe provoquant, un paragraphe d'histoire psychologique des personnages, un paragraphe de faits qui alimentent l'intrigue. C'est simple, mais ça fonctionne. Et dans cet ouvrage là, on en vient même à se demander si ces paragraphes ne sont pas eux-mêmes des particules élémentaires qui constituent un tout cohérent, à l'instar de la matière. En tout cas, j'ai appris beaucoup de choses et toutes ces apartés culturelles alimentent l'histoire en formant une toile de fond indispensable à sa cohésion.
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Deux frères en butte à leurs problèmes de sexualité. L'un doit faire face au déclin de sa sexualité, il est et a toujours été incapable d'aimer. L'autre après avoir couru désespérément toute sa vie après un plaisir sexuel fugace et insatisfaisant, finit par trouver un certain bonheur amoureux près de Christiane.
Relents de Mai 68, new age .....
Ce livre pose la question de la moralité. Abattre toutes les barrières, sauter par-dessus tous les tabous, cela mène où ?
Cette escalade dans la recherche du plaisir fait peur, tout désir assouvi mène vers un désir supérieur, tout tabou sexuel aboli, que reste-t-il ? sinon le tabou de la violence, de la torture, de la mort ....
Lecture inquiétante, dérangeante, déprimante ....
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C'est en allant dans une librairie à proximité du psy, flanant dans les allées que je suis tombé sur les particules élémentaires. 

Je me suis dit qu'il fallait quand même insister avec Houellebecq.  

Pour l'histoire pris dans télérama : 

L'histoire, puisque histoire il y a, est celle, parallèle, de deux  hommes. Michel, biologiste, dénué de passion humaine et de sexualité, as  de la recherche et maître en solitude ; Bruno, son demi-frère, obsédé  par la quête d'un plaisir sexuel qu'il n'arrive ni à prendre ni à  donner. Ils sont nés d'une même mère biologique que n'a jamais troublée  l'idée de maternité mais qui, en revanche, a vécu jusqu'à la caricature  les conquêtes de la femme libérée, du gauchisme friqué et du peace and  love à l'américaine. Ainsi ont-ils été élevés, en s'ignorant l'un  l'autre, par des grands-mères d'ancien régime qui, à défaut de les  ouvrir au monde, s'efforcèrent de les en protéger. 

Autant le dire, je ne suis toujours absolument pas fan des personnages de Houellebecq. 

Une fois de plus, ils sont incapables d'amour , de vrais sentiments. le pire c'est que l'on attend qu'une seule chose, qu'ils crèvent. 

Là c'est un peu différent quand même, on aurait envie que Michel réalise enfin qu'au-delà de ses sujets de recherche, il y a l'amour indéfectible de la magnifique Anabelle (son amie de jeunesse) et on rêve d'un bel amour. Raté, ils se retrouvent des années plus tard et alors qu'une histoire débute, elle meure d'un cancer. 

Pour son frère, l'obsédé sexuel, c'est pire. En plus d'être un être vil et répugnant, lorsqu'il découvre un semblant d'amour. 

Son amie se retrouve paralysée et se suicide, réalisant qu'il n'est pas à la hauteur pour l'accompagner. 

J'ai beaucoup plus apprécié par contre, les analogies faites entre les aspects physiques et bio-chimiques des particules et les évolutions du monde. Il est vrai que Houellebecq explique que la découverte de Michel entraine tout simplement la fin de l'homme. Mais bon ce n'est pas totalement absurde. 

Après il cite pas mal Aldous Huxley, expliquant au passage que Aldous a eu bien de la chance vivant dans un milieu familial qui lui a permis d'avoir tous les éléments pour écrire le meilleur des mondes. 

N'empêche, je préfère mille fois le meilleur des mondes.  
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