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sur 1275 notes
Pour réagir aux critiques que j'ai pu voir, il me semble inopportun de comparer cette oeuvre au chef-d'oeuvre de Shakespeare, Roméo et Juliette. Certes, les thèmes sont comparable: une histoire d'amour rendue impossible. Mais il est clair que réduire ces deux oeuvres à ce simple aspect ne serait que les vulgariser et réduire leur grandeur.

D'une part, comme chacun le sait, Roméo et Juliette n'est pas qu'une simple histoire d'amour rendue impossible: c'est oublier le talent d'écriture d'un Shakespeare y mêlant tragique et comique, y mêlant une réflexion sur l'amour et la loyauté, et enfin un Shakespeare écrivant dans une langue profondément touchante.

Pour en revenir à Hernani, l'idée est à peu près la même. Certes l'histoire d'amour est décisive. Mais de là à la comparer à celle mise en scène par Shakespeare, il y a un gouffre. le fond n'en est pas le même, il ne s'agit ici absolument pas d'une rivalité entre deux familles, mais d'une rivalité entre le représentant de l'État d'une part et le représentant du brigandage de l'autre. du points de vue de la langue, il convient encore moins de les comparer. Hernani est un drame romantique, où la langue, si elle est parfois autant somptueuse que celle de Shakespeare, est d'autre fois plus basse et plus triviale. le drame romantique repose en effet sur l'abandon de la tripartition du langage ou une oeuvre devrait être écrite soit au registre bas, soit au registre moyen, soit au registre sublime: si le drame romantique permet le mélange de ces registres, il était avant tout bonnement impossible de le faire. D'où la bataille d'Hernani opposant d'une part les "anticonformistes" voulut mettre fin à cette conception fermée des pièces théâtrales, et les conservateurs d'autre part voulant conserver les règles théâtrales.

Il n'est donc pas possible de comparer ces deux oeuvres, tout d'abord car la langue des deux auteurs n'est absolument pas comparable, mais aussi car le traitement de l'histoire d'amour est totalement différent. Comparer ces deux oeuvres pour la seule et bonne raison qu'elles représentent une histoire d'amour impossible revient à dire que presque toutes les pièces de théâtres sont comparables, en ce qu'elles représentent le plus souvent ce thème: le Cid de Corneille, La Double Inconstance de Marivaux, ...
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Quel panache !... Quel lyrisme !... Quel génie !... Victor Hugo nous livre, avec "Hernani", l'une de ses meilleures oeuvres. Je raffole de ses vers beaux, lyriques, sublimes, qui m'enchantent complètement.
Dans "Hernani", nous avons un sommet de l'oeuvre hugolienne, parfait, avec des personnages, tous héroïques, à leur manière, dont le panache égale celui des héros du "Cid".
Il m'est difficile de ne pas vanter les mérites d'Hugo, dans cette oeuvre… On sent ici un ogre, un volcan, qui ne sait écrire qu'avec intelligence, panache et beauté !... Que c'est beau !...
Un magnifique drame hugolien.
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Bon ben voilà ce petit classique est lu. Telle une coche sur une liste ça ne me donne que la satisfaction de l'avoir fait à défaut d'avoir apprécié cette lecture.
Pourtant cette histoire d'amour contrariée assortie quelques très belles répliques dans les premiers actes est vite rejoint par de la politique, beaucoup trop de politique, noyée dessous je dirai même. A tel point que la vengeance passe au second plan et on fait l'impasse sur le côté torturé du personnage principal (comme ça peut être le cas dans Shakespeare par exemple), chose que j'adore dans les drames théâtraux.
Bref loin d'Hamlet, de Roméo et Juliette, Hugo essaie mais avec moi ça ne fonctionne pas, la sauce a du mal à prendre. L'acte IV m'a fait totalement décroché avec ce loooong monologue de la scène II. L'indigestion passée, ll'acte V m'a paru alors bien fade et la fin étrange.
A lire pour les amateurs de cette époque, des conflits historiques entre Espagne, Allemagne et France. Si vous cherchez une histoire d'amour dramatique passez peut-être votre chemin, vous risqueriez d'être déçus (ou alors c'est moi qui n'ait rien compris)
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Le théâtre à lire est un genre difficile.
Mieux vaut bien sûr aller le voir surtout que le théâtre des siècles passés est écrit dans une langue si soutenue, si empesée que l'on peine à croire à un échange oral entre personnages. Les textes de Victor Hugo comme ceux de Racine, de Corneille ou même de Molière, agacent par leur nombreux monologues et tirades, leurs répliques trop longues pétries de métaphores. Bref, lire une pièce de théâtre n'est déjà pas ce que je préfère mais en plus, celles des siècles passés plombent mon attention à cause de la langue trop recherchée et des répliques trop longues.

Mais si je souhaite parler de cette pièce, c'est à cause de son sujet qui m'avait bien plu et surtout du portrait de son héros. Hernani est sans doute, après Hamlet de Shakespeare, le personnage du théâtre que j'ai le plus aimé (parmi ceux que j'ai lu). Pourquoi ? D'abord parce que c'est un bandit, un hors-la-loi. Jusqu'à lors, les héros appartenaient tous à la classe de la noblesse, de l'élite sociale, avec le titre, la richesse... Hernani casse assez ce code même si, à tort selon moi, Hugo a voulu qu'il ait du sang noble. D'autre part, parce que c'est un personnage d'honneur, passionné, qui a du Cid, du Hamlet en lui (il veut venger son père, victime d'une injustice) et du Roméo (il aime une femme qui est promis à un autre et donc, inaccessible). Il y a aussi en lui, un élément plus obscur, plus inconscient qui l'entoure comme une ombre. Ceci dit, même si cette force inquiétante le suit, c'est bien un homme qui choisit sa vie en prenant la voie du banditisme, en affrontant les forces de l'ordre par désir de justice et en choisissant celle qu'il aime malgré les risques. Bref, un personnage de caractère dans le style romantique.

On voit ici aussi une pièce dont le ton est plus intéressant que celui des tragédies classiques car étant un drame, c'est plus diversifié et on mêle les registres pathétique et comique.
Après, il est vrai que le dénouement m'a moins convaincu : Hernani a reconquis son titre, son rang et réhabilité son père mais il meurt le soir même de ses noces (sans avoir pu profiter de son mariage) par respect à une parole donnée, provoquant par la même la mort de Dona Sol, qui elle-même, provoque celle de Don Ruy Gomez. Des morts en cascade à cause de la jalousie maladive d'un rival qui lui impose un choix douloureux à faire entre amour ou honneur. C'est là peut-être que certains y ont vu un signe manifeste de la fatalité obscure qui le traque car jamais de repos, toujours les tourments...
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J'ai de beaucoup préféré "Ruy Blas" : peut-être vaut-il mieux ne pas lire deux pièces de Victor Hugo à la suite.

Don Carlos et son revirement d'empereur touché par la grâce (le jeune Charles Quint) ne m'a pas convaincue. Hernani non plus.

J'ai bien préféré les deux personnages d'une autre trempe, Ruy Blas, et surtout l'incomparable Don Salluste, héros tout de noirceur, mais complexe et fascinant. Comme l'idée qu'on se fait du diable : s'il n'avait ni charme, ni intelligence, ni épaisseur humaine, il ne serait pas très dangereux.

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Pour le moment je n'ai pas encore osé me lancer dans la lecture des romans de Victor Hugo.... Cet auteur m'effraie...
Alors pour apprendre à le connaître, je lis un peu ses oeuvres de théâtre, et celle ci est la seconde que je découvre.
Évidemment, il manque beaucoup de référence pour tout comprendre de ce qui s'y joue. Heureusement que cette édition propose de nombreuses notes de bas de page.
J'ai quelques fois eu l'impression de lire le Cid, ou d'autres, une nouvelle version de Roméo et Juliette.
C'était un agréable moment de lecture, mais comme a chaque fois que je lis du théâtre, je me dit que ça doit être beaucoup mieux de le regarder jouer.
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Une pièce hyper-shakespearienne d'Hugo, que j'ai aimée, mais je ne sais pas pourquoi, après avoir lu Ruy Blas, j'étais moins transporté, en comparaison... Et pourtant, la pièce se veut bien plus débordante, foisonnante et déraisonnée, tout ce que j'aime, chez Shakespeare et les romantiques, mais je trouvais Hernani moins intéressante que Ruy Blas, qui, dans son cadre plus réduit, cloisonné, convoque davantage de thèmes, et ses personnages y sont plus réussis.

Des souvenirs diffus me restent : Hernani dans les montagnes, Doña Sol, la réunion de l'acte IV au tombeau, et bien sûr, le dénouement tragique avec le Masque, ancêtre faisant frissonner l'échine du Fantôme de l'opéra!

Ça n'engage que moi, bien évidemment... Je pense qu'Hugo est allé en progressant, tendance à vérifier néanmoins, le jour lointain où j'aurai lu toute son oeuvre, si toutefois c'est possible...!
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Vous aimez les légendes ? En voici une… littéraire : la bataille d'Hernani (25 février 1830) n'a pas eu lieu ! En tous cas pas comme on nous l'a raconté : il y a eu certes quelques échauffourées mais si l'on en croit les journaux de l'époque, les témoignages de contemporains (acteurs, journalistes) et les chiffres donnés par le « Théâtre-Français », l'animation (réelle) était à peine plus sensible que celle qui présidait à toute première : la bronca qui fit tomber « La nuit vénitienne » de Musset le 1er décembre suivant était d'une autre nature. La « bataille » se dilua sur plusieurs semaines, principalement dans la presse, et sporadiquement sur le terrain.
Alors la légende ? Elle a été bâtie par les romantiques eux-mêmes, à partir de trois sources : « Mes Mémoires » (Alexandre Dumas – 1852-1855), « Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie » (Adèle Hugo, derrière laquelle il faut voir sans doute la plume de son mari – 1863) et « L'Histoire du romantisme » (Théophile Gautier – 1872).
A lire sur le sujet la lumineuse étude d'Anne Ubersfeld : « le roman d'Hernani » (1985).
Ce préambule posé, passons à la pièce elle-même : il est vrai qu'elle était de nature délibérément polémique : sur le fond et dans la forme. le sujet est simple : Don Carlos (le roi de Castille) aime Doña Sol, promise à Don Ruy Gomez, et amante d'Hernani. Les relations complexes entre ces quatre personnages constituent le noeud de la pièce. Tenus par les codes de l'honneur, de la chevalerie et de l'hospitalité et en même temps par les ravages de la passion, ils vont se déchirer jusqu'au drame final.
Victor Hugo avait annoncé la couleur dans la préface de « Cromwell » : le romantisme doit amorcer une révolution formelle et esthétique, en rénovant et au besoin en brisant les règles du théâtre classique, en mélangeant les genres, et en appliquant les principes (idéaux) de la politique : universalité (mise à niveau des classes sociales), tolérance et liberté.
Dans « Hernani » la liberté se traduit sur le plan politique par la critique à peine déguisée du régime monarchique. Celui-ci, qui avait déjà censuré « Marion Delorme » l'année précédente, s'attirant les foudres de tous, y compris ses propres partisans (Chateaubriand, par exemple), n'osa pas trop condamner le poète à de nouvelles sanctions, et se contenta de coupures mineures.
Sur le plan purement formel, c'est un feu d'artifice : les trois unités volent en éclat, et le texte (en vers) donne lieu à beaucoup d'audaces, de hardiesses qui ne peuvent que heurter les tenants d'un classicisme quelque peu révolu : les premiers vers (déclamés par Doña Josefa Duarte, la duègne de Doña Sol), imposent d'entrée le plus célèbre « rejet » du théâtre romantique :
« Serait-ce déjà lui ? C'est bien à l'escalier
Dérobé. Vite, ouvrons. Bonjour beau cavalier ! »

Victor Hugo voulait frapper un grand coup avec cette pièce, destinée à illustrer les théories théâtrales qu'il concevait et imposait (comme ses amis Dumas et Vigny, et plus tard Musset). Ce succès, pourtant, n'est pas le meilleur ni de l'auteur, ni du théâtre romantique : « Ruy Blas » est autrement représentatif de ce théâtre. Et les plus belles réussites sont à l'actif De Musset (« Lorenzaccio ») et Vigny (« Chatterton »).

Succès dramatique certain, mais dont l'effet provocateur et novateur a nui sans doute à la compréhension du drame lui-même, « Hernani » reste une pièce majeure de notre patrimoine théâtral, et constitue une des nombreuses marches qui mènent Victor Hugo à la célébrité… et même au Panthéon de la littérature.
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Mon petit faible de midinette pour les histoires de grandes passions et pour les alexandrins s'est avéré particulièrement actif à la lecture de cette sublime "Hernani". Quel chef d'oeuvre, quel grand classique de l'amour que cette pièce sublimissime !

Intrigues sensuelles, amours plurielles, fascination et culte de la femme, une somptueuse romance en vers chez les royaux du XVIème siècle... Les ingrédients idéaux pour faire battre mon petit coeur naïf qui veut encore faire semblant d'y croire !
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Deuxième pièce de Victor Hugo après Manon Delorme interdite juste avant, c'est la première que je lis de l'auteur. Il l'écrit alors qu'il n'a que 27 ans. Pourtant les thèmes abordés sont nombreux et témoignent de ses réflexions et points de vue tant sur le fond que sur la forme. En effet la pièce est restée célèbre pour la “bataille” qu'elle a déclenché entre les tenants du classicisme et ceux du libéralisme. Cela est principalement dû à la forme qu'elle adopte. Victor Hugo cherche à se détacher de certains carcans tels les trois unités (de temps, de lieu et d'action) et il adopte une écriture volontairement provocatrice pour l'époque. Mais il introduit également du grotesque et certains codes de la comédie dans un drame. Cette bataille peut nous paraître un peu dépassée de nos jours car le lecteur ne voit pas forcément au premier abord où se trouve le scandale de la pièce.
Victor Hugo garde néanmoins de nombreux aspects relevant du classicisme comme l'alexandrin, même s'il prend des libertés avec son utilisation. J'ai apprécié le lyrisme de la langue utilisée qui accentue le côté dramatique de la pièce.

Mais là où Victor Hugo réussit le mieux réside selon moi dans les différents personnages qui composent cette tragédie. Ils sont d'une complexité, d'une profondeur et d'une variété très travaillées apportant ainsi une grande richesse à la pièce.
On a tout d'abord Hernani lui-même, chef des brigands. Il est l'exemple du héros romantique jeune et beau. La malédiction qui entoure la mort de son père le condamne dès le début et le poursuit tout au long de la pièce. Une sorte de fatalité l'entoure et l'on sent bien qu'il a déjà accepté de mourir.
Doña Sol, seule femme de l'histoire incarne la femme idéale à la beauté parfaite. Mais son amour pour Hernani est plus fort que tout, que le titre d'impératrice proposé par Don Carlos et que la vie elle-même. Loin d'être fade et secondaire, elle joue un rôle très important de par ses choix qu'elle assume et entend respecter au prix de sa propre vie.
Don Carlos apparaît au début comme un roi qui profite de la vie jusqu'à ce que le titre d'empereur lui apporte une certaine grandeur d'âme et de comportement. Cette transformation est un point très intéressant développé par l'auteur.
Enfin, Ruy Gomez de Silva peut avoir tendance à être sacrifié comme figure apportant le malheur mais cela serait négliger la fidélité qu'il garde aux valeurs du passé (l'honneur et le sens du devoir) ainsi que la passion qui le dépasse éprouvée pour Doña Sol. N'oublions pas qu'il n'hésite pas à protéger Hernani aux dépens de sa vie.

Il s'agit donc d'une pièce riche et intéressante qui mérite qu'on s'y intéresse en profondeur au delà des débats suscités à l'époque même si, les garder à l'esprit, permet de la resituer dans son époque.
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