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sur 1329 notes
L'Homme Qui Rit est le contraire d'un roman comique, il est très noir, très dramatique, c'est quasiment un hymne à la tristesse : « La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime. On laisse derrière soi une traînée de douleurs. le destin nous ahurit par une prolixité de souffrances insupportables ». Toute la première partie qui se déroule lors une ténébreuse nuit d'hiver n'est qu'une succession d'images accablantes qui rappellent les dessins à l'encre de l'auteur : une tempête, un naufrage, un pendu... Des morts, de la misère, des enfants abandonnés, orphelins, vendus, maltraités, estropiés, puis une police injuste, de la torture et encore des morts pour finir ; sans compter la misanthropie, la manipulation, la jalousie, la vanité, la haine… A côté, les moments d'amour, de charité et de bonté sont éclatants mais rares. Hugo n'a jamais eu peur d'en faire trop, et il ne ménage pas ses effets dans ce roman.
Entre les coups du destin et le despotisme monarchique, le héros, l'homme qui rit, est un jouet, une pauvre marionnette. C'est un drôle de roman, avec de violents contrastes, manichéen, encore plus baroque que romantique, fougueux, plein de digressions, d'erreurs, de traits grossis et finalement avec une thématique classique sur l'implacabilité du destin. Je trouve un peu dommage que Victor Hugo ait tellement donné d'importance à la politique. En le lisant on a souvent l'impression que la monarchie est la cause de tous les maux des hommes et que la république, absolument vertueuse, saura tout régler. Un siècle plus tard, ça parait un peu simpliste, non ?
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Janvier 1690, sur une côte du sud de l'Angleterre, par une soirée glaciale, des individus embarquent sur un bateau dans la plus grande discrétion. le navire quitte précipitamment le rivage laissant à terre un enfant. Ce garçon âgé de dix ans se retrouve seul sur cette crique isolée battue par les vents et la neige. L'obscurité masque son visage gravement mutilé. Gwynplaine, c'est son nom, ne le sait pas mais il vient de mettre pied dans un destin hors du commun orchestré par un "Grand architecte" nommé Hugo.

Victor Hugo fait ce demi-aveu dans le roman : "le spectateur n'aime point la fatigue de l'approfondissement". Eh bien, le lecteur va être servi puisque l'auteur bâtit son récit sur de longues monographies. Tout, tout, tout vous saurez tout sur les comprachicos, l'ourque biscayenne ou la pairie d'Angleterre. Des passages érudits, minutieux, utiles et - avouons-le - parfois difficiles à digérer.

Ces lourdeurs sont vite chassées par les chapitres suivants dans lesquels le lecteur s'extasie sur la présentation des personnages, les envolées poétiques pour décrire un paysage ou un intérieur, la justesse dans l'analyse des rapports humains, l'ironie mordante qui sert à dépeindre la cour et les considérations morales ou philosophiques. L'oeuvre est impressionnante dans ses détails comme dans son ensemble, du paragraphe admirablement écrit à sa construction élaborée.

Le roman a une portée politique. Hugo livre une critique percutante contre la monarchie et l'aristocratie anglaises. Son "Homme qui rit", incarnation d'un peuple miséreux soumis aux caprices d'un pouvoir arbitraire, va être propulsé dans une classe pétrie de richesses et de privilèges écoeurants. Une entrée fracassante et riche de sens qui présage la fièvre révolutionnaire de "Quatre-vingt-treize".

"L'homme qui rit" est un roman génial et exigeant mais il est vrai que qui veut découvrir un monument ne doit pas être avare d'efforts.
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Impression mitigée sur ce « grand roman » de Victor Hugo :

Certains passages sont passionnants et très vivants avec l'histoire de Gwynplaine que nous découvrons à 10 ans, défiguré par les Comprachiscos (littéralement les acheteurs d'enfants). Ceux-ci l'abandonnent en pleine tempête sur un rivage d'Angleterre. le pauvre enfant, en haillons dans la tempête, ne renonce pas et réussit à sauver un bébé d'une mort certaine ; les enfants rencontrent alors le saltimbanque Ursus (l'homme) et Homo, son loup. 15 ans plus tard grâce à Ursus, Gwynplaine et Déa, le bébé aveugle devenue une frêle jeune fille sont devenus des saltimbanques reconnus et partent en « tournée » pour Londres…où le lecteur en apprendra plus sur la mutilation de « l'homme qui rit » et le secret de sa naissance….

Certaines digressions – sur les phares, une liste de noms de la noblesse anglaise, sur le système politique anglais- viennent « plomber » un peu le fil des aventures de Gwynplaine et de Déa (j'avoue avoir sauté quelques pages)

En conclusion : les éléments passionnants l'emportent largement sur les quelques longueurs : quel souffle romanesque, quel récit de complicité entre ces exclus de la société : Gwynplaine, défiguré mais si pur, Déa l'aveugle et Ursus (splendide dans son rôle de sauveur)

Un livre qui m'a fait penser au « Garçon » de Marcus Malte Victor Hugo est très présent….
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L'homme qui rit est un drôle de roman ! Une écriture étrange dans l'ouvre de Hugo ! En fait je ne sais pas si j'ai aimé cette histoire !
La structure est un roman en quatre tableaux qui nous laisse construire les creux, étrangement je mets ce roman en parallèle de la guerre des mondes d' H.G. Wells, ou le héros fuit et il est juste témoin, dans l'homme qui rit le héros est témoin de son destin Inexorable !
Ce roman L'homme qui rit est étrange dans le temps où il a été écrit et il le reste dans le temps où il est lu !
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Regards et digressions sur une société de classes.

Jeux des uns aux dépens de ces autres se débattant dans cette misère agonisant des vies sans recours.

A la confusion d'un siècle s'offrant de nouveaux horizons, le sourire se fait vainqueur du chaos de ce temps en fin d'existence.
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J'ai découvert L'Homme qui rit (1869) dans l'intégrale numérique de Victor Hugo aux éditions Arvensa. Sur ses 13 romans, c'est le seul dont je n'avais jamais entendu parler. Victor Hugo est pour moi une (belle) découverte. Avant de lire (très récemment) le dernier jour d'un condamné, je n'avais rien lu de lui.

Ce livre est magistral et bouleversant.

Pour commencer, il y a Ursus le philosophe et son loup Homo. Puis arrive cette nuit du 29 janvier 1690 : un enfant de 10 ans est abandonné par des comprarchicos (vendeurs d'enfants) sur la côte. Cet enfant c'est Gwynplaine et il a été abominablement mutilé au visage. Il va être recueilli par Ursus après avoir trouvé un bébé, une petite fille. Une petite famille recomposée voit le jour... et vit (probablement) une vie tranquille pendant 15 ans.

Ensuite l'auteur nous présente tour à tour les autres personnages qui vont sceller leur destin comme Barkhilphedro le “déboucheur de bouteilles de mer”. C'est une véritable fresque qui se dessine mot à mot et c'est vraiment un plaisir de lecture. J'ai trouvé la narration un peu particulière car on se retrouve souvent embarqué dans de longues descriptions (expl. structure et hiérarchie de l'aristocratie). Cela peut sembler rébarbatif mais c'est indispensable pour prendre toute la mesure du drame qui se joue.



En faisant quelques recherches j'ai vu qu'il y avait eu plusieurs adaptations cinématographiques. La plus récente a été réalisée par Jean-Pierre Améris (2012) – je n'en n'avais jamais entendu parler non plus – et la plus ancienne est de Paul Leni (1928). J'ai regardé la bande-annonce du film de 2012 mais cela ne m'a pas donné envie de le voir. J'y ai entrevu des modifications disons mélo-dramatiques et je préfère rester dans l'ambiance de l'original.

Pour la petite histoire... J'ai lu sur le net que le personnage de Gwynplaine (et surtout l'acteur Conrad Veidt – le Gwynplaine de 1928) avait inspiré celui du Joker!!

Bref, c'est un livre que je vais relire mais dans sa version papier : les pavés sur liseuse c'est vraiment fatiguant!

Challenge multi-défis 2017 (24)
Challenge pavés 2016-2017



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le talent de Victor Hugo, grand écrivain du XIXème siècle, figure importante du romantisme régnant parmi les plus belles plumes de la langue française, n'est plus à prouver ni même à présenter. Pourtant, avec L'homme qui rit, cet auteur de renom parvient encore à surprendre.
L'intrigue en elle-même n'est pas des plus compliquées mais mérite tout de même toute notre attention : l'histoire d'un jeune saltimbanque défiguré qui intègre soudainement le monde de la noblesse nous promet une histoire riche en rebondissements et en moments forts. [...]
Dans L'homme qui rit, l'auteur nous offre un véritable moment de poésie. [...] Les moments forts de l'intrigue évoqués plus hauts sont en outre l'occasion pour l'auteur de laisser libre cours à son talent de poète et de devenir un véritable virtuose de la langue. [...]
Il s'agit d'un roman passionnant relatant une incroyable histoire d'ascension et de chute où le personnage principal est confronté à la tragédie de son destin – il est condamné à rester emprisonné dans sa condition de bouffon – et à la cruauté du monde, à laquelle l'auteur nous propose de réfléchir. Mais malgré ses grandes ambitions, ce roman reste un très bon roman de divertissement dont la lecture est capable de nous procurer tout le plaisir qu'on est en droit d'attendre de la lecture d'un roman.
Lien : https://lesmarquespagedunecr..
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L'Homme qui rit est un conte cruel, pour reprendre le fameux titre d'un recueil de L'Isle-Adam, qui se déroule dans l'Angleterre du début du XVIIIe siècle. C'est d'abord une rencontre entre deux malheurs : Dea, jeune fille aveugle, les yeux gelés lorsque, bébé et accrochée au sein de sa mère décédée, elle fut découverte dans la neige par Gwynplaine, un garçon défiguré, pour une raison qu'il serait évidemment malvenue d'expliquer ici. Ce dernier est donc affublé d'un rire perpétuel, d'où le titre du roman. Les malheurs de ces deux-là sont heureusement tempérés par la sagesse de celui qui les recueille et les élève : Ursus, un saltimbanque plein de sagesse. Hélas, un saltimbanque ne peut pas tout…
Ce roman d'Hugo porte aussi, et surtout, en lui une conscience morale et politique, qui confronte le monde de la misère à celui de l'opulence, lequel trône avec un superbe mépris pour ceux d'en bas. Parmi cette caste des dominants, se déploie la splendide et vénéneuse duchesse Josiane, créature sans foi ni loi sinon la sienne, exact opposé de Dea.
Tout est d'ailleurs opposition dans cette oeuvre excessive d'Hugo, comme si les digues s'étaient rompues et que l'auteur ne pouvait plus contenir ce flot exacerbé de révolte qui l'assaille depuis tant d'années. L'Homme qui rit, c'est l'antithèse des Misérables, dont le drame tendait vers la rédemption. Ici, tout n'est que cataclysme, avec une apothéose finale aussi tragique qu'injuste.
Le monde de L'Homme qui rit ne vaut rien de bon, est-on tenté de penser en cédant au même désespoir que Gwynplaine, qui s'exprime en ces termes devant un aréopage de lords : « Ce que je viens faire ici ? Je viens être terrible. Je suis un monstre, dites-vous. Non, je suis le peuple. Je suis une exception ? Non, je suis tout le monde. L'exception, c'est vous. Vous êtes la chimère, et je suis la réalité. Je suis l'Homme. Je suis l'effrayant Homme qui Rit. Qui rit de quoi ? de vous. de lui. de tout. Qu'est-ce que son rire ? Votre crime, et son supplice. Ce crime, il vous le jette à la face ; ce supplice, il vous le crache au visage. Je ris, cela veut dire : Je pleure. »
Pourquoi cruel, comme je l'ai écrit plus haut ? Parce que ce roman nous donne et nous reprend sans nous laisser le moindre espoir. La pureté de Dea et l'humanité profonde de Gwynplaine ne sont pas de taille à lutter contre la soif du pouvoir, qui jonche le sol de ses victimes avec délectation. Et nous en connaissons bien d'autres des Dea et des Gwynplaine !
Le 22 mai 1868, Hugo écrivit ceci à propos de son livre: « Dans l'intention de l'auteur, ce livre est un drame. le Drame de l'Âme. D'une part ce monstre, la matière, la chair, la lange, l'écume, le dénuement, la faim, la soif, l'opulence, la puissance, la force, l'infirmité, la mutilation, l'esclavage, l'affront, la chaîne, le supplice, la souffrance, la jouissance, la pesanteur, la gravitation, l'évolution sociale et humaine ; de l'autre ce lutteur, l'Esprit. »
Tout est dit…

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Du haut vol dans la noirceur de l'âme humaine .....
Les rires qui tuent. .... Et la douceur tardive.
Certaines âmes, si belles, préfèrent mourir pour vivre ....
Du grand Hugo.
Les larmes aux bord des mots ....
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