Le titre « petit fonctionnaire » fait référence au nazisme ; les profs étant assimilés aux Allemands bien soumis à Hitler et qui ont cautionne le fascisme et ses massacres. Ici, on leur met en plus sur le dos la montée de l'intégrisme.
Il y a certes des vérités dans ce livre : l'hypocrisie du système, qui offre le bac à 90% d'élèves dont très peu ont des connaissances solides ; l'égalité des chances, qui n'est qu'un doux rêve; les statistiques, qui bourrent les classes, évitent les redoublements et font économiser de l'argent à l'Etat ; les inspecteurs qui cautionnent une politique absurde avec un vocabulaire abscon… aussi la demande faite de plus en plus aux enseignants d'animer, d'occuper les jeunes, et non de leur apprendre quelque chose.
Mais a-t-on besoin aujourd'hui d'un livre qui accuse encore les profs ! il suffit d'être présent dans les dîners, de lire la presse, pour voir à quel point tout un système leur fait endosser son échec. Bien sûr, c'est plus facile de trouver un bouc émissaire pour ménager tous les parents électeurs. On discrédite ainsi par avance les grèves enseignantes et on se déresponsabilise aux yeux des familles. Les profs n'ont qu'à…
Qu'à faire quoi ?
En plus, c'est un prof qui l'a écrit ! Il aurait pu au moins défendre mieux son camp, donner la parole à un collègue motivé et non à ce fantoche qui n'est ni son double ni un représentant des profs de bonne volonté. Dans son ouvrage, tous les profs sont des petits fonctionnaires soumis, sans énergie.
Quand je lis tout ce discours, au fond politique, ça me donne envie de démissionner ! Qui sponsorise l'auteur ?
Un livre de plus très mal écrit : aucun fil directeur ; quel intérêt de commencer en 2043 ? Un chercheur vient accuser un prof parmi tant d'autres de n'avoir pas fait la révolution et d'avoir servi un mauvais système. Mais l'auteur se sert de cette fiction pour démolir l'enseignement d'aujourd'hui sans en profiter pour évoquer ce qu'il est sensé être devenu. Comment apprend-on dans le futur ? Quelles alternatives ? D'autres pays s'en seraient-ils mieux sortis ?
Qui sont les vrais responsables de la faillite du système éducatif ?
Pas un mot dans ce livre sur les dérives du numérique, le zapping des écrans et la pauvreté des échanges sur les réseaux (sur lesquels les élèves passent un temps supérieur à celui en classe !) ; et au lieu de soutenir l'enseignement pour lutter contre cette invasion, que fait-on ? Après le tableau blanc numérique, les cours en ligne, on parle maintenant de manuels numériques et de portables en classe…
Pas un mot ou si peu sur la baisse constante des moyens, les profs non remplacés, l'impossibilité de travailler en petits groupes sur les difficultés des élèves ; le manque de valorisation des profs (et je ne parle pas des sous !) ; les politiciens élitistes qui font semblant de les consulter mais votent depuis leurs prestigieux établissements des programmes infaisables avec les élèves moyens. Les parents qui se laissent gruger par une belle image et estiment mieux un prof qui organise des sorties et a son article dans la presse qu'un autre qui fait sérieusement son travail en s'efforçant de ne pas perdre d'élèves en route. Les parents d'élèves volontiers donneurs de leçons mais qui se mobilisent la plupart du temps pour des broutilles…
On peut à mon avis se passer de cette lecture et trouver des livres plus sérieux sur ce sujet.
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L'école à la française ou comment chaque année le système éducatif crée de plus en plus d'inégalités.
Un livre qui questionne profondément le monde de l'éducation et dont les retombées font parfois froid dans le dos. Décrocher son bac ou même son Master 2 sert-il à quelque chose lorsqu'on a pour seul bagage ce que l'on nous a appris entre 4 murs?
Le système éducatif français se décompose lentement mais sûrement, les inégalités sociales explosent, et la réalité quant à elle se fait de plus en plus dure et meurtriere.
Très bel ouvrage avec des analyses pertinentes. Merci M. d'Humieres d'avoir mis le doigt sur l'incohérence de notre système. Reste à savoir comment redresser la barre au risque de perdre encore plus de jeunes...
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Un témoignage et une réflexion de la part d'un enseignant parti à la retraite qui livre son analyse du système éducatif français à partir de son expérience riche dans un lycée de Meaux.
Le constat est cruel parfois et les mots très durs mais lucides sur certaines hypocrisies du système.
A l'heure de la réforme du lycée, cette lecture nous invite à regarder l'école avec un autre regard, elle raconte les dérives, les échecs, les inégalités.
Elle raconte la salle des profs, les projets, les programmes, le jargon didactique, les inspecteurs mais elle raconte aussi les petites victoires du quotidien pour l'enseignant et ce qu'on peut en attendre aujourd'hui.
Une lecture salutaire, édifiante et caustique...à partager notamment en salle des profs !
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Oui, il faut le lire, mais quelle tristesse, comment en est-on arrivé là, et pourrons redresser la barre ?
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Tant qu'il a eu des inspecteurs, des proviseurs, des professeurs qui avaient une formation générale suffisamment solide, et assez de foi en leur métier pour prendre leurs distances avec les programmes et le cadre qu'on prétendait leur imposer, l'Ecole publique a survécu tant bien que mal. Mais quand le système a été porté par des fonctionnaires recrutés ou promus pour leur servilité et leur ignorance, il n'a fallu que quelques années pour qu'il s'effondre.
L'éducation nationale, c'est un peu le monde de Sergio Leone : "il y a ceux qui creusent". Il y a ceux qui prennent la route de Madrid à Séville, glosent sur les auteurs, écrivent, puis se retrouvent inspecteur, et puis il y a les soutiers, ceux qui sont dans leur lycée, depuis 20 ans, ceux pour qui l'Alhambra est une brasserie en face de leur gare perdue. Pour ceux-là, le chemin d'Addis-Abeba ou de Tolède est plus difficile à trouver.
Les élèves ont de l'histoire de France une maîtrise semblable à celle d'un ministre en partance pour un lointain pays d'Amérique latine, auquel un conseiller technique résume en hâte, la veille du départ, ce qu'il faut connaître de l'histoire du pays visité pour ne pas avoir l'air trop étonné.
Le problème d'un conseil de classe pouvait se résumer à celle d'un vaudeville : l'élève ou comment s'en débarrasser.
La salle des professeurs est un endroit dans lequel il ne faut pas s'attarder. Nous n'y sommes jamais vraiment en sécurité. Le risque d'agression y est majeur. Là-bas, on appelle ça un "échange de pratiques"