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3,8

sur 201 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« On ne croyait plus en rien, en rien d'autre qu'en l'instant, et ça jouait de la musique sur tous les sentiments. Juste une manière d'être, une manière de vivre, je me souviens… »
Ballade au mois d'aout 75 – CharlElie Couture.

La Survivance, c'est une masure engoncée dans la forêt dense avec des livres pour délivrance.
Une nouvelle existence à apprivoiser, Jenny et Sils y seront confrontés. « Dans notre vie commune, il y eu la brève saison Un, voilà quarante ans, et sa radicalité innocente, son étonnement. La Deux venait de s'achever, interrompant notre vie sociale. La Trois commençait. »

Et dès le commencement, je me suis envolé dans cet univers rudimentaire, brut.
J'ai laissé errer mon esprit dans les bois-poignards du cerf, dans les loups téméraires, dans les crapauds-motte de terre, mais aussi dans les papillons multicolores.
J'ai eu peur de mon ombre dans les forêts, j'ai décortiqué une couleur pour en évacuer les bleus à l'âme que j'ai dilué dans les bleus du ciel.
J'ai trouvé belles mes rides dans les sillons de la vie.
J'ai aimé ce roman d'ambiance, à l'environnement de souffrance et d'espoir où « quand nous nous mettions au lit, on se serrait, on s'enlaçait, entremêlant bras, jambes, pieds, courage et chagrin. »
C'est une fable aussi où de la source sans la fontaine on aperçoit les renards, leurs corps beaux roux évoluant devant les chênes et les roses eaux d'un lac coloriées par le soleil fondu derrière les Vosges.
Le vent glacial, en soufflant son hymne, a mélangé les teintes en une palette infinie. Et ma tête aussi. Sans moralité, la peinture a ses notes, la musique ses couleurs.

Je me suis abandonné tout entier à cette expérience où les murailles de livres escortent l'ivresse de la réussite autant qu'ils déjouent les pièges de l'angoisse dévastatrice.
Véritables remparts contre nos craintes et réelles issues de notre imagination.
Souvent, je me suis perdu dans le labyrinthe des passions de Sils pour Grünewald à la recherche des pigments de cinabre et de garance, dans le dédale des observations de Jenny à scruter le grand cerf au seize cors, mais je me suis tellement retrouvé dans ma quête d'absolu.

A ce stade de mon commentaire, j'ai vraiment l'impression de m'être bien perché avec le moral sapé comme jamais. J'ai, du coup un peu peur d'être passé à côté de l'essentiel : Avec ce roman, sort de ta zone de confort, apprend la survie en mode Mike Horn qui aurait lu Kafka, Hemingway et Lacan.
« Crois-tu que les livres nous regardent ? »
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"Quel merdier!" rale Sils, un "dénicheur de livres" "insensé", "railleur" et "pas dans les normes", alors qu' il se voit expulsé avec sa compagne Jenny de leur librairie.
Jenny (dont le surnom est issu de la fiancée du pirate de Bertold Brecht, petit clin d'oeil à leurs lectures enthousiastes et passionnées) raconte La survivance, cette maison délabrée, invendable car sans permis, où ils vont se réfugier faute de mieux pour "leurs vieux jours de jeunes fous".
Avec des airs de Fuite en Egypte et anesse à leurs basques,voici ces sexagénaires et baroudeurs du dimanche embarqués dans une sacrée galère. Mélangeant leurs évasions littéraires à la réalité, cette originale puise ses envies de potager dans Ermites de la Taïga et lui ses connaissances dans du Jack London. le récit nostalgique de cette "vie de pionniers" pétrie de froid sous la tente alors qu'il faut réparer le toit, piquée de tiques,douloureuse d'ampoules et de courbatures,parsemée d'angoisses et de solitude est toutefois lumineux car ces deux là vivent leur rêve jusqu'au bout avec courage et tendresse.
La survivance est un roman d'amour très émouvant car Jenny, originale,artiste et travailleuse aime l'homme qu'elle a choisi malgré tout.
Leur complicité, comparable à un été indien, les protège des frimas et des coups durs des lois par trop rigides et même si ces éternels ados, ces soixante-huitards se voient obligés de s'y soumettre, malgré la maladie ou le spleen qui les guettent ils auront vécu une merveilleuse parenthèse dans le désir toujours renouvelé. On pense bien sûr à la solitude éprouvée par Robinson Crusoë mais on pense aussi à Jean Giono car la nature et l'humain se conjuguent, les vraies valeurs (amour simple,travail de la terre) sont exaltées. le clan des cerfs, tels des sauvages, vient à leur rencontre. Et même s'il n'y a pas naissance (comme dans Regain), et même s'il y a sans doute mort suggérée La survivance contient le mot vie car la vie est une succession de pertes, d'espoirs et de rebondissements.
Leur vie à eux est tissée d'amour au quotidien, d'un amour puisé dans leur goût commun des livres car si les livres dévorent parfois, ils nourrissent, permettent l'évasion,enflamment,se vivent,questionnent,rapprochent...
Claudie Hunzinger,artiste et écrivain, que j'ai été ravie de côtoyer ici par l'intermédiare de son écriture fluide et sensible, a sans doute mis beaucoup d'elle dans ce livre puisqu'elle a déjà relaté, dans Bambois la vie verte, la vie de "pionniers" à la montagne qu'elle a expérimenté (après avoir démissionné de l'éducation nationale) avec son mari Francis Hunzinger.
La survivance, roman lu dans le cadre du comité de lecture de la Médiathèque de Bandol est à recommander.
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La Survivance, c'est le nom que Jenny et Sils ont donné à une petite ferme bien défraichie dans les montagnes Alsacienne. Cette petite ferme est la leur depuis maintenant 40 ans, mais ils n 'y ont évidement jamais vécu.

Pourtant, à l'aube de leur retraite, ils voient les problèmes de trésorerie pointer le bout de leur nez dans leur commerce, une librairie, qui vend essentiellement du livre d'occasion.
Ils n'ont, disent-ils, jamais voulu vivre dans un "village du livre" parce qu'ils préfèrent leur solitude. C'est peut-être ce qui les a perdus ?
Ils étaient pourtant au travail 7 jours sur 7, la librairie étant une pièce de leur maison, mais cela n'aura pas suffit.
Se voyant mis à la rue à l'age de presque 60 ans, ils ne savent plus où aller, et pour y faire quoi ?

Commence alors la terrible mise en place des cartons; remplis de livres. de leur livres, dont ils ne peuvent pas se séparer. Comment les ranger ? Par ordre alphabétique de titres, d'auteurs, par genre... ? C'est ce genre de questions qui seront posées tout au long du roman exceptionnel de Claudie HUNZINGER. Mais pas seulement.

Les voilà arrivés dans leur ferme abandonnée. La seule qui veuille bien encore d'eux. Ils sont prêt à tout retaper pour ne pas trop se mouiller et avoir froid, à 1 000 mètres d'altitude, si proche du Rhin et de l'Allemagne.
Et au delà des questions existentielles sur la vie à l'âge de la pré retraite, Claudie HUNZINGER, qui elle-même vit dans la montagne, pose des regards essentiels sur la vie recluse, au beau milieu de la montagne, notamment à travers le regard de Jenny, sa narratrice.

Celle-ci aura l'idée, avant de partir, d'acheter quelques graines, pour se nourrir facilement, mais Sils est accro à la viande.
Elle aura aussi l'idée d'acheter une toile de tente, pour éviter de se tremper la gueule les nuits de pluies, à cause du toit tombé. Ils vont alors dormir ensemble. Ce qui ne leur est quasiment jamais arriver. Comment réagiront-ils face aux corps nus, l'un de l'autre ?
Et surtout, un passage très touchant, une question qui est essentielle pour cette ancienne libraire passionnée de ses livres; doit-on faire passer la littérature avant la vie ? Ça ne semble pas si évident.

De plus, il y a une étude sur les cerfs, un regard porté sur la nature hors paire. Connaissez-vous ces animaux et pouvez-vous indiquer leur âge ? Savez-vous s'ils ressentent de la peine ? Savez-vous s'ils ont une hiérarchie, s'ils se déplacent en groupe ou seuls ? Savez-vous tout sur le brame ?

J'ai pour ma part suivi l'histoire extraordinaire de ce couple passionné, sous une écriture bourrée de références littéraires et scientifiques, avec un enthousiasme sans pareil.
Sils se met à l'alchimie, et nous auront un cours d'alchimie. Ce qui pourrait paraître chiant, et est pourtant absolument fabuleux.
A travers une écriture poétique, douce et sensible, Claudie HUNZIGER nous propose un voyage un peu particulier.

Si vous en avez l'occasion, ne le ratez surtout pas.
L'érémitisme n'est pas que chez Jon KRAKAUER ou Sylvain TESSON. Il est aussi ici, mais conté d'une façon différente.
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J'ai tellement aimé ce livre que j'avoue être allée avec toute ma petite famille, le livre à la main, dans le massif du Brézouard à six heures de cheval, comme le dit l'auteur, du couvent d'Issenheim, au bord de la plaine du Rhin...
Deux libraires sont obligés de quitter leur librairie-maison, parce que les livres, surtout les vieux, ne se vendent plus et ils décident de retourner dans une maison en ruines perdue dans la montagne et de vivre comme des Robinson avec leur âne, leur chienne, loin de la civilisation-consommation-putréfaction...
Et là, j'ai tout aimé: l'omniprésence de la nature: les bêtes sauvages, les orages, les herbes aromatiques, les baies, le froid, le jardin, les hérissons la nuit, les cerfs au petit matin, les chenilles dévoreuses, la buse aux serres jaune d'or... Et les livres amassés dans les cartons que l'on ressort pour les lire ou... pour les vendre... Les indispensables, les Kafka, Walser, Bolano et Sebald, ne pas oublier Sebald....
Un roman merveilleux, d'une poésie insondable avec des gens qu'on a envie de serrer dans ses bras....
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Jenny et Sils, à l'aube de la soixantaine et dénicheurs de livres dans les ventes, sont obligés de fermer la librairie qu'ils tenaient. Expulsés, ces deux amoureux des livres se retrouvent au printemps avec des cartons entiers de livres, quelques objets, leur chien et leur ânesse. Jenny se souvient que La Survivance dans les Vosges est toujours là, une bâtisse sans confort abandonnée au milieu de la forêt à plus de mille mètres d'altitude. Quarante ans auparavant, ils y avaient vécu quelques mois mais cette fois-ci elle sera leur dernière et nouvelle habitation.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/09/claudie-hunzinger-la-survivance.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Lu en 2012.
"Avanie savait que nous avions perdu : ses longues oreilles captaient au loin les présages...".
La Survivance, c'est l'histoire de deux soixantenaires chassés par la société qui recommencent leur vie en s'installant clandestinement dans une maison isolée et sans confort en montagne.
"Nous étions façonnés de lectures et de rêves (et d'expériences plus poétiques que stratégiques), ce qui pouvait ne pas sembler malin alors que les temps nous demandaient de nous montrer dynamiques, électroniques, immédiats et vifs, hypermodernes, ne sachant même plus ce qu'était un roman".
Eloge de la nature, de la liberté, de la littérature et de l'art érigés comme des remparts, contre le vent, le froid, la bêtise..
Jenny et Sils, deux insoumis, très très attachants.
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Sils et Jenny sont libraires, passionnés de littérature. Ils se sont spécialisés dans les livres d'occasion mais ils doivent cesser leur activité, les affaires ne marchant pas bien. Ils se réfugient alors dans une ancienne métairie abandonnée, La Survivance, dans le parc des Ballons des Vosges, à plus de 900 mètres d'altitude, au-dessus de Kayserberg. Cette bâtisse oubliée qu'ils avaient achetée 40 ans auparavant, sur un coup de coeur, leur rappelle de merveilleux souvenirs mais là, ce n'est plus pour y passer deux mois d'été… Ils ont décidé d'y vivre et s'y installent avec Betty, leur chienne, et Avanie, leur âne.
Alors que remontent les souvenirs de l'époque où leur âne s'appelait Utopie, la dure réalité les rattrape. Il faut rendre à nouveau habitable ce lieu chargé de souvenirs. Ce livre est un véritable hymne à la nature, présenté ici sans concession. le tout est agrémenté presque à chaque page de références à la littérature, aux livres, pendant qu'à près de 60 ans, nos deux ex-libraires luttent contre le froid, la pluie et les intrusions des animaux sauvages auxquels ils doivent s'habituer.
Le trou dans le toit est colmaté. Petit à petit, la vie devient plus facile. Ils retrouvent même le lit commun pour soigner mutuellement leurs corps endoloris. Jenny crée un jardin potager, tente d'élever des poules malgré le renard et les buses pendant que Sils fait du bois pour l'hiver. Quelques voisins imposent peu à peu leur présence : une troupe de cerfs ! Jenny les étudie et ils vont devenir des compagnons réguliers, source de passages de plus en plus savoureux.
« Nous étions redevenus deux et c'était très bien. On respirait, on riait, on vivait, on s'engueulait. On savait qu'on passerait notre vie ensemble. Nous avions fait alliance depuis longtemps. » Claudie Hunzinger, en même temps qu'un hymne à la nature, réalise un superbe tableau d'une vie de couple confronté à la dureté mais aussi à la magie de la nature.
Si « des libraires existent encore pour les veilleurs et les esthètes », heureusement que nous avons toujours des écrivains pour réaliser d'aussi délicieux ouvrages.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Voici un roman dont la force poétique m'a immédiatement plu. Je suis tombée sous le charme de ce couple hors des sentiers battus, luttant contre le marasme international, les dérives de notre société. Ils puisent leur force de la littérature, elle les nourrit, les enrichit, les éclaire, mais ils restent deux enfants fragiles, que le lecteur a presque envie de protéger. Puis vient la lutte avec la nature, avec l'implacable supériorité de la montagne, mais aussi la rencontre avec sa générosité. Un bijou de sagesse, de style, de poésie. le parallèle avec "Into the wild" (le film) ne me paraît pas insensé !
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Une belle histoire de couple, de nature, de livres.
Tout pour rendre heureux.
Le contraste et décalage lorsqu'il faut s'approvisionner, quand l'employé d'Internet arrive dans sa camionnette et qu'il débarque au bout du monde.
le toit, qui manque.
La visite des cerfs...

Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Voila le genre de roman, envoûtant, qu'il faut prendre le temps de lire avec délectation ! Un livre semé d'étoiles merveilleuses, de magie et ponctué de livres, de tableaux et de musique !

Entre l'observation d'une troupe de cerfs (la bande des Peaux-Rouges), la cueillette des baies ou la collecte de minéraux qui doivent permettre la reconstitution d'un chef d'oeuvre (le retable d'Issenheim, peint par Grünewald, détruit dans l'incendie du musée Unterlinden à Colmar, évènement imaginaire !!), l'auteur nous emmène au milieu de nulle part, dans un monde à la fois rude et baigné de poésie. Un monde où le repli sur soi et l'auto-subsistance n'apparaissent plus comme subis mais élargissent les horizons. Chaque instant de la vie de ces libraires ruinés offre de nouvelles perspectives, et la minuscule maison où ils se sont réfugiés, baptisée "La survivance", porte fort bien son nom.

Survivre au froid et à la pluie, à la peur de la solitude, à la vieillesse (et à la décrépitude des corps affaiblis, à l'arrivée de la maladie), à la perte des repères, au désenchantement et au chagrin...c'est tout ce qu'envisage ce roman, en délicatesse, mais sans complaisance, sans renoncement.
Un parfait bijou de littérature !
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