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3,62

sur 90 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'un de mes coups de coeur de cette rentrée!

C'est un roman intimiste, une sorte de huis clos entre la narratrice, une femme de soixante-ans et elle-même qu'elle convoque à la faveur des pages de son journal tenu lorsqu'elle avait une vingtaine d'années.

La jeune fille qui doit son surnom à ses origines, Minesotta , connaît les bonheurs et les écueils d'une vie d'étudiante à New-York : amitiés, amours, émulation, mais aussi pauvreté, faim, violences urbaines. Tout cela est conté avec beaucoup de sincérité, mais pourrait rester un simple récit de souvenirs.

Or Siri Hustvedt va beaucoup plus loin, et s'interroge sur les méandres de la mémoire, qui déforme, trie, occulte, même devant un écrit dont l'authenticité est difficile à contester. Et cet étrange fonctionnement renvoie en miroir les difficultés de sa mère âgée, dont les lacunes sont beaucoup plus considérables.

On a donc plusieurs niveaux de récit, entre le journal de la jeune femme, les réflexions actuelles (Trump en prend pour son grade) et les feuillets d'un roman ébauché à l'adolescence. C'est clairement différencié et les allers-retours entre les différentes périodes de vie ne sont pas un obstacle à une lecture fluide.

Un personnage important apporte un étayage à la narration : la voisine dont les soliloques sont à l'origine de bien des hypothèses : folie, complot, théâtre? Lucy B saura préserver une part de son mystère.

On se pose bien sûr la question de identité de la narratrice, qui se cache derrière des initiales troublantes S.H. et vient du Minnesota, Même si son mari se nomme Walter, bien des analogies existent entre l'auteure et la narratrice.


Lorsque la littérature new-yorkaise est portée par la plume d'une femme, et qu'en plus il s'agit de Siri Hustvedt, mes désirs de lectrice sont comblés.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Quelle lecture...!

Je ne m'en remets pas.
J'ai rarement autant pris de notes et corné un livre que ce roman mi auto biographie mi roman de la brillante Siri Hustvedt.

Je crois que je vais avoir du mal à écrire un suffisamment bon billet de lecture, tant ce livre m'a transporté.
Siri Hustvedt navigue avec le temps et joue et réfléchit sur les souvenirs et ce qu'en fait la mémoire et c'est passionnant.

Je ne voulais pas que le livre se termine, je voulais continuer à parler toute seule avec elle et ses réflexions, c'était tellement intéressant !

Siri Hustvedt utilise ici le journal de la jeune S.H. apprentie écrivaine qui débarque à New-York, de son Minnesota natal. Convoquer à 68 ans ses souvenirs, elle est lucide, ce n'est pas si limpide, les souvenirs sont toujours transformés et c'est un des sujets qui l'occupent.

J'ai absolument adoré ce livre !
Outre la construction, qui valse du journal de jeunesse de S.H. à des réflexions de Siri actuellement, bien que, malicieusement, elle ne soit pas mariée à un auteur, mais à un physicien, nous naviguons aussi avec le roman qu'elle a tenté jeune d'écrire.
( Il me plaît bien d'ailleurs !)

J'ai beaucoup aimé à travers ce livre, découvrir un peu de l'humanité de l'autrice, ses angoisses de jeunesse, ses origines sociales, ses révoltes.

J'ai vibré avec elle lorsqu'elle parle du sort réservé aux artistes femmes, du traitement qu'elle a connu en tant que jeune femme, de sa passion pour une poétesse longtemps oubliée et à qui Duchamp a piqué sans honte l'idée de l'urinoir, sans vergogne aucune.


J'ai adoré découvrir sa voisine de jeunesse, Lucy, dont elle écoute les monologues et qui va se révéler être une personne importante dans sa vie de jeune femme pouvant être en danger.

J'ai énormément aimé lire ses réflexions, toutes, sa pensée sur la société New Yorkaise, sur l'art, sur les rapports homme - femme, mais aussi de tendres pages sur les ciels vastes du Minnesota, sur sa sexualité de jeune femme, sa soif de liberté et de connaissances, la liste est impossible à terminer.

C'est un livre qui donne du courage, du plaisir intellectuel, un livre qui est très généreux et pudique sans aucune pudibonderie, un livre d'une femme artiste qui ouvre la porte et passe le relai à ses lectrices, pour que les souvenirs soient ceux de l'avenir, un avenir loin des Trump, merci.

C'est un livre vibrant de vie et d'intelligence à lire absolument, j'ai trouvé que si les jeunes filles l'avaient entre les mains, cela leur ferait du bien, mais je peux me tromper, un livre doit être une rencontre.

Ce fut le cas, pour moi, une rencontre marquante.


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J'ai beaucoup aimé ce livre car la ligne directrice de l'auteure ce sont les souvenirs. Mais elle a préféré effacer la ligne chronologique du temps. Elle va et vient entre le passé, plutôt l'année 1979 et le futur ou elle est âgée d'une soixantaine d'années. Elle a toujours voulu être écrivaine et nous présente aussi un dialogue intérieur entre la jeune écrivaine et l'autre qu'elle est devenue. Ce roman n'est pas du tout linéal au contraire on peut y trouver d'autres histoires ; celle de ses amis de jeunesse et celle du roman qu'elle écrivait en 1979. Un moment donné elle réfléchit et met les points sur les « i », fait des autocritiques de son comportement quand elle était jeune. Ce sont ces réflexions qui m'ont beaucoup plu. Plusieurs détails de sa vie à New York aux années 70' vous paraitront peut être décalées, mais elles sont un ensemble très beau et cohérente. En définitive cette auteur est devenue une de mes grands préférées, son style me convient, elle est sincère et n'a pas peur de faire des allusions sur des thématiques eschatologiques ou d'autres qu'on ne trouve pas dans des livres.
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Un récit d'une sensibilité que j'ai si rarement eu l'occasion (l'honneur?) de lire. Mêlant la personne qu'elle est maintenant, les souvenirs de sa jeunesse, des passages de son journal intime, l'ébauche du roman qu'elle commençait alors, l'autrice nous fait rentrer dans l'intimité de sa vie et de ses pensées avec une justesse incroyable. Elle y parle de la condition de la femme, de sa passion pour la lecture et l'écriture, de sorcellerie, d'amour, de souvenirs, d'oubli. Les personnages y apparaissent comme ils passent dans toutes nos vies : certains pendant trois lignes, d'autres quelques pages, et quelques uns durant tout le livre. On n'en oublie aucun.
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Que ce soit dans ses essais ou ses romans, Siri Hustvedt a tissé son oeuvre écrite en lien avec les arts plastiques. C'est ainsi que dans "L'Envoûtement de Lily Dahl" (Actes Sud, 1999), la représentation plastique produit des effets sur les personnages, ce qui lui confère un véritable statut d'actant. Ce tissage me paraît culminer dans "Souvenirs de l'avenir" où l'art, l'intelligence narrative et la figure des narrateurs y sont tressés au point qu'on n'en distingue plus les frontières. En guise de pierre de Rosette à ma lecture, je verrais les dessins au crayon qui le jalonnent comme une signature dont la plasticité renvoie à celle du texte même. S'y trouvent enchâsser des récits dont les points de vue varient en fonction, notamment, des temporalités ; enchâssement qui favorise les rapprochements, les allers retours, les échos, soit un parcours de lecture topographique qui déborde la linéarité du texte tout en alimentant sa poétique, jusqu'à une sorte d'éclatement dadaïste vers la fin du roman. le dadaïsme, en tant qu'art conceptuel, fait éclater les frontières entre verbal et plastique, entre symbolique et imaginaire; ce qui, je crois, pose la question de la représentation dans l'art. Que signifie, en effet, élever au rang d'art un des objets les plus vulgaires de notre réalité (masculine !) quotidienne, à savoir l'urinoir (Fontaine) qui ne serait même pas de Marcel Duchamp?
Participe à cette poétique du roman, une réflexion, une recherche explicite sur le fonctionnement de la mémoire, de ses images, ses scènes et des mots qui y sont associés. Tout cela, avec une authenticité donnant la délicieuse impression au lecteur d'être convié à cheminer intimement avec l'auteure parmi ses souvenirs, ses pensées, ses réflexions. Déjà dans l'essai "La Femme qui tremble. Une histoire de mes nerfs" (Actes Sud, 2010), Siri Hustvedt remarquait : « les pouvoirs étranges et manifestes de l'écriture en tant qu'instrument de mémoire » (p.92). Là encore, je crois qu'elle va plus loin dans ce dernier roman : plus qu'un instrument, l'écriture, avec la part de l'art qu'elle y imprime, se constitue en modèle, voire en matrice de la mémoire. Ces "Souvenirs de l'avenir" rappellent ceux de Proust qui « quand ils remontent, comme une bulle gazeuse, du fond de [la] mémoire, conservent leur vertu spécifique à travers les couches superposées de milieux différents qu'ils ont à franchir avant d'atteindre jusqu'à la surface. » ("À l'ombre des jeunes filles en fleurs", 1918). Qu'une sorte de « scène primitive » y occupe une place centrale n'a rien d'anecdotique. Nul doute que la femme Siri Hustvedt (du moins, bien sûr, celle mise en scène) dont elle interroge le devenir, en porte la trace toujours vive. Quand bien même les différences de facture, on pense au roman "Mémoire de fille" (Gallimard, 2016) d'Annie Ernaux. Voilà deux magnifiques romans écrits par des auteures au faîte de leur talent littéraire...
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