AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,27

sur 941 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir cette auteure, dont j'entendais assez régulièrement parler. Souvent, on la présente en tant que « femme de Paul Auster« , alors qu'elle est pourtant une écrivaine reconnue et tout à fait indépendante de l'oeuvre de son époux.

Et franchement, je l'a préféré à Paul Auster!

J'ai encore sorti un livre de ma PAL, je suis ravie! de plus, ce fut une lecture très agréable, le temps d'un dimanche, je ne la regrette pas du tout! Je vous conseille donc vivement cette auteure si vous ne la connaissez pas encore.

J'ai particulièrement été séduite par le style de l'auteure. Je l'ai trouvé calme et clair. Je trouve cela toujours fou de voir à quel point la lecture est plus reposante quand (à mon avis!) l'écriture est belle et bonne.


Je dois avouer qu'il lui est arrivée de me perdre un peu, quand elle commençait à parler de philosophie, de psychologie et de sciences…je n'ai clairement pas toujours le bagage nécessaire pour comprendre ce qu'elle disait.


J'ai trouvé le personnage de Mia très attachant. Alors qu'elle était anéantie par la trahison de son époux (qui lui demande de faire une « pause », ce que je trouve particulièrement affreux et minable. Demander de faire une pause, en gros, c'est annoncer qu'on va tromper l'autre, mais quand même se laisser une porte de secours, pour la « reprendre », au cas où la nouvelle liaison ne marche pas…c'est vraiment minable!), elle arrive petit à petit, à reprendre le contrôle et d'elle-même et de sa vie, grâce à son entourage et à sa force de caractère.


Cet été, qu'elle passe loin des hommes (les amies et sa mère sont toutes veuves, sa classe n'est composée que de jeunes filles, elle rencontre à peine ses voisins hommes), lui permet de se ressourcer, de comprendre ce qui a pu se passer et de faire son deuil.
Mais il ne faut pas croire que c'est un roman où les hommes sont absents, bien au contraire! Mia passe énormément de temps à s'interroger sur la psychologie des hommes, ainsi que sur les rapports hommes/femmes et le mariage.


On passe en revue également tous les différents âges de la femme dans ce roman, grâce aux nombreux personnages : il y a la petite fille, la jeune adolescente, la jeune adulte, la mère de famille, la femme mûre (Mia elle-même), la vieille dame. On voit pour chacun de ses âges le rapport que la femme entretient avec l'homme et avec elle-même. J'ai trouvé cela très intéressant, cette « étude » de la psychologie des femmes à travers les âges, tout en restant de la fiction et accessible à tout le monde.


Je ne saurais pas réellement dire pourquoi, mais je trouve que ce roman est bien construit, qu'il est complet. Vraiment une réussite.


—————————————-

Un roman donc fort agréable, avec un style qui m'a beaucoup plu, je vais sans hésiter lire d'autres romans de cette auteure (dont « Tout ce que j'aimais » que j'ai dans ma PAL d'ailleurs!). Je vous le conseille!
Lien : http://writeifyouplease.word..
Commenter  J’apprécie          70
J'ai un avis un peu mitigé sur ce livre, j'en ai vraiment aimé certains aspects et d'autres moins.

La voix de Mélodie Richard est vraiment agréable à écouter même si celle-ci paraît un peu jeune par rapport à l'âge de Mia la narratrice qui a la cinquantaine.
J'ai aimé les rencontres de Mia lors de cet été, les jeunes filles pour lesquelles elle anime un atelier de poésie, sa voisine avec deux jeunes enfants et les personnes âgées de la maison de retraite où vit sa mère. J'ai vraiment apprécié les passages mettant en scène tous ces personnages.

J'ai moins aimé les parties que je qualifie de "bavardes" qui s'éloignaient des histoires concrètes et qui me faisaient un peu perdre le fil. Je dois avouer que j'écoutais moins attentivement durant ces moments là. Un exemple : un long passage sur les différences homme-femme.

J'ai aimé le personnage de Mia, cette femme blessée qui essaie de se reconstruire. Je l'ai trouvée sympathique et courageuse.

Un avis qui est donc un peu mitigé mais j'en garderai quand même une impression plutôt positive.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
Commenter  J’apprécie          70
«  Quelque temps après qu'il eut prononcé le mot pause, je devins folle et atterris à l'hôpital. »
Ainsi s'ouvre « Un été sans les hommes » de Siri Hustvedt.

Mia, poétesse abandonnée par son mari après 30 ans de vie commune pour une « Pause » française de 20 ans plus jeune, après un court séjour en hôpital psychiatrique, décide de retrouver le Minnesota de son enfance et de passer l'été auprès de sa mère en maison de retraite. Elle y côtoie « les Cinq Cygnes », joyeuse bande d'octogénaires amies de sa mère. Parallèlement, elle initie à la poésie sept jeunes adolescentes et se lie d'amitié avec sa voisine, une jeune mère de famille.

Voilà le décor planté. Ce pourrait être une banale histoire de femme trompée qui se plaint, cherche à comprendre ou à se reconstruire, mais ce n'est pas du tout ça. Si Boris, l'éminent neuroscientifique de mari volage est bien présent dans le livre, cette présence est très secondaire et ce sont bien les femmes qui sont au centre du roman : la petite fille de la voisine, les adolescentes, la jeune maman, la narratrice, sa fille, sa soeur, son analyste au téléphone, les espiègles octogénaires de la maison de retraite. Cela nous vaut quelques portraits savoureux, comme celui d'une des amies de sa mère, Abigail, qui, sous couvert de broderies très classiques, a longtemps brodé ce qu'elle appelle « des amusements privés »( je vous laisse le plaisir de la découverte !)

C'est un livre inclassable , féministe sans aucun doute, très caustique, avec quelques pages assez drôles sur les théories du genre, les affirmations masculines et grotesques sur l'évidente infériorité des femmes ( trop utiliser leur intelligence épuiserait leur capacité à faire de beaux enfants : «  La théorie selon laquelle penser flétrit les ovaires a vécu une longue et robuste vie »)et même sur la découverte du clitoris par Realdo Colombo ( « Il y fit voile au cours de l'un de ses voyages anatomiques, même si Gabriel Fallope lui disputa ce point, affirmant qu'il avait été le premier à voir le petit tertre »).

C'est un roman, certes, mais aussi un journal/essai avec beaucoup de digressions philosophiques et littéraires (un peu trop, à mon goût), des détours vers les neurosciences que l'auteur a étudiées et des apostrophes régulières au lecteur devenu ami à la fin du livre :
« Et je vais vous dire en toute confidence, vieil ami, car voilà bien ce que vous êtes maintenant, vaillante lectrice, vaillant lecteur, éprouvés et fidèles et si chers à mon coeur. »

Je ne connaissais pas du tout Siri Hustvedt, la couverture du livre m'avait fait de l'oeil à la bibliothèque, le résumé avait l'air intéressant...Je ne m'attendais pas du tout à un livre aussi singulier. Je pense que j'essaierai un autre livre de cette auteure pour comparer !
Commenter  J’apprécie          60
Mia , poétesse rousse quinquagénaire a vu son Boris de mari décider d'une « pause » dans leur union. La « pause » a vingt ans de moins. Alors Mia « pète les plombs » grave au point de se retrouver en service psychiatrique. En guise de convalescence ,elle s'installe non loin de la maison de retraite où se trouve sa mère (87 balais) et ses petites copines du même âge ou plus. Elle accepté aussi de monter un atelier de poésie avec sept adolescentes . Si on ajoute Daisy sa fille , Bea sa soeur , le Dr S. sa psy et Lola la voisine , c'est un cercle de femmes à toutes les étapes de la vie qui s'établit autour d'elle. le lecteur a un peu l'impression de pénétrer dans un gynécée par effraction , d'autant que les deux seuls mâles évoqués , Boris « le pauseur » et Pete le mari de Lola , sont tout sauf brillants. Jusqu'à la moitié du livre , j'ai été très intéressé puis, curieusement, j'ai senti comme une dégradation : adresse au lecteur peu utile, péripétie gratuite (les lettres anonymes) long « tunnel » (p.151 à 156) sur les théories des différences hommes-femmes … Bref , j'ai décroché . Ajoutons-y le fait que le personnage de psy. « deux ex machina » « je sais tout de vous » me hérisse toujours le poil. Reste un très beau personnage : Abigail la petite ancêtre bossue qui exprime ses pulsions de révolte aux revers de ses vêtements.
Commenter  J’apprécie          64
Boris décide d'une « Pause » dans son mariage. Après 30 années de mariage Mia est perdue et s'effondre. Elle décide de louer une maison près de la maison de retraite de sa mère afin de se rapprocher de ses origines. Son secret pour guérir : les mots, l'écriture, réparatrice et salvatrice. Pas de cris, pas de heurts, juste des écrits entourée de femmes. Un été sans les hommes


C'est le premier roman que je le lis de Siri HUSTVEDT, je dois dire que j'ai été surprise par la qualité documentaire de ce dernier. En lisant la quatrième de couverture je m'attendais à un roman plutôt léger, présentant une femme trompée qui désire s'exiler dans sa ville natale. C'est ça mais pas que. Mia est poétesse, tout lui rappelle des vers, un passage d'un auteur. Quelles références Mme HUSTVEDT. Chaque mot est choisi avec soin, elle maitrise parfaitement l'art de retranscrire des émotions, ressenties ou observées.

Quelle imagination aussi ! Un roman de femmes ! Entre les 7 ados avec qui elle anime une classe d'été autour de la poésie et les amies très âgées de sa maman, on découvre bon nombre de personnalités toutes différentes, atypiques et attachantes. Une promenade dans la psychologie féminine, le coeur, le corps des femmes.

Pour comprendre pourquoi Boris, son mari, a pu la tromper avec « elle », Mia se livre à une introspection qui la replonge dans son enfance. Elle revisite tous les moments où elle s'est éveillée à la sexualité.

Un livre tourné aussi sur la psychologie, à l'annonce de la « pause » exigée par son mari, Mia craque et perd tout moyen, elle est donc hospitalisée en psychiatrie pour névrose délirante. Elle est ensuite suivie par sa thérapeute avec qui elle discute de longs moments au téléphone.

Un livre centré sur les femmes, de tout âge, de toute origine, on s'attache aussi à Lola, jeune mère de deux enfants en bas âge, voisine de Mia délaissée par un mari absent et colérique.
Qu'est ce qui anime les adolescentes de sa classe ? Comment sa mère, ses amies conservent elles leur mémoire ? Quels sont leurs secrets de jeunesse ?
Sa fille, sa soeur, toutes ces femmes ont un point commun, une certaine forme de fragilité associée à une quête de vie, de bonheur.

La lecture de ce roman exige parfois beaucoup de concentration lors des pensées, des réflexions de Mia, beaucoup de psychologie, de neurosciences aussi, qui peuvent par moment, lasser le lecteur. Mais j'en ai néanmoins apprécié la lecture, un roman extrêmement riche en émotions.
Lien : http://www.appelezmoimadame...
Commenter  J’apprécie          61
Ce livre a reçu de très bonnes critiques à sa publication, mais un accueil mitigé sur les blogs. le titre parle de lui-même : Un été sans les hommes et l'histoire d'une femme qui est quittée par son homme !
Cet homme est un mari délicat puisque qu'il ne dit pas " jeveux te quitter" mais "j'ai besoin de faire une PAUSE" . Ce qui est beaucoup moins délicat c'est que la PAUSE en question n'est autre que la jeune collègue du gentil mari...
Quand Mia apprend de la bouche de son mari ce besoin de faire une PAUSE après 30 ans de vie commune, elle se retrouve en hôpital psychiatrique. du coup elle aussi part faire une PAUSE.
Avec ce roman, Siri Hustvedt nous propose un patchwork de tranches de vie et de réflexions sur l'existence et la relation entre les individu sur un ton à la fois cynique et ironique.
Mia est une poétesse mais aussi une intellectuelle, elle a toutes les clés pour analyser sa situation et elle ne va pas s'en priver ! Sous le regard du lecteur qui devient un peu le voyeur de sa déchéance et de sa reconstruction, elle se livre à une véritable introspection de sa vie intime avec beaucoup de lucidité et d'humour avec l'aide de sa psychanalyste qui va lui permettre de parler sans retenue de tout ce qui la blesse.
Mia va sortir de l'hôpital et reprendre une vie normale entourée de sa mère, sa fille et des femmes qu'elles rencontrent au cours de sa convalescence. C'est ainsi qu'elle va prendre le temps de rencontrer et d'écouter les femmes qui l'entourent.
Ce roman est intéressant parce qu'il abordent beaucoup de points comme la relation de couple, les enfants, les parents qui vieillissent, les adolescents........ Mia raconte, dissèque, analyse, compare et sort ainsi peu à peu de sa souffrance. Et son ex-mari que fait-il pendant sa PAUSE ? La fin du roman le raconte et nous offre une conclusion tout aussi classique que le début de l'histoire. Cette banale crise de couple est analysée au scalpel ce qui permet de la rendre intéressante. Il faut souligner que dans cette histoire ce n'est pas le mari qui a tiré les meilleurs bénéfices de cette PAUSE qu'il a pourtant souhaité.....
Lien : http://de-page-en-page.over-..
Commenter  J’apprécie          61
Fort du souvenir de plaisir que m'avait laissé Tout ce que j'aimais, j'attendais avec confiance de me replonger dans un nouveau roman de Siri Hustvedt, épouse de Paul Auster. Je dois reconnaître que l'exercice fut aussi riche que mitigé.

D'abord il y eu une lecture en anglais, maîtrisé de longue date et qu'une pratique quotidienne me rend suffisamment familier. Or le vocabulaire y est extrêmement soutenu, et regorge de mots précieux et rare. Je suis donc curieux de découvrir à l'occasion le travail de la traductrice Christiane le Boeuf pour les éditions Acte Sud, qui a dû être exemplaire, tant la langue utilisée est intimement anglaise. Par ailleurs, la copie numérique que j'ai lue laissait à désirer par de fréquentes séquences manquantes de quelques lettres, sans pouvoir discerner si cela est imputable à l'édition originale.

Une fois ces paliers dépassés, reste le texte lui-même. Mia a la cinquantaine, est new-yorkaise, enseignante et poétesse, et mariée depuis trente ans à Boris, neurologue de renom, dont elle a eu une fille qui commence une carrière d'actrice. Mais Boris la quitte pour une « pause » et une collègue française de vingt ans sa cadette. Après un internement psychiatrique, Mia va passer l'été dans son Minnesota natal, à proximité de sa mère qui réside dans un foyer pour personnes âgées. Comme occupation, elle accepte de donner des cours de poésie à un groupe de sept jeunes adolescentes du cru. Sa vie est également touchée par ses voisins, un couple en difficultés, avec deux jeunes enfants.

Partant de là, le roman, écrit à la première personne, est une analyse, une réflexion sur de multiples sujets : l'amour, la fidélité, la différence sexuée, les âges de la femme, les rôles de et dans la famille, l'identité, la dissimulation, les différentes formes d'échanges et d'expression et de littératures... le peu d'action a du mal à soutenir l'intérêt sur la durée, notamment au cours de certaines digressions intellectualisantes ou verbeuses. Mais le roman s'articule autour de certaines rencontres et situations clés, qu'Hustvedt exploite avec finesse et sensibilité, notamment la façon dont Mia gère les tensions au sein de son groupe d'adolescentes, ses relations avec sa voisine, sa participation au groupe d'amies de sa mère, ses relations épistolaires avec sa fille ou avec un inconnu. Si le style peut apparaître parfois excessivement verbeux, et trop engagé dans le soliloque, il recouvre toujours une sensibilité réelle, éminemment vivante et respectable. C'est à ce titre que je n'ai pas voulu l'abandonner en cours de route.

Le roman éveille également l'intérêt quand Mia interpelle directement son/sa lecteur/trice, notamment en interrogeant à plusieurs reprises l'impossibilité de la littérature à rendre compte de la simultanéité. Pour ses tentatives d'y remédier, les dernières pages sont probablement celles que j'ai préférées.

Au bout du compte, le livre est magnifiquement écrit, (trop) profond, extrêmement personnel, au point qu'il est assez probable qu'il contient des parts autobiographiques (la poésie et le Minnesota sont avérés). Il demande un effort mais la cohérence certaine de l'ensemble le rend respectable et incite à le relire, en français cette fois, dans quelques années.
Lien : http://fourvin.blog.lemonde...
Commenter  J’apprécie          60

Un été sans les hommes.
Siri HUSTVEDT

Boris, le mari neuro physicien de Mia la trompe avec une collègue bien plus jeune que lui.
Après toutes ces années de mariage Mia est complètement dévastée et elle tombe des nues quand Boris lui demande de faire une pause.
Cependant elle accepte et quitte New York pour le Minnesota où vit sa mère.
Cette vieille dame réside dans une maison de retraite entourée de ses pétillantes amies toutes plus âgées les unes que les autres.
Puisqu'elle est en vacances Mia accepte de donner des cours de poésie ( elle a elle-même publié plusieurs recueils de poésie) a un groupe de sept jeunes élèves en pleine tourmente adolescente.
Prise entre deux périodes de la vie (l'adolescence et la vieillesse) et entre deux situations familiales pas très claires (toujours mariée, séparée, presque divorcée ?) Mia va suivre un cheminement intérieur d'où jailliront des prises de décisions, des réflexions sur le couple, l' amour et l'intérêt que l'on porte aux autres et aussi à soi-même tout en conversant de façon épistolaire avec Boris.

J'ai toujours des difficultés à lire cette auteure mais je suis toujours contente de l'avoir fait en refermant ses livres car si la forme peut me déranger le fond en revanche est immanquablement perspicace.
De l'humour un peu piquant, des réflexions intelligentes même si parfois dérangeantes et une franchise brute sont les éléments qui m'amènent à me dire qu'il faut que je continue à découvrir l'oeuvre de Siri Hustvedt.


Commenter  J’apprécie          50
Si "Un été sans les hommes",qui fut une première excursion dans l'univers de Siri Hustevdt ,ne m'a laissé qu'un sentiment mitigé , il m'a fallu poursuivre immédiatement dans cette découverte pour parvenir à me situer plus précisémment et mettre quelques mots sur une impression nébuleuse , indéfinie , à peine palpable .
Et si les préjugés ont la vie dure et ne se laissent pas déloger si facilement comme nous le démontre brillamment l'auteure , ils peuvent s'évanouir comme neige au soleil dès lors que le cerveau veuille bien s'assouplir .
Siri Hustvedt n'a rien d'aimable , ni dans ses interwiews , ni dans son écriture . Engoncée dans un intellectualisme que d'aucuns pourraient qualifier d'ostentatoire , et une hauteur de vue en apparence condescendante , le tout enveloppé dans une enveloppe charnelle effrayante de beauté froide , avouons que ça fait un fait" un peu beaucoup" pour une seule et même personne , dieu est injuste !
Alors , forte et faible de tous ses attributs , Siri Hustvedt s'affirme à travers l'écriture nourrie par de solides formations universitaires en littérature , neuroscience , psychanalyse , philosophie , des centres d'intérêts aussi pointus que l'art ,la philosophie de l'esthétique , l'histoire de la femme dans nos sociétés et tant encore .
Et quand elle se déploie miss Siri Hustvedt , ce n'est bien évidemment pas dans la facilité , la bien-pensance , et une forme enjôleuse ou pour le moins préhensible par un lectorat dès lors acquis .
La coquine d'ailleurs : avec ses titres trompe-l'oeil "Un été sans les hommes " , Un monde flamboyant" ...il y a fort à parier que certains ouvrages ont du se retrouver incongrûment dans un sac de plage et que , s'il est vrai que le livre n'a de vie que dans l'interaction avec son lecteur , celui-ci risque d'être voué à une mort prématuré . Avis aux amateurs donc : ne pas se fier à l'emballage ! Siri Hustvedt , non contente de brouiller les certitudes de son lecteur dans sa perception du monde , semble se jouer de celui-ci avant même de lui donner du fil à retordre !


Il aura fallu La grande librairie récemment avec à l'honneur le grand , l'incontournable , le sexy boy de la Littérature , le conteur inégalable , avec son grand retour à travers ce monument 4321 , j'ai nommé bien sûr le PAUL AUSTER, et pour l'occasion à ses côtés ce jour là , sa femme l'évanescente Siri Hustvedt qui vient de sortir un dernier essai , pour avoir envie de dépasser mes préjugés solidement ancrés je croyais .
Irritée par ce que je percevais comme un certain pédantisme , je fulminais derrière mon écran , épidermique face à cette poupée décidément trop belle pour se permettre autant de psychorigidité affiché , revendiqué (non mais laissez ça aux moches ) . Pas même un faux semblant et un sourire de blonde potiche qui nous la rendrait plus humaine . Et Paul Auster en admiration devant sa muse . Enfin que je pensais .

Au final je décidai un jour de me soumettre à la lecture de Siri Hustvedt . Consciente que celle-ci n'aurait rien de confortable avec ma position actuelle à son égard .

Avec Un été sans les hommes nous faisions la rencontre d'une femme plus très jeune en reconstruction psychique suite à "La pause " de son mari , vous savez celle que les hommes s'accordent lors du fameux passage du démon de midi ! Dit comme ça , sujet vu et revu jusqu'à devenir usé jusqu'à la moelle , ce serait plutôt répulsif , autant que le titre faussement racoleur et la couverture du livre , on aurait envie de vite passer son chemin .
A part que , loin d'une forme larmoyante romanesque dégoulinante ou arrimée à une psychologie féministe primaire et manichéenne , cet ouvrage se définirait plutôt comme un petit éclatement de lambeaux psychiques en train de chercher des outils pour retrouver son unité . Et le chemin est tout sauf convenu : Siri Hustvedt ne se départ pas d'une cérébralité un peu crispante par moment mais infiltrée pudiquement par une sensibilité masquée et désarmante .

Un monde flamboyant , et déjà les petites associations d'idées qui fusent à mon insu pour me conduire dans un univers que j'imagine " paillettes et rouge carmin "et d'entendre les rires de gorges de dindes , euh de femmes , femmes des années 80 jusqu'au bout des seins .
Mais je retrouve dans Un monde flamboyant le même flux de pensée que celui d'Un été sans les hommes et lus successivement , ils se mélangent un peu dans mon cerveau un peu embrumé . Peu importe , au contraire puisque ce n'est pas la trame romanesque qui dirige ma lecture la plupart du temps mais la houle de fond .
Là encore le personnage principal est une femme , artiste de l'ombre , qui tentera de démontrer que "l'art vit uniquement dans sa perception" à travers un subterfuge aussi ingénieux que machiavélique : dissimuler derrière trois artistes différents , trois hommes qui s'appropieront momentanément la paternité de ses oeuvres plastiques , afin d'étudier l'accueil de la presse , du public et du monde de l'art et inclure cette dernière partie à l'intérieur même de sa créativité , comme des prolongements de sa création . Et d'en tirer des conclusions bien plus subtiles qu'une seule démonstration féministe .
Afin de laisser toute subjectivité exclusive , Siri construit son roman à partir de témoignages de ces proches et de carnets intimes réunis à titre posthume par une journaliste qui tente de démêler le vrai du faux de ce jeu d'imposture . C'est donc une narration kaléidoscopique savamment orchestrée pour brouiller le lecteur pour mieux le ramener à s'interroger sur la vérité et les jeux de miroirs . Et par ce procédé ludique et teinté de perversité assumée , en multipliant les prismes , en jouant dangereusement avec les masques et la réalité , en transgressant les lois communément admises , en fracturant les frontières de genre , en vivant l'art dans la réalité et vice-versa , jalonnant son récit de références clés pour éclairer le lecteur (ou mieux l'obscurcir ) , mystificatrice dans la jouissance douloureuse , provocatrice , mise en abyme à travers cette panoplie de personnages insaisissables , se superposant les uns aux autres , réels ou imaginaires ou les deux à la fois , Siri Hustvedt propose une aventure intérieure unique , inconfortable , addictive , subversive , laissant son lecteur en flottement , le temps qu'il se ressaisisse pour porter un regard ouvert sur des contrées jusqu'alors ignorées .
Commenter  J’apprécie          50
La chronique douce-amère d'un été pas comme les autres, écrite dans un très beau style. Siri Hustvedt recrée parfaitement la langueur qui saisit la narratrice pendant ces quelques semaines ; mais cette langueur m'a également atteinte, et je m'en trouve finalement désenchantée.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (2045) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
568 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}