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sur 175 notes
Si "Un été sans les hommes",qui fut une première excursion dans l'univers de Siri Hustevdt ,ne m'a laissé qu'un sentiment mitigé , il m'a fallu poursuivre immédiatement dans cette découverte pour parvenir à me situer plus précisémment et mettre quelques mots sur une impression nébuleuse , indéfinie , à peine palpable .
Et si les préjugés ont la vie dure et ne se laissent pas déloger si facilement comme nous le démontre brillamment l'auteure , ils peuvent s'évanouir comme neige au soleil dès lors que le cerveau veuille bien s'assouplir .
Siri Hustvedt n'a rien d'aimable , ni dans ses interwiews , ni dans son écriture . Engoncée dans un intellectualisme que d'aucuns pourraient qualifier d'ostentatoire , et une hauteur de vue en apparence condescendante , le tout enveloppé dans une enveloppe charnelle effrayante de beauté froide , avouons que ça fait un fait" un peu beaucoup" pour une seule et même personne , dieu est injuste !
Alors , forte et faible de tous ses attributs , Siri Hustvedt s'affirme à travers l'écriture nourrie par de solides formations universitaires en littérature , neuroscience , psychanalyse , philosophie , des centres d'intérêts aussi pointus que l'art ,la philosophie de l'esthétique , l'histoire de la femme dans nos sociétés et tant encore .
Et quand elle se déploie miss Siri Hustvedt , ce n'est bien évidemment pas dans la facilité , la bien-pensance , et une forme enjôleuse ou pour le moins préhensible par un lectorat dès lors acquis .
La coquine d'ailleurs : avec ses titres trompe-l'oeil "Un été sans les hommes " , Un monde flamboyant" ...il y a fort à parier que certains ouvrages ont du se retrouver incongrûment dans un sac de plage et que , s'il est vrai que le livre n'a de vie que dans l'interaction avec son lecteur , celui-ci risque d'être voué à une mort prématuré . Avis aux amateurs donc : ne pas se fier à l'emballage ! Siri Hustvedt , non contente de brouiller les certitudes de son lecteur dans sa perception du monde , semble se jouer de celui-ci avant même de lui donner du fil à retordre !


Il aura fallu La grande librairie récemment avec à l'honneur le grand , l'incontournable , le sexy boy de la Littérature , le conteur inégalable , avec son grand retour à travers ce monument 4321 , j'ai nommé bien sûr le PAUL AUSTER, et pour l'occasion à ses côtés ce jour là , sa femme l'évanescente Siri Hustvedt qui vient de sortir un dernier essai , pour avoir envie de dépasser mes préjugés solidement ancrés je croyais .
Irritée par ce que je percevais comme un certain pédantisme , je fulminais derrière mon écran , épidermique face à cette poupée décidément trop belle pour se permettre autant de psychorigidité affiché , revendiqué (non mais laissez ça aux moches ) . Pas même un faux semblant et un sourire de blonde potiche qui nous la rendrait plus humaine . Et Paul Auster en admiration devant sa muse . Enfin que je pensais .

Au final je décidai un jour de me soumettre à la lecture de Siri Hustvedt . Consciente que celle-ci n'aurait rien de confortable avec ma position actuelle à son égard .

Avec Un été sans les hommes nous faisions la rencontre d'une femme plus très jeune en reconstruction psychique suite à "La pause " de son mari , vous savez celle que les hommes s'accordent lors du fameux passage du démon de midi ! Dit comme ça , sujet vu et revu jusqu'à devenir usé jusqu'à la moelle , ce serait plutôt répulsif , autant que le titre faussement racoleur et la couverture du livre , on aurait envie de vite passer son chemin .
A part que , loin d'une forme larmoyante romanesque dégoulinante ou arrimée à une psychologie féministe primaire et manichéenne , cet ouvrage se définirait plutôt comme un petit éclatement de lambeaux psychiques en train de chercher des outils pour retrouver son unité . Et le chemin est tout sauf convenu : Siri Hustvedt ne se départ pas d'une cérébralité un peu crispante par moment mais infiltrée pudiquement par une sensibilité masquée et désarmante .

Un monde flamboyant , et déjà les petites associations d'idées qui fusent à mon insu pour me conduire dans un univers que j'imagine " paillettes et rouge carmin "et d'entendre les rires de gorges de dindes , euh de femmes , femmes des années 80 jusqu'au bout des seins .
Mais je retrouve dans Un monde flamboyant le même flux de pensée que celui d'Un été sans les hommes et lus successivement , ils se mélangent un peu dans mon cerveau un peu embrumé . Peu importe , au contraire puisque ce n'est pas la trame romanesque qui dirige ma lecture la plupart du temps mais la houle de fond .
Là encore le personnage principal est une femme , artiste de l'ombre , qui tentera de démontrer que "l'art vit uniquement dans sa perception" à travers un subterfuge aussi ingénieux que machiavélique : dissimuler derrière trois artistes différents , trois hommes qui s'appropieront momentanément la paternité de ses oeuvres plastiques , afin d'étudier l'accueil de la presse , du public et du monde de l'art et inclure cette dernière partie à l'intérieur même de sa créativité , comme des prolongements de sa création . Et d'en tirer des conclusions bien plus subtiles qu'une seule démonstration féministe .
Afin de laisser toute subjectivité exclusive , Siri construit son roman à partir de témoignages de ces proches et de carnets intimes réunis à titre posthume par une journaliste qui tente de démêler le vrai du faux de ce jeu d'imposture . C'est donc une narration kaléidoscopique savamment orchestrée pour brouiller le lecteur pour mieux le ramener à s'interroger sur la vérité et les jeux de miroirs . Et par ce procédé ludique et teinté de perversité assumée , en multipliant les prismes , en jouant dangereusement avec les masques et la réalité , en transgressant les lois communément admises , en fracturant les frontières de genre , en vivant l'art dans la réalité et vice-versa , jalonnant son récit de références clés pour éclairer le lecteur (ou mieux l'obscurcir ) , mystificatrice dans la jouissance douloureuse , provocatrice , mise en abyme à travers cette panoplie de personnages insaisissables , se superposant les uns aux autres , réels ou imaginaires ou les deux à la fois , Siri Hustvedt propose une aventure intérieure unique , inconfortable , addictive , subversive , laissant son lecteur en flottement , le temps qu'il se ressaisisse pour porter un regard ouvert sur des contrées jusqu'alors ignorées .
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Roman magnifique offert par une amie.
Difficile au départ mais plus je progressais plus j'étais persuadée que le meilleur allais venir. C'est un livre sensible, complexe, qui explore le domaine de l'art et du "beau" avec intelligence.
La dernière page lue, sans modestie aucune, je me suis sentie plus érudite.
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Je reste mitigée devant cet ouvrage, à la fois riche et linéaire.
Le style est soigné, raffiné, intelligent. Pourtant, les intervenants, bien que très différents, ont tous la même élocution, les mêmes élans. Ce manque de diversité dans la manière de témoigner rend le livre moins crédible, moins percutant.
Cependant, la psychologie du personnage principal est fascinante.
Ainsi, je n'ai pas été emballée autant que je l'aurais souhaité, comme si, une certaine distance ne pouvait être franchie.
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Cela a déjà été raconté, Harriet dite Harry dans un hermaphrodisme assumé,  artiste plasticienne, veuve d'un marchand d'art riche, éclairé et célèbre, a vécu amoureuse dans l'ombre de celui-ci. Quand elle sort de sa dépression du deuil, elle désire enfin attirer à elle la reconnaissance qui lui est due, ou peut-être se venger de la reconnaissance qui lui a été refusée en tant que  femme, et femme de. Elle construit donc une supercherie en trois étapes, produisant des oeuvres étranges, questionnantes, faussement attribuées à trois artistes  qu'elle protège : de jeunes hommes, justement.

L'éditrice supposée de "Un monde flamboyant " réunit un corpus dont l'élément dominant est constitué par les prolifiques carnets intimes de Harry, mais aussi par des témoignages recueillis auprès de ses proches (enfants, amie intime, compagnon des dernières heures : poète raté celui-ci) et de son entourage artistiques (artistes  évoluant dans son entourage y compris ses trois "masques", galeristes, experts, critiques d'art etc)

On procède donc par petites touches, petites découvertes, comme dans un travail de fouille archéologique. Cela donne un portrait  aux multiples facettes, parfois contradictoires,  de cette femme complexe, passionnée, névrosée, hyper-cultivée, provocatrice mais sans doute peu à même d'assumer les conséquences de cette provocation.

Si on peut se dire bêtement au début de lecture que Harry est un double de Siri, on en revient vite. Il s'avère rapidement que non, qu'elle n'est "au pire" que ce que Siri aurait pu être. Car Siri Hustvedt, si elle est la femme d'un auteur des plus admirés de la planète, est bien aussi auteure elle-même reconnue, regardée pour elle-même et non comme l'ombre de son si cher époux, lequel, loin de l'écraser et la bâillonner la contemple, médusé, d'un oeil tout à la fois tendre et éperdument admiratif, l'écoute d'une humble oreille de petit garçon: tant de maîtrise, tant de savoir, de culture et d'intelligence, tant de certitude, tant d'aura!

Et si Hatty n'est qu'un autoportrait en creux, je me suis demandé si Paul Auster n'était pas un  hybride de Felix et Bruno : homme brillant, adulé, honoré, avec son brin de mystère, mais qui sait si bien aimer.


Par sa supercherie - qui va elle-même être dévoilée par une autre supercherie, petites boites gigognes encastrées - Harry ne limite pas son propos à dénoncer l'ombre étouffante de son  homme tant aimé, dans une société si discriminante (jeunisme, sexisme), mais aussi d'une façon plus générale l'ombre humiliante des hommes sur les femmes. Et au delà, ne se venge-t'elle pas non seulement d'un milieu entier empreint de superficialité et de préjugés, mais aussi à travers lui de ces trois jeunes hommes, qui ont ce qu'elle n'a pas, l'obscur et timide Tish, le métis gay Phineas, la jeune étoile montante Rune, dans une progression ambitieuse (car, oui derrière le milieu, il y a des hommes - et "accessoirement" des femmes)?

Elle leur propose de monter des gags (mais des gags qui ont un sens), elle leur fait croire qu'elle leur offre le succès, mais il s'avère vite qu'ils sont dessaisis de leur autonomie d'artiste, de leur identité-même.  Les masques cachent d'autres masques. La révélation n'apportera à aucun le triomphe escompté.  Ce "pacte faustien" va se retourner contre Hatty "guerrière blessée", il va être "fatal à son âme": la reconnaissance n'est pas au rendez-vous, mais encore la blessure et l'humiliation - elles ont la peau dure. Et ses marionnettes ne s'en sortent guère mieux de cette histoire de parodie et de mensonge.

Ce stratagème extravagant interroge plus généralement le sens de l'oeuvre d'art. Il ne s'agit pas d'une simple dénonciation du monde de l'art devenu marché vulgaire de l'argent, de la représentation et de la notoriété, il s'agit d'aller bien plus loin et de dénoncer en quoi toute notre perception  ("le comment on voit") en est pervertie, comme derrière l'oeuvre nous traquons l'auteur, le people, l'anecdotique. Et que la vraie oeuvre est en fait l'objet lié à son créateur,  pour une marchandisation (et non plus une reconnaissance) qui n'exprime que les pires travers de notre société.
                                                                                                                                        
Et si le 11 septembre vient décaler cette histoire au passage, c'est que lui aussi traque ce qu'il y a de plus profond en nous, et n' a pas manqué d'être récupéré pour des fins des moins respectables.

Au-delà de cette trame riche en détours et digressions souvent savantes où elle distille son érudition, (que d'aucuns, dont moi , auront du mal à suivre)., Siri Husvedt et son "intellect rayonnant", n'est pas du genre à se contenter d'un roman à thème uniciste, d'un roman cérébral si maîtrisé et si pointu qu'il en aurait été  glaçant.  Elle se promène dans les oeuvres déconcertantes de Harry, qui partagent avec certains personnages étranges, inaccessibles - psychotique, autiste, thérapeute mystique - une fragilité/solidité qui pondère cette profusion de rigueur . Étranges, oui, très étranges, dans ce monde impitoyable et pragmatique.  Elle partage des moments de tendresse, d'intimité : les personnages ont des relations de douceur et de déchirement. Ceux de l'enfance laissent des traces indélébiles, qui seront portés toute une vie. Ceux de la maturité sont des cocons rédempteurs, et  c'est sur cette note que se finit le livre, dans un épanouissement émotionnel tout à la fois tragique et bienheureux, qui n' a plus rien à voir avec le cérébral : vanité que tout cela quand ne compte plus que la conquête d'une certaine paix. La belle dame distante venue du Nord , l'intellectuelle sûre d'elle dévoile sans le moindre débordement son humour discret, ses tourments inavoués.

En tout cas, ironie dernière, ce dont on est sûr, c'est que son livre est si personnel, fécond, spécifique, marqué au sceau de ses passions, qu'elle serait bien en peine, Siri Husvedt, de jouer au petit jeu d' Harry et de la faire signer par un autre sans qu'elle soit  immédiatement déjouée.
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Que ce roman est verbeux, que cette lecture a été érintante.

Alors oui, il est question d'énormément de sujets dans ce pavé : la place des femmes dans la création artistique et leur non-reconnaissance ; des trucs et astuces dans une création ; des masques et de leurs fonctions ; de la difficile identité homme / femme et même du mythe de Pygmalion.

Mais surtout, il y a la colère et la rage du personnage principal. Pour ces raisons, je ne l'ai pas trouvée flamboyante.

L'écriture chorale de ce roman est un procédé intéressant pour tenter de tourner autour du personnage de Harry. Mais cela reste un procédé.

Une lecture qui ne m'a donc pas bouleversée.

L'image que je retiendrai :

Celle du personnage du Baromètre dont la vie dépend des hautes et basses pressions.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
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Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi juste sur l'ambivalence, la dualité de l'identité féminine. Sur l'exercice schizophrénique d'être à la fois femme et humaine, le tour de force pour une femme d'acquérir cette neutralité de l'humain, de l'homme, d'être non pas masculine mais simplement être sans porter le poids de son genre, exister "neutre" comme peut exister n'importe quel humain de sexe masculin. Ou encore: faire l'expérience de l'universel.

Harry tente de s'injecter, d'injecter son être dans trois avatars masculins successifs. le seul pour qui l'expérience de l'usurpation d'identité fonctionne est Phinéas - l'homosexuel, le travelo, le métisse. Celui qui, dans sa chair, fait déjà l'expérience du double contre l'unique, du particulier contre l'universel. le seul qui est prêt à se laisser habiter, posséder par un autre, sans y laisser des plumes. Anton, lui, est dépersonnalisé par cette expérience. Façonné par Harry, faisant siennes ses oeuvres, il se perd de vue, ne parvient plus à se dissocier d'elle, laisse son être se dissoudre dans cette transformation. Rune, quand à lui, fera entrer Harry dans le labyrinthe de sa propre personnalité mythomane - labyrinthe qui deviendra leur oeuvre comune. Il la fait, malgré elle, entrer en symbiose organique avec lui, puis il ferme la porte et jette la clé. Il tente d'enfermer Harry en refusant de révéler son rôle dans la création de leur oeuvre, mais il s'enferme du même coup avec elle, et finira par laisser le mécanisme s'effondrer sur lui, faute d'avoir pu s'en dépétrer.

Harry l'apprentie sorcière a voulu jouer aux masques, aux doubles avec des êtres figés dans leur identité unique, et, en se dépossédant de son travail à leur profit, les a empoisonné. de ce cercle sans fin où chacun est victime de l'autre, seul se sortira celui qui revendique l'entre-deux.
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Siri Hustvedt est un de mes écrivains préférés mais ce roman sur une artiste américaine boudée par ses pairs et qui va trouver un stratagème pour que son oeuvre soit reconnue au travers d'autres artistes masculins met la barre un peu trop haut et ne me semble accessible que par un lectorat averti. Un peu trop intello à mon goût.
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«Toutes les entreprises intellectuelles et artistiques, plaisanteries, ironies et parodies comprises, regoivent un meilleur accueil dans l'esprit de la foule lorsque la foule sait qu'elle peut, derrière l'oeuvre ou le canular grandioses, distinguer quelque part une queue et une paire de couilles. » Ainsi s'exprime Richard Brickman, critique d'art inconnu, en 2003. Il relate dans un article de quelques pages la très longue lettre de Harriet Burden, veuve de Félix Lord, un fameux marchand d'art. Après avoir exposé quelques oeuvres sans succès dans sa jeunesse, celle-ci prétend avoir produit des expositions reconnues sous trois identités masculines différentes. Trois doubles, trois collaborateurs, dont le dernier, Rune, est devenu la coqueluche du New-York arty.
Quel est le sens, la véracité et la leçon d'un tel travestissement ? I. V. Hess, le double de Siri Hustvedt, mène l'enquête auprès des proches de Harriet - dite Harry, ainsi que de ses trois « masques ». Elle a également accès aux carnets de cette femme à la culture immense et au physique peu féminin.
La reconnaissance et la diffusion de l'art, le rôle des critiques (hommes et femmes), la tentation de l'essentialisme comme racine de la production artistique, les rapports de couple dans le cadre de cette dernière sont brillamment explorés sous couvert d'une fiction plus vraie que nature. La mystification de Harriet Burden ne montre pas seulement que le patriarcat est un rempart puissant contre la diffusion des oeuvres féminines (encore aujourd'hui moins de 20% des oeuvres exposées), mais expérimente les conséquences internes et externes d'un pseudonyme masculin, non seulement sur la réception de l'oeuvre, mais aussi sur sa création.
Enfin, ce roman flamboyant ne l'est pas seulement sur le plan intellectuel. C'est aussi une magnifique saga familiale et une cruelle et tendre galerie de portraits du microcosme artistique.
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C'est ici sur le sort que l'on réserve aux femmes artistes qu'elle se penche. Et toute ressemblance avec sa propre histoire ne doit pas être fortuite, surtout quand on sait que dans ce roman, l'artiste en question sera toujours considérée comme la femme de. Harriet Burden est un peintre frustrée qui est persuadée que son manque de reconnaissance vient de la misogynie qui règne dans le milieu artistique new-yorkais. Elle décide donc de convaincre trois artistes hommes de lui servir de prête-nom. C'est en tout cas ce qu'elle prétend car autour d'elle, on la prend plutôt pour une folle qui ne s'était pas remise de la mort de son illustre mari et qui a inventé de toute pièce cette histoire de falsification.

Le roman est multiforme car il se présente à la fois sous forme des carnets d'Harriet, mais aussi de témoignages (de ses enfants, d'artistes, de journalistes). Ce sont les carnets d'Harriet qui sont les plus ardus à lire. Mais la facilité n'est pas ce qu'on recherche dans une oeuvre littéraire. On se perd un peu dans les écrits d'Harriet parce que c'est une personnalité complexe, qui souffre à la fois du manque de reconnaissance des autres mais aussi de ce que son "jeu" se retourne contre elle. Siri Hustvedt sait rendre cette sexagénaire trop grande pour ne pas gêner les autres très touchante notamment quand elle se compare au monstre de Frankenstein mais sans doute encore plus à travers les témoignages que les carnets. Si je n'ai pas aimé chaque page de ce roman, je le trouve globalement réussi, original et truffé de phrases qui à elle seules, méritent la lecture de ce roman et qui sont universelles :

je voulais ma mère, pas ma petite mère mourante à l'hôpital mais la grande, celle de mon enfance, celle qui m'avait portée, bercée, consolée et caressée...
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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A la mort d'Harriet, artiste plasticienne, un universitaire se penche sur sa vie et son oeuvre. Dans ce roman choral, interviennent son mari, ses enfants mais également ses assistants, ses galeristes, ses critiques.
Méconnue de son vivant, Harriet attribue son insuccès au fait qu'elle est une femme. le monde de l'art contemporain aurait-il un train de retard? L'artiste organise donc deux expositions en faisant appel à des prête-noms, deux jeunes hommes charismatiques bien dans l'air du temps.
Grand succès. Sans illusions mais portée par la foi, elle poursuit son oeuvre jusqu'à ses derniers jours. Harriet est complexe, humaine et colérique, instinctive et très intello.
Elle se passionne pour l'histoire de la condition féminine mais aussi pour la neurobiologie. On lit ses spéculations érudites dans ses carnets et c'est un régal.
Les personnages secondaires, tout aussi complexes, nous plongent dans l'ambigüité des relations humaines.
La fin du roman est une apothéose et offre un éclairage inédit, à la fois sur Harriet et sur ce que son oeuvre provoque en nous.
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