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Juliette Ihler (Autre) Singeon (Autre)
EAN : 9782413028246
144 pages
Delcourt (24/03/2021)
3.73/5   60 notes
Résumé :
Torturées, noyées ou brûlées, les femmes accusées de sorcellerie, n'ont souvent eu pour seule malice que d'être trop puissantes ou trop libres, quand leur seul crime ne fut pas simplement d'être femmes.
Qui étaient les sorcières ?
À travers le récit de « coupables » emblématiques - la guérisseuse, la paysanne, la magicienne, la femme âgée ou indépendante -, se révèle l'histoire d'une misogynie millénaire et d'un système patriarcal renforcé par l'émerg... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Voici une BD qui va s'intéresser aux sorcières. Ce ne sont pas les êtres imaginaires tout droit sorti d'un conte de fée à la Blanche-Neige et les sept nains.

Non, il y a encore 2-3 siècles, c'étaient des femmes plutôt méritantes et compétentes qui ont été massacré au nom d'une société patriarcale qui s'est d'ailleurs servie de l'Église. Il s'agissait de les éradiquer comme un génocide qui ne laisse pas de traces dans les statistiques.

Les ligues féministes se sont emparées de ce phénomène afin de le dénoncer publiquement d'où cette BD. La sorcière est devenue une figure, un symbole de leur persécution par les hommes avides de pouvoir et qui ne voulaient pas reconnaître la place de la femme dans la société. Sorcières ! disent-ils est le titre. Il s'agit de justifier de leur caractère démoniaque afin de les exterminer au nom de la foi. Facile comme procédé d'élimination.

Ces femmes étaient sans doute des personnes trop actives, trop puissantes et trop libres. On va voir différents exemples : des voyantes, des guérisseuses, des bûcheronnes etc...

Bref, tout une thèse pour indiquer que les sorcières ont été les premières féministes de l'Histoire. La magie était considérée comme hérétique et par conséquent un crime grave contre Dieu et l'état. Savoir et pouvoir doivent rester aux mains des hommes.

A noter que ces exactions ont eu lieu vers la fin du Moyen-Age et surtout à la Renaissance, le fameux siècle des lumières marqué par un obscurantisme sans nom.
Bon, on va avoir droit à des réflexions du style que seuls le vieillissement des hommes est valorisé et que ces hommes s'en donnent à coeur joie avec de jeunes filles sans défense et peu sûr d'elles.

Maintenant, les auteurs vont encore plus loin en indiquant que c'est le capitalisme naissant qui est une des causes de cette chasse aux sorcières et que le féodalisme malgré son caractère rigide et autoritaire avait du bon. Permettez-moi de ne pas être en accord avec cette argumentation et ces conclusions. Cependant, je respecte cette position prise par les auteurs qui ont le droit de pouvoir exposer leur position. Ce n'est pas pour cela que je jugerai mal cette BD tout à fait honorable dans son exposé.

La conclusion de cette oeuvre est de se défaire du conte de fée où la princesse est passive alors que la vieille sorcière est peut-être laide mais elle est détentrice de connaissances qui la rendent autonomes. C'est le vrai pouvoir des femmes. Je terminerai par ces mots : « sorcière un jour, sorcière toujours ! ».
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Mise en avant dans plusieurs publications professionnelles, cette BD signée Juliette Ihler (au scénario) et Singeon (aux illustrations) semblait très attendue et a priori plutôt très appréciée. Je n'ai donc pas hésité à la sélectionner lorsque je l'ai vue proposée dans une des dernières opérations Masse Critique de Babelio.

A travers la petite histoire de 4 amies : une aubergiste, une guérisseuse, une diseuse de bonne aventure et une paysanne, cette bande-dessinée donne à voir l'évolution des mentalités dans la grande Histoire : l'extrémisme religieux, la perte de libertés, la volonté de contrôler la médecine et le corps des femmes (entre autres)…
La délation des voisins et proches entrainait alors l'exécution quasi systématique des soi-disant coupables (grâce à des méthodes barbares). Ce sont ainsi des (centaines de) milliers de femmes qui sont mortes car jugées trop belles, trop laides, trop indépendantes, trop libres de leurs mouvements, trop ferventes croyantes ou au contraire pas assez présentes sur les bancs de l'église…
Un génocide organisé et appuyé par un traité devenu tristement célèbre (imprimé en milliers d'exemplaires) : le Malleus Maleficarum (Marteau des sorcières).

Je m'attendais à un titre destiné aux adolescents donc plutôt très abordable et ludique (même si la thématique ne se prête définitivement pas aux grands éclats de rire) mais j'y ai finalement trouvé beaucoup d'informations et énormément de référence ce qui peut rendre la lecture assez dense.
Ce n'est à mon avis, pas l'ouvrage le plus simple si vous souhaitez vous initier à cette thématique de la sorcière, figure féministe aujourd'hui revenue sur le devant de la scène. En revanche, pour qui est déjà un minimum renseigné sur le sujet, vous trouverez une mise en scène visuelle loin d'être inintéressante et peut-être quelques éléments nouveaux.
J'ai pour ma part aimé le lien fait entre l'apparition de la figure de la sorcière (et la chasse inquisitrice qui va avec) et la montée du capitalisme à l'arrivée de la Renaissance. Parce que oui, il n'est pas inutile de rappeler que le concept même de “sorcière” était absent du Moyen Age, période pendant laquelle les femmes étaient globalement plus libres et indépendantes qu'on a voulu nous le faire croire. Qui ça “on” ? Les hommes des Temps Modernes (la Renaissance) évidemment ! Ces gens qui ont remis l'Antiquité au goût du jour et surtout, qui ont placé l'être humain (surtout le masculin) au centre (ou plutôt au sommet !) de tout.

Ce choix de format BD a des avantages car rend les choses très visuelles et donc peut-être plus accessibles. Malgré tout, il a aussi ses inconvénients, notamment des raccourcis qui rendent le propos parfois brouillon et donc pas forcément très abordable !
On se place ici entre la bande-dessinée de fiction et l'essai documentaire : les vies de ces 4 femmes ont été inventées et suivent un fil narratif qui permettent au fil des pages, d'exposer des thèses relatives aux sciences humaines. C'est donc un entre-deux parfois un peu bancal.

A noter des dessins (et des couleurs !) assez particuliers qui ne convaincront sans doute pas tout le monde. Je n'ai pas été sensible aux traits des visages par exemple mais j'ai aimé le mouvement présent dans certaines illustrations, notamment lorsque l'artiste délaisse les vignettes pour un format plus libre et plus grand ; ces pleines pages sont, à mon avis, plus percutantes.

Sorcières, disent-ils ! ne me semble pas être un titre qui révolutionne le sujet ou que je conseillerais aux lecteurs novices qui souhaitent en savoir plus sur cette figure féministe de la sorcière et sur l'histoire qui l'accompagne. C'est malgré tout un livre illustré qui a sa place dans la vulgarisation de la thématique, notamment grâce à son format, entre la BD et l'essai documentaire. Cet entre-deux n'est pas parfait mais accroche l'oeil et peut donner envie d'aller fouiller dans les nombreuses références citées. Intéressant donc mais pas si simple que ça !
Lien : https://bazardelalitterature..
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J'ai adoré ce roman graphique mais, attention, âme sensible s'abstenir.

On y suit quatre personnages féminins qui tous, par leur comportement, correspondent à l'image que ce fait l'Église des "sorcières". Leur vie et leur village vont être bouleversés par l'arrivée d'un inquisiteur et par la diffusion du livre "Le marteau des sorcières", Malleus Maleficarum, annonçant le début de la traque.

L'oeuvre reste fictionnel mais a des attraits documentaires non négligeables. le rôle des femmes avant la période d'inquisition, l'emprise de l'Église entrainant la perte des connaissances botaniques et du savoir-faire acquis par les femmes, le rôle social dans lequel elle vont progressivement être cantonné, le pouvoir accrue de la propriété, les différentes tortures, etc. sont autant d'aspects évoqués. J'ai trouvé que tout était bien amené, que la réflexion était aboutie, qu'historiquement et socialement ce livre était d'une grande pertinence. Même les illustrations sont attrayantes.

Pour moi, Juliette Ihler et Singeon ont fait du bon travail.
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C'est une belle BD, tant sur le fond que sur la forme. Les dessins et les couleurs sont superbes. Nous suivons le parcours de plusieurs femmes du XVème siècle, au profil différent qui illustrent parfaitement les femmes qui ont été considérées comme sorcières, chassées, torturées et assassinées: la guérisseuse, la paysanne, la magicienne, la femme âgée et veuve. En bref, des femmes indépendantes, parfois célibataires ou veuves, qui vivent en toute liberté sans être sous le giron d'un homme, ou bien des femmes possédant des connaissances.

Le récit nous montre l'évolution de la vie des femmes de cette époque, ce qui a changé pour elles et pour quelles raisons. On apprend d'abord à les connaître puis survient l'élément perturbateur: l'arrivée d'hommes, d'inquisiteurs dominicains voyageant avec le célèbre livre « Malleus Maleficarum » ou « le marteau des sorcières », véritable bible pour les chasseurs de sorcières. Un livre sensé expliquer comment les débusquer et comment les punir. Une horreur. Et à partir de ce moment c'est le début de la fin.

J'ai trouvé que le mécanisme mis en place pour encourager la délation, vraie ou fausse, parmi la population même est particulièrement bien mis en scène. C'est un mécanisme très important et qui est déjà parfaitement décrit dans les récits sur les procès de Salem, comme dans « The Witches, Salem, 1692 » de Stacy Schiff. C'est l'un des visages les plus hideux de l'être humain qui s'est dévoilé à plusieurs reprises au cours de l'histoire. Un rappel que l'être humain peut être capable du pire.

Ensuite vient le moment des soi-disant enquêtes, qui ne sont rien d'autres que des traquenards où la victime n'a aucune porte de sortie possible. Elle finit coupable dans tous les cas.
A chaque moment crucial, un chat (noir bien évidemment) remet les faits en perspective et nous rappelle les enjeux de cette chasse aux sorcières: l'extrémisme religieux, la perte de libertés des femmes et leur soumission aux hommes, le contrôle de la connaissance par les facultés de médecine et non plus par les guérisseuses, le contrôle des corps des femmes.

En bref, cette BD est très bien faite pour redonner un sens et le contexte à ces chasses aux sorcières, et redonner aux victimes leur juste place.
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Cette BD se situe entre la fiction, et le documentaire : à travers un dessin agréable, et l'histoire de plusieurs personnages fictifs, il s'agit de parler de la très réelle chasse aux sorcières, qui a fait un nombre de victimes difficile à évaluer - mais monstrueusement élevé, comme tout génocide.
On reprend "les bases" des sorcières ici, à savoir que les femmes accusées de sorcellerie étaient souvent trop libres. C'est illustré à travers les personnages de l'histoire, et également re-précisé plusieurs fois, au cas où on n'aurait pas compris.
Dans l'ensemble, je n'ai pas appris grand chose, et je n'ai pas toujours trouvé la construction très clair. Sans passer un mauvais moment, je n'ai pas été emballée pour autant. En revanche, j'ai été interpellé par la mise en contexte, et la théorie véhiculé par cette BD, qui conclu que l'avènement du Capitalisme (qui se situerai donc à la fin du Moyen-Age, avec la disparition du féodalisme) a mené à la chasse aux sorcières - et, en d'autres termes, à l'asservissement des femmes. La théorie n'est pas inintéressante, mais je reste assez peu convaincue pour autant. Cela me donne toutefois envie de me plonger dans les ouvrages cités en bibliographie, et de creuser un peu plus ce sujet !
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critiques presse (3)
Bedeo
27 mai 2021
Récit initiatique et synthèse d’une période de l’Histoire passée sous silence.
Lire la critique sur le site : Bedeo
LigneClaire
21 avril 2021
Notre imaginaire en a fait des Mary Poppins venimeuses, méchantes. La réalité est bien autre et méritait d’être enfin dévoilée en toute objectivité.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
BDGest
02 avril 2021
Extrêmement documenté "Sorcières disent-ils" manque tout de même de fluidité pour convaincre pleinement. Mais ce (léger) défaut ne doit pas faire perdre de vue la justesse du propos et sa pertinence. Surtout à l'heure actuelle.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Parce que torturées, noyées et brûlées en tant que sorcières, ces femmes n’ont souvent eu comme seule malice d’être des femmes trop actives, trop puissantes et trop libres...quand leur seul crime ne fut pas simplement d’être femme.
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J'ai eu des liaisons avec des hommes, mais jamais avec des démons !
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