Pendant ma vie, j’ai voyagé dans de nombreuses régions du monde, y compris des pays qui avaient été colonisés, et nulle part je n’ai vu un impérialisme aussi cruel et aussi néfaste que celui du Japon lequel, dans le but de réduire à néant la nation coréenne, y avait interdit l’emploi de la langue nationale, l’usage même des noms traditionnels et avait réquisitionné jusqu’aux couverts de table. La Corée était devenue littéralement un enfer sur terre, et les Coréens étaient condamnés à un sort pire que la mort.
« Le peuple est mon Dieu », voilà ma foi et mon credo. Voir en lui l’artisan de la révolution et du développement du pays et mettre sa force en action, telle est ma devise politique, le suprême commandement que je me suis donné, tout en me mettant entièrement à son service.
L’histoire ne connaît aucun exemple prouvant que les grandes puissances puissent être généreuses envers les petits pays ou aider les peuples des pays faibles à accéder à la liberté et à l’indépendance. La souveraineté d’une nation ne peut être sauvegardée ou récupérée que par les efforts actifs qu’elle déploie elle-même, par des luttes infatigables. C’est une vérité éprouvée et confirmée par plusieurs siècles d’existence de l’humanité tout
entière.
Il était tout à fait impensable que les impérialistes américains aident la Corée à accéder à l’indépendance, eux qui avaient reconnu son occupation par le Japon en signant la « Convention Katsura-Taft », au début du XX e siècle.
Les portes de toutes les maisons, dans ce pays, portent les traces des larmes versées aux moments de la séparation, et celles des soupirs de regret poignant pour des proches et des parents disparus, d’une douleur incommensurable pour ces pertes tragiques.