Comme chaque fois, j'ai aimé suivre ce cher Erlendur, cette fois encore tout jeune, dans "
Les nuits de Reykjavik", il n'est pas encore le grand inspecteur connu, il est ce que je n'appellerais pas le "flic - assistant social" car il n'en est rien, car on reconnaît déjà bien l'inspecteur Erlendur qui ne ne fait pas de concessions pour rien ni personne, que l'on soit dans ou en marge de la société, mais déjà le policier avec ce côté extrêmement humain qu'on aime tant, ses observations, ses intuitions qu'il suit toujours, un homme qui observe, qui essaie de comprendre, qui laisse parler, pour qui un crime est un crime, qu'il s'agisse d'une personnalité importante aux yeux de notre "civilisation" ou d'un homme qui fait partie de ceux que l'on appelle "SDF", ceux que l'on voit si souvent le matin dans les métros en passant notre chemin sans même se demander comment cet être en est arrivé là! C'est dans les entrailles de Reykjavik, dans des endroits les plus insolites qu'il nous emmène cette fois, à la rencontre de ces hommes et femmes "sans domicile fixe" qui ont la franchise de demander un peu d'argent sans aucune honte pour une bouteille qui leur fera oublier la douleur psychique, physique, l'endroit où ils vivent et pendant quelques heures les réchauffera pour les emmener dans un sommeil où la réalité est moins douloureuse, quitte à ne jamais se réveiller et d'ailleurs, qui s'en soucierait, à part Erlendur? C'est ainsi que commence l'histoire, un homme, Hannibal, est retrouvé mort dans une tourbière. L'affaire est vite classée, l'homme était connu de la police, c'était un clochard, il buvait beaucoup et en effet, on retrouve pas mal d'alcool dans son sang, il est certainement tombé et s'est noyé, sans doute trop ivre pour se relever...Mais Erlendur qui avait fait la connaissance de cet homme peu de temps auparavant veut avoir la certitude de cet accident! Il va marcher dans toute la ville, tous ces endroits où vivent les gens comme Hannibal, les oubliés de la société, il va leur parler, essayer de comprendre pourquoi Hannibal avait quitté l'endroit qu'il squattait, il avait peur, il lui avait dit qu'il se méfiait, qu'on voulait mettre le feu à ce qui lui servait d'habitation! Déterminé comme toujours, on suit ce jeune Erlendur dans
les nuits de Reykjavik et quelle ballade, que de rencontres! Un cinq étoiles pour ce livre, ce roman noir, ce bon polar! On se rend aussi compte, une fois de plus, à quel point
Arnaldur Indridasson a une excellente connaissance de l'histoire et de la géographie de l'Islande et sa capitale et surtout, on a plus que jamais envie de rencontrer cet écrivain, non seulement pour ses histoires, pour sa plume mais peut-être aussi parce qu'on associe souvent les héros de polars à leur créateur et je pense sincèrement que l'écrivain est un chic type, comme l'est Erlendur!