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Figures iconiques de la culture nippone, les geishas incarnent l'élégance absolue. Nimbée d'une aura mystérieuse, leur existence suscite la curiosité, fascine et cristallise autant de fantasmes que de préjugés en Occident.

Éprouvant depuis l'adolescence une certaine admiration envers ces créatures à la beauté sublimée, il m'importait d'approcher l'univers voluptueux et évanescent dans lequel elles évoluent. 

Incursion rendue possible aujourd'hui grâce au témoignage intimiste de l'une d'entre elles - Mineko Iwasaki - qui a exercé ses talents au cours des années 70 - 80 et connu une incroyable renommée avant de prendre sa retraite à l'aube de la trentaine. 

***

Benjamine d'une fratrie de onze enfants, Mineko (de son vrai nom Masako Tanaka) voit le jour en 1949 à Kyoto, ancienne capitale impériale du Japon. 

Pressentie pour succéder à la propriétaire de l'une des okiya les plus réputées de Gion-Kobu - quartier dédié aux plaisirs et aux divertissements - elle quitte le cocon familial à l'âge de 5 ans. 

Son destin est dès lors scellé, elle suivra les traces de ses soeurs, confiées jeunes aussi par leurs parents à l'okiya Iwasaki. Avoir été reconnue comme la prochaine atotori, titre très convoité, lui confèrera toutefois un statut privilégié. Elle sera traitée, et ce contrairement aux autres recrues, avec la même déférence que la directrice de l'établissement dont elle héritera ultérieurement du nom et de l'intégralité des biens. 

*

S'il était d'usage avant la seconde guerre mondiale de façonner les futures geiko dès leur 6ème année, Mineko doit en 1954 patienter jusqu'à atteindre l'âge légal porté par le dispositif de protection de l'enfance à 15 ans. 

En attendant, parallèlement à sa scolarité, la petite fille apprivoise son nouvel environnement régi par des règles strictes ne laissant place à aucune digression. Elle est en outre initiée à la pratique de diverses activités telles que la calligraphie,  le chant, la musique (koto, shamisen notamment) ou encore la danse sans oublier les tâches domestiques. 

Une fois l'échéance arrivée, Mineko arrête ses études et fête en 1965 son omisedashi devenant ainsi la 64ème maiko de Gion-Kobu. Cet instant solennel marque le début de sa formation en tant que geiko. Elle est alors soumise à un programme extrêmement chargé, fait d'obligations et d'engagements divers, qui ne lui accordent au cours des années suivantes guère de répit. 

Mue par une force de travail incroyable et une détermination sans faille, elle gravit étape par étape tous les échelons qui l'élèveront en 1970 (21 ans) au rang honorifique de geiko.

***

Dense, sensible, instructif, ce récit de vie offre une plongée saisissante dans le monde clos, ultra codifié et hiérarchisé des geishas. 

En nous permettant de découvrir les arcanes de leur profession, il vient contrecarrer nombre d'idées reçues. Parmi les plus répandues, figure incontestablement celle qui tend à les assimiler aux courtisanes. 

À la fois dame de compagnie auprès d'une clientèle aisée et artiste accomplie, les geishas mettent à profit leurs innombrables talents acquis  au terme d'un apprentissage  très exigeant. Elles sont gardiennes de traditions ancestrales qu'elles s'évertuent à perpétuer; tâche d'autant plus essentielle que leur effectif décroît inexorablement.

Derrière le faste des kimonos de soie, se cache une réalité infiniment plus complexe que celle imaginée…une vie de renoncement et de bienséance,  l'archaïsme d'un système figé,  les rivalités,  le sourire cachant les larmes. 

Un voyage édifiant et passionnant !


____________________________________
Okiya : maison de geishas 
Atotori : héritière 
Geiko : autre nom donné aux Geishas
Maiko : apprentie geisha
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De son écriture subtile et aérienne, Mineko Iwasaki (de son vrai nom Masako Tanakaminamoto) s'adresse directement à nous pour nous raconter son histoire et le temps d'une confidence elle nous entraîne avec elle dans le monde des fleurs et des saules, le Karyukai.
397 pages d'un merveilleux voyage !

Le temps de cette lecture j'ai recueilli les confidences de la petite fille qui n'a que 5 ans en 1954 quand elle quitte sa famille pour intégrer l'okiya Iwasaki, l'une des plus prestigieuses maisons de geishas de Gion-Kobu à Kyoto et devient l'héritière de la propriétaire, Madame Oïma, accédant ainsi au titre très convoité "d'atotori".
J'ai recueilli les confidences de la jeune femme qui devient en 1965, à seulement 15 ans, la soixante-quatrième maiko (apprentie-geisha) de Gion-Kobu puis à 21 ans, l'une des geishas les plus reconnues et respectées au Japon.

Troublante, fascinante, Mineko Iwasaki évolue dans un monde feutré, secret, véritable petite société parfaitement hiérarchisée dans laquelle les maikos (apprenties-geisha) et les geikos (geishas) ont chacune un rôle qui leur est propre, défini soit par le statut social soit par l'ancienneté. Un monde en pleine expansion dans le Japon du début des années 70 qui voit alors l'émergence des arts de la culture et du spectacle.

Une biographie riche et dense qui nous en apprend beaucoup sur l'histoire et les origines du mythe ancestral qu'est la geisha mais aussi sur les actes rituels précis qui nourrissent cet art et qui nécessitent de très longues années d'un difficile apprentissage.
Un récit qui corrigera la vision quelque peu erronée que l'on a encore de la geisha dont l'image a été fortement érotisée en Occident comme ailleurs. Car elle n'est en aucun cas une prostituée mais une muse à qui l'on a enseignée l'art de distraire les hommes (les femmes aussi), l'art de servir.

Alors, Mesdames, Messieurs (oui il y a aussi des hommes chez les geishas) si vous voulez devenir une geisha, sachez qu'il vous faudra faire preuve de courage et de ténacité. Votre beauté ne suffira pas. N'est pas geisha qui veut ! Il faudra vous lever tôt pour faire l'apprentissage des danses traditionnelles telles que le kiomaï et le nô maï, pour vous initier au chant, à la musique, à l'art de la calligraphie... Et si vous êtes doués, mais seulement si, et après avoir passé avec succès votre "erikae" (cérémonie qui permet d'accéder au grade de geisha) alors vous aurez peut-être le privilège de vous produire devant un ministre ou un éminent Chef d'État dans l'un des ozashikis de Gion-Kobu ou sur la scène du Palais de l'Exposition d'Osaka.

En 2010, les chiffres sont approximatifs, on estimait qu'elles étaient encore 300 à évoluer au Japon. Aujourd'hui leur activité tend à disparaître et c'est bien dommage car c'est un pan de l'histoire du Japon qui disparaît avec elles... Car ne l'oublions pas : "geisha" signifie "artiste".
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AUTHENTIQUE
Cette autobiographie est écrite par une vraie geisha qui est également l'auteure et raconte sa vie de sa petite enfance jusqu'à devenir « la » geisha connue et reconnue.
C'est une véritable « plongée » sur les us et coutumes dans « le monde des fleurs et des saules » et surtout un regard sur cette communauté traditionnelle parfois et/ou encore mal comprise par les occidentaux.
Lecture simple, fluide et très agréable.
Je vous invite à faire ce voyage.
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Issue de l'aristocratie kyotoïte par son père et descendante de pirates par sa mère, Masako Tanaka a 3 ans à peine quand son destin bascule. Madame Oïma, patronne de la maison Iwasaki la repère lors d'une visite. La famille est en dette avec l'okiya à laquelle elle a déjà confié deux filles, dont une, Yaeko, n'a pas donné satisfaction. Or, Madame Oïma cherche son atotori, c'est-à-dire, celle qui lui succédera à la tête de l'okiya et voit en Masako sa future héritière. Partagés entre leur sens de l'honneur et leur amour pour Masako, ses parents ne peuvent se résoudre à se séparer de leur dernière-née. C'est donc elle qui, deux ans plus tard, décide d'aller vivre à Gion-Kobu, dans la maison Iwasaki. Commence alors le long et difficile apprentissage qui fera d'elle la plus populaire des geishas, jusqu'à sa retraite anticipée, à l'âge de 29 ans.


Si Mineko Iwasaki a décidé d'écrire ses mémoires, c'est pour exercer son droit de réponse après la parution de Geisha, le livre de l'américain Arthur Golden. Trahie à double titre par l'écrivain qui, malgré sa promesse l'a cité nommément d'une part, et a pris quelques libertés avec la vérité d'autre part, Mineko voulait rétablir la vérité, ou du moins sa vérité, sur la vie des geiko de Kyoto.
Le principal point d'achoppement concerne la sexualité. Golden fait de la geisha une fille de joie qui vend son corps à de riches clients et dont la virginité est vendue au plus offrant. Cette vision faussée est le fruit du fantasme de l'occidental pour un monde qui lui est totalement étranger. La geisha est avant tout une dame de compagnie qui, par les chants, la danse, la musique, distrait les invités de banquets très coûteux organisés pour des clients triés sur le volet. Tout au long de sa vie, la maïko (l'apprentie) puis la geiko (geisha) ne cesse de se perfectionner dans des arts aussi divers que la calligraphie, l'art floral, la cérémonie du thé et, bien sûr, la danse, la musique et le chant. Cette artiste complète passe son temps entre les cours dans la journée et les banquets jusque très tard dans la nuit, parfois ils sont si nombreux qu'elle n'y fait qu'une apparition de quelques minutes. Ce sont ses revenus qui font tourner l'okiya à laquelle elle appartient, payant les factures, le personnel et aussi les innombrables kimonos et accessoires dont elle a besoin.
Si Mineko décrypte cet univers très codifié et qui n'a que très peu évolué depuis des siècles, elle en profite aussi pour dénoncer la jalousie dont elle a été victime. Très populaire, mais aussi très exigeante envers elle-même et envers les autres, elle s'est fait très peu d'amies parmi ses condisciples qui l'ont traitée durement et l'ont souvent humiliée publiquement. Pour les contrer, Mineko a choisi d'être toujours la meilleure et de gagner leur respect. Pourtant, ce ne sont pas ces petites chamailleries qui ont le plus contrariée la geisha. Ce pour quoi elle s'est battue, c'est surtout pour entrouvrir le carcan de traditions dans lequel les geisha sont enfermées. Elles ont de nombreux devoirs et peu de droits, ne peuvent choisir les lieux où elles se produisent, sont peu instruites et une fois leur carrière terminée, leurs qualifications ne sont pas reconnues en dehors de Gion. En démissionnant, elle a entraînée dans son sillage 70 autres filles mais sans réel impact sur le sort réservé à celles qui sont restées. Un changement serait pourtant salutaires. Les okiya qui les éduquent et les maisons de thé qui les accueillent se font de plus en plus rares à Gion et il en est de même pour les clients assez riches pour se permettre de financer un banquet et assez cultivés pour savoir l'apprécier.
Le témoignage de Mineko est riche d'enseignements et met au rancart l'image d'une geisha qui serait une prostituée de luxe. Cependant, il est évidemment partial et, dans son souci de bien faire, Mineko y apparaît parfois arrogante et méprisante. Petits défauts que l'on oublie bien vite quand on pense qu'elle a dû quitter ses parents à l'âge de 5 ans à peine, ne les a plus vus par la suite qu'à de très rares occasions, notamment le jour où elle a renoncé à son nom et a dû formuler les paroles rituelles : ''Vous êtes morts pour moi''. Des choix assumés mais difficiles et qui forgent le caractère...
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Mineko Iwasaki nous plonge dans le monde des saules et des fleurs, celui des geishas de Kyoto qu'elle a intégré dès sa plus tendre enfance en se faisant adopter à l'âge de cinq ans par Mme Oïcha afin de devenir l'héritière: "l'atatori" de son Okiya (maison de geishas).
La petite passe tous ses grades grâce à ses talents de danseuse et de maiko, devient geiko, à l'âge de vingt ans.
Mineko nous conte sa vie de sacerdoce vouée à l'art de la danse, à la cérémonie du thé, une vie entièrement tournée vers l'okiya.
L'oubli de soi, heureusement, ne durera qu'un temps et la jeune femme mettra un terme à ce parcours.
Son indépendance lui ouvrira les portes de l'amour auprès d'un jeune peintre qui lui permettra de découvrir le bonheur conjugal et maternel.
Une biographie insolite, achevée en 2002 qui nous permet d'entrevoir un monde fascinant et en voie de disparition, sans faux- semblants.
À lire!
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Tout, tout, tout, vous saurez tout sur les…
geishas !
En tout cas, vous en saurez plus …

« Dans mon pays, le Japon, il existe des quartiers consacrés aux arts du divertissement et au plaisir esthétique, où vivent et travaillent des artistes à la formation d'une impeccable rigueur. On les appelle des karyukai. Karyukai signifie « monde des fleurs et des saules », car si la geisha est une fleur parmi les fleurs, elle possède aussi la grâce, la souplesse et la force d'un saule. »
Ainsi s'ouvre ce récit.

Plus qu'un témoignage, il s'agit presque d'un livre didactique sur le rôle et le long apprentissage artistique d'une geisha (plus communément nommée geiko à Kyoto). Mineko Iwasaki raconte son parcours dans les années soixante, de ses cinq à vingt-neuf ans, âge où elle décida de prendre sa retraite.

J'ai eu des difficultés à évaluer une note car si le contenu est passionnant et remet l'église au milieu du village quant aux idées reçues sur les geishas - souvent considérées en occident comme des prostituées de luxe - la narration, en revanche, le dessert considérablement.

En effet, parmi quelques-uns des éléments qui m'ont le plus dérangée, j'ai regretté sur l'autrice ne nous fasse pas vivre les évènements et se contente de les commenter de manière bien trop séquencée et factuelle. de plus, les personnages, à l'exception peut-être de sa soeur Yaeko, ne sont souvent que des coques vides. La narratrice elle-même m'a souvent donné l'impression de vouloir présenter une image d'elle-même en contradiction avec ce qu'elle paraissait être. (A mes yeux, une personne orgueilleuse avec une très haute opinion d'elle-même et un esprit de compétition exacerbé, ce qui n'aide pas)

En fourrageant sur internet sur cette geisha, qui se dit avoir été la plus célèbre d'entre elles depuis les cent dernières années, j'ai découvert avec surprise que ce livre semblait être une double mise au point : d'une part sur l'image des geishas, et d'autre part en réaction au livre d'Arthur Golden, Geisha, paru en 1997, qu'elle accuse, outre le non-respect de la confidentialité, avoir pris trop de liberté vis-à-vis des propos et explications qu'elle lui avait fournis. (https://www.youtube.com/watch?v=ngSWyBn5Jq8)

Malgré tout, ce livre n'en est pas moins fascinant… A travers les dédales de ces Karyukai (quartiers des plaisirs) et ses complexes ramifications, nous sommes immergés dans la culture et les traditions japonaises. C'est véritablement le point fort et l'intérêt de ce livre. Une Immersion par ailleurs accentuée par les appellations japonaises dont les explications sont incorporées au texte de manière charmante et très fluide, ce qui est bien plus convivial que des notes de bas de pages.

Il détaille également minutieusement le mode de vie d'une geiko et ses activités : danse, musique, banquets, maquillage, habillement, rituels etc. Ah ! les séances d'habillage, c'est quelque chose, un vrai saucissonnage en bon et due forme ! Quoique s'en défende l'autrice, à mes yeux, l'art de divertir qu'elle décrit est un véritable sacerdoce, ritualisé et hiérarchisé à l'extrême qui m'a fait l'effet d'un état de servitude érigé en art, et qui plus est, un art réservé à une catégorie sociale fortunée.

En tout cas, si vous n'êtes pas très familiarisé avec les traditions japonaises, comme moi, c'est à mon avis une excellente approche. Cet aspect du livre est vraiment captivant et très instructif. Par contre, d'un point de vue littéraire, c'est plutôt faiblard.
Merci à Siabelle de m'avoir accompagnée dans cette lecture.
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Titre on ne peut plus explicite, voici l'autobiographie de Mineko Iwasaki, l'une des plus célèbres (et l'une des dernières) grandes geishas. Elle nous parle de son métier, qui a occupé presque 25 ans de sa vie, de sa tendre enfance à sa démission à l'âge de 29 ans.
La jeune Mineko entre à l'école des geishas à 5 ans, suivra les formations traditionnelles en chant, danse, calligraphie et autres arts que doit maîtriser une parfaite geiko. Elle progressera rapidement, décidée à devenir la meilleure pour clouer le bec à ses rivales peu avares en coups tordus et humiliations. Elle réussira au-delà de toute espérance, puisqu'on parlera d'elle comme d'une légende, véritable « star » dont les talents seront admirés par les plus puissants et les plus riches de ce monde. Au faîte de sa gloire, elle démissionnera pourtant, épuisée par les exigences de ce métier.

Ce livre est un document très intéressant, qui permet de pénétrer au coeur du monde mystérieux (en tout cas pour moi) des geishas. Tordons d'emblée le cou à une croyance occidentale : une geisha n'est pas une prostituée. Elle est en réalité une artiste cultivée, aux multiples talents, à laquelle on fait appel (certes contre rétribution) pour divertir les convives d'un banquet ou d'une soirée.
Ces plaisirs sont réservés à une élite (aristocratique, politique, financière, artistique), étant donné le prix exorbitant à débourser pour s'assurer la compagnie d'une geisha même pour quelques minutes. Mais ce « salaire » semble justifié au regard des coûteux kimonos et autres accessoires, et surtout à celui des sacrifices consentis par ces jeunes femmes qui mènent une vie effrénée entre leurs cours et leurs prestations.

Mineko nous explique donc comment et pourquoi, à 5 ans, elle a décidé d'entrer à l'école des geishas, renonçant à sa propre famille. C'est un point peu crédible du livre, car comment une petite fille peut-elle décider de son destin en pleine connaissance de cause à cet âge ? Mais soit. Elle décrit ensuite avec un luxe de détails (parfois rébarbatifs) son éducation, son emploi du temps, ses coiffures et ses tenues, la hiérarchie et les usages au sein de l'école (je m'y suis parfois perdue). Cet aspect est certes fort instructif, mais je suis restée sur ma faim, sans doute que tout cela manque d'âme. Il est bien question de sentiments (jalousie, amour, angoisse, souffrance), mais ils sont décrits froidement, ce qui donne de l'héroïne une impression d'insensibilité, de rigidité et d'égocentrisme.
On comprend également que les apprenties geishas vivent dans un cocon fermé aux réalités de monde extérieur, ce qui donne lieu à un chapitre hilarant tant la situation est incroyable, lorsque la jeune femme décide de prendre un peu d'autonomie en louant un appartement et en s'occupant de son ménage pour la première fois de sa vie.
Enfin, j'ai été frappée par la banalisation de la richesse et du luxe, par les quantités d'argent brassées dans ce milieu. Mineko avoue elle-même avoir ignoré pendant longtemps la valeur de l'argent. de fait elle a toujours été habituée à vivre sur un grand pied, et donne l'impression qu'après sa carrière, l'appât du gain a continué à être un de ses moteurs. Cela contraste fort avec la poésie du « monde des fleurs et des saules »…

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Autobiographie écrite par une authentique ancienne geisha, Ma vie de geisha est une lecture fluide qui m'a fait voyager au pays du soleil levant que j'aime tant découvrir peu à peu au fil de mes lectures.

J'ai passé un bon moment, mais le tout étant quand même assez superficiel, et manquant de réflexions dignes de ce nom, il ne m'en est pas resté grand-chose, preuve qu'une lecture aisée peut au final être assez creuse !
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« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde » - Oscar Wilde

Je décide donc de lire avec mon amie Cricri c'est à mon tour de choisir ce qu'on va lire dans sa liste. Je me laisse tenter par le livre : « ma vie de
Geisha » de l'auteure Mineko Iwasaki. Nous allons donc faire un tour au Japon, c'est un témoignage qu'elle nous livre.

Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre, je ne connais pas du tout. J'aime sortir de ma zone de confort. Tout ce que je sais, c'est un témoignage et
dès les premières pages, c'est facile de plonger dans son univers. Au fur
et à mesure, je trouve qu'elle nous raconte sa vie pour ne rien oublier
mais je pense qu'il manque l'émotion dans sa manière d'écrire. Je sens le ton plus impersonnel et c'est à cause de ça que je ressens qu'il manque juste un petit quelque chose à ma lecture.

« Karyukai signifie « monde des fleurs et des saules », car si la geisha est une fleur parmi les fleurs, elle possède aussi la grâce, la souplesse et la force d'un saule ».

C'est une bonne lecture, c'est un bon pavé, ça se lit bien, l'auteure Mineko Iwasaki parvient à garder mon attention. Elle nous évoque chacune des étapes de sa vie, elle aborde aussi la condition des geishas, elle mentionne l'historique ainsi que les traditions, c'est très pertinent pour le lecteur. La
thématique est bien gardée, on l'accompagne partout dans son quotidien. Elle décrit bien l'atmosphère, elle nous transmet bien les petits détails, on s'immerge bien dans son environnement. À travers ses mots, on comprend que ce n'est pas si simple que ça ne semble l'être.

Quand on finit notre livre, on voit des photos et c'est un petit plus pour le lecteur. C'est dommage qu'il m'ait manqué un je-ne-sais-quoi dans ma lecture car c'est tout un monde que je découvre.

L'auteure Mineko Iwasaki s'en sort bien dans l'ensemble car j'ai appris
des choses. On aime la suivre et c'est un excellent moment que je passe
en compagnie de ma complice Cricri. Je suis très contente de partager
mes échanges avec toi. J'invite donc à lire son beau billet.

« Je me rappelai la maxime de mon père : Même affamé, un samouraï
doit feindre d'être rassasié ».

Siabelle
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Sur ce même thème, j'avais déjà lu Les mémoires d'une geisha de Yuki Inoue, un ouvrage que j'avais beaucoup apprécié également, bien qu'il se soit révélé très factuel et trop descriptif par moments. Il manquait également un peu de cette empathie que j'aime ressentir lors de mes lectures. Ici, Mineko Iwasaki s'exprime à la première personne du singulier, nous conte sa vie depuis ses 5 ans, et j'ai trouvé son récit plus immersif car plus émouvant, moins distant. En plus de nous décrire le fonctionnement de l'okiya, elle nous parle de ses ressentis, de ses liens avec les autres membres du foyer, de leur histoire et de leur passé. Ainsi, nous comprenons mieux leurs réactions et leurs comportements. Elle nous explique comment elle est devenue cette geiko adulée, “la plus grande geisha de sa génération”.

D'ailleurs, je suis toujours étonnée de constater le fossé abyssal entre la perception occidentale des geishas et ce qu'elles sont réellement. Tout le travail qu'elles doivent fournir perpétuellement afin de s'élever au rang de geiko, afin d'être reconnue dans leur métier. Cette mesure, cette retenue et cet acharnement afin d'exceller dans les Arts. A travers son autobiographie, c'est cette perception biaisée que Mineko Iwasaki tente d'abolir. Non, les geishas ne sont pas des femmes de compagnie aux moeurs légères ! Ce sont des femmes accomplies, cultivées, sensibles à tous les domaines artistiques, et pourtant tellement ignorantes quant aux aspects “pratiques” de la vie quotidienne. de ce fait, j'ai beaucoup ri lorsque Mineko raconte la fois où elle a tenté de vivre seule, et ses débuts “ratés” en cuisine et ménage… Les gestes les plus simples sont finalement les plus obscurs (comment ça, il faut allumer le gaz et brancher l'aspirateur ?).
Enfin, il y a aussi des intrigues, des chagrins d'amour, des esclandres, des jalousies au sein du quartier des geishas… La vie en communauté n'est pas toujours harmonieuse. D'autant plus quand les femmes vivent seulement entre elles, car les hommes y sont exclus. Ces derniers ne sont autorisés à Gion qu'en tant que visiteurs, aucun n'a le droit d'y passer la nuit. Des rivalités voient le jour, de l'entraide également. Mais rien n'est simple.

C'est donc un univers complexe, hors du temps, extrêmement codifié et exigeant que nous dépeint Mineko Iwasaki.

Cette autobiographie est agréable à lire, de par son style simple et fluide, sans lourdeur. Les termes propres au Japon et à l'univers des geishas sont explicités par l'autrice sans que le récit ne soit surchargé de notes de bas de pages. On sent qu'il y a une réelle intention de transmettre une culture et non d'exposer une suite de faits. C'est un récit fort instructif pour qui veut en apprendre davantage sur la vie des geishas, de leur “naissance” à leur accomplissement, en passant par un apprentissage rigoureux et un travail éreintant.
Mineko Iwasaki nous partage sa vie et son expérience, son quotidien luxueux et si exigeant. Elle dénonce également le statut des geishas, le poids qui pèse sur leurs épaules et déplore leur manque d'émancipation et d'indépendance qui perdure encore en 1960… Qu'en est-il aujourd'hui ?

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