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Chez les 17 à 87 ans, qui peut prétendre n'avoir jamais entendu le nom de Jean-Jacques Goldman et n'avoir jamais fredonné une de ses nombreuses chansons à succès ?

Un chanteur pop à la croisée de la chanson française (Brel, Brasses, Ferré ou Ferrat), du blues et du rock, ses premières influences, héritier du yéyé (J. Halliday), qui connut 20 années de succès fulgurants tout autant qu'étonnants...

Fils de juifs polonais et allemands émigrés en France dans les années 1930 et tenant un magasin de sport dans la banlieue sud de Paris, demi-frère d'un révolutionnaire gauchiste assassiné à Paris en 1979, biberonné aux idéaux communistes anti staliniens, là sont les sources spirituelles de J.J. Goldman.

Il ne se rêve pas en star ; il ne comprend pas qu'on l'adule. Il s'efface derrière le groupe.

Il est empathie, générosité, solidarité, au service des autres. Comme quand il se met à la disposition des Restaurants du Coeur.

Tout son parcours est marqué par ses origines : ses parents sont juifs ; ils se sont intégrés. Il prônera l'intégration, pas l'affrontement culturel.

Qu'on ne s'y trompe pas : ce livre se lit comme un roman mais est un vrai travail d'historien. Historien doublé d'un sociologue, quand il cherche à comprendre ce qui a fait de J.J. Goldman ce qu'il est devenu.

Un excellent portrait qui est est le roman d'une vie de star avant d'être son histoire.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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Jablonska publie un essai sur l'auteur - compositeur Jean Jacques Goldman, aujourd'hui retiré, en présentant sa démarche comme celle d'un historien des années 80-90, analysant le succès du chanteur comme symptomatique des attentes d'une époque et d'un parcours social.

Il reprend la jeunesse de Goldman, ses premiers goûts musicaux, et rappelle ainsi qu'avant d'obtenir un succès considérable dans les années 80, le chanteur a traversé les années 70 en vendeur d'articles de sport, et plus accessoirement comme membre de divers groupes rock à la notoriété modeste, y compris Taï Phong. le basculement vers le succès va intervenir en peu de temps et de façon inattendue, même pour le principal intéressé.

Rien à dire sur cette présentation « biographique ». Par contre, l'auteur va identifier le parcours de Goldman, comme le ferait un fan (rien à redire à cela), mais aussi au regard de ses propres projections de pensées. Il consacre de longs passages aux origines familiales (qui ont certainement influencé ses chansons, mais ne sont pas pour autant l'explication à tout, contrairement à ce qui ressort en continu dans l'ouvrage de Jablonska, et finit par être des plus pesants), et oppose le chanteur à son demi-frère Pierre, dont l'engagement politique est présenté là d'une façon quasi-romantique. D'un côté un politique en rupture avec la société, de l'autre le chanteur qui aurait choisi au contraire un profil lisse, sans accroc, alors que dans le même temps Jablonska a rappelé que tout ce qui comptait pour le jeune Jean-Jacques Goldman, c'était sa guitare, la musique, point.

L'auteur multiplie les comparaisons entre le chanteur et lui, se trouve des références communes, et parle d'une façon nombriliste pas mal de lui. Au final, entre quelques tableaux de présentation façon sociologie appliquée, quelques envolées lyriques sur une époque où certains croyaient encore changer le monde (et assassinaient froidement lors d'un hold-up), une chronologie des albums solo ou du trio Fredericks – Goldman – Jones, et beaucoup de rappels de la vie politique de l'époque, l'ouvrage part dans tous les sens et par moments semble bien loin de son sujet.

Précédé d'une intense campagne de communication, avec interviews dans des magazines et à la radio, ce livre intervient alors que l'activité médiatique de Jean-Jacques Goldman est comme les années précédentes : nulle. Cette absence d'actualité autour de celui qui reste l'une des personnalités préférées des Français ne peut qu'amplifier l'intérêt sur le livre, et par voie de conséquence les ventes.
Si l'essai de Jablonska apportait quelque chose à la compréhension de l'individu ou de l'époque dans laquelle il a connu ses succès, ce fort contexte de stratégie éditoriale serait secondaire. Mais ce n'est guère le cas.
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Goldman d'Ivan Jablonka n'est pas une autobiographie de Jean Jacques Goldman puisque l'auteur n'a pu rencontrer celui-ci et n'a pas non plus s'appuyer sur les archives personnelles du chanteur.
Ivan Jablonka s'est donc appuyé sur des milliers d'interviews, des extraits de journaux et sur ses souvenirs de" fan" de Jean Jacques Goldman pour écrire une biographie sociologique, historique légèrement hagiographique
La lecture du livre est facile et nous replonge dans les années 1980 à 2000 à coups de succès, de Top 50 .
Ivan Jablonka fait une lecture sociologique de la carrière de Jean Jacques Goldman. Tour à tour le communisme, le prolétariat, la nouvelle gauche croisent la route de notre chanteur " personnalité préférée des français"
Jablonka insiste aussi avec raison sur la judéité de la famille Goldman. Thème de judéité que l'on retrouvera souvent dans ces chansons : la minorité, l'exil, le voyage , la shoah.
Jablonka s'interroge aussi en historien sociologue sur cette disparition des radars depuis les années 2000.
Reste que le côté hagiographique tempère la réflexion menée. Jean Jacques Goldman ressemble à la statue d'un commandeur indéboulonnable. Tout dans la vie de Jean Jacques Goldman mérite satisfécit.
On peut lire sa carrière dans ce sens entre succès singulier et collectif, la création des Enfoirés et des Restos du coeur avec Coluche. On peut aussi se rappeler qu'il fut un chanteur de variétés avec midinettes et une musique rock très standardisée.
Que restera de cette lecture : un peu de nostalgie, un rappel des années 80/90. Mais sûrement rien de plus.
Le livre s'estompera comme s'est estompé Jean Jacques Goldman.









Lien : http://auxventsdesmots.fr
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« Jean-Jacques Goldman n'est pas seulement un grand nom de la chanson. Il est aussi un enfant d'immigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français, un artiste engagé après la mort des utopies, un artisan au coeur des industries culturelles, un homme en rupture avec les codes virils. le succès n'a affecté ni sa droiture ni son humilité. » résume Ivan Jablonka, professeur d'histoire à la Sorbonne l'auteur de ce livre qui m'a passionnée.

Je n'appartiens cependant pas à la « génération Goldman » puisqu'il est né 5 ans après moi et que son succès survient principalement après 1980, alors que j'étais déjà mère de famille. Je demeurais surtout étonnée de le voir avec une telle constance adulé comme la personnalité préférée des français, alors qu'on nous dit que la France est encore, de façon latente, antisémite …

Ni biographie sans imprimatur d'un personnage vivant, ni livre de sociologie, ni essai politique sur les avatars de la deuxième gauche, ni monographie sur la musique et la culture populaires et pourtant ce livre est tout cela à la fois.

C'est en effet l'histoire d'un jeune homme discret, fils d'émigré juifs d'Europe centrale avec un père ancien Résistant fou amoureux de la France qui l'a accueilli en 1930, qui a inculqué à ses enfants les valeurs de la République et l'obligation d'un travail acharné. Une éducation qu'il a cependant « foirée » avec son aîné Pierre, né de sa première union, qui joue la vedette des prétoires après plusieurs braquages et une accusation de double assassinat, acquitté puis abattu en pleine rue quelques mois après sa libération.

Jean-Jacques, né en 1951, est un élève lisse, voire « transparent », ce qui ne l'empêche pas de réussir une classe préparatoire puis d'intégrer l'EDHEC de Lille, tout en suivant des cours de sociologie.

Il a découvert la guitare chez les scouts, mais n'a jamais envisagé de faire de la musique autre chose qu'un hobby. le jour, il vend des articles de sport dans son magasin Sport 2000 de Montrouge, le soir et les week-ends, il joue dans les bals, avec ses amis, en groupe puis en solo. Ses premiers disques ne marchent pas tellement, on lui suggère de changer de nom mais il refuse. le succès viendra au cours de la décennie 80 : libération des radios, les années Lang, la 5ème chaine de télévision, le Top50, les clips. Les années MItterrand, que Jean-Jacques Goldman n'apprécie pas du tout, bien plus proche des idées de Michel Rocard.

Je te donne, Quand la musique est bonne, Je marche seul, Envole-moi, Comme toi … Il faut avoir auprès de soi les clips disponibles sur Youtube pour comprendre.

JJG est un chanteur rock qui figure dans la variété et produit des tubes. Mais il faut aussi lire ses textes, et les thèmes qu'il aborde : l'enrichissement par les différences, la séparation, l'absence, la tentation de l'exil, la Shoah, la volonté de s'en sortir par le travail et pas par la violence, qui n'est pas sans générer, de la part des élites, un mépris de fer.

Grace à ce livre, j'ai approfondi quelques nouveaux concepts : le Klezmer, sorte de blues du Juif, la saga de l'exil toujours recommencé, l'idiosyncrasie ou le caractère individuel et le tempérament personnel qui explique en partie un retrait total de la scène en pleine gloire, la despicologie ou l'art d'ensevelir les gens sous une négativité entre dévalorisation, invisibilisation, moquerie et injure … Pourquoi, aussi, est-ce dans les milieux de gauche qu'on a le plus vomi Jean-Jacques Goldman ?

Me voilà donc, avec un temps de retard, une groupie de JJG, un artiste plébiscité par le public, dédaigné par les élites. Mais surtout le « Mensch » de toute une génération.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ce qui fait la spécificité de l'historien Ivan Jablonka c'est son attachement à analyser notre monde contemporain à partir d'un des figures de l'époque étudiée.

Goldman n'est pas simplement l'étude de la biographie d'un chanteur devenu presque mythe. C'est une analyse en profondeur de ce que furent les générations des années 70/80. Mais, c'est aussi celle issue des juifs réfugiés de l'Europe de l'est, ce "Yiddishland", comme l'appelle l'écrivain.

Essai à portée sociologique et historique, Ivan Jablonka démontre l'attachement profond du chanteur au travail bien accompli et à la défense des petits. Jean-Jacques Goldman est sorti de L'EDHEC et aurait dû devenir un cadre libéral offert au capitalisme délirant.

Une biographie, mais pas que...

Mais, par opposition à ce frère qui s'est brûlé les ailes, Ivan Jablonka affirme que Jean-Jacques Goldman fuit aussi les criards. Ce sont les représentants de la révolution "jet-septisée", auquel il se tiendra toujours éloigné.

Comme il le fait à chaque fois, l'historien compare son milieu à celui du chanteur. Et de son 14 ème arrondissement natal à la banlieue de Montrouge des Golmann, il n'y a pas loin, retrouvant ainsi les accents de sa jeunesse bercée aux mêmes valeurs.

De plus, comme l'historien le développe, Jean-Jacques Goldman crée une nouvelle masculinité ouverte à la cause des droits des femmes.

La portée généraliste des chansons de Goldman

Mais, Ivan Jablonka analyse aussi la gauche française de l'après-guerre à l'après-mitterrandiste. La première est représentée par le père du chanteur, engagé communiste. Puis vient celle du frère, d'extrême gauche d'après soixante-huitard. Et, pour finir, celle pragmatique de Jean-Jacques qui reprendra à son compte l'engagement de Coluche, pour les Restos du coeur.

L'analyse des chansons des années 70, de celles qui deviendront les succès des années 80, permet à Ivan Jablonka de dégager plusieurs grands thèmes : le départ, le refus de la fatalité et la condition minoritaire.

Les tableaux, soit comparatifs pour illustrer le propos, soit exhaustifs pour synthétiser la notion démontrent, s'il le fallait encore, qu'on peut choisir un sujet léger encore faut-il le traiter sérieusement. Et toute la démarche scientifique s'applique à ce chanteur de " soupe française " comme le qualifieront les amateurs de rock'n'roll.

Une approche neuve

C'est le nom de Ivan Jablonka qui m'a entraînée vers ce livre. Plus Maxime le Forestier que Jean-Jacques Goldman, je suis passée à côté de ce chanteur. Alors, comprendre la portée de " Comme toi" et d'autres fut pour moi une révélation.

Ivan Jablonka avoue que vers 25 ans qu'il s'est intéressé à ce chanteur et que sa théorie des trois axes a suffisamment plu à sa femme pour qu'elle le lui rappelle aujourd'hui. Pour l'historien, les années Goldman ce sont aussi l'émergence "d'une conscience citoyenne au lieu d'une conscience de classe".

Par contre, j'ai compris le mépris terrible dont il a fait l'objet. Et, courageusement, Ivan Jablonka en analyse les bases, les aspects et le mépris véhiculés. On comprend mieux les chroniques du journal Libé avant la sortie du livre retrouvant l'animosité des années 80.

Moins compréhensible, la réaction de Jean-Jacque Goldman qui, dans Le Figaro, ces derniers jours, vient de rappeler à ses fans que ce n'est pas une biographie qu'il a cautionnée. Ce point est clair dès le début de l'essai puisqu'Ivan Jablonka rappelle que Jean-Jacques Goldman n'a répondu à aucune de ses sollicitations.

Qu'importent les réactions du chanteur qui a choisi la discrétion depuis de nombreuses années, Ivan Jablonka signe un essai très riche dans un langage clair en produisant des analyses. Il décortique la sociologie historique des années 70 jusqu'au début des années 2010. de plus, la génération des émigrés de l'Europe de l'Est rappelle l'importance de l'assimilation entière et complète dans la société française.

Pas obliger d'être fan, juste d'être féru d'histoire contemporaine pour découvrir le nouvel essai de Ivan Jablonka, Goldman !
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/28/ivan-jabonka-goldman/?preview=true&frame-nonce=faa403deea
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Lorsque'Ivan Jablonka écrit un livre, il propose au lecteur un regard multiple.
Ainsi « Goldman » qui présente en couverture le visage en gros plan du chanteur, se démarque t-il des apparences, pour converger entre l'histoire, la sociologie et la politique, un itinéraire passionnant dans lequel l'auteur propose une radioscopie de la France contemporaine, en questionnant sur une période de plus de trente ans, ce que furent un chanteur et ses chansons, ce qu'ils peuvent dire de leur époque.
La méthode de l'auteur est bien celle d'un historien qui se confronte aux sources, avec un matériel impressionnant issu de la presse écrite ou audiovisuelle. L'analyse de ces sources lui permet d'élaborer des outils de lecture, autant de tableaux qui tentent de quantifier et de qualifier l'itinéraire du chanteur et le contexte socio culturel de son époque : analyse du contenu de l'oeuvre chantée comme la figure de la p 252 sur la place de l'exil dans ses chansons, tableau sur ses influences musicales mais aussi tableau exhaustif sur les reproches adressées au chanteur, qui accompagne la réflexion de l'auteur sur l'analyse de ce que recouvre le mépris médiatique dont Goldman a été victime alors que sa popularité semblait sans égale.
La carrière de Goldman est passée au crible sur trois grands volets, la décennie 70, celle des débuts difficiles, les années 80 ensuite, décennie du succès, l'effacement ensuite à partir des années 90. Jablonka nous propose un éclairage très exhaustif de la genèse et des influences qui ont permis au chanteur de devenir ce qu'il fut. Plus encore, et c'est là la richesse du livre, il propose un éclairage de ce que fut l'homme, dans ses racines et ses valeurs, la famille de Goldman occupe une place centrale, et l'on comprend que dans l'effacement qui prend forme peu à peu, c'est l'homme et ses valeurs qui l'emportent sur le chanteur. Goldman s'inscrit ainsi profondément dans son temps, avec une humanité touchante, un respect profond de l'altérité, un goût très fort pour plus d ‘égalité sociale. Goldman et Jablonka se ressemblent. le choix de l'auteur de faire ce livre n'est pas un hasard, tant et si bien que parfois, le lecteur sent dans la lettre du livre s'effacer l'historien au profit du citoyen, de l'homme de son temps, attaché comme Goldman aux valeurs d'une gauche social démocrate qui semble aujourd'hui avoir vécu.
Un excellent livre.
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Je remercie la FNAC et les éditions du Seuil pour m'avoir permis de lire cette "biographie" concernant Jean-Jacques Goldman et écrite par Ivan Javlonka.

Qui ne connaît pas ce célèbre chanteur qui a disparu peu à peu des radars de la médiatisation ?
On apprend son enfance, son adolescence, ses premiers pas dans un groupe de musique où il joue de la guitare.
On évoque sa famille, le travail des parents, et surtout, on découvre un enfant plutôt tranquille, à l'avenir qui semblait tout tracé.

J'ai bien aimé en apprendre un peu plus sur le chanteur, l'homme. Par contre, parfois, je me suis ennuyée à cause des longueurs et des chiffres évoqués pour montrer son évolution au sein des classements.

Si vous êtes des fans de Jean-Jacques Goldman, je vous laisse apprécier.
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J'étais très enthousiaste à l'idée de lire un livre par un auteur que j'aime bien sur un chanteur que j'aime bien !

Mais je mets en pause ma lecture, après un bon quart, car on me parle trop de politique, d'idées révolutionnaires dont je n'ai que faire, et de religion. Et surtout l'auteur raconte trop de détails !

Jablonka explique bien qu'il n'a pas rencontré Goldman, ni personne de sa famille dailleurs, et que ce n'est pas tout à fait une autobiographie, ce qui ne me gêne pas, mais je ne m'accroche ni au fond ni à la forme.
Si je continue j'ai l'impression que je vais me forcer et cela ne me plaira pas.

Je ne dis cependant pas mon dernier mot je me le mets de côté, peut-être qui sait, pour plus tard ?
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Il est vrai qu'on n'apprend pas grand chose de neuf dans "Goldman" si l'on a par exemple lu comme c'est mon cas l'excellent ouvrage publié en 2014 par Eric le Bourhis, "Le mystère Goldman". Il n'en demeure pas moins que ce livre d'Ivan Jablonka se révèlera très instructif pour ceux qui, malgré leur connaissance du répertoire de Goldman, ne se sont pas forcément intéressé de près à son parcours.
Dans une interview, l'auteur a dit qu'il ne s'agissait pas d'un livre de fan, il a bien fait de le préciser tant son écrit s'apparente à une hagiographie du chanteur, mais les déclarations et le comportement de ce dernier durant sa carrière ne justifient-ils pas de le voir ainsi quasiment sanctifié ?
Ivan Jablonka souligne qu'il s'agit d'un livre qui cherche à comprendre le phénomène Goldman, celui du paradoxe d'un homme qui se revendique "minoritaire" , comme le titre de son 2° album sorti en 1983, et qui est pourtant si populaire. L'analyse sociologique peut prêter à discussion lorsqu'elle s'appuie par exemple sur le classement des personnalités préférées des Français. Ce marronnier que la presse se plaît à cultiver n'est-il pas risible lorsqu'on y relève plusieurs fois le nom de l'ô combien insipide Zinedine Zidane ? Les fans ne seraient-ils pas davantage séduits par la musique que par les textes qui les accompagnent ? On suivra plus aisément Jablonka quand il dénonce le mépris dont a été victime Goldman de la part des auto-proclamés intellectuels et plus particulièrement d'une presse se revendiquant de gauche pour laquelle tout succès populaire est suspect. On s'intéressera aussi au parallèle entre Jean-Jacques le social démocrate et son demi-frère Pierre le gauchiste, de sept ans plus âgé et dont il n'a jamais été proche, comparaison qui souligne un peu plus encore le côté "sage" du chanteur évoqué plus d'une fois tout au long du livre.
Un très agréable moment de lecture qui n'a pas plus été gâché par la réaction hostile de Jean-Jacques Goldman à la parution de cet ouvrage que par le matraquage promotionnel dont il a fait l'objet.
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Ce livre n'est pas une simple biographie de Jean Jacques Goldman, on y apprend assez peu de choses sur sa vie finalement, il s'agit davantage d'un ouvrage de sciences sociales sans la rigueur scientifique de ce type d'essai c'est vrai. Entre exercice d'admiration d'un fan qui l'amène parfois à manquer de la distance nécessaire, analyse de la personnalité du chanteur et compte-rendu d'une époque à travers un personnage Goldman. Des chansons, témoignages d'un parcours, celui d'un descendant d'immigré juif polonais, amoureux de la France et désireux de s'y intégrer pleinement tout en conservant des liens avec sa culture, d'une personnalité modeste, droite, d'un souci des gens de peu, des obscurs. Un chanteur qui a tardé à connaître le succès, a connu un succès éclatant tout en se méfiant de la célébrité et en subissant un certain mépris social de la part d'intellectuels parisiens puis a disparu au début des années 2000.
Il n'est pas grave finalement que l'auteur n'ait pu rencontrer le chanteur puisqu'il analyse le contenu, la symbolique de ses chansons et de sa destinée. Eloge de l'universel et de la différence.
Quelques pages également sur la valeur de la pop, de la chanson de variété qui touche à la fois au collectif et au singulier, qui témoigne d'une époque, nous parle individuellement et joue un rôle dans nos souvenirs personnels.
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