Goldman

« Jean-Jacques Goldman n'est pas seulement un grand nom de la chanson. Il est aussi un enfant d'immigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français, un artiste engagé après la mort des utopies, un artisan au coeur des industries culturelles, un homme en rupture avec les codes virils. le succès n'a affecté ni sa droiture ni son humilité. » résume Ivan Jablonka, professeur d'histoire à la Sorbonne l'auteur de ce livre qui m'a passionnée.

Je n'appartiens cependant pas à la « génération Goldman » puisqu'il est né 5 ans après moi et que son succès survient principalement après 1980, alors que j'étais déjà mère de famille. Je demeurais surtout étonnée de le voir avec une telle constance adulé comme la personnalité préférée des français, alors qu'on nous dit que la France est encore, de façon latente, antisémite …

Ni biographie sans imprimatur d'un personnage vivant, ni livre de sociologie, ni essai politique sur les avatars de la deuxième gauche, ni monographie sur la musique et la culture populaires et pourtant ce livre est tout cela à la fois.

C'est en effet l'histoire d'un jeune homme discret, fils d'émigré juifs d'Europe centrale avec un père ancien Résistant fou amoureux de la France qui l'a accueilli en 1930, qui a inculqué à ses enfants les valeurs de la République et l'obligation d'un travail acharné. Une éducation qu'il a cependant « foirée » avec son aîné Pierre, né de sa première union, qui joue la vedette des prétoires après plusieurs braquages et une accusation de double assassinat, acquitté puis abattu en pleine rue quelques mois après sa libération.

Jean-Jacques, né en 1951, est un élève lisse, voire « transparent », ce qui ne l'empêche pas de réussir une classe préparatoire puis d'intégrer l'EDHEC de Lille, tout en suivant des cours de sociologie.

Il a découvert la guitare chez les scouts, mais n'a jamais envisagé de faire de la musique autre chose qu'un hobby. le jour, il vend des articles de sport dans son magasin Sport 2000 de Montrouge, le soir et les week-ends, il joue dans les bals, avec ses amis, en groupe puis en solo. Ses premiers disques ne marchent pas tellement, on lui suggère de changer de nom mais il refuse. le succès viendra au cours de la décennie 80 : libération des radios, les années Lang, la 5ème chaine de télévision, le Top50, les clips. Les années MItterrand, que Jean-Jacques Goldman n'apprécie pas du tout, bien plus proche des idées de Michel Rocard.

Je te donne, Quand la musique est bonne, Je marche seul, Envole-moi, Comme toi … Il faut avoir auprès de soi les clips disponibles sur Youtube pour comprendre.

JJG est un chanteur rock qui figure dans la variété et produit des tubes. Mais il faut aussi lire ses textes, et les thèmes qu'il aborde : l'enrichissement par les différences, la séparation, l'absence, la tentation de l'exil, la Shoah, la volonté de s'en sortir par le travail et pas par la violence, qui n'est pas sans générer, de la part des élites, un mépris de fer.

Grace à ce livre, j'ai approfondi quelques nouveaux concepts : le Klezmer, sorte de blues du Juif, la saga de l'exil toujours recommencé, l'idiosyncrasie ou le caractère individuel et le tempérament personnel qui explique en partie un retrait total de la scène en pleine gloire, la despicologie ou l'art d'ensevelir les gens sous une négativité entre dévalorisation, invisibilisation, moquerie et injure … Pourquoi, aussi, est-ce dans les milieux de gauche qu'on a le plus vomi Jean-Jacques Goldman ?

Me voilà donc, avec un temps de retard, une groupie de JJG, un artiste plébiscité par le public, dédaigné par les élites. Mais surtout le « Mensch » de toute une génération.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

Ce livre n'est pas une simple biographie de Jean Jacques Goldman, on y apprend assez peu de choses sur sa vie finalement, il s'agit davantage d'un ouvrage de sciences sociales sans la rigueur scientifique de ce type d'essai c'est vrai. Entre exercice d'admiration d'un fan qui l'amène parfois à manquer de la distance nécessaire, analyse de la personnalité du chanteur et compte-rendu d'une époque à travers un personnage Goldman. Des chansons, témoignages d'un parcours, celui d'un descendant d'immigré juif polonais, amoureux de la France et désireux de s'y intégrer pleinement tout en conservant des liens avec sa culture, d'une personnalité modeste, droite, d'un souci des gens de peu, des obscurs. Un chanteur qui a tardé à connaître le succès, a connu un succès éclatant tout en se méfiant de la célébrité et en subissant un certain mépris social de la part d'intellectuels parisiens puis a disparu au début des années 2000.
Il n'est pas grave finalement que l'auteur n'ait pu rencontrer le chanteur puisqu'il analyse le contenu, la symbolique de ses chansons et de sa destinée. Eloge de l'universel et de la différence.
Quelques pages également sur la valeur de la pop, de la chanson de variété qui touche à la fois au collectif et au singulier, qui témoigne d'une époque, nous parle individuellement et joue un rôle dans nos souvenirs personnels.

Ivan Jablonka est parmi les précurseurs d'une nouvelle voix : le mariage de la littérature et des Sciences Sociales. Encore une fois, il me surprend et m'intéresse, même me passionne. Sans avoir jamais été fan de Goldman, mais aimant la culture pop, il m'offre une belle relecture d'un parcours singulier d'un artiste, d'un représentant de la riche et belle diversité française, tout en situant dans son époque une pensée, un vécu, des émotions. C'est assez passionnant de voir comment se dessine les contours de notre histoire par l'angle populaire de la pop musique et de comprendre ce que représenter l'interprète de "Là-bas" ou "Né en 17 à Leidenstadt". Il y a quelques interprétations qui ne m'ont convaincu qu'à moitié. On sent aussi à quel point (et c'est assumé) l'auteur se reconnaît en miroir dans le chanteur, et de ce fait l'idéalise peut-être un peu. Mais c'est avant tout touchant, humain, passionnant et bien écrit, comme d'habitude avec cet auteur dont je vais continuer de suivre les parutions car il me parle aussi, en miroir, de mon vécu générationnel.

Une traversée agréable et documentée des dernières décennies à travers l'itinéraire de Jean-Jacques GOLDMAN.
Le chanteur lui-même est un prétexte à cet essai même si Ivan JABLONKA tente de trouver des similitudes avec le chanteur à travers notamment sa judéité et le traumatisme de l'après Shoah.

Cette balade nostalgique et documentée m'a bien emmenée vers les décennies passées, balayant les changements sociétaux, politiques, les mutations de l'industrie du disque, l'apparition du numérique, la perception de la variété française (méprisée par beaucoup) et dont JJ GOLDMAN va se revendiquer.

Et j'oubliais Salut les copains, les restos du coeur, bref toute une époque.

Le style est agréable, le ton enjoué, les chapitres courts, je n'ai pas boudé mon plaisir.

Il reste le mystère GOLDMAN, cet homme humble et discret dont les classiques sont entrés dans l'imaginaire collectif et que nous pouvons tous fredonner.

Aujourd'hui je vais évoquer Goldman formidable biographie de l'historien Ivan Jablonka. Il a notamment publié Un garçon comme vous et moi. Ce texte s'y apparente avec des thématiques proches (interrogation de la masculinité) et une mise en perspective entre l'idiosyncrasie de l'auteur et le parcours de son sujet. Il ne s'agit pas d'une biographie classique, d'ailleurs le protagoniste a refusé de contribuer à cette enquête et ne reconnait pas la valeur et l'intérêt du livre.
Goldman est le fruit d'un travail de recherche historique ; Ivan Jablonka a choisi comme objet de recherche Jean-Jacques Goldman, sorte d'idéaltype de la vedette musicale de la fin du vingtième siècle, et en historien il travaille à partir des sources disponibles : archives, interviews passées, disques et chansons. Certes il n'a pas rencontré Goldman (à noter qu'il n'est pas besoin de mentionner le prénom pour savoir de qui il est question) ni ses proches mais comme il l'explique cela n'empêche pas de réaliser un travail sérieux et documenté. Jablonka est présent dans son texte, il tisse des liens de proximité avec le chanteur dont il retrace l'histoire familiale et personnelle. Tous les deux sont issus de famille juives et ceci est très important dans l'analyse proposée. Les fans du chanteur seront peut-être déçus : ici pas de révélations ou de secrets croustillants mais une mise en perspective des productions de Goldman avec les principaux jalons de son histoire. Comme pour toute biographie, l'auteur s'intéresse à la généalogie de Jean-Jacques Goldman et de sa famille immigrée originaire d'Europe centrale. La judéité est essentielle et est souvent convoquée comme clé explicative des engagements et des valeurs de JJG. le récit est découpé en trois parties intitulées : les années silhouette, la décennie miraculeuse et vers l'absence. Jean-Jacques Goldman nait à Paris en 1951dans une famille juive très encline à la plus grande intégration au sein de la nation française. Les conséquences du nazisme et de la Shoah constituent un arrière-fond familial notable. Goldman est un garçon sans histoire (contrairement à son demi-frère aîné Pierre Goldman engagé dans des actions terroristes d'extrême-gauche) pendant son enfance et sa jeunesse. Il fait d'assez brillantes études de commerce tout en manifestant un intérêt certain pour la musique. Il devient pourtant vendeur de chaussures dans le Sport 2000 familial tout en chantant dans quelques groupes. Il ne percera dans le milieu culturel que dans les années 1980. Après des débuts de carrière difficiles et chaotiques il finit par produire un premier tube et participer à des émissions de télévision. Aujourd'hui chacun est capable de citer des dizaines de titres parmi les 297 chansons dont il est l'auteur. Progressivement il s'impose dans la chanson française (côté rock variété) et devient le leader incontesté de l'industrie musicale hexagonale pendant plusieurs années. Il écrit (pour lui et pour les autres), compose et chante. Son parcours est retracé avec minutie et recomposé à travers les unes des journaux de l'époque. Jablonka montre bien l'ostracisme dont JJG est victime de la part de la presse de gauche. Son succès n'est pas totalement accepté, alors que ses idées (deuxième gauche de Michel Rocard) transparaissent dans ses chansons hautement populaires. Mais Goldman n'est pas à l'aise dans le milieu de l'industrie musicale malgré ses triomphes et sa fortune il reste modeste et à l'écart. Jusqu'à choisir volontairement d'interrompre sa carrière et de se mettre en retrait. Il continue d'abord à animer les événements musicaux pour les Restos du coeur auxquels il est très attaché puis il quitte la France pour l'Angleterre et disparait des radars. Pourtant il demeure la personnalité préférée des français et continue à accumuler des dividendes avec ses chansons. Autant de paradoxes qu'il est intéressant de comprendre. Ivan Jablonka ne cache pas son admiration et son goût pour la musique de Goldman mais il réalise un travail honnête et précis avec la référence de ses sources sans emphase démesurée. La polémique autour de Goldman est décevante et mieux vaut lire l'ouvrage qui n'est pas une hagiographie béate mais propose une analyse pertinente du parcours et du destin de ce musicien talentueux dont les origines et les valeurs transparaissent dans son travail plutôt que de crier avec la meute. Comme l'écrit l'auteur : « en quelques décennies, un vendeur d'après-skis, musicien à ses heures, est devenu le chanteur le plus écouté à long terme et la personnalité préférée des Français, avec un palmarès inégalé en termes artistiques, professionnels et commerciaux. Aujourd'hui, il n'est pas seulement une hyperstar : il est aussi une institution ».
Goldman est une biographie non conventionnelle concernant une personnalité vivante qui peut être un événement éditorial. En général les historiens ont tendance à plus s'intéresser aux rois, aux hommes politiques ou aux écrivains plutôt qu'aux chanteurs populaires. Sans conteste la contextualisation est plus passionnante qu'une autobiographie louangeuse ou un récit journalistique rapide et parfois bâclé.
Voilà, je vous ai donc parlé de Goldman d'Ivan Jablonka paru aux éditions du Seuil.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..

Je ne suis pas incollable au sujet de JJ Goldman, le seul de ses disques que j'ai acheté est l'album "Rouge" (que j'aime beaucoup) mais j'ai toujours eu une forme de respect et de la sympathie pour lui. J'ai chargé l'extrait du livre sur ma liseuse par curiosité et je me suis laissé embarqué, j'ai trouvé l'approche historique et sociologique passionnante, m'invitant à moult réflexions sur la pop culture, l'élitisme, l'intégrité...l'auteur paraît honnête et sincère et c'est solidement documenté.

GOLDMAN
Ivan Jablonka
Editions du Seuil
331 pages hors annexes


Tout d'abord, je ne vois pas pourquoi ce livre suscite une polémique. Je le trouve assez neutre. C'est un travail d'historien, et de fan observateur de la société via le prisme d'un chanteur emblématique.

Je ne sens rien qui soit à charge contre l'artiste ou sa famille. Il ne souhaite pas qu'on parle de lui, personne physique, mais son oeuvre appartient au public et lui échappe. C'est inévitable.

Rien d'indiscret dans cet ouvrage, car ce n'est pas une enquête. Justement.
Étonnant que l'artiste reproche à l'auteur de ne pas l'avoir rencontré pas plus que ses proches. Ils auraient refusé. Dont acte. Il n'a utilisé que du matériel déjà public.

Pourquoi JJG a-t-il choisi d'arrêter sa carrière ?
La question restera entière, et la réponse une interprétation libre du lecteur.

J'ai vécu cette période comme tout le monde, mais l'oeuvre de JJG était surtout une toile de fond pour moi. Je connais par coeur beaucoup de chansons d'autres artistes. Balavoine en particulier. Très peu de chansons de JJG.
Je crois que la pensée de JJG m'a complètement échappée à l'époque. de même que la qualité exceptionnelle de son talent, que j'ai surtout ressentie via ses interprètes. JOHNNY, CELINE...
Johnny Hallyday que JJG dénigrait mais dont il a relancé la carrière. En effet, quel talent il faut pour se livrer à un tel exercice!

En résumé ce livre est très éclairant pour moi car il restitue toute une époque, tout un contexte, et l'histoire familiale très singulière des GOLDMAN, de leurs fils.
Deux célébrités aussi exceptionnelles et différentes dans la même fratrie, c'est de l'ordre de l'impossible.
Et pourtant...

Ce livre m'a fait découvrir la plume de l'auteur et donné envie de lire le reste de son oeuvre, en particulier l'histoire de ses grands parents qui est évoquée dans celui-ci.

J'ai découvert mille détails sur Jean-Jacques Goldman, et comme c'est la 1ère "vraie" (pas enregistrée en douce sur la radio) k7 audio que j'ai reçue... ça me parle ! Je ne savais pas qu'il avait percé si tard, qu'il était vendeur dans un Sport2000, qu'il était né à Montrouge (et Coluche aussi, ah j'ai appris des choses sur Jean-Jacques Goldman ET sur plein d'autres stars) et je savais qu'il avait écrit pour d'autres chanteurs mais pas qu'il avait écrit aussi pour Johnny, Florent Pagny...
C'était aussi le premier livre que je lisais de Ivan Jablonka et j'aime beaucoup son écriture. Je salue le travail de l'historien !

Montrougienne depuis 35 ans , très impliquée dans la ville pour différentes associations ayant cotoyée la famille Goldman mon libraire organisant une séance dédicace je ne pouvais pas ne pas lire ce livre.
Bien sûr je l ai apprécié que de souvenirs .
Ce livre m'a permis de découvrir un autre Jean Jacques.
Ce livre est aussi un bon récapitulatif de la discographie de Jean jacques , des artistes qui l'ont entouré (Coluche entre autres) et des évènements de son époque.
Nul doute qu'il plaira à la génération Goldman.