Citations sur Laëtitia (166)
Laëtitia a été pleurée par le pays tout entier. Un envoyé spécial à son enterrement, c'est l'assurance que chaque téléspectateur pourra déposer, par l'esprit et par le cœur, une rose sur son cercueil. Ainsi est née l'"affaire Laëtitia", l'un des faits divers les plus horribles du XXIe siècle.
Comment peut-on être si cruel, si inquisiteur ? Des camions de presse avec antennes paraboliques stationnaient toute la journée devant sa maison. Des journalistes ont sauté par-dessus son portail. Mme Patron a fini par leur donner des photos de Laëtitia « pour qu’ils fichent le camp ». Ces photos sont tombées dans le domaine public et, aujourd’hui, n’importe quelle recherche sur Internet en fait sortir une douzaine, sans compter les innombrables reportages sur les marches blanches, l’enterrement et les procès. Un journal a même publié un photomontage où Laëtitia, les cheveux pleins de soleil, les yeux riants et les joues roses, figure à côté de son meurtrier dont le portrait est reproduit en médaillon. Toute cette publicité a volé Laëtitia à ses proches et rendu leur peine encore plus accablante, leur deuil encore plus impossible.
Le relevé des empreintes digitales confirme l'identité de l'homme : il s'agit de Tony Meilhon, né le 14 août 1979, ferrailleur, condamné à treize reprises pour délits et crimes. A sa sortie de l'hôpital, vers 11h30, il est placé en garde à vue et se voit notifier ses droits. Il répond :
- Vous feriez mieux d'utiliser votre 9 mm, pour qu'on en finisse plus vite.
Meilhon est conduit à la brigade de gendarmerie de Pornic. Vu son pedigree, il n'est pas trop dépaysé.
C’est son parfum, une odeur bien particulière, fraîche, agréable à sentir. L’odeur est toujours là, même si ça fait longtemps qu’elle est dans les cartons. C’est l’odeur de sa vie.
Je ne fantasme pas la résurrection des morts ; j’essaie d’enregistrer, à la surface de l’eau, les cercles éphémères qu’ont laissés les êtres en coulant à pic.
Pour comprendre le tourment de Lætitia, et parce que sa voix s'est éteinte à jamais, il est nécessaire de recourir à, des fictions de méthode, c'est-à-dire des hypothèses capables, par leur caractère imaginaire, de pénétrer le secret d'une âme et d'établir la vérité des faits.
la « marche blanche » est une manifestation sans les
attributs de la manifestation, un défilé sans cris, ni slogans, ni revendications, le rassemblement d’un peuple-famille blessé qui rétablit son unité par la sacralisation de l’enfant-victime et le rejet des appareils politiques.
Toutes ces choses inexplicables, les cris, les coups, les larmes, les changements, l’indifférence, ont fait naître en elle ces axiomes monstrueux, ces vérités nichées au plus profond de son être, jusqu’à devenir la substance même dont elle était faite :
Papa a raison
Papa a raison, sinon il tape
Papa a toujours raison, sinon il tue maman
Les hommes ont toujours raison, sinon ils nous tuent
Pouvoir du meurtrier sur « sa » victime : non seulement il lui retire la vie, mais il commande le cours de cette vie, qui désormais s’oriente vers la rencontre funeste, l’engrenage sans retour, le geste létal, l’outrage fait au corps. La mort tire la vie à elle.