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4,11

sur 883 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sur quelle planète pouvais-je être en cet hiver 2011 pour ne pas me rappeler ce drame ? Rien, pas le moindre souvenir d'une photo exposée dans un journal télévisé, ni de la polémique déclenchée par Mr Sarkozy entraînant la grève des magistrats. Ce livre aurait été un roman, j'aurais pu dire que l'auteur en faisait trop dans le sordide et le misérabilisme. Malheureusement, rien n'est plus vrai que ce fait divers dont Ivan Jablonka se fait l'historien.

Me voilà totalement partagée à la fin de cette lecture. Si j'ai compris dans un premier temps, l'hommage que voulait rendre l'auteur à Laëtitia, cette jeune fille victime tout au long de sa courte vie de la loi des hommes et morte en femme libre parce qu'elle avait dit non, si j'ai été totalement émue par son destin et par celui de sa soeur, j'ai moins aimé la façon dont il a été fait. Devant l'étalage de tous ces détails sordides et redondants, j'ai eu l'impression de me complaire dans une espèce de voyeurisme vis à vis du malheur d'autrui, comme si je lisais cette "fameuse" presse spécialisée dans le fait divers glauque. J'ai déploré le manque de chronologie qui entraîne toutes les répétitions. Je n'ai pas aimé non plus l'impression laissée, malgré lui sans doute, par l'auteur parisien et cultivé qui parle d'une province "barbare".
J'accorde un 12/20 à ce livre dont le plus réussi est, à mes yeux, la couverture noire avec "Laëtitia" écrit en rouge, comme une épitaphe sur une stèle funéraire.
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Cette enquête d'un historien social est bâtie autour du meurtre sordide d'une adolescente issue des milieux à risques. C'est afin de lui redonner vie, dignité, que l'auteur se penche sur la vie de Laetitia, qui, lors des faits, était placée avec soeur jumelle Jessica dans une famille d'accueil. L'auteur avait beaucoup de mal à quitter Laetitia, ce qui pourrait expliquer ce sentiment de tourner en rond. Selon moi, l'enquête méticuleuse de l'historien social est digne d'intérêt, tout autant que sa réflexion personnelle portant sur la société d'entre 1990 et 2011. Il se demande ici pourquoi cette société avait tout fait pour sortir Laetitia de la misère, mais n'avait pas pu, en revanche, faire le nécessaire, avec le criminel. Or, ces deux destins se sont malheureusement croisés.

Les recherches de l'auteur portent sur les différents univers qui ont participé, de près ou de loin, à l'affaire, comme le milieu judiciaire, le milieu politique, le milieu policier, la famille d'accueil, les amis, les journalistes, et évidemment le criminel. Dans ce genre de récit, la projection est difficile. Ivan Jablonka nous décrit pudiquement ses émotions, mais cela reste fugace, et le récit est très objectif. Mes passages préférés sont ceux où les personnages peuvent apparaître le mieux à mon imagination, sur base de ce que l'auteur nous livre comme éléments. J'ai aimé ses évocations des faits divers. Comme il le précise dans son livre, l'étude d'un fait divers résume la société, car en l'analysant, on y retrouve tous les grands problèmes du moment.

Un récit où transparaissent sans cesse à la fois la tendresse de l'auteur pour la victime, mais aussi sa volonté d'être objectif; et d'autre part l'absurdité, la cruauté, la vacuité des choses.

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Franchement, je m'attendais à quoi en achetant ce livre ? A un peu plus de distance ? A un peu moins de "voyeurisme" ? J'ai vraiment eu beaucoup de mal à le lire parce que c'est un livre sans concessions et la description minutieuse des crimes commis m'a mise mal à l'aise. de plus, sa structure est assez déroutante et peut casser le fil de la lecture, des idées.
Ce n'est pas un livre larmoyant sur une histoire atroce, c'est une prière, une prise de conscience de l'horreur qui nous frôle tous les jours.
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L'auteur se place en historien-sociologue pour réaliser son oeuvre. Il s'est intéressé à un fait divers de 2011, la disparition d'une jeune fille, Laëtitia, près de Pornic. Il a choisi de retracer son parcours de vie, qui n'a eu de cesse de la confronter à la violence, pour s'achever à ses dix-huit ans, dans la brutalité.
L'auteur présente un travail très fouillé : il a mené l'enquête, en interrogeant directement des personnes ayant pris part à l'affaire. Il retrace la vie de Laëtitia, sa triste histoire : celle d'une jeune fille qui naît dans un contexte de violence, de placement en famille d'accueil. Ayant toujours été en contact avec des hommes brutaux, ses repères sont quelque peu floutés... Cet ouvrage permet de parler davantage de la victime, contrairement au traitement de ce genre de fait dans les journaux qui met toujours en avant le criminel.
En revanche, le texte n'est pas toujours évident à suivre. La chronologie n'est pas toujours respectée ; une bonne partie de l'oeuvre présente des chapitres assez courts alternant récit de la vie de Laëtitia et avancée de l'enquête de l'auteur...
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Avis très mitigé sur ce livre… Sur l'histoire, pas de surprises, tout le monde à entendu parler de ce fait divers tragique : le meurtre d'une jeune fille de 18 ans, Laëtitia Perray, retrouvée en plusieurs morceaux au fond d'un lac de Loire atlantique. L'affaire fait grand bruit : de rebondissements en rebondissements on découvre deux fillettes souffrants de graves carences éducatives (qui joueront un rôle certain dans le drame), un meurtrier multirécidiviste, une famille d'accueil dont le père, pédophile, exerce son emprise sur les soeurs, un père biologique violent, une mère dépressive et absente, le tout dans un milieu social très défavorisé...
Jablonka interroge les témoins pour mieux saisir ce qui a été la courte vie de Laetitia : Ballotée de parents en grands-parents, de foyers en famille d'accueil, elle n'aura connu que la violence. Une vie volée, brutale. Une mort sordide.
La surprise vient de la forme du livre : Il y a là deux livres en fait ! le premier, récit du drame, enquête et procès de Tony Meilhon. le second, biographie de Laëtitia. Les deux s'entremêlent sans vraiment se répondre ; le premier récit dépeint bien les différentes parties de l'enquête, est riche en détails sur le travail des gendarmes, des travailleurs sociaux, de la justice… On voit l'historien derrière, les parties techniques sont passionnantes. le style froid, professionnel, permet de prendre le recul nécessaire pour « digérer » l'histoire, franchement sordide. Alors pourquoi ces envolés, presque lyriques, ponctuant le portrait de Laëtitia ? Jablonka parait très en empathie, le ton manque de distance et tombe de peu dans le pathos. On voit bien qu'il essaie de ménager la chèvre et le chou, on sent sa volonté de ne blesser personne et de montrer à Jessica (la jumelle de Laëtitia) qu'il respecte son histoire. Mais cela finit par sonner un peu faux… Et on n'échappe pas à quelques poncifs ; Je vous laisse juger, p.165 : « Ai-je le droit de parler de « choix », sachant que, justement, elles n'ont pas vraiment le choix ? CLAD en primaire, SEGPA au collège, CAP au lycée : on pourrait voir dans ces acronymes l'illustration des déterminismes qui pèsent sur les enfants d'origine populaire, orientés dès le primaire, c'est-à-dire placés sur les rails de métiers sous payés, fatigants et peu considérés. » Aïe aïe aïe, le discours « mi-pitié, mi-condescendance », du cultivé professeur parisien !
(« Parigot tête de veau » doit-on se dire chez les ploucs du pays de Retz…)
Ajoutez les nombreuses louanges à l'endroit des juges, avocats, policiers qui ont suivit l'affaire. Là encore, entre admiration sincère et flagrant délit de flagornerie, j'ai eu du mal à trancher… Finalement j'aurai sans doute apprécié cette lecture sans ce tenace sentiment d'ambivalence, chaud-froid permanent qui alourdi franchement le récit. Bref, une lecture qui m'a intéressé mais beaucoup agacée.
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Franchement, je ne comprend pas l'emballement autour de ce livre. L'enquête est vraiment intéressante mais de là, à voir cet essai dans la sélection du Goncourt! Il est remarquable de redonner à cette jeune fille l'existence dont elle a été privée sauvagement, son histoire est touchante et éclairante. mais l'auteur ne trouve pas la juste distance avec son objet.
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Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais disparaît. Elle a dix-huit ans, est élevée en famille d'accueil près de Nantes et son corps est retrouvé plusieurs semaines après cette nuit-là, découpé, au fond d'étangs de la région. le coupable est assez vite appréhendé : il s'agit d'un délinquant récidiviste, qui, jusqu'ici n'avait jamais tué. le fait divers est bientôt affaire nationale car le président de l'époque, Nicolas Sarkozy s'en empare en accusant les juges de ne pas avoir fait leur boulot et d'avoir laissé un récidiviste en liberté non surveillée, un de ses thèmes de campagne -qui approche- préférés. Fait sans précédent, peu après, juges et avocats descendent dans la rue et manifestent contre le manque de moyens de la justice.

Ivan Jablonka écrit une étude sociologique et historique sur l'affaire Laëtitia. Il revient sur l'enfance des jumelles Laëtitia et Jessica, ce qui a amené un juge à prendre la décision de les retirer à leurs parents et leur parcours jusqu'à l'arrivée en famille d'accueil. Puis, il s'attarde sur leur vie dans cette famille d'accueil, chez les Patron. Lui, le père abusera de Jessica comme il a abusé d'autres jeunes filles.

Je n'ai pas suivi l'affaire très attentivement et pourtant -ou parce que- je suis moi-même assistant familial, avec le même employeur que Gilles Patron, mais je dois dire que dès les premiers instants, je ne le trouvais pas à sa place, puisque clairement, il prenait celle du père qu'il n'est pas pour les deux filles. Omniprésent et ostensiblement. Je n'aurais pas agi de la même manière mais serais resté en retrait et surtout, jamais je n'aurais accepté d'être reçu comme la famille par N. Sarkozy -bon, je crois que quelque soit la raison, je n'aurais pas accepté de rencontrer N. Sarkozy. La mise en avant de Gilles Patron, qu'il a lui-même orchestrée, me mettait mal à l'aise et c'est fort justement que cet homme devenu un "bon client" pour la presse fût descendu en flèche, assez violemment, par la même presse lorsqu'il fut convaincu de pédophilie et de relation coupable ou d'attouchements avec Jessica et certaines de ses copines qui passaient à la maison.

En fait, globalement ce livre me met mal à l'aise. Toute son ambiguïté est dans le fait qu'il dénonce la métamorphose de Laëtitia en un simple fait divers, une affaire qui passionne journaux et badauds pendants quelque temps, dépersonnalisant cette jeune fille de dix-huit ans, et que, quelques années après l'emballement médiatique et populaire, l'auteur participe lui aussi à cela en le rappelant à tous par le biais d'une enquête sociologique et historique.

Néanmoins, en remettant l'affaire dans son contexte historique régional, judiciaire et politique, Ivan Jablonka permet de réfléchir et de comprendre les attitudes de chacun à cette période. Nicolas Sarkozy en prend pour son grade. Il a voulu instrumentaliser l'affaire à des fins bassement politiques, reprochant aux juges de ne pas faire leur travail et dans le même temps en supprimant nombre de postes de fonctionnaires. Comme à chaque affaire un peu sensible ou médiatique, il a voulu légiférer sous le coup de l'émotion des Français plutôt que de prendre un temps de réflexion avant d'agir. Ivan Jablonka rend hommage à la justice et à ceux qui la font : juges, avocats, enquêteurs qui ont fourni un travail phénoménal pour faire juger Tony Meilhon l'assassin de Laëtitia et Gilles Patron le violeur de Jessica.

Il m'a été difficile de lire ce livre jusqu'au bout, car à chaque fois, je pensais à Laëtitia et à Jessica qui n'ont du haut de leur dix-huit ans à l'époque des faits subi que violences et trahisons des adultes. D'abord témoins de la violence de leur père, puis victimes de violences sexuelles de la part de celui qui devait les protéger -au moins Jessica, pour Laëtitia, rien n'est avéré-, puis victimes d'assassinat. Je dis victimes car, outre Laëtitia qui est morte, Jessica est elle aussi une victime qui a tout perdu et tente de se reconstruire. Cette histoire qui a eu du retentissement dans ma région et dans mon travail, mais c'est moindre mal par rapport à ce qu'on subi ces deux jeunes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Laëtitia Perrais, 18 ans, est sauvagement assassinée par un jeune homme fraîchement sorti de prison. L'émotion submerge la France et le pouvoir politique se saisit de l'affaire. Mais qui était Laëtitia avant de devenir une affaire, un symbole?

Ivan Jablonka relève le défi de sortir Laëtitia de ce rôle de victime et de lui rendre, aux yeux de tous, vie et substance.

L'auteur détaille en parallèle l'enquête, la reconstitution de la journée du meurtre mais aussi, et surtout, ce que fut la vie de la jeune fille avant son assassinat.

Encore un livre choisi au hasard. En lisant la quatrième de couverture, j'ai pensé à un récit de fait-divers. Ce que j'ai de plus voyeur en moi en a été satisfait et j'ai débuté ma lecture en m'attendant à une description de la banalité de l'horreur.

Mais il n'y avait rien de banal dans cette ouvrage. Rarement un livre m'a autant dérangée. L'auteur contraint son lecteur à envisager la victime comme autre chose qu'un corps dont la vie se serait résumée aux quelques heures encadrant son meurtre. Il nous oblige à ouvrir les yeux sur tout ce qui a conduit cette femme à sa mort et son assassin à commettre l'irréparable.

Si les ouvrages sur les assassins sont légion et qu'on entend très souvent parler de leur enfance, de leurs traumas, de leur humanité parfois, qu'en est-il des victimes?

Ivan Jablonka leur rend la parole.

C'est très troublant, inconfortable, déstabilisant. Mais magistral.

Un livre qu'il est difficile d'oublier et qui changera à coup sûr la perception que j'aurai du prochain fait-divers dont j'entendrai parler.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Laëtitia Perrais était une jeune fille presque comme des milliers d'autres , et par sa mort , elle est devenue, et je l'écris avec répulsion , le type même du fait divers desquels sont avides les chaînes de télé en continu.
Le fond et la forme de ce texte m'ont rappelé « La petite femelle » de P.Jeanada.
En effet, il ne s'agit pas d'un roman, d'une stricte relation des faits non plus, ce n'est pas totalement un essai sociologique, mais un condensé de tout cela.
Cette pauvre Laëtitia a mal commencé sa vie de misère, a été retirée à ses parents biologiques ainsi que sa soeur jumelle et elles ont passé leur adolescence dans une famille dite « des plus respectables » avec un tuteur qui paradera avec assurance devant les caméras après le drame en stipendiant les violeurs:plus tard, c'est lui qui sera arrête pour avoir abusé de la soeur de Laëtitia, (espèrons qu'il est toujours en prison.)
Cette jeune fille donc qui avait eu péniblement un CAP très tardivement commençait à envisager un avenir un peu plus serein, mais ses rapports avec les garçons complétaient sa misère intellectuelle jusqu'à ce qu'elle rencontre un pauvre type, mais le diable en personne tout de même qui la tuera, la dépècera, jettera ses membres lestés d'un poids de 28kg au fond d'un étang.
Voilà pour les faits réels. L'auteur, lui, ausculte en même temps la société, veut faire de Laëtitia un astre, que sa mort devienne un symbole.

Toutes les institutions, police , justice, sont passés au scanner, là c'est quasiment un traité de sciences sociales . le traitement médiatique de l'Affaire est passé au crible, et le fait divers disséqué sous l'angle politique, pour la gauche et Bourdieu, il fait « diversion », pour la droite, il conforte les braves gens dans la peur, il faut donc plus de policiers, etc etc...
Cette lecture donne à réfléchir sur le système actuel d'immédiateté.
C'est avant le livre d'un sociologue.
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Allez, prix Médicis, lu ;) le livre a son intérêt : premièrement, même si je trouve cela peut-être un peu juste, celui de redonner corps, vie à Laetitia, ado maltraitée, tout au long de sa vie, et finalement martyrisée. Elle revit un peu, au-delà du fait divers, et prend de la consistance humainement. Pari réussi, mais j'en attendais plus de Jablonka l'historien. Il se rattrape dans la dernière partie, qui prend une autre dimension, on sort de la simple horreur face au meurtrier, de la sidération face au parcours affreux de Laetitia depuis sa naissance, de l'énervement de rigueur face à la récupération facile par Nicolas Sarkozy alors président de la République, pour une analyse à la fois fine et intelligente, et très empathique. Barthes est convoqué, ce qui est toujours très bon signe ;) et au-delà, il y a le désir de montrer que Laetitia, son parcours, son comportement, sa vie martyrisée sont avant tout le produit d'une société patriarcale dégénérée. C'est un homme qui l'écrit, et ça fait du bien.
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