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sur 54 notes
Hope Jahren nous raconte avec beaucoup de drôlerie, d'humilité sa vie," ses amis, ses amours, ses emmerdes " ( Charles Aznavour ).
Sa vie : une scientifique qui a débuté dans le labo de son père, puis pour payer ses études va faire des petits jobs ( coursière, préparatrice de poches intraveineuses... ) et qui après sa thèse en géobiologie va créer son propre labo ! Elle sera aidée de son "double" Bill, un brillant collaborateur qui va l'accompagner dans ses missions, au travers des US, de la Norvège, de l'Irlande.
Ses amours : sa passion pour la recherche, son mari Clint, ses chiens et finalement son fils !
Ses emmerdes: la difficulté d'obtenir des crédits pour financer ses travaux, sa bipolarité, sa dépression, ses allergies au sumac ( en autres ), son manque de confiance en elle et ses doutes !
Mais la plus belle plante : c'est elle qui égrène quelques unes de ses découvertes en biologie ( même si, j'avais déja été " initiée" par le livre de Peter Wohlleben sur le " secret des arbres")..elle est simple, naturelle, authentique et sa vie nous change de celles des "bios people" qui sont creuses et tapageuses , qui valorisent leurs " egos" démesurés !
Ce récit est aussi, la vie spartiate de ces "saltimbanques" qui, dans l'anonymat se déplacent en équipe pour creuser les sols, recueillir des échantillons par tous les temps, avec de faibles" moyens financiers pour mener à bien leurs investigations !
Il s'agit de la biographie d'une femme qui s'est battue pour se faire un nom dans un milieu fermé et principalement masculin..une chercheuse qui nous livre une hymne à la nature et à la préservation de notre environnement !
Je tiens à remercier Babelio pour l'envoi de ce livre et les éditions Quanto..
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Les scientifiques aiment peu se confier au profane, souvent parce qu'ils croient qu'on ne comprendra pas leur passion pour des choses qu'ils sont les seuls à croire importantes. Souvent aussi parce qu'ils ont du mal à s'exprimer dans une langue accessible à tous, ou croient tout simplement en être incapables. Hope Jahren, une scientifique américano-norvégienne de renom, spécialiste des forêts fossiles, parmi ses nombreuses thématiques de recherche, a osé franchir le pas. Son récit, écrit avec légèreté et une profonde sincérité, intéressera quiconque veut savoir de quoi est fait le quotidien d'un chercheur. Pas facile de faire sa place au soleil, surtout lorsqu' on veut coûte que coûte aller au bout de ses idées, au risque de braver la pensée dominante. Car penser que les plantes ont une conscience, par exemple, continue à heurter l'esprit commun, même si l'idée trace peu à peu son chemin au fil des plus découvertes les plus récentes. le courage, elle n'en manque pas, et elle a eu l'immense chance de rencontrer très tôt dans sa carrière un étudiant, doué et suffisamment original pour la comprendre, qui va tout lâcher pour elle et l'accompagnera de longues années dans ses multiples pérégrinations, pour le meilleur comme pour le pire. Et du pire, il y en a eu, tant cette femme fantasque, bipolaire de son propre aveu, et soignée pour ça, mais terriblement tenace et perspicace, n'hésite pas à braver les interdits pour faire avancer ses travaux de recherche. Au-delà du quotidien, qui peut être aussi banal que la recherche désespérée d'un tabouret pour s'asseoir, c'est tout un monde de connaissance qui s'ouvre à nous au fil de la lecture de cette confession qui n'a pas son pareil dans le monde littéraire d'aujourd'hui. Une réussite, qui on l'espère fera des petits…
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J'avais déjà lu avec beaucoup de bonheur "La vie secrète des arbres" de Peter Wohlleben, j'ai donc retrouvé un peu de ce plaisir de percer les mystères des arbres avec "Lab Girl" de Hope Jahren.
Pourtant, ce n'est pas l'essentiel du livre car ces chapitres consacrés aux arbres s'intercalent entre ceux dédiés à l'autobiographie de l'auteur. C'est étonnant et très souvent intéressant. J'en ai appris beaucoup sur les difficultés de monter un labo et de se lancer dans la recherche scientifique. C'est édifiant et toujours traité avec le décalage et l'humour qui caractérise l'auteure. Les scientifiques qui s'acharnent à faire de la recherche fondamentale dans des secteurs pointus, peu explorés et peu exploitables économiquement sont déjà mal vus par le milieu, mais alors cela devient réellement du sport de haut niveau quand c'est pratiqué par un petit bout de femme insomniaque et atypique ! Pour être une scientifique heureuse il faut à la fois vivre cachée et être capable de traverser les États-Unis sous une tempête de neige pour espérer obtenir un peu d'attention à un congrès de collègues masculins dédaigneux ! Hope Jahren ne lâche jamais l'affaire et son parcours est jubilatoire.
Enfin, le véritable coeur de ce livre bat pour moi quand il s'agit de suivre et d'essayer de comprendre la vie de Bill, l'assistant et ami fidèle de l'auteure. Marqué par son histoire familiale, isolé dans son dévouement à la science, méprisé par un système où l'assistant est indispensable mais rarement financé par les maigres budgets alloués, Bill est un humain errant, blessé et philosophe, qui suit Hope Jahren dans ses pérégrinations, comme si elle était le centre de son univers. le livre touche là à l'analyse d'une forme d'amour qui échappe aux codes courants, qui résiste aux lieux communs et à la tentation de trouver sa place dans une petite case bien nette. Et de manière très cohérente avec la réalité de la recherche scientifique contée dans ce livre, cette relation restera essentiellement un mystère, dont quelques expériences permettent de s'approcher sans jamais parvenir à percer tous les secrets. Frustrant et palpitant ! Émouvant et étonnant !
J'ai l'habitude de lire différemment les essais des romans, en prenant le temps pour les premiers et en dévorant les seconds. "Lab Girl" m'a offert une expérience entre les deux, qui m'a demandé de la patience et de l'adaptation, tout en me titillant et me procurant du plaisir de lecture ! Voilà qui me donne envie d'analyser en scientifique les motivations de celles et ceux qui gravent leur prénom sur les arbres !
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J'avoue avoir été désarçonné en commençant la lecture de ce livre. Lorsque l'on aborde une autobiographie, on s'attend à un certain style de récit. En parcourant les premiers chapitres de Lab Girl on s'aperçoit très vite que le cheminement va être assez peu conforme aux canons du genre. J'ai été surpris aussi parce que lorsqu'il s'agit de la vie d'une scientifique éminente, on s'attend à un certain style de parcours. J'ai très vite compris aussi que cela n'allait pas être le cas. Biographie, certes, mais construite en interférant avec un autre récit, celui de la vie des plantes. Vie quotidienne et travaux de recherche en pleine osmose !
Marchant sur les traces de son père, dont la vie semble avoir eu pour cadre principal un laboratoire de recherche, Hope Jahren s'est jetée avec passion dans les études, ainsi que dans le travail qu'elle a dû accomplir pour les financer. Cela n'a pas été facile ; ne pas être issu d'une famille fortunée, ne pas bénéficier d'un important réseau de relations, être une femme de surcroît, autant de handicaps à franchir pour grimper l'échelle des responsabilités dans la recherche au pays de l'oncle Sam (et ailleurs !).
J'ai retrouvé un certain confort de lecture à partir du moment où j'ai compris quelle était la démarche choisie par l'auteure et j'ai été de plus en plus captivé, au fil des pages. Les faits que Hope Jahren, paléobiologiste, nous présentent concernant la vie des plantes m'ont vraiment passionné et ont complété fort heureusement le récit de l'ingénieur forestier Peter Wohlleben, « la vie secrète des arbres », que j'ai lu avec passion il y a quelques temps de cela. le parallèle entre ces deux ouvrages s'arrête là !
La dernière page tournée, il m'a fallu un certain temps de réflexion avant de tirer un bilan, somme toute largement positif, de cette lecture un peu déroutante. Ce qui m'a laissé une légère impression de malaise à la fin du livre, c'est que je me suis aperçu que je n'éprouvai qu'un attachement modéré pour les deux personnages centraux du récit. Leur vie est sans aucun doute passionnante et pleine de péripéties mais ne suscite guère d'empathie. Pourquoi ? J'ai du mal à le définir mais je pense que la relation entre Hope et Bill, cette amitié exemplaire que l'éditeur met en exergue en quatrième de couverture, je l'ai trouvée drôlement déséquilibrée. Par instant le comportement de Bill m'a fait penser à une forme de servilité, une relation maître-serviteur plus qu'à une amitié telle que je la conçois. L'arrivée de l'amoureux tant espéré a pondéré cette impression de malaise, en redonnant à l'héroïne un côté un peu plus humain. Pour ma part, je dois dire quand même que c'est plus le récit documentaire concernant les plantes qui m'a accroché que la partie humaine de l'histoire. Ce point de vue est cependant très personnel, et je vous invite à découvrir ce livre ne serait-ce que pour sa singularité. Hope Jahren est un personnage hors de commun.
Une dernière précision : j'ai reçu cet ouvrage après avoir été tiré au sort pour « masse critique » et je remercie Babelio et l'éditeur Quanto pour cette découverte enrichissante.

Deuxième point de vue, celui de ma compagne...
Babelio a offert à mon mari le livre de Hope Jahren, « Lab Girl », que je me suis empressée de lire.
Non, je n’ai pas l’intention de graver le nom de Bill sur des arbres, malgré l’insistance de l’auteur.
La souffrance d’un tiers le plus souvent réveille l’empathie mais ce n’est pas toujours le cas : par exemple quand la personne en souffrance est agressive, ou mutique, quand son comportement est en quelque sorte « répulsif ». Il repousse, non pas comme une chose dégoûtante, mais parce que les atomes crochus ne peuvent pas se mettre en place. L’enfermement, le repli d’une personne sur sa pathologie l’isole du monde réel.
J’ai vécu tout le livre « Lab Girl » comme un cri de souffrance. Celle-ci est parfois explicite, déjà dans la dédicace : « Tout ce que j’écris est dédié à ma mère ». Cette mère, Hope Jahren la cherche vainement autour d’elle, hésitant à faire endosser ce rôle à la gynécologue, ou à d’autres personnes qui ont traversé son existence.
La souffrance est plus ou moins explicite ici ou là, « La crise maniaque vous montre l’autre côté de la mort », jusqu’au moment où Hope, enceinte, se trouve privée des médicaments qui lui sont indispensables. Cette fois, c’est évident, les diagnostics sont posés : elle est bipolaire, maniaco-dépressive — j’ignore si ce sont deux mots sur la même chose, ou si elle souffre de plusieurs pathologies.
Sa grossesse est terrifiante, quand elle décrit l’intensité de sa dépression, agravée non seulement par l’absence de médicaments, mais encore par l’interdiction qui lui est faite de travailler, de retourner au labo qui pour elle « est comme une église (…) un refuge et un asile » (p 34).
Au sujet de la gynécologue : « J’en ai plus qu’assez de cette plaie qui ne se referme pas, de la façon dont mon cœur d’enfant confond toute marque de gentillesse de la part d’une femme avec un fil d’Ariane qui mènerait à l’amour bienveillant d’une mère ou l’approbation affectueuse d’une grand-mère. Je suis fatiguée de traîner cette douleur sourde d’orpheline, car si elle ne me surprend plus, elle m’apporte encore et toujours son lot de souffrances. » (p 310)
Cette souffrance, elle la considère comme un héritage : « J’imagine que mes ancêtres sont si bien parvenus à cacher leur folie pendant tant de générations que j’étais moi-même génétiquement programmée pour faire de même. » (p 311)
Or, la naissance de son enfant va sans doute faire basculer Hope Jarhen vers plus de normalité, ou de santé mentale. Même si l’amour qu’elle exprime est lourd de cet héritage : « Chaque baiser que je donne à mon enfant répare celui que j’aurais tant voulu recevoir — et c’est bien la seule chose capable d’accomplir cela. »
Voilà pour le côté sombre de cette femme lumineuse.
Voilà selon moi ce qui a dérangé mon mari aussi bien que moi-même dans notre lecture.
Je ne suis pas attirée par cette personne ni par son étrange amitié avec Bill, ami, mais peut-être aussi victime. Pourquoi le labo s’appelle-t-il Jahren, et non pas, par exemple, Jahren et Bill ?
Hope Jahren a fui le cursus littéraire qui pour elle consiste à s’asseoir et à discuter. Elle préfère le cursus scientifique pour « faire des choses ». Elle s’est lancée dans l’aventure de la façon la plus absolue, y investissant sa vie, ses nuits, ses journées, ses pensées… « Je sais que je ne cesserai jamais de construire et d’en vouloir plus. » (p 32) Elle ne fait rien à moitié.
Elle a une enfance riche et heureuse malgré le manque de marques d’affection. Elle insiste dès le début sur les relations mutiques… Son père ne lui adresse pas la parole, sa mère ne lui donne pas ce quelque chose d’indéfini qui lui manque. A cinq ans elle découvre qu’elle est « moins qu’un garçon », les héros de la famille st masculins. Elle joue comme une fille, mais le soir « tombe le masque » lorsqu’elle accompagne son père au labo.
Le labo devient très vite sa passion exclusive et obsessionnelle.
Cette vie d’ascèse qu’elle mène, ce n’est pas un renoncement à quoi que ce soit, elle ne cherche rien d’autre.
Même si, comme le lui dit un gardin de nuit : « Vous aurez beau aimer votre travail par-dessus tout, il ne vous le rendra jamais. »
Et voilà que Hope Jahren nous fait partager sa passion, en particulier pour les arbres. Le livre raconte en parallèle son existence et celle des arbres. Elle ne cesse de nous surprendre : « Rester nu et sans bouger à l’extérieur par un temps glacial pendant trois mois équivaut à une condamnation à mort pour la plupart des êtres vivants, sauf pour les nombreuses espèces d’arbres qui le font depuis au moins cent millions d’années. » (p 271) Elle décrit ensuite le lent processus appelé « endurcissement » qui permet à l’arbre de supporter l’hiver, et elle évoque la surfusion, ce phénomène spectaculaire qui permet à de l’eau de descendre jusqu’à -40°C sans geler !
Il faut lire ce livre magnifique, même s’il dérange. Curieusement, je lisais en même temps l’ouvrage d’un Amérindien qui fut victime de sévices variés lorsque, enfant, il a été mis en pension de force, à l’époque où l’on voulait « tuer le Sauvage » dans chaque petit Indien.
Cet homme, d’une immense sagesse, génère de la paix, de la sérénité.
L’agitation de l’étoile filante Hope Jahren et le calme de l’Amérindien sont pour moi riches d’enseignement.

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Hope JAHREN. La fille qui aimait les arbres.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Quanto pour l'envoi de ce récit autobiographique. Une belle découverte. Hope est une scientifique de renommée mondiale. Toute petite, elle est tombée dans la marmite des sciences. Son père enseignant et chercheur lui a ouvert les portes de son laboratoire à double battant. Elle a fait de brillantes études secondaires et universitaires. Avec son compagnon, Bill, elle a passé des jours, des nuits sur la paillasse, arpentant des terres arides, incultes, inhospitalières pour étudier les sols, la flore, les arbres et nous dévoiler les secrets de la nature. Elle a sacrifié des heures, du temps pour mesurer la croissance des plantes, des fleurs, de la végétation qui nous entoure. Avec Bill, étudiante, professeur, puis chef de laboratoire, elle a fréquenté les colloques, les congrès et a donné de nombreuses conférences, partageant ainsi le fruit de son savoir. Quel sacerdoce ! Une vie entière consacréé à la recherche !

Avec une égale passion pour son métier, elle nous fait participer à son quotidien de doctorant, chercheur, et même de chef d'entreprise. En effet, cette femme a monté quatre laboratoires de recherche à travers le monde. Désormais, elle règne dans celui de Hawaï, où elle a harponné son plus fidèle ami, Bill, un homme effacé, efficace, discret comme elle mais d'une grande puissance de travail. Elle nous fait part, au fur et à mesure de ses avancées des difficultés financières pour subventionner ses étudiants doctorants et ses subalternes, ses laborantins et le matériel nécessaire à ses investigations. Oui, aux États-Unis comme en France, la part du budget de l'État, dévolu à la recherche est sans cesse revu à la baisse, contrairement à celui des forces armées. Oui, si nous devons faire face à des ennemis il faut que nous soyons armés…. Cependant, aujourd'hui, notre planète est en danger. La déforestation qu'elle subie de façon drastique est déjà une immense perte pour l'humanité. Oui, dans ce domaine, nous avons perdu la guerre. Même si nous plantons, reboisons de façon intensive, nous ne comblerons pas les pertes occasionnées par l'appât du gain….

Avec beaucoup d'humilité, d'humanité, Hope nous offre son savoir. C'est une très belle leçon de « sciences naturelles »; c'est ainsi qu'il y a une cinquantaine d'années était qualifiée ces études portant sur la faune, la flore, l'étude des sols. Aujourd'hui ce sont les sciences de la vie avec tout un panel : géologie, biologie animale et végétale, écologie, etc.... Nous avons, face à nous une bonne pédagogue, fière de son travail et qui nous l'offre en partage. Je conseille la lecture de ce récit aux ados ; peut-être naîtront ainsi des vocations et de nouveaux chercheurs emboiteront le pas derrière cette scientifique. Bonne journée et bonne lecture. (lu en trois jours). Passionnant et instructif. Un ouvrage de vulgarisation qui nous éveille à la puissance de la nature ! de plus très agréable à lire….
( 26/06/2023)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Lab Girl, Une histoire de science, d'arbres et d'amour d'Hope Jahren est un roman autobiographique de l'auteur, relatant son amour pour les sciences, des prémisses de son passé avec un papa professeur de sciences dans un collège, encrant dans sa chair et son esprit le goût des sciences. Cette femme d'origine scandinave est une géochimiste et géobiologiste américaine, enseignant à l'université d'Hawaï, sa renommée est à l'origine de l'utilisation de l'analyse isotopique de forêts de l'Éocène, remportant ne nombreux prix. Hope Jahren avec ce roman d'une vérité troublante, invite le lecteur dans cet univers transpirant sa chair et son âme, rythmant sa vie depuis son enfance, celui de la nature et de ces mystères, à travers les plantes, les arbres, les graines, ses rencontres et sa passion fusionnelle des sciences. C'est un roman d'une vie, celle d'une amoureuse de la terre, son laboratoire este sa maison intime, ce lieu la protège.
Ce livre autobiographique traverse les méandres de la vie d'une petite fille ensorcelée dès son enfance par les sciences et la végétation dessinant le relief du paysage où son regard brillant se perd avec délice de ce spectacle d'une nature surprenante. Hope Jahren rend hommage à cette vie végétale, comme ce chapitre de l'arbre de son enfance, un épicéa bleu (Picea pungens), cet arbre faisant partie intégrante de sa vie, cet adage de l'écriture pour Hope Jahren est « le seul remède à l'oubli », cet hommage sincère explique en soi, l'esprit de cette femme scientifique.
De ses études à nos jours dans son laboratoire, Hope Jahren va de rencontre en rencontres humaines, Bill, son âme soeur scientifique, Lydia préparatrice dans un laboratoire de médecine rencontré lors de ces études, son combat de femme pour réussir dans ce monde assez machiste et misogyne dans sa profession, elle devra doubler d'effort pour faire ses preuves.
La découverte la plus incroyable pour Hope Jahren, ce n'est pas l'opale que fabrique les micocouliers dans leurs graines, mais sa quête passionnelle, celle d'étudier les plantes pas de l'extérieur mais de l'intérieur. Cette femme devra dans un monde scientifique assez misogyne redoubler d'effort pour obtenir la Graal de la reconnaissance, avoir cette autonomie de faire les découvertes dans son propre laboratoire, toujours avec la complicité de son partenaire de toujours Bill, une amitié hors du temps.
Ce livre entremêle avec beaucoup de finesse, de grâce une force végétale dans une vulgarisation poétique, de l'amour de notre auteur, cette littérature de ces études passées avec son âme scientifique, les auteurs troublant les émotions de Hope Jahren, comme Jean Genet, Charles Dickens et les autres.
Après avoir lu La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, un roman d'enseignement sur la communauté des arbres, une ode incroyable à la vie d'une forêt, Hope Jahren réussi une roman touchant la cause végétale, des petites anecdotes biologiques constellent notre étonnement de la force de la vie, de la structure extraordinaire de la végétation survivante de la folie humaine.
Cette vie, Hope Jahren la narre dans ce roman Lab Girl autobiographique biologiquement écologique que Pierre Rabhi dans sa quête osmotique de l'homme et de la nature ne renierait pas, pour entrainer le lecteur dans un tourbillon unicellulaire d'une trinité vivante, composée de feuille, tige et racine dans un quintette de vie, traversant de l'intérieur cette folle passion de la vie végétale.
Hope Jahren a réussi un tout de force de faire aimer la biologie à ses lecteurs avec cette biographie d'une vie au coeur de la nature, je remercie cette masse critique pour cette pépite d'humanité et de sciences végétales, un vrai paysage de végétation d'amour et de création.
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Lab girl, c'est l'histoire de Hope Jahren, enseignante, chercheuse, femme hors du commun à la personnalité complexe, passionnée par les sciences et le règne végétal. À ses côtés, on s'ouvre à un monde fascinant : celui de la biologie végétale. On découvre son enfance, son passé d'étudiante entre petits boulots harassants et passion grandissante pour les sciences et la littérature, puis ses années de chercheuse à la tête de son laboratoire et ses nombreux voyages à travers le monde.

Le livre est construit en suivant le développement des plantes : d'abord la graine, la croissance racinaire puis la naissance des feuilles et ce, afin d'illustrer chaque étape de l'évolution de l'auteur et les différents bouleversements de sa vie.

En dépit des épreuves, c'est bourré d'humour, d'anecdotes savoureuses, de réflexions sur la société. C'est intelligent et totalement barré, mais toujours étonnant. Elle y parle de son métier, de ses recherches, de ses galères, de son amitié avec Bill, un type brillant qui l'accompagne partout, et des parcours du combattant pour réunir les subventions nécessaires aux projets de tout chef de laboratoire - long chemin pavé d'obstacles qui relève de l'épreuve de force dans ce milieu.

J'ai aimé chaque partie de ce livre qui apporte une meilleure compréhension du monde scientifique résolument masculin dans lequel l'auteur évolue. Je regrette les phrases d'accroche de la couverture car ici, peu ou pas d'amour, mais plutôt un immense respect pour les merveilles du règne végétal et une grande admiration pour ses incroyables capacités d'adaptation.

C'est un parcours de vie, un récit plein d'humanité, mais aussi un plaidoyer pour la préservation de l'environnement. Lab Girl est aussi un très bel éloge sur la curiosité qui nous pousse à nous dépasser, sur l'acharnement qui mène au succès, sur les combats à remporter pour parvenir à toucher nos rêves du doigt.

Petit plaisir supplémentaire : la qualité du papier du broché, lisse et exceptionnelle.
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Lab Girl est un drôle de livre, entre autobiographie et essai sur la biologie des plantes. L'auteur mêle adroitement le récit de sa vie de chercheuse et de sa vocation pour la recherche avec des anecdotes ou explication sur la manière dont les plantes vivent, grandissent, se reproduisent, se défendent en cas d'agression. C'est un livre très touchant, Hope Jahren nous fait vraiment partager sa vie avec beaucoup d'honnêteté et ressentir ses difficultés professionnelles (ah, l'éternelle course aux budgets et le manque de moyens auquel les chercheurs sont confrontés en permanence) et ses fragilités personnelles. Mais les chapitres qui m'ont le plus plu sont ceux qui font le parallèle avec la vie des arbres et la manière dont comme les humains ils font des choix, s'adaptent à leurs conditions de vie et aux événements extérieurs et essaient de survivre au mieux. C'est vraiment très réussi et on se surprend à frissonner et à trembler pour ces arbres incapables de s'enfuir quand un prédateur survient ou pour ces petites graines se lançant dans la grande aventure de devenir un arbre... quelques siècles plus tard.
J'ai finalement un peu moins accroché avec la biographie elle-même qui devient un peu répétitive et moins passionnante sur la fin. Et je suis restée un peu sur ma faim quant aux explications concernant la biologie des plantes et les recherches de l'auteur, j'aurais aimé plus de détails et d'anecdotes sur cette partie.
Cela reste une lecture très originale que je vous recommande vivement !
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Résumé : /
Présentation de l'autrice :

Hope Jahren est une géochimiste et géobiologue américaine. Professeure à l'université d'Hawaï, elle est surtout connue pour son utilisation de l'analyse isotopique de forêts de l'Éocène (entre -55Ma et -35Ma). Elle est la seule femme et l'une des quatre scientifiques à avoir obtenu deux « Young Investigator Medals » en science de la terre. Lab Girl est son premier livre et il présente un mélange entre des mémoires et la vulgarisation scientifique mais surtout le portrait d'une femme qui a dû se battre pour sa passion et pour se créer une place dans un milieu d'hommes.

Les hommes sont comme les plantes : ils poussent vers la lumière.

Lab Girl :

Le livre est composé en trois parties : racines et feuilles, bois et noeuds, fleurs et fruits. Ces trois parties représentent les phases de croissance d'une plante, les trois parties d'une vie, les trois moments de vie de l'autrice. En suivant le parcours d'un arbre, on découvre le parcours d'une femme. Biologie et littérature forme ici une belle métaphore végétale. Au début tout est calme, trop calme, son environnement est simple, ses parents parlent peu, sa maison est calme. En grandissant elle développe une passion pour la science. de l'enfance à l'adolescence, elle grandit dans les labos, elle étudie les sciences. Elle grandira dans les labos pendant encore très longtemps. Puis, au fil du temps, elle crée sa place. Petit à petit.

Tout commencement est la fin d'une attente. Il nous est donné à tous une seule chance d'exister. Chacun de nous est à la fois impossible et inévitable. Chaque arbre majestueux a d'abord été une simple graine qui a su attendre son heure.

On découvre au cours de la lecture une personne captivante. Elle réussit à merveille à exprimer son amour pour la science et pour la nature. Ici, amour et passion sont partagés avec une grande sensibilité, une certaine forme de sagesse et une simplicité totale. Il est aussi intéressant de noter la franchise de ses propos : notamment la plus grande difficulté que représente la recherche de fonds par rapport aux recherches scientifiques. Aussi, son livre est rendu accessible (vocabulaire et explication de certains fonctionnements) grâce à de belles métaphores. L'univers scientifique, qui peut paraître assez plat et renfermé, est décrit de manière poétique et amicale. On se sent à la fois comme un spectateur privilégié mais aussi comme un partenaire « de galères ». On partage ses craintes, on rit de ses idées, on admire sa force, on apprécie Bill, on a de l'espoir pour ses recherches et sa quête de financement. Hope Jahren est un véritable modèle.

Pour aller plus loin :

- En un sens, ce livre m'a fait penser au livre Dans la forêt de Jean Hegland. Même si celui-ci explore plutôt les questions existentielles de la vie et fait partie du genre de la science-fiction, il retrace la vie d'une femme en tant que telle, son quotidien, la place de l'individu. C'est comme lire un journal intime mais très « intelligent scientifiquement », on se pose des questions sur la place de la femme, de la science, le souci écologique et sur la société en général. Les écrits sont poétiques, drôles, sensibles et brillants. de quoi être bien admiratif !

- Il y a cet article du journal The Guardian qui rend encore plus admiratif envers Hope Jahren : Lab Girl: A Story of Trees, Science and Love by Hope Jahren – review

- Ses sujets d'études sont drôlement intéressants, je vous invite à aller voir sur researchgate.net afin de voir ce qu'elle fait c'est impressionnant ! (https://www.jstor.org/action/doBasicSearch?Query=hope+jahren&filter=)

- Une chronique que j'ai beaucoup aimé : celle de du blog Girl about library et sa vidéo qui va avec 😊 (la joie dans sa voix, ses mots et ses yeux quand elle parle de ce livre… c'est trop bien ^^)

- La bande-annonce du livre est aussi toute douce :

- Petit jeu de mot gentil : l'autrice porte bien son prénom 😊

Si personne ne sait comment fabriquer une feuille, nous savons en revanche très bien comment la détruire. Au cours des dix dernières années, nous avons abattu plus de deux cent cinquante milliards d'arbres. Un tiers de la Terre était autrefois recouvert de forêts. Tous les dix ans, nous faisons disparaître un pour cent de leur surface totale, soit l'équivalent de la superficie de la France.

Mon avis :

Au début de ma lecture, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger. C'est peut-être dû à la sortie d'une période de non-lecture, ou alors parce que le livre est très long à démarrer. Comme une graine. Oui comme une graine. J'ai eu peur que l'action ne commence jamais. J'ai relu la couverture : oui ce livre doit forcément me plaire j'étudie la biologie (+ particulièrement végétale) et je suis aussi passionnée de lecture. Il doit me plaire. Il y a eu 30 pages d'ennui. Je ne peux pas dire que je n'aimais pas, les descriptions étaient très familières, son univers est familier. Mais tout est trop lent. Trop calme. Il devrait me plaire. Et finalement, après quelques pages, il a dû se passer un petit miracle. Il manquait juste ce petit truc qui rend les personnes plus sensibles, plus réelles, plus compréhensibles : des sentiments. Après avoir rencontré l'épicéa bleu, j'ai dévoré ce livre. Ce livre ce n'est pas que de la science ou que de la littérature. C'est l'histoire d'une vie et toute vie, qu'elle soit animale ou végétale est à la fois très aléatoire et très complexe. C'est brillant. J'ai adoré ce livre et je ne peux que le recommander ! 😊

Remerciements :

Je tiens a remercié chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Quanto pour cette lecture ! Malgré mon grand retard dans la publication de cette critique j'ai pris un immense plaisir à lire ce livre puis en parler !

"Comme la plupart des gens, je me souviens d'un arbre qui a marqué mon enfance. C'était un épicéa bleu (Picea pungens) qui défiait les longs mois d'hiver de son feuillage persistant. Je revois ses aiguilles aiguisées se détacher contre la neige blanche et le ciel gris ; il était un parfait exemple du stoïcisme qui se développait en moi. L'été, je l'enlaçais, je l'escaladais et lui parlais ; j'imaginais qu'il me connaissait, et que je devenais invisible quand j'allais dessous pour observer les fourmis transporter inlassablement ses aiguilles mortes, comme des âmes damnées dans l'enfer des insectes. En grandissant, j'ai réalisé que cet arbre ne se souciait en réalité guère de moi, et on m'a appris qu'il pouvait créer sa propre nourriture à partir de l'eau et de l'air. Je savais qu'il ne percevait (au mieux) qu'un infime vibration lorsque je l'escaladais, et que les quelques branches que je lui arrachais pour mes châteaux de neige n'étaient pour lui que l'équivalent d'un seul cheveu arraché à ma tête. J'ai dormi près de lui pendant des années, à trois mètres à peine, avec la vitre de ma fenêtre pour seule séparation. "
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La petite Hope est née dans une famille taiseuse d'américains aux origines scandinaves, toute sa vie elle va chercher l'amour d'une mère qui l'a sans doute aimée mais sans jamais lui montrer. Toute sa vie, elle voudra avoir son laboratoire comme papa. Passionnée de botanique, fascinée par l'altérité des formes de vie végétale; elle va suivre un véritable parcours du combattant pour devenir une brillante scientifique et une référence de la paléobiologie. Parce qu'elle est une femme, parce qu'elle souffre de troubles bipolaires... parce qu'elle est différente. Grâce à l'amitié indéfectible de Bill son frère de coeur, à l'amour de Clint son mari. le style est unique, sans auto-appitoiement, sans préjugés, plein d'humour et de recul. J'ai adoré le parallèle mis entre la biographie de Hope Jahren et les phases de la vie des plantes, sa façon claire et précise de pointer du doigt les dysfonctionnements du mode de financement de la recherche, la précarité des brillants esprits qui tentent de consacrer leur vie à la science dans un monde de plus en plus marchand où seuls comptent le commerce et l'armement. Une véritable pépite que j'ai failli louper, merci donc aux éditions Quanto et à Babelio pour cette masse critique spéciale.
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