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3,43

sur 389 notes
Sans doute une thérapie pour l'auteur, certes un bon moment pour le lecteur, le style n'est pas toujours au rendez-vous et je m'attendais à plus de confessions sur son vécu et son ressenti face à ce lourd fardeau qu'est son histoire de famille.
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Lourd passé que celui d'Alexandre JARDIN.
Après le Roman des Jardin, ouvrage sur les moeurs quelques peu farfelues et dissolues de ses ascendants, Alexandre JARDIN crève l'abcès en publiant Des gens très bien... Et là c'est une toute autre histoire, celle d'une famille gouvernée par l'omerta, dont le seul mot d'ordre est la cécité. L'histoire c'est celle de Jean, grand-père d'Alexandre connu sous le pseudonyme du Nain Jaune. Jean fut le proche collaborateur de Laval sous le régime vichyste.
Le pilier central de ce "roman" demeure la rafle de juillet 1942 où 4000 enfants furent sauvagement assassinés, leur tort étant tout simplement celui d'être juifs !
Alors que la France a dû attendre le dernier quart du 20ième s pour enfin admettre son rôle à part entière dans la déportation des juifs, A Jardin a dû composer avec son passé, celui de petit-fils du Nain Jaune.
Cette ouvrage est poignant, il montre le malaise de notre auteur qui malgré, sa confession demeure profondément heurté par ce passé si sombre. A travers les pages, nous découvrons que bien souvent Alexandre s'est retrouvé, contre son gré, en compagnie de ceux qui furent les alliés de ce plan d'extermination ou encore ceux qui sont comme lui les descendants de ces criminels. Un passé qu'Alexandre subit, et ce à tel point que lorsqu'il retranscrit les propos d'une ex femme de SS, il ne peut s'empêcher de crier son indignation, comme si le vieil adage "qui ne dit mot consent" pourrait lui être attribué, comme si il devait justifier qu'il n'est pas de ces antisémites qui semèrent la terreur dans la France Vichyste et bien au-delà.
Enfin, ce roman légitime le choix littéraire de notre romancier. A un passé trop sombre, trop lourd, il a substitué un mode littéraire. Celui de romans légers voir parfois à l'eau-de-rose.
Une chose est sûre, plus jamais je ne lirai monsieur Jardin de la même manière.
Lien : http://www.athena1-lire.blog..
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Il y a longtemps, j'ai lu le Zèbre, Fanfan... donc, pour moi, Alexandre Jardin était une auteur léger, joyeux... Que de changements : il se révèle obnubilé, culpabilisé par les noirs secrets (qui n'en sont plus vraiment) de famille) : son grand-père était le directeur de cabinet de Laval en 42... Et son père a fait un livre a sa gloire. Trois choses m'ont marquée dans ce livre :
- le fait qu'en parallèle de ces livres et films "légers", Alexandre Jardin enquêtait sur les heures sombres de la France et de sa vie (qui savait quoi?)
- qu'il démolit le travail de son ami Pierre Assouline, biographe de Jean Jardin, le grand-père
- les réponses de la grand-mère nazie d'un de ses amis : "rien à renier puisqu'aucune culpabilité, encore aujourd'hui"...
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Ce livre écrit à la première personne, commence très fort et il s'en dégage, tout au long de la lecture, une impression pénible, désagréable, une gêne sûrement salvatrice mais difficile à accepter.

En effet, Alexandre Jardin, auteur à succès très connu, fils de Pascal Jardin (le Zubial) qui a fait carrière aussi dans la littérature, parle de son grand-père, Jean Jardin, dit le Nain jaune, qui fut le principal collaborateur de Pierre Laval, du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943, à Vichy. En tant que directeur de cabinet du Vice-président du Conseil dirigé par le Maréchal Pétain, Jean Jardin, fidèle et loyal serviteur, a livré des juifs par familles entières, sans oublier les enfants. Durant cette période pendant laquelle le Nain Jaune a travaillé au plus près du chef d'un gouvernement qui collaborait avec l'occupant, il y a une date terrible : le 16 juillet 1942, jour de la rafle du Vel' d'Hiv. Or, ce sont les policiers et les gendarmes français qui ont arrêté ces milliers de gens, faisant souvent du zèle et les envoyant à la mort. Tout au long du livre, Alexandre Jardin s'emploie à décortiquer le mécanisme de cette logique infernale et dénonce le silence qui a suivi, permettant de protéger les puissants personnages compromis durant cette période de notre histoire.
Au cours de la lecture, Alexandre Jardin explique pourquoi il a été à l'initiative de l'opération Lire et faire lire. Ainsi, nous comprenons tout l'engagement de cet écrivain pour que les enfants lisent, une action qui devrait sans cesse être mise en valeur.

Le livre se termine par une conversation imaginaire entre l'auteur et son grand-père, un soir, à Vichy. Celui-ci, persuadé de faire le bien, explique sa logique mais ses justifications, décortiquées tout au long de l'ouvrage, laissent sceptique. Alexandre Jardin, en écrivant "Des gens très bien", a voulu rétablir une vérité trop longtemps cachée, parce qu'elle dérange trop de monde et en particulier, sa propre famille. Ainsi, il a fait preuve de beaucoup de courage.
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Cette histoire m'a beaucoup intéressée. On essaie de comprendre comment des personnes ayant eu de grosses responsabilités dans la haute sphère française sous Vichy en 1942 a réussi à rester une personne "bien" pour ceux qui les entourent. Etaient-ils vraiment conscients des suites de la rafle du Vel d'Hiv? C'est ce que va chercher l'auteur du livre, chercher à savoir jusqu'où a été leur responsabilité, leur intention. Et on comprend tout ensuite. le raisonnement, la démarche est longue pour l'auteur et on comprend quel a été le cheminement logique et outrancier d'après sa famille. Et pour finir nous comprenons mieux comment des dirigeants français on pu rendre le terrain propice à cette horreur qu'a été le Vel d'Hiv.
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Beaucoup de questions, peu de réponses, dommage. On a un peu l'impression d'être dans le cabinet d'un psy. Pourtant il y aurait eu matière à un livre plus abouti, c'est vraiment dommage. Peut être une biographie serait plus documentée et moins sur le pathos.
Le passage avec la grand mère nazie est saisissant. Et la rencontre "fictive" d'Alexandre Jardin avec le nain jaune aurait méritée d'aller plus loin, d'être plus agressive ou plus profonde. On tourne toujours autour du sentiment de culpabilité de l'auteur mais pas plus que ça. C'est dommage car la palette de sentiments étant, je pense, très grande aurait pu être plus exploitée.
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Rien à voir avec l'Alexandre Jardin que l'on connaissait, écrivain de romans plutôt légers qui n'étaient pas trop ma tasse de thé. Mais en lisant la quatrième de couverture, j'ai décidé de lui laisser une chance. Et j'ai beaucoup aimé. Quel poids! J'ai lu dans certaines critiques de babelionautes qu'il s'était déchargé. Eh bien tant mieux! Même si ça n'avait servi qu'à ça, tant mieux pour lui. Si on croit à la lecture thérapeutique, on peut aussi croire à l'écriture thérapeutique.
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Carnet de bord d'un auteur en colère contre son ascendance et plus particulièrement son grand père paternel, Jean Jardin, qui était le dircab (directeur de cabinet) de Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, pendant l'occupation allemande et un des responsables de la rafle du veld'hiv. Un passé que sa famille mais aussi l'autorité française a toujours passé sous silence ou feint d'oublier et qui a rongé pendant longtemps Alexandre Jardin. Un passé et un grand père dont l'action a été magnifié et passé a la postérité par le père de l'auteur, Pascal Jardin, dans son célèbre "le nain jaune". Un roman dans lequel l'action politique de Jean Jardin est recouvert de paillettes, son antisémitisme passé sous silence et où l'homme est présenté comme un homme bon , honnête et excentrique bien loin de la triste réalité.

Alexandre Jardin découvre assez rapidement que le passé de son grand père est peu glorieux et il se plonge dans les recherches historiques pour cerner ses responsabilités politiques. Dans le même temps il publiera ses romans qui l'ont rendu célèbre (Bille en tête, le zèbre,Fanfan) et qui sont eux d'une grande légèreté, loin de ses préoccupations intérieures.

A 44 ans il décide d'écrire ce livre, un pavé dans la mare, qui fait réagir beaucoup de monde. On convoque le ban et l'arrière ban des historiens pour savoir si les propos d'Alexandre Jardin sur son grand père sont véridiques. Les uns disent que rien n'est fondé, d'autres que si son propos est approximatif il n'en reste pas moins pertinent , d'autres saluent le débat soulevé sur la collaboration et son oncle le traite de menteur. La France a toujours du mal a voir son passé en face surtout quand il est honteux. Est ce que ce livre est historiquement valable ? Peut-être, peut-être pas . Ce livre est avant tout un éclairage sur les conséquences d'un secret de famille et la manière dont on essaye de donner le change. Alexandre Jardin a choisi la prose sucrée avant de livrer ce livre polémique qui a fait couler beaucoup d'encre.

Il n'en reste pas moins que c'est un livre écrit dans un style mordant et incisif et qui apporte un autre éclairage a ses écrits antérieurs. Un livre qui m'a passionné malgré les quelques répétitions dont l'auteur nous gratifie ici et là.

Alexandre Jardin a délaissé ses habits de "gentil" en espérant qu'avec ce livre il endosse celui d'écrivain prometteur.

Ma note 9/10 pour ce livre passionnant, plein de rage et sûrement pas simpliste comme voudrait nous le faire croire certains.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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J'avais déjà lu plusieurs livres d'Alexandre Jardin, des textes très enjoués sur sa famille haute en couleurs ; Ici, l'auteur change de ton et d'esprit mais il conserve la richesse de son style littéraire.

Ce texte est empli de rage et de colère. Il veut enfin dire la vérité longtemps occultée sur son grand-père, Jean Jardin. Pourtant encensé dans les biographies de Pascal Jardin ou de Pierre Assouline, le Nain Jaune a été un haut fonctionnaire du gouvernement de Vichy et il n'a pas pu ignorer la rafle du Vel d'Hiv .

Mais Alexandre ne trouve aucune preuve écrite, qu'il suppose détruites grâce à l'influence financière de son grand-père sur les gouvernements successifs. Il soupçonne le Nain Jaune d'antisémitisme profond en se remémorant son entourage ou certaines petites réflexions.

Ce roman est un acte important pour Alexandre Jardin. Après s'être engagé dans des associations, avoir aimé une juive, avoir voulu, comme il dit « enjuiver » la France, ce livre est un acte officiel pour « refuser un testament », rejeter une lignée.

Malheureusement, je me suis sentie peu concernée par son obsédante culpabilité. Je n'y ai retrouvé que les arguments classiques de responsabilité diluée, de charisme d'un leader, de l'influence d'une idéologie ou de la conscience du bien. C'est un roman très personnel qui n'apporte pas d'éléments nouveaux sur ce chapitre de l'Histoire .

J'ai terminé ce livre en espérant que l'Auteur trouve enfin la paix pour amorcer une nouvelle vie car les enfants ne sont pas responsables des actes de leurs parents.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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N°928– Juin 2015

DES GENS TRÈS BIEN - Alexandre Jardin - Grasset.

Est-il de secret mieux gardé qu'un secret de famille, un événement, une personnalité qui resteront inconnus des descendants au seul motif que de cela, au sein de la parentèle « on en parle pas » surtout si on doit rattacher tout cela aux heures sombres de notre histoire nationale ! Dès la première phrase il n'y a pas d’ambiguïtés « Mon grand-père, Jean Jardin, dit le Nain jaune, fut, du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943, le principal collaborateur du plus collabo des hommes d’État français : Pierre ­Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain. Le matin de la rafle du Vél' d'Hiv, le 16 juillet 1942, il était donc son directeur de cabinet ; son double. Ses yeux, son flair, sa bouche, sa main. Pour ne pas dire sa conscience.» . Il y avait bien eu de la part de Pascal Jardin, le fils de Jean, une tentative d'éclaircissement et ce fut « La guerre à Neuf ans »(1971) qui fit un peu trembler son père. La publication du« Nain Jaune » (1978) donnait du même père un portrait plus édulcoré, accommodant et attachant, qui n'avait pas paru convaincant au petit-fils, Alexandre qui voit là un « tour de passe-passe insoutenable » et qui en remet une couche, pas vraiment dans le même sens. Malgré l'attachement qu'il a pour sa propre famille, Alexandre, apporte des précisions que l'auteur du « Nain Jaune » ne pouvait ignorer. Il prend peu à peu conscience de ces réalités, lui qui à quinze ans admirait aussi son grand-père sans rien connaître de son passé vichyssois. Taire de tels faits ne sert à rien sauf si ce mutisme qui ainsi perdure devient un poids trop lourd à porter. L'espèce humaine n'est pas composée que de brillants modèles et prendre le risque d'explorer son propre univers familial, de secouer l'arbre généalogique, expose à bien des désillusions. Quand il a choisi de parler de son père, Pascal Jardin dit « le Zubial », Alexandre l'a fait sur le registre du fils meurtri par la mort prématurée d'un être excentrique, solaire et dont il ne se remet pas. Pour Jean, le grand-père c'est autre chose. On n'est responsable que de soi-même et surtout pas de sa parentèle. Les frasques dont la famille Jardin fut familière, celles de sa grand-mère dite « l'Arquebuse », l'épouse de Jean, de son père et de sa mère ont été mises sur le compte d'un art de vivre plutôt marginal mais présentées par Alexandre sur le registre de la légèreté et de l'adultère. Cela il pouvait parfaitement l'accepter. En revanche, le parcours de Jean était nauséabond, homme de l'ombre et de la collaboration, celui de la rafle du Vel d'Hiv qu'il ne pouvait ignorer, et ce malgré la légende tissée par lui-même de son vivant. Cette rafle l'obsède tellement qu'il va jusqu'à mettre en garde son grand-père contre cette « fracture dans sa vie » dans une scène improbable et surréaliste. En écrivant ce livre l'auteur dit « vouloir purger son ADN », pour lui, pour ses enfants, cesser de vivre dans la cécité. Pourquoi pas après tout ? Mais est-ce bien certain puisqu'on camoufle souvent sous des motivations familiales feintes des préoccupations personnelles et on peut parfaitement imaginer que des familles qui portent un nom de « collabo » notoire souhaitent vivre normalement au nom de l'oubli et de la non-responsabilités des erreurs d'un aïeul. Personnellement, j'ai toujours combattu cette culpabilité qui veut qu'on batte sa coulpe au nom de je ne sais quelle pseudo-morale judéo-chrétienne et qu'on s'accuse de tout les malheurs, surtout quand on n'y est pour rien. Je ne perds pas de vue non plus que cette culpabilité affichée fait partie du discours convenu de tout héritier du catholicisme, même s'il n'en a pas conscience ou s'il le refuse.

Cette période de notre histoire, pas si lointaine d'ailleurs, a révélé des hommes peu scrupuleux qui, sans cela eussent connu l'anonymat. D'autre part le monde des hommes politiques, fait de tractations, de compromissions, de trahisons, des ces petits et grands arrangements avec la réalité et la vie, se conjugue assez mal avec la mémoire, se cache souvent sous la mauvaise foi, et sous la vérité « officielle », gravée dans le marbre et qu'il ne convient pas de bousculer. Non seulement Jean échappa adroitement à la purge de la Libération puisque, prudent, il avait eu soin d'expurger les archives du moindre bordereau portant sa signature, connut une carrière de financier occulte des partis politiques, droite et gauche confondues, de la IV° et de la V° Républiques mais mourut dans l'impunité en 1976, non sans avoir habillement préparé une éventuelle défense jusque dans les moindres détails. Elle ne servit cependant pas. Il ne fut pas le seul et ces « grands commis de l’État », ces Talleyrand, ces funambules qui en firent autant, eux qui eurent le talent et la chance de servir plusieurs régimes parce qu'on avait opportunément fait disparaître les archives et qu'on avait choisi de recouvrir certaines de leurs actions du voile d'un silence complice. Le livre révèle d'ailleurs des vérités connues depuis longtemps mais adroitement occultées, sur nombre d'hommes politiques célèbres et qui ont habillement survécu à cette page noire de notre histoire... et sont devenus des ministres gaullistes. Il était possible de soutenir que Jean Jardin ait été un fonctionnaire intègre et loyal au pouvoir politique, qu'il ne savait rien de la destination des trains de la mort non plus que du sort de ceux qui y étaient transportés, bref faisait partie des « gens très bien » de cette époque mais son poste de directeur de cabinet de l'omnipotent Laval ne peut soutenir cette affirmation. L'auteur conclut un peu malgré lui que, compte tenu des préoccupations quotidiennes et alimentaires d'alors, le rafle du Vel d'Hiv ait pu passer inaperçue. Il est vrai aussi que suivant l'époque, l'idée qu'on se fait du bien, même de parfaite bonne foi, est fluctuante et changeante en fonction des événements. Il note que l'entourage des gens qui ont connu cette « éminence grise » tentèrent, même longtemps après sa mort, de le dédouaner de l'antisémitisme de règle à l'époque, de présenter le nazisme comme un idéal auquel on pouvait adhérer sans avoir pour autant le sentiment du péché. En attaquant le grand-père, (« génétiquement catholique, il fut ce qu'on appelle une conscience dérangée par une morale exigeante »), qui n'était sans doute pas exempt de tout soupçon dans son passé vichyssois, et sans vouloir remettre en cause sa démarche courageuse, n'en fait-il un peu trop dans l'exploration de la boue fangeuse de sa généalogie ? C'est en tout cas courageux de faire une telle démarche forcément contestée dans son lignage. Éprouve-t-il un besoin de repentance très à la mode ou le rachat d'une part d’ombre qu'il ne pouvait garder pour lui ? Il est écrivain et, à ce titre on peut penser qu'il a trouvé là, sur le registre de « famille je vous hais » toujours payant, un thème récurrent et juteux. Il est en effet légitime d'avoir des comptes à régler avec sa propre famille, au moins le fait-il sans le masque du roman où s'agitent souvent des personnages cachés. Les mots sont son matériau et pour lui aussi l'écriture peut avoir un effet cathartique. Je ne suis pourtant pas fan des romans d'amour ni les fictions à l'eau de rose mais je ne déteste pas non plus l'authentique s'il est servi par le talent. Qu'il sorte d'un long déni familial ne me gène, au contraire ! Je suis donc prêt à suivre Alexandre Jardin sur ce terrain, lui qui portait sans doute ce passé comme un poids et le camouflait comme il le pouvait, confessant : « J'ai appris à paraître gai. A siffloter pour échapper au chagrin. Jusqu'à en écrire des romans gonflés d'optimisme ». J'ai peut-être tort mais je choisis de le créditer de la bonne foi. 

J'ai, depuis longtemps écrit dans cette chronique, le plaisir que j'ai à lire Alexandre Jardin pour sa verve, son humour, ses rodomontades, pour son talent d'écrivain. Il m'est arrivé cependant, n'ayant rien d'un thuriféraire, de mâtiner ces éloges à propos d'un de ses romans en particulier. La lecture de ce livre, même si elle m'a rendu un peu dubitatif, m'invite à découvrir une face caché de cet écrivain et sa démarche courageuse ne fera pas de moi un contempteur de plus dans la polémique qu'il a allumée. Après tout Alexandre Jardin a parfaitement le droit de changer de registre surtout si sa démarche lui permet de se libérer un peu du poids d'un passé peut-être trop lourd à porter. J'ai donc lu ce récit passionnant de bout en bout, le texte à au moins l'avantage d'être bien écrit même si le ton est forcément différent de celui des autres romans. Il m'a permis de connaître un peu mieux l’écrivain et de découvrir que toutes ces fanfaronnades cachaient en réalité quelqu'un d'angoissé par ce passé familial. Je n'ignore certes pas que c'est le propre du créateur artistique que de cacher sous des dehors différents ce qu'on ne veut pas voir ou pas avouer. Je le confesse bien volontiers que je n'avais pas saisi cela à la lecture du « Zèbre » que j'avais bien aimé, mais je lui sais quand même gré d'avoir en quelque sorte fendu l'armure et de faire acte, non de repentance(il n'y est pour rien) mais de vérité. Il tire d'ailleurs pour lui-même et pour son lecteur la leçon de ces « gens très bien », nazis, vichyssois qui se présentaient pourtant sous des dehors respectables que cachaient une réalité moins reluisante. Est-ce par hasard, par amour ou inconsciemment en réaction contre ce passé qu'il a choisi sa deuxième femme dont les origines ont quelques marques de judéité d'ailleurs contradictoires (« Les gènes d'une grand-mère dont les papiers d’identité affichaient le tampon rouge JUIF et ceux d'un père prénommé Philippe (comme Pétain) né en 1942 … à Vichy ») ? Il met aussi en garde contre l'islamisme qui actuellement mine nos sociétés occidentales, s'engage personnellement dans le monde associatif en prônant la lecture, ce qui est une autre manière de bousculer un peu les choses.

Hervé GAUTIER – Juin 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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