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sur 389 notes
Alexandre Jardin nous conte son passé, enfin celui de sa famille, un livre glaçant, poignant, et parfois agaçant.
Ce grand-père qui a été le directeur de Pierre Laval au moment de la rafle du vel -d'HIV.

Il y raconte l'histoire de sa propre famille, notamment celle de son grand-père Jean Jardin, haut fonctionnaire sous le régime de Vichy. Ce livre aborde des thèmes tels que la collaboration, la résistance et la complexité des relations familiales. C'est un récit émouvant et introspectif qui interroge le poids de l'héritage familial.

Ce livre est pour l'auteur une délivrance, mais son grand-père n'a jamais été vraiment inquiété dans ce roman, il essaie tant bien que mal de lui rendre cet honneur tout en dénonçant son déshonneur vis-à-vis de la France.
Je pense que c'est chose faite désormais.

Un témoignage à lire pour comprendre.

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Voilà, c'est fait ! J'ai enfin lu le récit-témoignage-enquête d'Alexandre Jardin sur ce fameux secret de famille que l'auteur a choisi de révéler au grand public (et à lui-même et à ses enfants par la même occasion) au grand dam d'une partie de sa famille, avec laquelle aujourd'hui il est irrémédiablement fâché !

Il s'agissait pour lui, alors âgé de 46 ans (livre publié en 2011), de démystifier la personnalité complexe, les dits et les non-dits, les actes et les non-actes de son grand-père adoré, Jean Jardin dit le Nain Jaune, qui a eu la fâcheuse idée d'être un fonctionnaire zélé du gouvernement de Vichy lors de la Seconde Guerre mondiale. En effet, d'avril 1942 au 30 octobre 1943, il fut selon son petit-fils "le principal collaborateur du plus collabo des hommes d'Etat français : Pierre Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain."

Puisque, manifestement, il ne reste aucune trace, dans les archives privées ainsi que dans les archives nationales publiques (bizarre, vous avez dit bizarre ?), Alexandre Jardin s'interroge sur quelle a pu être la responsabilité effective de son grand-père à l'occasion de la déportation des juifs et notamment lors de la rafle du Vél d'Hiv qui a eu lieu le 16 juillet 1942. Comment, en effet, en étant "son directeur de cabinet ; son double. Ses yeux, son flair, sa bouche, sa main. Pour ne pas dire : sa conscience" [NDLR de Laval] pouvait-il, à la place de donneur d'ordres qui était la sienne, ignorer et ne pas être complètement partie prenante de cette opération menée à l'encontre des hommes, femmes et enfants juifs de France ?

Il faut dire que la "légende familiale" sur Jean Jardin est à la hauteur de son parcours et particulièrement tenace. de plus, elle n'a pas manqué d'être régulièrement alimentée, dans le sens positif, par à la fois les écrits du père d'Alexandre Jardin (Pascal Jardin : La guerre à neuf ans 1971, le Nain jaune 1978) qui lui voue un vrai culte ; par les propos rapportés des "amis de la famille" (grands intellectuels du milieu littéraire ou hommes politiques divers) ; par sa biographie officielle écrite par Pierre Assouline en 1988 (Une éminence grise - Jean Jardin - 1904-1976). de plus, il faut admettre que les choses ne sont pas toujours faciles dans la famille Jardin pour connaître la réalité des choses et pour parler vrai, puisque celle-ci s'évertue à vivre, au quotidien, sa légende familiale à contre-courant de tout, à savoir penser, vivre, agir, lire, écrire, aimer autrement que la norme...

Comment, dans ces conditions, faire le tri entre ce qui fut réellement et ce que l'on donne à voir, à croire au jeune Alexandre ? Néanmoins, il a toujours senti peser sur ses épaules, dans son coeur, un poids dont il ne savait à quoi attribuer la cause. de mal-être en mal-être, de volonté de vivre selon la ligne familiale à des velléités de faire voler ses masques derrière lesquels il se cache, de pertes difficiles à assumer (son frère, son père, ses amours) dont il ne mesure pas toujours les effets, l'auteur devenu adulte et déjà romancier reconnu, choisit à un moment donné, de prendre en catimini un chemin de traverse, de ne plus suivre la ligne "Jardin" : il décide de mener ses propres recherches pour, enfin, savoir mais aussi surtout pour "réparer" quelque chose qui selon lui a besoin d'être réparé. Il sera, sur ce chemin-là, aidé par certains de ses amis et connaissances dont on verra qu'eux aussi ont eu à vivre sous le coup de certains secrets familiaux.

De ce point de vue, j'ai reconnu dans cette démarche nécessairement difficile mais cathartique, les analyses théoriques et expériences pratiques de la papesse de la psychogénéalogie, Anne-Ancelin Schützenberger. Cette science (initiée dans les années 70) tend en effet à démontrer que "les événements, les traumatismes, les secrets et les conflits vécus par les ascendants d'un individu conditionnent ses faiblesses constitutionnelles, ses troubles psychologiques, ses maladies, voire ses comportements étranges ou inexplicables" (source Wikipédia). On le voit aussi dans la pratique actuelle des constellations familiales, et avec elles l'établissement des socio-génogrammes qui tendent à mettre en exergue les phénomènes de répétition dans une famille, jusqu'au moment où l'un de ses membres prend conscience du problème, le dénonce ou l'affirme, pour tenter certes de se réparer, mais aussi pour tenter de réparer le reste de la lignée à venir.

Donc, on ne peut que saluer la démarche très courageuse d'Alexandre Jardin qui, décidant de remuer la fange dans laquelle les secrets familiaux sont englués, prend le risque assumé de devenir le mouton noir de la famille, celui par lequel le scandale arrive. Et ce, d'autant plus, que cette histoire-là est mise, à travers ce récit, sur la place publique. Quitte à prendre aussi un risque en tant qu'écrivain...

Car mettre au jour cette histoire-là, c'est aussi pour Alexandre Jardin, montrer comment des "gens très bien" sous tous rapports, comment une certaine élite française (politiques, intellectuels, bourgeoisie, etc.) ont pu sciemment (ou inconsciemment) collaborer avec l'ennemi ou pour le moins, ne rien faire pour contrecarrer leurs projets de destruction d'une partie de l'humanité.
En élargissant son propos, il souligne la responsabilité qui a été celle de la France (les politiques au pouvoir, les fonctionnaires du gouvernement de Vichy en fonction, la police nationale, les financeurs, les personnes riches et aisées qui tenaient table ouverte en recevant l'occupant, mais aussi le collaborateur lambda désireux de profiter des biens d'autrui ou de se venger d'un voisin, etc.) dans les actes odieux et criminels perpétrés à l'endroit d'une minorité.
Car, qu'on le veuille ou pas, nous portons tous, nous Français, collectivement, cette responsabilité-là !
Ce qui est aussi particulièrement odieux, c'est la façon dont certains (dont Jean Jardin) sont, après-guerre, passés entre les mailles du filet... pour continuer à mener leur vie, comme si de rien n'était.

Donc, vous l'aurez compris, j'ai été particulièrement émue par ce récit très personnel, tant sur le fond que par la forme car au-delà de l'histoire familiale de l'auteur, il concerne tout un pan de notre histoire nationale.

J'ai apprécié la façon dont l'auteur nous fait partager à la fois ses réflexions, ses démarches d'enquête et d'analyse des informations trouvées, ses questionnements sur la démarche de "mettre au jour" qu'il entreprend et sur son ressenti au fur et à mesure qu'il avance (il a du mal avec ses loyautés vis-à-vis de son grand-père et de son père), ses doutes face à la contre-information qu'on lui oppose (fait-il fausse route ? se fourvoie-t-il ?).
Le style est à l'image du romancier qu'on connaît : concis, épuré, parfois très imagé, assorti d'une dimension plus ironique (voire cynique) qu'à l'accoutumée. A travers ce choix stylistique, il me semble qu'il entend nous dire, à nous lecteurs, que même s'il n'a rien trouvé qui "prouve" (puisque manifestement du nettoyage a été fait en temps et en heure a été fait), il n'est en rien dupe de ce qui a été.

Peut-être ai-je été aussi particulièrement touchée, car moi aussi, comme lui, je me suis toujours intéressée aux récits et témoignages de rescapés de la Shoah ou de la déportation en général (lui va même au-delà en choisissant de s'intéresser de très près à la religion juive). Je n'ai jamais bien compris le pourquoi ni le comment de cet intérêt manifeste pour cette période de l'Histoire (qui a débuté alors que j'avais 13 ans après le visionnage du film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais au collège), alors même que je ne suis pas de confession juive.
Comme lui, je ne sais pas grand chose de l'histoire familiale et de ses secrets. Ce n'est sans doute pas pour rien que j'ai fait de l'écriture mon métier et que j'en suis venue, à la presque fin de ma carrière professionnelle, à devenir "biographe pour des particuliers" tant cette notion de transmission de l'histoire familiale m'était chère. M'intéressant de près à la psychogénéalogie, je me suis longtemps interrogée : et si mes ascendants (qui ont connu la guerre tant en France qu'en Italie) avaient des choses à se reprocher qu'il m'appartiendrait de mettre au jour pour réparer ?
En cela, le récit d'Alexandre Jardin a trouvé un écho sensible dans mon propre ressenti auquel, pour ma part, je n'ai pas encore osé donner une suite quelconque.

Un livre excellemment bien écrit qui transporte dans le temps, qui interroge et dont on ne ressort pas indemne tant il marque de son empreinte ce que peuvent être les conséquences douloureuses de secrets de famille sur la vie de ses membres.





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Pour ma première lecture d'Alexandre Jardin, je suis servi! Et de quelle manière!
Alexandre va détricoter une légende familiale maquillée comme une voiture volée: Celle de papy-Jean, collabo Vichyste passé entre les balles et jamais inquiété. Ahurissant!
C'est Alexandre qui va s'y coller, à déboulonner la statue de l'icône familiale Jean Jardin alias le Nain jaune... Et l'entreprise n'est pas aisée, loin s'en faut!
Le livre est passionnant et captive le lecteur parfois figé d'horreur: Comment un groupe de collabos assumés, persuadé pour certains d'agir au mieux des intérêts supérieurs et supposés de la nation ont pu ordonner ces infamies contre les Juifs dont le point d'orgue fut cette rafle du Vél d'Hiv?
L'enfer est, dit-on, pavé de bonnes intention? hum... Il est plutôt occulté par une cécité de confort et de circonstance, genre: "Si nous ne livrons pas les juifs, ce sera pire avec les nazis"... Ou: On ne pouvait pas savoir ce qu'on faisait des juifs raflés remis aux allemands". Et cela, on le comprend et le ressent, ne peut satisfaire ce petit-fils qui aimait et admirait le Nain Jaune!
Papy n'a pas fait de la résistance!
Pour Alexandre jardin, c'est douloureux mais de plus en plus limpide, et il devra l'écrire. Fini les histoires gentilles et bluettes, et en route pour la (sale) histoire.
Le collabo jean Jardin est mort dans son lit, jamais inquiété... Et c'est son petit-fils qui va essayer de réparer et laver l'honneur en dénonçant le déshonneur.
C'est admirable et cela ne vole pas ses cinq étoiles.
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Alexandre Jardin reviens avec un roman explorant à nouveau ses racines familiales. Après nous avoir fait hurler de rire en décrivant sa tribu de frappadingues dans « le roman des Jardin », il se tourne aujourd'hui vers son grand-père, chef de cabinet de Pierre Laval, vichyste de triste mémoire.

On entre dans ce roman comme on entame une soirée avec un ami, quand on va chercher la bouteille d'eau-de-vie et deux petits godets, et qu'on sait que la nuit sera longue parce qu'on va se livrer sans fard et partager un fardeau pour le rendre plus facile à porter.

Alexandre Jardin nous confie les difficultés de vivre une ascendance aussi lourde que celle d'un architecte de la déportation du Vel'd'Hiv' en 1942, dans une arène familiale où chacun masque de fantaisies une réalité insoutenable.
Alexandre Jardin raconte son odyssée intime depuis l'âge de dix-sept ans, où il a commencé à comprendre ce que signifiaient les responsabilités glaçantes de son grand-père, tues par sa famille – avant de s'interroger sur les chemins qui conduisent quelqu'un de bien à participer à l'horreur ; et à l'assumer sans jamais se renier.
Derrière le rire d'Alexandre, il y avait donc ce secret terrible, étrangement exhibé par son père Pascal pour qu'il ne soit pas vu. Ce voyage chez ces gens très bien passe par des souvenirs, des saynètes difficiles : c'est une confession grave.
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Alexandre Jardin, avec sa plume légère et concise nous dévoile un secret de famille, bien gardé et tu depuis des décennies. Dans de nombreuses familles, célèbres ou non, il y a des non-dits. Certains ne sont que des anecdotes sans aucune conséquences. D'autres sont de véritables draps mortuaires qui masquent des réalités tragiques. Alexandre a beaucoup travaillé pour écrire ce roman-récit. Il a fait d'importantes recherches bibliographiques et historiques. Il s'est plongé dans les archives familiales, a fréquenté les services d'archives conservant des documents des ministères et autres. Petit à petit il a regroupé les enquêtes, les témoignages et les documents retraçant la carrière de son grand-père adoré par tous, dit "le nain jaune". Ce dernier a été directeur du cabinet de Pierre Laval. Il a donc découvert que son grand-père avait joué un rôle très important lors de la tragique Rafle du Vél d'hiv , des 16 et 17 juillet 1942. Son grand-père, titulaire d'un poste à responsabilité n'a rien fait pour empêcher ces arrestations massives de juifs.
Le temps a passé . le secret familial a bien été enseveli sous le drap. Mais Alexandre n'a pu garder pour lui cette odieuse blessure Il a tuer le père, le grand-père Il a crevé l'abcès. Il veut être en paix. Mais il sait que la blessure ne se refermera jamais. Tout au plus elle sera atténuée. dans ce roman, Alexandre se libère d'un énorme poids et révèle dons la réalité que son père, ses oncles ont passé sous silence. Un joli message. Il lève le voile sur cette tâche qui pèse sur sa famille. Cependant les enfants, les petits-enfants , à plus forte raison , ne sont pas responsables des actes incivils commis par leurs ancêtres. Il fait preuve d'humilité et de sagesse. merci beaucoup, Alexandre.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un livre surprenant lorsqu on a lu cet auteur à plusieurs reprises ! On s attend à une histoire légère comme à chaque fois et on découvre un récit sur sa famille et la difficulté de l auteur à composer avec un passé difficile à accepter. Très bien écrit . Je recommande cet ouvrage !
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Sans doute une thérapie pour l'auteur, certes un bon moment pour le lecteur, le style n'est pas toujours au rendez-vous et je m'attendais à plus de confessions sur son vécu et son ressenti face à ce lourd fardeau qu'est son histoire de famille.
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Au jeu de la vérité, Alexandre Jardin s'attaque à la face obscure de son histoire familiale. Un grand-père, franchement collaborateur des nazis, un père à la fois absent et écrivain auréolé de gloire. Dans cet exercice d'autocritique, il ne s'épargne pas et n'hésite pas à lever le voile sur sa propre lâcheté ou à interroger ses valeurs d'homme.
Si certains passages peuvent souffrir d'une certaine faiblesse, la démarche globale mérite l'admiration.
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Comment l'auteur découvre et dénonce les agissements de son grand-père pendant la seconde guerre mondiale. Comment se reconstruire en sachant que sa famille savait et n'a rien fait pour dénoncer la déportation.
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