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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans ce court roman, Raphaël Jerusalmy évoque les 24 heures qui ont précédé la blessure par un éclat d'obus de Guillaume Apollinaire.

Nous sommes le 17 mars 1916 dans une tranchée du Bois des buttes, le sous-lieutenant Kostrowizky, alias Cointreau-Whisky noircit des pages avec de la suie diluée, faute d'encre, tandis que ses camarades Dontacte, le Père Ubu, Trouillebleu ou Jojo la fanfare peinent à trouver quelques mots pour remplir une demie feuille. le zeppelin de 16 h 15 est toujours aussi ponctuel.
Attablés bien loin de là, Picasso et Jean Cocteau commentent ces lettres sur une terrasse ensoleillée autour d'un verre de vin.

J'ai aimé ce roman, l'écriture de l'auteur est agréable et précise, mais je le referme en me posant bien des questions, notamment sur la convalescence et la reconstruction de Guillaume Apollinaire. J'ai dû me diriger vers wikipedia pour en savoir plus.
Ça reste cependant une lecture très intéressante.
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Sous ce titre reprenant un vers de Guillaume Apollinaire, Raphaël Jerusalmy nous invite à vivre, à rebours, les heures qui précédèrent la blessure du lieutenant Wilhelm de Kostrowitzky le 17 mars 1916 dans une tranchée du bois des Buttes, secteur situé entre Picardie et Champagne.
On vit ainsi au rythme de la section de cet officier qui, artilleur au début de la guerre, a sollicité une affectation dans l'infanterie, se trouvant ainsi en première ligne.
Autour de celui que l'on surnomme Cointreau-Whisky, se mêlent les voix du caporal Dontacte, notaire, du père Ubu, fort de la halle aux poissons de Marseille, de Trouillebleu et de Jojo la Fanfare, jeune bleuet de la classe 1916.
Heure par heure, on partage la vie de ces hommes, et surtout les réflexions et les pensées dans lesquelles se perd Apollinaire.
C'est ainsi qu'il nous permet de partager la naissance d'un poème au tréfonds de ses pensées, d'un vers qui se met à danser et à se lier avec d'autres mots jusqu'à sourdre comme une fontaine.
Puis c'est l'impact, auquel Kostro survivra. La mort l'attend pour le faucher deux années plus tard, deux jours avant l'armistice de 1918 où c'est la grippe espagnole qui l'emportera, à 38 ans.
Ce court récit nous permet de mieux comprendre cette période de la vie du poète tout en nous expliquant le sens de ce qu'il écrivit dans les tranchées.
Un voyage à faire en compagnie de cet aventurier de l'art moderne.
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« Que la guerre est jolie » a écrit Apollinaire, ce qui ne manque pas de surprendre ses admirateurs. Jerusalmy tente de comprendre, entre dans la tête du poète et multiplie les hypothèses - la multiplication signalant surtout l'absence d'approfondissement. J'aime bien celle qui souligne la coïncidence des gueules cassées, le poète admirant la guerre par amour du cubisme.
C'est sympathique et appliqué, genre ah ben je vais dire que ses soldats l'ont surnommé Cointreau-whisky, lui qui est l'auteur d' « Alcools », comme je suis taquin et subtil.
Hautement recommandable pour les élèves qui auraient Apollinaire au programme.
Dispensable pour tous les autres.
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Quel plus beau sujet aurait pu trouver Raphaël Jerusalmy, écrivain et ancien militaire, en Apollinaire, poète qui a choisi de faire cette drôle de guerre, et de compter à rebours les heures de tranchée avant LA blessure, l'impact droit sur la tempe du poète.
Jerusalmy écrit comme Apo rime. Phrases courtes, épurées. Rudesse du militaire et délicatesse du poète ; pragmatisme et lyrisme ; point de paradoxe.
Un jour gris dans une librairie au bord de mer, lors d'une rencontre auteur/lecteurs à laquelle j'ai eu la chance d'assister, Jerusalmy nous a expliqué ce paradoxe, qui n'en est pas un, et puis aussi sa façon de peler ses phrases comme une banane jusqu'à en découvrir la chair ou comme le burin du graveur qui extrait le métal de la plaque jusqu'à en révéler l'essentiel (Jerusalmy vient d'une famille de graveurs). L'homme est massif, l'air d'un baroudeur pas commode, ses grandes mains s'agitent, et alors il sourit, parle beaucoup, se révèle sympathique , facétieux, extrêmement lettré et instruit (lui, l'ancien militaire ?! Quels préjugés !), on en redemande. Je regarde la photo de couverture, il en ressort une certaine ressemblance entre ces deux-là : une forte tête avec à l'intérieur une âme délicate.
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La Feuille Volante n° 1099
LES OBUS JOUAIENT A PIGEON VOLERaphaël Jerusalmy - Édition Bruno Doucey.

Étonnant ce sous-lieutenant étranger, citoyen russe par sa naissance, engagé volontaire dans l'armée française au tout début de la guerre en demandant sa nationalité qui n'interviendra que lorsqu'il sera au feu, sous l'uniforme. Cet engagement il l'aurait contracté par amour de la France ou peut-être pour impressionner Lou, une demi-mondaine dont il est amoureux. Son nom imprononçable l'a fait baptisé Kostro qui est le raccourci de son vrai patronyme mais, dans la tranchée on le connaît sous le pseudonyme évocateur de Cointeau-Whisky. Il tranche en effet un peu sur les autres, lui qui, incorporé dans l'artillerie a demandé à combattre dans l'infanterie où l'espérance de vie des officiers subalternes est des plus courtes. Recherche de la gloire ou de la mort, prestige de l'uniforme, aura du combattant, besoin d'être différent des autres artistes... Allez savoir ! Que peut-on lire dans la sourire énigmatique de Guillaume Apollinaire ? La mort il la trouvera, mais pas dans la tranchée où pourtant il recevra un éclat d'obus dans la tête. Son « étoile de sang » l'arrachera à l'enfer des combats, le conduira à la trépanation mais c'est de la grippe espagnole qui fit plus de morts que cette guerre sanglante qui aura raison de sa vie, il avait trente huit ans ! Quand ses camarades peinent parfois à écrire à leur famille, lui inonde le vaguemestre de lettres à des femmes, à Lou, mais aussi à Madeleine Pagès rencontrée par hasard, de poèmes écrits pour elles, de textes à ses amis partis à l'étranger ou restés à l'arrière, pour la préface d'un ballet de Diaghilev...  Ça doit affoler les gars de la censure une telle boulimie d'écriture. C'est qu'il est poète, connu déjà sous le nom de Guillaume Apollinaire, précurseur de la poésie moderne, quelqu'un dont l'armée devrait se méfier, un marginal qui manie si bien les mots quand les messages militaires en sont si économes, pratiquent les codes et le secret. Un poète ça a horreur de la routine, des règlements, de l'autorité, ça ne demande pas à tenir un fusil et pourtant Kostro est là, parmi les hommes de sa section qui ont peur face à cette guerre qui fauche les espoirs et les rêves, face aux obus qui volent et brisent leurs vies et leurs envies des femmes. Guillaume, lui, tresse les mots dans sa tête, des mots qui n'auront peut-être pas le temps d'être écrits, des mots qui, bizarrement célèbrent la beauté de son quotidien guerrier, des mots qui disent sa liberté toute neuve, cette liberté d'écrire différemment, cette faculté d'emmener avec lui la poésie dans la bataille ! Ils sont loin le pont Mirabeau et la Seine et les hommes ici ont parfois la tête éclatée des tableaux de Picasso. Pour l'ennemi en face, c'est pareil, la même trouille, la même boue, la même merde, la même vermine, la même folie, celle d'être vivant à l'instant et un cadavre percé de balles juste après parce que la mort rôde et que les généraux jouent avec eux comme des enfants avec leurs soldats de plomb.
Bizarre aussi le titre de ce livre qui s'inspire d' un vers d' Apollinaire et qui le met en scène les dernières vingt quatre heures avant sa blessure à la tête, lui que ses camarades aiment bien, même s'ils ne comprendraient pas forcement les poèmes qu'il a écrits pour rien ni pour personne. Ce ne sont que des mots de hasard comme ceux qu'il a griffonnés sur le Mercure qui porte aussi quelques gouttes de son sang.

© Hervé GAUTIER – Décembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Quelles sont les motivations qui poussent Apollinaire à s'engager?
Quelle est la part de romance, de vérité?
Quels sont les vers empruntés au poète? Ne serait-ce pas mieux de lire directement les vers d'Apollinaire a écrit dans son séjour aux tranchées?

Cette histoire poétique et un peu édulcorée des dernières heures d'Apollinaire me laisse une impression mitigée.

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Petit livre inattendu sur les dernières heures au front du poète Guillaume Appolinaire en mars 1916. Engagé volontaire, le sous-lieutenant Guillaume de Klostrowitzky, dit Cointreau-whisky, s'est vite habitué à la promiscuité des tranchées, aux échanges avec les soldats de sa section, avec la logique (ou l'absence de logique) militaire, aux ordres donnés par « Moncapitaine » et aux tirs sporadiques avec les lignes allemandes. de part et d'autre, les hommes attendent le prochain assaut. Certains finissent par lever des linges tachés faisant office de drapeaux blancs, initiatives immédiatement sanctionnées par la hiérarchie.
Quelque part la guerre satisfait Apollinaire et il en tire quelques poèmes et calligrammes, comme il l'écrit à une amie : « … c'est épatant d'être militaire et je crois que c'est le vrai métier pour un poète ».
Cette réinterprétation du temps de guerre du poète s'accompagne d'extraits de ses oeuvres en tête de chaque chapitre. La forme en elle-même est un hommage à ses écrits. le récit se partage entre ce qu'étaient les tranchées et ce que pouvait en penser un intellectuel éloigné de ses amis de Saint-Germain des prés.
Cet ouvrage donne envie de revisiter l'oeuvre du poète, tout en rappelant l'absurdité de cette guerre.
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Ce livre, nous plonge dans les vingt quatre heures qui précède l'impact qui blessera Apollinaire en 1916. On y découvre les camarades de combat du poète, leurs habitudes, leur vie dans les tranchées. La mélancolie du passé se lie avec la morosité du présent et l'espoir du futur.
L'ouvrage est assez court et se lit donc rapidement. Chaque chapitre s'ouvre sur un vers ou un poème d'Apollinaire ce qui donne toute son originalité à l'ouvrage. Néanmoins, l'écriture saccadée de l'auteur me donne l'impression d'être oppressée et me dérange mais elle permet, d'un autre coté de saisir l'ambiance qui régnait sur le champ de bataille à ce moment-là.
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Le titre est une citation de Guillaume Apollinaire. Celui-ci s'est engagé pour faire la guerre à l'étonnement de tous, "un artiste qui demande à tenir un fusil!
Il y est le 16 mars 1916. Impact - 24 h.
Dans la tranchée, Père Ubu, Dontacte, Trouillebleu, Jojo la fanfare et le sous-lieutenant Cointreau-Whisky attendent en première ligne l'ordre d'attaquer et guettent les mouvements allemands, qui font de même en face.
Raphaël Jérusalmy évoque "la drôle de guerre" avec un style caustique mais on sent de la tendresse pour ses personnages.
Heure par heure, il nous fait vivre un compte à rebours présageant le pire. Chaque mini chapitre est précédé d'un extrait de poèmes d'Apollinaire et de quelques autres.
le tout, 177 pages, se lit très facilement, agréablement, et diffère de tout ce que l'on connaît sur la guerre 14/18, sans doute grâce au personnage de Guillaume Apollinaire.
Une occasion pour les curieux(ses) de retourner à la poésie et à la vie de Guillaume Apollinaire.
Une occasion de relire le très sérieux recueil de lettres et témoignages des français " les poilus" de Jean-Pierre Guéno.
Une occasion d'aller voir les titres parus aux Editions Bruno Doucey dans la collection "Sur le fil".
Merci à Babelio et aux Editions Bruno Doucey pour tout cela.


Lien : http://www.chantal.lefin@wan..
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Raphaël Jerusalmy est un écrivain français, né à Paris. Il fera partie des services secrets israéliens. Après avoir pris sa retraite de l'armée, il deviendra négociant en livres anciens à Tel Aviv. "Les obus jouaient à pigeon vole" est son quatrième roman paru en 2016.
Ce livre raconte les deux derniers jours de Gui de Kostrowitsky, plus connu sous le nom d'Appolinaire. Alors qu'il était dans une tranchée de première ligne, au lieu-dit le Bois des Buttes, pendant la Première Guerre Mondiale, il a été touché par un éclat d'obus à la tête, le 17 mars 1916 pendant qu'il lisait "le Mercure de France". Il sera trépané le 10 mai 1916 et affaibli par cette blessure, il mourra le 9 novembre 1918 (deux jours avant l'Armistice) de la grippe espagnole à 38 ans.
Ce roman se présente comme un compte à rebours de cet impact.
Les phrases sont courtes et le rythme est assez rapide. Chaque chapitre est introduit par un poème ou un extrait de livre.
J'ai bien aimé découvrir ce poète que l'on n'apprécie peut-être pas à sa juste valeur quand on doit l'apprendre au lycée.


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