Les dernières heures d'Appolinaire avant qu'il ne soit touché par un eclat d'obus.
Le roman est construit en tranches horaires, l'impact se rapprochant ineluctablement.
Les differentes parties sont ouvertes par un calligramme, quelques vers ou echanges de lettres d'Appolinaire.
Le recit sonne juste,
Vodka Cointreau, le surnom d'Appolinaire, est parmi ses hommes, gagné par le même froid, la même faim, le même sentiment d'impuissance. Ils partagent la boue, mais lui est poète et il doit raconter.
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Raphaël Jerusalmy est un écrivain français, né à Paris. Il fera partie des services secrets israéliens. Après avoir pris sa retraite de l'armée, il deviendra négociant en livres anciens à Tel Aviv. "Les obus jouaient à pigeon vole" est son quatrième roman paru en 2016.
Ce livre raconte les deux derniers jours de Gui de Kostrowitsky, plus connu sous le nom d'Appolinaire. Alors qu'il était dans une tranchée de première ligne, au lieu-dit le Bois des Buttes, pendant la Première Guerre Mondiale, il a été touché par un éclat d'obus à la tête, le 17 mars 1916 pendant qu'il lisait "le Mercure de France". Il sera trépané le 10 mai 1916 et affaibli par cette blessure, il mourra le 9 novembre 1918 (deux jours avant l'Armistice) de la grippe espagnole à 38 ans.
Ce roman se présente comme un compte à rebours de cet impact.
Les phrases sont courtes et le rythme est assez rapide. Chaque chapitre est introduit par un poème ou un extrait de livre.
J'ai bien aimé découvrir ce poète que l'on n'apprécie peut-être pas à sa juste valeur quand on doit l'apprendre au lycée.
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Quel plus beau sujet aurait pu trouver Raphaël Jerusalmy, écrivain et ancien militaire, en Apollinaire, poète qui a choisi de faire cette drôle de guerre, et de compter à rebours les heures de tranchée avant LA blessure, l'impact droit sur la tempe du poète.
Jerusalmy écrit comme Apo rime. Phrases courtes, épurées. Rudesse du militaire et délicatesse du poète ; pragmatisme et lyrisme ; point de paradoxe.
Un jour gris dans une librairie au bord de mer, lors d'une rencontre auteur/lecteurs à laquelle j'ai eu la chance d'assister, Jerusalmy nous a expliqué ce paradoxe, qui n'en est pas un, et puis aussi sa façon de peler ses phrases comme une banane jusqu'à en découvrir la chair ou comme le burin du graveur qui extrait le métal de la plaque jusqu'à en révéler l'essentiel (Jerusalmy vient d'une famille de graveurs). L'homme est massif, l'air d'un baroudeur pas commode, ses grandes mains s'agitent, et alors il sourit, parle beaucoup, se révèle sympathique , facétieux, extrêmement lettré et instruit (lui, l'ancien militaire ?! Quels préjugés !), on en redemande. Je regarde la photo de couverture, il en ressort une certaine ressemblance entre ces deux-là : une forte tête avec à l'intérieur une âme délicate.
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Attirée par la photo d'Apollinaire, avec son bandage autour de la tête, j'ai aussitôt saisi le livre, dont je ne connaissais l'auteur que de nom.
Tout ce qui se rapporte à mon poète préféré me passionne, et j'ai beaucoup apprécié cette lecture. L'auteur imagine , dans ce court roman, les derniers moments, en fait les deux derniers jours d'Apollinaire sur le front, durant la première guerre mondiale, avant qu'il soit atteint par un éclat d'obus. C'est-à-dire le 16 et le 17 mars 1916.On sait qu'il a été ensuite trépané, et qu'affaibli par cette terrible blessure à la tempe, il succombera à la grippe espagnole , en 1918.
L'auteur a choisi d'adopter un rythme rapide, les phrases sont courtes, souvent nominales et cela s'harmonise bien avec le découpage des chapitres, brefs aussi, qui se présentent comme un compte à rebours jusqu'à l'instant fatal, ponctués par des citations de vers du poète.
Le style m'a plu, mots lapidaires et saisissants de réalisme et de lyrisme à la fois. Les compagnons de guerre sont décrits avec tendresse, l'atmosphère d'ennui et de peur bien rendue. Cointreau-whisky - surnom du poète- est rêvé par l'auteur, certes, c'est sa vision, mais je trouve qu'elle s'approche de la réalité, d'ailleurs la bibliographie citée à la fin montre qu'il s'est beaucoup documenté sur cette période de la vie d'Apollinaire.
On imagine bien le poète, en train d'écrire fébrilement des lettres, du fond de sa tranchée, porté par sa passion des mots, de la vie, et c'est d'ailleurs au moment où il griffonne quelques vers sur la revue " le Mercure de France" qu'il sera blessé ...
" Hommes de l'avenir, souvenez-vous de moi", écrivait-il . Oui, cher Guillaume, nous te gardons précieusement dans notre coeur...
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Je suis un admirateur inconditionnel de Guillaume Apollinaire, dont la poésie parvient toujours à me ravir. C'est la raison pour laquelle j'ai acheté sans hésitation ce petit roman dont, pourtant, je n'avais jamais entendu parler.
Le poète Guillaume Apollinaire a été gravement blessé, le 17 Mars 1916, alors que son unité était en première ligne face aux soldats allemands. « Les obus jouaient à pigeon vole » évoque juste les vingt-quatre heures qui ont précédé cette blessure. On y découvre les réalités de la vie dans les tranchées, avec plusieurs personnages bien campés, surnommés Ubu, Moncapitaine, Trouillebleu, etc... On notera aussi que le poète, devenu soldat, avait abandonné tout anticonformisme: il marchait à fond dans le patriotisme ambiant. Cependant, le génie poétique d'Apollinaire n'était pas éteint pour autant: dans ce livre, on trouve quelques jolis passages sur sa création littéraire, au milieu des balles. Et pour ma part, j'aurais même apprécié que cet aspect soit bien plus développé...
Ce roman, très court, mérite notre attention; son écriture est intéressante. Mais j'ai trouvé que le procédé de découpage - heure par heure - était un peu rigide.
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