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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Festival de Salzbourg (Salzburger Festspiele) a été créé en 1918. Il s'agissait d'offrir un emploi d'été aux artistes de l'Opéra dans une Autriche affaiblie et appauvrie par la guerre. L'Autriche et Salzbourg en particulier qui deviennent après l'arrivée au pouvoir des nazis, le refuge d'artistes qui ne peuvent ou ne veulent plus apparaître en Allemagne, tels les musiciens juifs ou antifascistes. Mais les choses changent en 1938 quand l'Autriche est annexée à l'Allemagne...

Durant l'été 1939, Otto J. Steiner, un critique musical juif autrichien, se morfond dans un sanatorium de Salzbourg. La maladie tuberculeuse le ronge et la musique de ce monde désormais mené par les nazis le dégoûte au plus haut point. C'est pourquoi dans un baroud d'honneur, avant une fin qui semble maintenant si proche, il se met en tête de sauver Mozart ; au festival de Salzbourg de 1940, sensé glorifier le pouvoir d'Hitler, il fomente ce qui s'apparente à un attentat musical, franchement burlesque.

Un roman parfait. Pétillant d'intelligence et d'humour subversif Raphaël Jerusalmy dénonce, ce qui à mon sens est trop souvent occulté au profit d'autres considérations pour expliquer les exactions d'Hitler et de ses acolytes, l'inculture et la bêtise nazies.
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Sauver Mozart est un récit très fort, qui marque nos consciences et nous interroge sur la résistance de l'homme face à la barbarie,
J'ai choisi de lire ce livre sans connaissance de son contenu, simplement en lisant son titre qui m'a touché car j'aime infiniment la musique de Mozart et particulièrement son concerto pour piano numéro 23.
Ce récit nous plonge dans le début de la seconde guerre mondiale, en Autriche, à Salzbourg, au coeur même de ce festival qui a fait sa réputation.
Un homme, un critique musical se meurt peu à peu dans un sanatorium, la seule chose qui l'aide à survivre, c'est la musique, la musique de Mozart et l'écriture d'un journal qu'il destine à son fils qui vit en Israël.
Car, Otton Steiner, est juif mais comme tant d'autres, il ne sait pas ce qu'il est vraiment.
"Je n'ai jamais suivi aucun mouvement. C'est cela que m'a légué mon père, bien malgré lui, la non-appartenance. Je ne suis ni juif, ni non-juif."
Ce qui l'aide à vivre ses derniers mois, c'est de pouvoir se rendre au festival de Salzbourg et par un astucieux pied de nez à des hommes incultes, il réussit à faire jouer à un musicien un air de musique yiddish en le faisant passer pour du Mozart.
Sa manière très émouvante de résister.
Un petit livre, je le disais qui marque, retient notre esprit.
Je laisse le dernier mot à Raphaël Jerusalmy.

"Le Talmud dit que celui qui sauve une âme, c'est comme s'il avait sauvé le monde"
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"Sauver Mozart"est un petit livre d'une grande humanité. Alors que la seconde guerre mondiale se met en marche,Otto Steiner vit ses derniers mois dans un sanatorium de Salzbourg.La tuberculose fait son oeuvre et notre personnage semble rechercher un moyen de quitter ce monde dans lequel il n'a plus sa place .
Est-il juif?lui même ne le sait pas vraiment,son père ayant toujours tenu la religion loin de ses pensées,mais,le nazisme se fait pressant...
Au sanatorium,il tient un journal et révèle bien des choses qui pourraient lui valoir de sérieux ennuis.Ce journal,il nous le livre.Le ton y est léger ou grave,sérieux ou insouciant,drôle ou désespéré,mais d'une profondeur exceptionnelle.
Et c'est là qu'il va nous présenter son ultime projet,son ultime combat,son ultime victoire sur l'ignorance et la barbarie:assister au Festspiele et y sauver Mozart au nez et à la barbe d'Hitler et de ses soldats,Sauver Mozart,c'est sans doute sauver bien plus,faire un pied de nez aux soi-disant représentants d'une" race"qui se voulait supérieure.
Ce petit livre est extraordinaire.Les mots y sont parsemés avec une force et une puissance remarquables,au service d'une réflexion profonde sur la pire face de la nature humaine.
Je ne l'ai pas choisi,mon libraire me l'a offert car j'avais acheté deux ouvrages de la même collection.J'ai adoré. Heureux hasard ou compétence ?Je penche sans hésiter sur la seconde option.Merci,N.......Quel bonheur que d'avoir un si bon libraire et conseiller.!!!
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Même reclus dans un sanatorium de Salzbourg, Otto Steiner, « autrichien de confession phtisique » et critique musical, veut sauver Mozart ! Oui, Mozart, rien de moins ! En effet, au « Festspiele » annuel de l'été 1940, à cause des nazis en place, Mozart va se retrouver calé entre des grosses productions, lui, si « fluide », si « léger » au risque d'être complètement écrasé. Et l'exécution de ses oeuvres elles-mêmes sera de toute façon « massacrée », « exécutée » au sens premier du terme. Que peut-on attendre en effet de musiciens de l'armée et d'un public composé essentiellement de militaires, « uniformes de parade trop amidonnés », de « SS qui se pavanent au balcon » et aussi de « bourgeois en frac, de jeunes aristocrates vêtus à la Gatsby avec leurs poupoules, de vieilles comtesses qui ronflent, de maîtres d'académie à bésicles, et de toute cette racaille austro-hongroise qui, bien que huppée à outrance, sent encore la Forêt-Noire » ?

Otto Steiner va donc se charger de sauver Mozart...et aussi de faire une méchante petite farce à tous ces nazis, coup de théâtre et clou du roman ! Difficile, pourtant, quand on doit se battre soi-même avec la maladie, avec la nourriture peu ragoûtante et de plus en plus rare, avec la promiscuité honteuse et puante. La tranquillité d'esprit, la jouissance musicale, le repos, la liberté d'expression, ne sont plus que rêves et regrets.

A coup de petites phrases lucides et assassines, notre narrateur Otto livre ses pensées intimes dans son journal. C'est marrant, c'est insolent, c'est intelligent, c'est brillant, c'est pétillant.
Combien de fois ai-je opiné ! Combien de fois ai-je souri, et même ri ! Oui, j'ai adhéré totalement à la manière de penser d'Otto, je me suis amusée, et c'est le comble puisque nous entrons avec ce roman dans la période noire du nazisme...

Sauver Mozart ? Raphaël Jerusalmy y est arrivé, et si vous le lisez, vous aussi serez sauvés de l'ennui, de la déprime, de la bêtise.
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Une petite pépite que je n'aurais jamais lue si elle ne m'avait été offerte pour l'achat de deux livres de la collection Babel. Je suis mélomane mais pas musicienne alors un livre qui veut sauver Mozart oui certes pourquoi pas ? Allons voir un peu de quoi il retourne...

Il s'agit du journal d'Otto J. Steiner, autrichien, journaliste passionné de musique, juif et tuberculeux vivant dans un sanatorium de Salzbourg. Ça fait beaucoup pour un seul homme surtout lorsqu'on est en 1939.
Au fil des pages et de l'année écoulée (juillet 1939 – août 1940), Otto dont la famille n'était guère pratiquante et qui ne se sent pas particulièrement juif, prend conscience de faire partie de quelque chose de beaucoup plus grand que lui. Il comprend que chaque juif est en danger de mort, il pense à tous les gens qu'il a connu et qui sont censés avoir quitté l'Autriche, ont-il réussi à échapper à l'implacable où se sont-ils retrouvés dans un convoi spécial ? Il se souvient des rituels juifs auxquels il a parfois assisté sans y prêter attention. Et quelle est cette étrange petite chanson que fredonne sans cesse son voisin de lit ? Ainsi, tout en finesse grâce à l'écriture parfaite de Raphaël Jerusalmy, l'héritage identitaire d'Otto refait lentement surface.
Parallèlement, Otto aide son ami Hans à rédiger les textes et choisir les morceaux de l'annuel "Festspiele" de Salzbourg. Son plus grand combat, hormis la tuberculose, c'est la musique, la brutalité et l'absence de finesse des nazis en matière d'art est une véritable torture pour lui. Otto est une force de la nature, Otto a du caractère, Otto est un résistant. Comment peut-on devenir un résistant lorsqu'on est un phtisique coincé dans un sanatorium autrichien ? Apparemment c'est impossible, et pourtant Otto part en croisade, une croisade contre la grossièreté nazie, une croisade certes un peu décalée quand on pense à l'ampleur de la tragédie méthodiquement exécutée par les nazis mais une belle, une magnifique croisade. Alors Otto qui dit de lui-même "Je n'ai jamais suivi aucun mouvement. C'est cela que m'a légué mon père, bien malgré lui, la non-appartenance. Je ne suis ni juif, ni non juif. Un peu par sa faute.", pourra-t-il sauver Mozart et réussir ainsi un acte de résistance autant qu'un acte d'appartenance ?

Belle surprise, ce petit roman de 150 pages est un concentré de fantaisie et d'humour grinçant, dénonçant l'horreur nazie sous un angle complètement original et vraiment très agréable à lire.
Riche idée donc que ce cadeau fait aux lecteurs car il permet de découvrir des auteurs qu'on n'aurait peut-être pas approchés sans cela et dans le cas présent cela aurait été fort dommage. Je compte bien d'ailleurs découvrir d'autres oeuvres de Raphaël Jerusalmy que j'ai trouvé vraiment excellent.
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Un ouvrage romanesque d'une forme très subtile. le journal personnel et secret tenu par un homme dans la dernière année de sa vie, avant que la maladie incurable dont il souffre ne l'emporte. Des phrases brèves ajustées au manque de souffle. Certains jours, juste quelques mots lâchés, sans verbe, lors des courtes pauses consenties par la douleur, la fatigue et la difficulté à respirer.

Le journal d'Otto J. Steiner n'est pas autobiographique. L'auteur, Raphaël Jerusalmy, se porte bien, du moins je lui souhaite. Né en France, normalien, il est aujourd'hui établi à Tel Aviv après avoir fait carrière dans les services de renseignement de Tsahal. Sauver Mozart, son premier roman publié en 2012, est le journal d'un personnage fictif dans un contexte historique.

Salzbourg, juillet 1939. le Festspiele, le fameux festival d'opéra, de théâtre et de musique classique, bat son plein avant d'être écourté. Une décision soudaine venue d'en haut. Personne ne se hasarde à protester : depuis un peu plus d'un an, l'Autriche est annexée à l'Allemagne nazie. Personne ne se manifeste non plus quelques mois plus tard, quand les autorités nazies proclament leur volonté de faire du Festspiele de 1940 une démonstration éclatante du rayonnement culturel du Reich.

Les Nazis au pouvoir ont imposé leurs lois antijuives, accueillies avec enthousiasme par une partie de la population. On ne voit quasiment plus de Juifs à Salzbourg, ni ailleurs en Autriche. Ceux qui n'ont pas quitté à temps le pays ont été persécutés, spoliés, déportés. Quelques-uns survivent ; en dissimulant leur judaïsme.

C'est le cas d'Otto Steiner. Au fond de lui, il sait bien qu'il est juif, mais il préfère se convaincre qu'il ne l'est pas. Ou presque pas, l'essentiel étant de ne pas susciter le doute autour de lui. Question de survie.

Il faut dire que la survie d'Otto Steiner est sujette à d'autres contingences. La tuberculose dont il souffre a atteint un stade très avancé. Pronostic vital engagé, dirait-on de nos jours. Très affaibli, il est hospitalisé dans un sanatorium de Salzbourg. le quotidien y est sinistre. Les locaux sont sordides, les repas rationnés, les soins illusoires, les conditions hygiéniques précaires. La promiscuité avec les mourants est angoissante, désespérante, avilissante. Et tout va se dégrader, à mesure que s'affirme la volonté de dédier en priorité les établissements de soins aux soldats blessés au front. Chez les Nazis, on n'aime pas trop les malades. Ce sont des parasites encombrants. Des intouchables.

Au travers des propos très laconiques de son journal, on comprend qu'Otto Steiner est un grand mélomane. Il a même été un spécialiste reconnu de la musique. Il connaît par coeur les partitions des oeuvres majeures, ainsi que les paroles des grands opéras allemands et italiens. Malgré sa maladie et ses origines … hum ! …, on vient le voir discrètement pour avoir son avis sur le programme des concerts du festival à venir et pour en rédiger les brochures de présentation. On le sollicite aussi pour l'accompagnement musical d'un événement politique majeur, la rencontre au sommet – dans tous les sens du terme – du Führer et du Duce au col du Brenner en mars 1940. Une occasion qu'Otto Steiner aurait bien mise à profit pour tuer Hitler ! Mais c'était plus facile à dire qu'à faire !

Steiner est particulièrement amateur de l'oeuvre de Mozart, dont on sait, bien sûr, qu'il est la personnalité emblématique de Salzbourg, et dont les oeuvres occupent toujours une place de choix dans le programme du Festspiele.

Dans un premier temps, Steiner, abattu, ne critique pas la programmation qu'on lui dévoile et qu'il juge stupide. Il rédige ses textes en caricaturant discrètement la pompe nazie. Il va s'enhardir peu à peu, indigné d'apprendre qu'une oeuvre d'un compositeur lieutenant de SS est programmée juste avant un concerto de Mozart. Il concoctera alors une petite surprise savoureuse pour le public et les dignitaires nazis assistant au concert.

Avant de tirer sa révérence en paix quelques jours plus tard.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Actes Sud a le don pour nous faire découvrir des romans courts et percutants qu'on oublie pas de sitôt. Celui-ci, de la veine d' Inconnu à cette adresse (même sobriété de ton, même cruauté dans la simple description des faits, même humour rageur), a choisi en plus la forme poignante d'un journal tenu par un vieil homme.

Otto Steiner, ancien musicien et critique musical d'origine juive, végète dans un hospice à Salzbourg où sa tuberculose l'a condamné. Seul l'amour de la musique le tient en vie dans cet endroit sinistre. Il décide de tenir son journal car ce qu'il voit l'attriste ou l'effare, c'est selon. Car nous sommes en 1939 et les nazis qui ont fait main basse sur l'Autriche, s'insinuent dans l'organisation du festival Mozart qui se prépare. Avec d'abord beaucoup de détachement, puis de mépris, puis d'horreur, Steiner voit l'emprise du national-socialisme sur l'esprit de cette rencontre musicale. Alors, profitant de la demande qui lui est faite par le directeur du festival de l'aider ponctuellement, Steiner va concevoir un attentat musical...

Impossible de vous en dire plus sans dégoupiller ce roman de petit calibre dont le final, grandiose, nous explose à la figure. Sachez que cet homme, libre de toute attache, sans illusions mais pas sans principes, va nous prouver que résister peut se manifester à tous les niveaux et à toutes les époques. C'est touchant, cruel, drôle et d'une grande justesse. Un premier roman saisissant et d'une grande noblesse d'âme dont l'originalité, dans la forme, le ton et surtout dans l'histoire, ne laisse pas insensible …. Quelques heures de pur bonheur littéraire.
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C'est l'histoire d'un « attentat musical » ou comment un homme, d'origine juive et tuberculeux réussira dans une Autriche déjà nazie, à sauver une part d'humanité. Non non, ne fuyez pas ! Car si le sujet semble aride il y a du plaisir à suivre ce héros « malgré lui » au fil des pages. Face à l'effondrement du monde et avec une idée aussi insolite que forte, il préservera l'essentiel pour lui : la culture.

Le narrateur, critique musical, est un mozartien adepte du festival de Salzbourg. Son journal d'une année, du 7 juillet 1939 au 2 août 1940, en forme de vignettes de vies et de lettres adressées au fils est la trame du récit. Cette année cruciale dans l'histoire, il la passe exclu du monde en sanatorium. Si la maladie lui ronge le corps, elle laisse place à une judaïté jusqu'alors tenue à distance. Otto J. Steiner se savait Juif mais ne le ressentait pas vraiment. Nazisme et génocide en mettant à bas toute dignité, lui assignent un destin, une identité. Otto combattra le monstre avec son arme, la musique. Bien sûr, il ne fera pas barrage au monstre et à sa marche. Mais il se sera dressé, donnant voix humaine contre l'inhumanité.

Dans ces lignes, pas de pathos, pas de voyeurisme des corps malades, pas d'effets lyriques, ni grandiloquents. Une chronique au fil des jours qui soulève une interrogation philosophique souvent posée, « la culture peut-elle sauver le monde » ? Mais l'auteur pose la question à hauteur d'individu, à notre portée en somme.
Une écriture sobre pour ce bref premier roman dont la lecture est un pur moment de bonheur.
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Raphaël Jerusalmy nous propose de lire le journal d'Otto J. Steiner, journal qui s'étend de juillet 1939 à août 1940 et qui est rédigé dans un sinistre sanatorium de Salzbourg. On comprend très vite que le narrateur est fou de musique, mais on ne sait trop, au début, si c'est un interprète ou seulement un mélomane averti. On comprendra bientôt qu'il est issu d'une famille de musiciens et qu'il est connu comme critique musical, bref, que la musique emplit toute sa vie. Otto Steiner se retrouve doublement paria : il est tuberculeux et il est juif par son père. Sa famille n'étant pas pratiquante, il n'est pas circoncis et aucune religion n'est mentionnée sur son certificat de naissance, ce qui lui vaut une relative tranquillité par ces temps troublés. Entouré de malades voués à la mort à plus ou moins court terme, Otto se sent bien seul. Heureusement, il possède un gramophone, des disques, des partitions… Il écrit régulièrement à son fils Deiter qui est loin, reçoit de temps en temps la visite de sa locataire, et puis, un jour, un ancien collègue vient le solliciter : ne pourrait-il pas aider discrètement à l'organisation du Festspiele de Salzbourg ? ne pourrait-il pas participer à en constituer le programme et à rédiger quelques textes de présentation ? C'est là que, voyant son compositeur préféré présenté au milieu de ce qu'il considère comme de la musique vulgaire et sans intérêt, Otto J. Steiner va décider de Sauver Mozart !
***
Je n'ai trouvé que des qualités à ce bref roman ! le journal est celui d'un mourant qui se sait condamné à brève échéance. Ce personnage, qui est resté toute sa vie loin de la religion, va commencer à s'interroger sur sa propre judéité, révolté qu'il est par les brimades, puis les persécutions que subissent les juifs en Allemagne et en Autriche. Il se trouve rattrapé par des pans entiers de sa culture familiale, occultés ou simplement ignorés par son père. La vie quotidienne, dans le mouroir qu'est devenu le sanatorium, se révèle chaque jour plus difficile, mais Otto décrit la déchéance du lieu et des occupants avec férocité parfois, parfois avec compassion pour certains, mais lucidité et presque toujours beaucoup d'humour, noir, forcément… Tout lecteur saura dès le début qu'Otto va mourir, mais l'incroyable pied-de-nez qu'il adresse à une prétendue intelligentsia nazie rend sa sortie sereine, et la lectrice que je suis a quitté ce beau personnage avec le sourire.
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« Sonate pour poumons à vent et gosier phtisique »

1939-1940
À Salzbourg, un homme malade dans un sanatorium écrit le journal de sa dernière année, assistant à l'apogée du régime nazi depuis sa chambre d'hôpital.
La phtisie progresse, allégorie d'un monde de destruction et de mort, comme l'est l'hôpital où l'entassement des tuberculeux prend une forme de ghetto.
Le dépérissement réduit peu à peu l'intérêt du malade, grand mélomane, à son ultime passion qu'est la musique. La préparation du traditionnel festival Mozart, chapeautée par les allemands, le tient en sursis, question de survie ultime.

Une lecture addictive, portée par l'urgence des jours qui passent et des événements racontés au scalpel. Rien de trop dans la narration, des chapitres exsangues, comme à bout de souffle, un décompte du temps implacable, où un homme tente de faire face avec détermination, axé sur un objectif futile mais incontournable: sauver l'âme de la musique de Mozart des hordes de barbares. Et une magistrale pirouette avant la mort de l'artiste.

A lire d'une traite en se délectant de l'ironie et de l'humour décalé en dépit de l'époque glaciale de brutalité.
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