AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 99 notes
5
12 avis
4
14 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le roman commence dans la cour d'un orphelinat. La petite Annette, en vérité Hanna, reçoit la visite de son père et sa mère , soit-disant ses parrain et marraine.
En vérité, ce sont ses parents juifs qui se cachent des nazis entrés dans la ville de Liège en Belgique.
Ils sont cachés sous de faux noms grâce à un réseau organisé par un avocat et un abbé du grand séminaire.
Une deuxième famille loge dans la banlieue et là, seule la dame est juive.
Situations très compliquées car le moindre faux pas les fait repérer par des espions à la solde des nazis.
Le côté intéressant de l'histoire réside dans la diversité des actions de chaque personnage en fonction de leurs intérêts ou de leurs sentiments, de leur spontanéité aussi comme ce brave Oscar Lambeau qui retourne dans une maison prévenir une mère de famille de l'arrivée des nazis et cela au détriment de sa propre sécurité.
On retrouve les personnes honnêtes qui veulent sauver les Juifs et leurs enfants, les autres qui dénoncent des Juifs en échange d'argent et aussi par jalousie pour leur ancienne réussite sociale, des personnes fortes, d'autres plus faibles...
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la barbarie humaine qui n'a pas fini de frapper.
Armel Job nous livre un roman très profond , très prenant à la manière d'un thriller avec une écriture magnifique.
Un écrit qui amène beaucoup de réflexion.
Commenter  J’apprécie          514
1943, les SS intensifient leur quête de la mort, notamment à Liège, ville belge, cité ardente où coulent l'Ourthe, la vive et verte, et la Meuse, la travailleuse.

Comme d'habitude, Armel Job place son action dans sa région natale, aux habitants chaleureux.
Un abbé a transformé son presbytère en maison d'accueil pour les orphelins, et les enfants juifs y sont recueillis également.
Une famille dont le père est notaire cache dans sa maison une jeune femme juive, mère de famille d'une petite fille de 4 ans qui elle-même loge chez les Soeurs de la Miséricorde.
Le mari de cette jeune femme est hébergé, lui, chez une brave épicière retraitée et veuve.
Mais dans ce tableau optimiste, il y a une tache, représentée par Angèle, la fille de l'épicière. Angèle ne porte pas bien son prénom : elle est pourtant guidée par l'amour, mais au détriment de tout ce qui s'oppose à celui-ci. En période d'occupation, c'est dangereux...
Nous retrouvons les protagonistes habituels en temps de guerre: les vils et les dévoués, les collabos, les timidement rebelles, les valeureux et les peureux, les braves et les corrompus. Bref, toute une brochette de personnages émaille ce récit, s'entrecroise, se sauve et se torture.

Mais malgré le fond profondément humain qui constitue la trame de ce récit, je n'ai pas réussi à être touchée. Non, bizarrement, je n'ai vraiment pas ressenti un quelconque attachement, même pour la petite fille pourtant mignonne à croquer. Est-ce en raison du point de vue adopté par le narrateur ? A la fois omniscient, il entaille la conscience de chacun, mais sans la fouiller vraiment, ou bien alors il en profite pour nous donner une petite leçon de morale. J'ai été agacée, vite pressée de voir arriver la fin de l'histoire.
Malgré tout, je garde espoir, et je lirai prochainement le tout dernier livre de cet auteur belge dont j'apprécie énormément la plupart des romans. Mais depuis le précédent, « de regrettables incidents », je ne retrouve pas ce supplément d'âme qui me fait frissonner.
Il écrit bien, ses phrases courtes mais à longue portée résonnent de vérité, son vocabulaire atteint sa cible, et quelquefois j'ai retrouvé l'Armel Job d'avant, mais il me reste un petit goût amer de déception.

J'ai hâte de renouer avec ses romans « psycho-policiers d'atmosphère » (expression toute personnelle), dans la veine de Simenon, là où il excelle.
Le dernier est d'ailleurs bien nommé : « Et je serai toujours avec toi ». En tout cas, moi, j'y serai !
Commenter  J’apprécie          445
« Il n'est nullement nécessaire d'avoir un coeur mauvais pour causer de grands maux. » Hannah Arendt (in 'Considérations morales')

Nous sommes à Liège en 1943. La menace nazie grandit pour les Juifs résidant en Belgique, et des 'Justes' s'organisent pour les cacher. Parmi eux, une organisation catholique. Grâce à ce réseau, la petite Annette/Hanna est placée chez des religieuses, Grégoire/Volko exerce clandestinement ses talents de tailleur chez une veuve, et Nicole/Fannia est accueillie dans une famille de notaires... Et ces trois membres d'une même famille peuvent même se réunir furtivement, chaque mercredi.

Dans ce roman brillant, Armel Job prouve de nouveau sa sensibilité et sa finesse. Malgré le contexte décrit, les protagonistes sont pour la plupart nuancés, leurs ambivalences évidentes. Chacun peut être capable du meilleur (par altruisme) et du pire - par bêtise, jalousie, égoïsme, calcul, ou simplement pour sa survie...

La postface passionnante de Frédéric Saenen nous apprend qu'Armel Job est le premier auteur à évoquer cette organisation catholique d'entraide.
Cette forme de résistance généreuse contraste avec l'image des hautes instances catholiques - le Pape Pie XII en tête - complices muettes du génocide juif, montrée par le film 'Amen' de Costa-Gavras (2002).
Les puissants de ce monde (religieux, politiques, industriels...), ne peuvent, par définition, sauver l'humanité en péril :
« Jamais, nulle part, il ne faut se fier au pouvoir, ni maintenant ni plus tard. Le pouvoir corrompt infailliblement. Quiconque, si généreux soit-il, met le pied dans le marécage public ne peut prétendre en ressortir net. Il n'y a que des inconnus ça et là en qui l'on puisse espérer (...). Les obscurs ont toujours sauvé les meubles. Ils sont l'honneur de l'humanité que les honorables ne cessent de déshonorer. »

Voilà qui résonne particulièrement en cette période agitée où l'on ne sait à qui se fier parmi ceux qui prêchent la bonne parole, où l'on peut se découvrir des défauts dont on se croyait exempt, où l'on voit nos nouveaux 'Justes' continuer à oeuvrer pour l'accueil des migrants - merci à ceux de Nantes, en particulier, qui bataillent encore plus depuis mi-mars contre l'absurdité et la passivité des pouvoirs publics. ♥
Commenter  J’apprécie          422
Liège 1942, une famille juive dissimulée par le 'réseau', la mère au service du notaire Desnoyer, leur fille Hanna chez les soeurs de la Miséricorde dont elle fait craquer les coeurs, le père caché par madame Guignard, dont la fille Angèle a deviné et qui connait la prime que donne la Gestapo aux délateurs...

Ambiance angoissante à la Stephen King.

Comme dans ses autres livres Armel Job invente avec beaucoup de sensibilité des personnages qui sonnent juste avec leur bon côté et leurs petites mesquineries, comme Oscar, séminariste déchu ou Baumann, indic complexé.
Commenter  J’apprécie          390
Il est aisé, à la lumière contemporaine dans un quotidien (peudo) en paix de réécrire L Histoire et de placer sa morale au-dessus des turpitudes dont ô grand jamais nous n'aurions été capables.

Et pourtant, nous ne pouvons avoir qu'une seule certitude : c'est que nous ne pouvons en avoir sur qui nous aurions été, plongés dans la terreur de l'Histoire. Car, dans certains contextes, les contours du bien et du mal sont mal définis.

Pour pouvoir survivre et manger à peu près à votre faim, travailler en déménageant des biens de Juifs spoliés est-ce acceptable ?
Et dénoncer un Juif non par conviction mais par intérêt personnel l'est-il moins ?
La différence au fond n'est-elle pas que le mal prend une figure anonyme et indistincte dans un cas et un visage humain et singulier dans l'autre ?
L'échelle du mal a des degrés mais n'en reste pas moins le mal...

Dans la gueule de la bête nous plonge dans la Belgique francophone (à Liège plus précisément) de 1943 où l'on côtoie des salauds de collabos, des résistants actifs et passifs, des neutres effrayés, mais aussi des gens qui tentent de profiter d'occasions sans réelle intention de nuire...

L'église elle-même nous est rapportée dans le même camaïeu de gris que le peuple - petites gens ou nantis d'ailleurs, Armel Job balaie là aussi les clichés des classes sociales pro ou anti-nazis - .

Ainsi, l'histoire débute avec Hanna, dite Annette, petite fille juive cachée dans une institution catholique. A l'échelle individuelle, l'Église a donc contribué à protéger des Juifs (... mais était parfois tentée de les convertir... bien ou mal se rejoignent inlassablement vous disais-je !) . Tandis qu'en tant qu'Institution officielle, l'Église catholique est restée criminellement muette face au sort des Juifs.

Riche en réflexions sur le bien et le mal, Dans la gueule de la bête nous plonge aussi dans l'émotion : la peur, la suspicion, la traque, l'héroïsme qui vient parfois malgré soi, autant que la lâcheté peut nous saisir (qui peut dire s'il aurait résisté à ne pas lâcher un nom sous la torture ou sous la menace de celle-ci ?). le livre a aussi l'originalité de traiter deux aspects assez peu utilisés dans les romans historiques sur cette période : la guerre vue du peuple belge et le rôle de l'Église catholique.

Une sorte de Seuls dans Berlin (Hans Fallada) à la sauce belge (sauce lapin même pourrait-on dire... comprenne qui pourra !), très plaisant et très intéressant.
Commenter  J’apprécie          233
Liège pendant l'occupation nazie. Orphelinat des Soeurs de la Miséricorde. Printemps 1943.

Annette, 4 ou 5 ans est dans la cour où jouent une dizaine d'enfants du même âge. Annette ne joue pas. Annette pleure contre la poitrine de soeur Thérèse. Soeur Thérèse la soeur jeune, douce et tellement gentille !
La mère supérieure vient la chercher pour qu'elle se fasse belle. Elle a de la visite. Une femme l'attend. L'enfant se précipite dans ses bras en criant « Maman ! ». Un homme entre dans la pièce à son tour. « Papa ! »
Pourtant, nous sommes bien dans un orphelinat… La religieuse qui tient le rôle de portière s'étonne. le jour des visites, c'est le dimanche dans l'après-midi. Il y a toujours des gens qui viennent rendre visite aux orphelins et qui parfois les emmènent en balade… Mais nous ne sommes pas dimanche ! Nous sommes mercredi…

Critique :

Armel Job s'intéresse dans ce roman à un sujet déjà mille fois traité, le sort des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il ne bâtit pas son récit sur du sable ! Il part d'une histoire vraie qu'il situe à Liège. La rudesse de l'époque n'empêche pas certaines personnes de faire preuve de bonté, là où d'autres révèlent des penchants bien plus sombres de leur personnalité. Entre ceux qui prennent des risques et les collabos, il y a la foule de tous ceux qui ne tiennent à s'impliquer ni d'un côté ni de l'autre… On n'est jamais trop prudent ! Armel Job a le sens de la formule : « Qu'est-ce que ce monde où des gens s'acharnent à exterminer des êtres dont ils ne savent rien, que d'autres, qui n'en savent pas davantage, sont prêts à sauver au prix de leur vie ? »

L'auteur pénètre dans toutes les têtes, y compris les plus nauséabondes : « En fait, ils s'entre-haïssent tous. Ce qui leur permet de supporter leur propre crapulerie, c'est qu'ils la trouvent encore pire chez les autres. »

Mais Armel Job est très fort pour brouiller les pistes ! Il pourrait même nous amener à compatir sur le sort de certaines crapules à qui dame nature n'a pas fait de cadeau. Et les gentils dans tout ça ? Même si le fond est bon, face à des choix cornéliens, il arrive qu'ils prennent la mauvaise décision… Mais quel qu'eut été leur choix, il eut été mauvais…
Commenter  J’apprécie          224
J'ai moins apprécié ce roman que les précédents lus de cet auteur , en grande partie à cause de la période de la seconde guerre mondiale et du sujet évoqué : un manque d'originalité et de profondeur pour arriver à se distinguer parmi tant d'ouvrages sur la même période .

Liège en 1942, en Belgique comme ailleurs , la "chasse aux juifs " est active, et même s'il y a heureusement des réseaux de résistants et de braves citoyens pour abriter des familles en fuite, le rouleau compresseur nazi écrase tout sur son passage et on se doute bien que Hannah et ses parents et Laja leur amie ne sont pas à l'abri de la méchanceté, de la cupidité et de la lâcheté des autres .

Le style d'Armel Job est efficace et ne sombre pas dans le mièvre et quelques belles personnes se révèlent et se relèvent face au Mal : cela rattrape l'ensemble du roman.
Commenter  J’apprécie          193
Armel Job nous plonge cette fois dans la vie quotidienne sous l'Occupation et qui plus est, à Liège. Comment passer à côté ?
Mêlant réalité et fiction, il nous plonge dans un récit à l'atmosphère de thriller. Nous suivons l'histoire de personnes juives, cachées dans des familles pour échapper à la Gestapo. Des gens ordinaires deviennent des résistants, des héros, parce qu'un jour ils ont accepté d'aider leur prochain pour le soustraire à la barbarie. Aucun n'avait de vocation héroïque, ni l'épicière retraitée, ni le notaire et sa famille, ni cette infirmière de l'ONE. Mais un jour, ils se sont opposés à la haine et à l'injustice sans l'avoir calculé, au gré des circonstances, parce que cela leur semblait juste.

Au fil des pages, nous découvrons la vie d'avant, celle de tous ces personnages, bons ou mauvais : par quel hasard se sont-ils retrouvés à cette place, en 1943 ; pourquoi, comment ? Sans juger, Armel Job nous relate leurs histoires qui s'entremêlent à un moment donné pour le meilleur ou pour le pire.

Outre l'écriture soignée au vocabulaire choisi qui est la caractéristique de l'auteur, j'ai apprécié me plonger dans un roman qui met en scène des personnages ordinaires, ni soldats, ni politiciens. de simples citoyens. J'ai adoré ce voyage dans le passé de ma ville, dans des quartiers que je connais, des lieux qui existent encore, dans une histoire semblable à celles que me racontaient mes parents et grands parents. Eux qui vivaient alors à côté de chez Fannia ou Laja et qui en ont vu partir tellement pour ne pas revenir.

Beauté et laideur, cruauté et générosité se côtoient, se confrontent et se mêlent pour nous montrer tel que nous sommes : des humains capables du meilleur et du pire.

Un roman à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          170
Un livre d'ambiance sur l'occupation allemande de la Seconde guerre mondiale, à Liège. Le récit est centré sur la vie cachée d'une famille juive. Ambiance à la Simenon, avec un bon rendu du quotidien des gens de cette époque, les gens ordinaires, les résistants, les collabos, les traqués. Je vous recommande ce livre si cette période de l'histoire vous intéresse.

Plusieurs fois, il m'est arrivé d'avoir été déçu par un livre, non pas parce qu'il ne correspondait pas à mes goûts, mais plutôt parce qu'il ne correspondait pas aux attentes que j'avais en choisissant de le lire. Pour vous éviter pareille mésaventure, je confirme mon qualificatif de « livre d'ambiance »: vous serez déçu si vous vous attendez pas à une intrigue, car le livre n'a pas de dénouement; il s'arrête alors qu'on aurait pu s'attendre à quelques chapitres supplémentaires, voire à un second tome. Un couple juif et leur petite fille doivent se cacher des occupants allemands. Les résistants ne trouvent pas d'autres solutions que de les séparer dans trois lieux de vie séparés. On se prend d'empathie pour cette famille, on ressent très bien leur douleur et leur résignation. le livre se termine alors qu'ils doivent partir… Sur le coup, j'ai été déçu de cette non-fin. Mais par après, j'en ai été un peu honteux, me disant que mon attente était celle d'un voyeur. Je ne connais pas les intentions d'Armel Job, mais je me dis que cette non-fin est un moyen subtil pour mettre l'accent sur les gens eux-mêmes, plutôt que sur leur histoire.

Un comportement m'a frappé, dans cette histoire: celui de personnes qui ont dénoncé des juifs tout simplement pour recevoir de l'argent en récompense (comme des chasseurs de primes). Je connaissais le cas de ceux qui partageaient l'idéologie des nazis, le cas de ceux qui faisaient commerce avec l'occupant pour faire marcher leurs affaires, le cas de ceux qui dénonçaient des juifs pour éliminer des concurrents ou obtenir des traitements de faveurs. Mais littéralement « vendre » des juifs, c'est un pas que je n'avais pas encore vu franchir. Triste nature humaine…

Armel Job fait partie de mes auteurs belges favoris. J'aime son style calme et pondéré ainsi que la finesse de ses portraits. Ses livres ne sont pas (tous) au sommet de mon classement, certes, mais je vous conseillerais tout de même de découvrir cet auteur, qui s'est essayé à plusieurs genres: des intrigues policières telles que « Le bon coupable », des récits de vie prenants tels que « Et je serai toujours avec toi », des récits sur fond d'histoire religieuse tels que l'amusant « Les mystères de sainte Freya », ...
Commenter  J’apprécie          125
Magnifique récit. du Armel Job pur jus.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (203) Voir plus



Quiz Voir plus

tu ne jugeras point

qui est le tueur?

Denise
Antoine
Mme Maldague

9 questions
366 lecteurs ont répondu
Thème : Tu ne jugeras point de Armel JobCréer un quiz sur ce livre

{* *}