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3,79

sur 1195 notes
Roman très abouti qui offre une narration alternée entre l"époque contemporaine et les années 1914 1914 dans le même lieu, au fin fond du Lot. Cette approche originale s'avère très éclairante pour souligner les thèmes de la bestialité, des instincts, de la vengeance et de la violence qui sommeillent en tout être dans le cadre d'une Nature presqu'elle originelle. L'histoire de ce couple venu se ressourcer dans un endroit perdu est rendue intéressante par l'évolution psychologique du mari, Franck, d'abord très réticent puis conquis par l'environnement sauvage. L'évocation du village devant survivre au départ des hommes suite de la mobilisation d'Août 1914 permet une autre lecture de la Grande Guerre. L'écriture est puissante et le rythme très soutenu.
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Chien ou Loup : quand on est gamin , on préfère être le loup et ce n'est pas le bon Monsieur Jean de la Fontaine qui va nous dire le contraire ...

Dans les Causses du Quercy , le village d'Orcières est en émoi car , alors que les champs sont prêts à être moissonnés , c'est la mobilisation générale en ce jour d'Aout 1914 , tous les hommes valides partent et les bêtes sont réquisitionnées ... Les femmes et les enfants feront les moissons puis au fur et à mesure que la guerre se poursuit , le travail habituel aux champs en guettant les gendarmes porteurs des mauvaises nouvelles du front . Pendant ce temps , le maire a autorisé un dompteur d'origine allemande, déserteur, à s'installer dans une ferme à l'écart du village avec ses fauves dont les mugissements terrorisent les gens du village .

En 2017, Lise, une actrice en panne de tournage, loue sur Internet, un gite isolé sur les hauteurs de l'ancien village d'Orcières, loin de tout et surtout sans aucune connexion .
Son mari, Franck , un producteur de cinéma qui vient de s'associer à deux jeunes aux dents longues , n'est pas ravi de passer trois semaines loin de Paris et encore moins lorsqu'il découvre que le téléphone ne passe pas dans ce lieu , ce qui provoque quelques scènes comiques ...

Un grand chien sans collier rode autour de la maison puis finit par admettre ces intrus dans son sillage .
Serge Joncour alterne les chapitres , comme un dialogue entre les époques .

On assiste avec amusement puis peu à peu avec un étonnement inquiet au changement de Franck, la mue s'effectue à son insu au contact de la nature, du chien , de ses rencontres et de ses déboires professionnels dans un milieu de requins particulièrement bien caricaturés par l'auteur pour finir par devenir un peu excessive et peu crédible , c'est dommage .

Une fin qui m'a surprise, on aimerait y croire ...
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"Au fond des causses, dans cette campagne nichée entre les collines et les falaises calcaires" le calme et la paix seraient assurés s'il n'y avait les travers de l'Homme.

C'est direct ma conclusion, mais ça n'a pas grande importance puisque le charme d'un Joncour réside dans les longs et lents développements qui sonnent vrais.

Ici, c'est en opposant deux époques à un siècle d'écart sur les mêmes terres que l'écrivain va nous parler de nature, de bêtes et d'hommes.
Évidemment, à cent ans d'écart, l'évolution des liens entre ces trois domaines est flagrante. le cheval est devenu 4x4, le végétarisme rare et viscéral est devenu courant et idéologique.
En revanche, qu'on suive l'histoire d'un dompteur devant nourrir et maintenir ses fauves en cage, ou celle d'un producteur de films mis sous pression par de jeunes loups aux dents longues, il y a une constante : l'homme a un bel instinct quand il s'agit de supplanter ses congénères.

Ma note n'est pas folle parce qu'il me semble que le message qu'on peut voir dans ce roman use d'époques, de lieux et de personnages trop tranchés, me donnant l'impression d'être prise pour une profane en "campagnologie". En écrivant cela, je me rends compte que, peut-être, ce livre ne m'est tout simplement pas adressé. Néamoins, je me souviendrai un petit bout de temps de ce producteur, Franck, le citadin indécrottable. Lui qui ne fait pas semblant d'avoir la maîtrise de la nature sauvage inscrite dans ses gènes, lui qui pense tout bonnement qu'un chien sans collier est un chien sans maître, m'aura faite sourire à de nombreuses reprises.
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Dans Chien-Loup, paru aux éditions en août 2018, Serge Joncourt nous emmène sur les hauteurs sauvages et grandioses du Quercy.
Le romancier dépeind d'abord les difficultés de la vie des villages pendant la première guerre Mondiale, vie qui était rythmée par le travail agricole des femmes qui avaient remplacé les hommes partis sur le front. le romancier décrit aussi le réquisitionnement des bêtes, comme les chevaux pendant ce conflit et s'attache à la description d'un village du Quercy. L'histoire si particulière qui a touché ce village va resurgir près d'un siècle plus tard. En effet, parallèlement, Serge Joncour raconte la vie d'un couple actuel avec ses doutes et la problématique des carrières professionnelles menées de front. En plein mois d'août, le couple se retrouve complétement isolé dans une nature généreuse, mais la déconnexion semble difficile pour Franck alors que Lise y trouve une plénitude réparatrice. Pourtant Serge Joncour décrit les pouvoirs de la nature et ce monde sauvage qui réussira à amadouer ce touriste si récalcitrant. Franck va progressivement adopter cette nature, la rencontre avec un chien va sans doute l'y aider. Après les doutes, son adaptation à ce nouvel environnement va le rendre plus fort et même l'aider face à ses nouveaux associés qui semblent vouloir l'escroquer.
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Avec ce titre, je découvre enfin l'auteur Serge Joncour. "Chien-Loup" nous propose deux histoires communes à un même lieu, à un siècle d'écart.

Quand Franck accepte de suivre Lise, sa femme, dans un coin perdu du Lot pour les vacances, il n'imagine pas qu'il va se retrouver en haut du mont d'Orcières, complétement coupé du monde moderne. Pour cet accro au portable et à internet, ce lieu est synonyme d'enfer et il a énormément de mal, contrairement à Lise, à en apprécier la quiétude. Mais sa rencontre avec un chien qui rôde autour de la maison, va peut-être changer la donne. Ce que Franck ignore également c'est que les murs de la vieille bâtisse isolée de tout, sont imprégnés des effluves encore présentes d'un drame vieux de cent ans.
En alternance, Serge Joncour a choisi de raconter lui-même l'histoire du village d'Orcières-le-Bas, situé au pied du mont du même nom, lorsqu'en août 1914, tous les hommes valides ont été conviés à aller défendre la patrie face à l'invasion allemande. Le lecteur y découvre comment un dompteur allemand en fuite, accompagné de ses huit tigres et lions, avait trouvé refuge, avec l'accord du maire, tout en haut de la colline, semant le trouble parmi la population.

L'auteur bâtit tout son roman sur les rapports entre l'homme, l'animal et la nature. C'est un sujet qui ne pouvait que me plaire. Son écriture sait mettre en valeur le thème, se faisant parfois poésie pour en décrire la beauté, mais aussi violence pour en retranscrire toute la bestialité sous-jacente. Le talent de Serge Joncour se ressent aussi dans la perception de cette tension très forte présente tout au long des différents chapitres.
La partie du livre qui se déroule pendant la guerre 14-18 est un bel hommage aux femmes qui, à l'arrière, se sont retrouvées seules pour assurer tous les travaux des fermes. Serge Joncour y décrit aussi magnifiquement le rôle des animaux, autres victimes collatérales de la folie humaine, ces animaux domestiqués par l'homme qui ont dû l'accompagner dans l'horreur du front. On y découvre les mœurs d'un village en pleine campagne où les superstitions jouent un grand rôle.
L'histoire actuelle est davantage une ode à la nature et au règne animal qui la peuple. On y sent sa puissance, sa sauvagerie, sa liberté que l'homme voudrait bien dompter. En même temps, l'auteur met le doigt sur notre dépendance aux relations virtuelles, aux nouvelles technologies. Il a même semé en moi un sentiment de culpabilité à l'idée de manger (encore un peu) de la viande. Notre monde d'aujourd'hui en prend une claque... avec en arrière-plan la question existentielle : l'homme n'est-il pas un loup pour l'homme ?
Mon engouement du départ a malheureusement été freiné par une légère lassitude, due aux nombreuses redondances du texte. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait faire durer le suspense mais n'avait plus grand chose à dire. Quel dommage également, qu'après une tension au paroxysme, la fin "moderne" soit si "conventionnelle".
Voilà donc les raisons qui, alors que mon intuition au début de ma lecture me soufflait que j'avais découvert une pépite (celle qui mérite un 20/20), je n'accorderai qu'un 15/20 à cette lecture. J'ai bien sûr, l'intention de découvrir d'autres titres de cet auteur car sa plume m'a séduite.

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Peu de gens le savent mais il existe en France un lieu reculé, une terre encore sauvage sise en plein cœur des causses du Quercy, où l'homme fait toujours figure d'intrus.
Pour les anciens l'endroit est maudit et pour les plus jeunes, cette "zone blanche" est tout bonnement inhabitable puisque - tenez-vous bien - on n'y capte même pas la 4G !

C'est pourtant là, dans cet enfer au fin fond du Lot, à l'exact centre de gravité de ce "triangle noir du Quercy", où la nuit est vierge de toute pollution lumineuse, que nous emmène Serge Joncour. On y retrouve un couple de parisiens, en villégiature estivale dans un petit cabanon perdu, là-haut, sur le terrible mont d'Orcières.
C'est elle qui a eu l'idée (besoin d'oxygène, soif de déconnexion, etc...), et c'est lui qui a suivi sa femme en traînant les pieds. Tout de suite ils sont saisis, et le lecteur avec eux, par la singularité du lieu et par l'atmosphère proprement stupéfiante qui règne sur ce bout du monde.
Quelle justesse dans l'écriture, quelle majesté dans les panoramas, quelle puissance dans les évocations d'une nature à la fois hostile et envoûtante, peuplée de bêtes sauvages, et enfin quelle intensité dans les drames qui s'annoncent !
Quelque chose ici ne veut pas d'eux, et cependant l'évidence est là : leur quête de bien-être et de sérénité passe par ces chemins impénétrables et ces décors intemportels, inchangés depuis des siècles...

Pour connaître les origines du mystère, pour toucher du doigt les racines de la menace diffuse qui plane sur le mont, il faut remonter cent ans plus tôt, à l'aube de la Grande Guerre. En alternant les époques à chaque chapitre, Serge Joncour nous propose un brillant aller-retour temporel entre 1914 et 2017, et par une habile construction narrative les personnages et les situations se répondent, comme en écho, à un siècle d'intervalle.
Et toujours, partout, cette nature luxuriante qui nous ensorcelle, cette faune multiple qui attire autant qu'elle inquiète. Ça grogne et ça gémit, ça hurle nuitamment, ça s'entre-dévore à l'abri des bosquets et ça agite les branches des frênes et des cornouillers. L'endroit grouille de vie mais la mort n'est jamais bien loin, la loi du plus fort est la seule en vigueur, et Serge Joncour vient puiser dans cette terre chargée d'histoire et de légendes une force quasi bestiale qui nous tient en haleine tout au long du roman, donnant tout son sens à l'expression de "règne animal".
N'oublions pas que "la forêt est un espace de combat", que "la paix semble y régner mais dès lors qu'on s'y arrête un instant, on sent bien que s'active tout un royaume de vigilance, on pressent des milliers d'oreilles qui écoutent, de regards qui surveillent, la tension est palpable"...

Superbe réussite également que cette plongée en forme de reconstition historique au coeur du hameau d'Orcières, à l'heure de la mobilisation générale de 1914. Les hommes sont partis au front et c'est à distance, à travers le témoignage de ces femmes courageuses qui ont pris en charge les travaux des champs et toutes les tâches indispensables à la survie du village que nous découvrons toute l'horreur du conflit et la furie du monde.

La cabane sur le mont prend alors des allures de repaire préservé, hors de temps, et il est bon d'y trouver refuge. Faites y donc un tour, à l'occasion, et savourez la prose enchanteresse de Serge Joncour (qui se paye même le luxe parfois de se répéter un peu sans nous ennuyer le moins du monde tant son style est plaisant).
C'est brut, c'est pur, c'est fort : à coup sûr l'un de mes gros coups de coeur de l'année !
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Dans les Causses du Quercy, à Orcières, août 1914 ressemble à celui de tous les villages de France. Les hommes partent à l'appel de la mobilisation générale. Les femmes espèrent les revoir vite mais doivent s'organiser pour les récoltes.
Dans ce même village, en août 2017, Franck et Lise sont en vacances. Ils ont loué une vieille maison isolée au pic du Mont d'Orcières, loin des ondes et de la civilisation.
Pendant que les femmes de 1914 apprennent à vivre sans les hommes et dans la peur, Franck découvre, à son grand regret, la vie sans Wifi, sans téléphone portable. Lise exulte de ce retour aux sources et ne doute pas de l'adaptabilité de son mari.
Chacune de ces époques répond à des enjeux, des problématiques socio-économiques et a son propre rapport au reste du monde.
Cependant, la relation à la terre et aux animaux reste la même. Les deux entités sont asservies par l'être humain qui est dans la peur permanente de perdre le contrôle. Quand cela survient, c'est la catastrophe.
Serge Joncour nous ramène à notre condition bestiale, rappelle la sauvagerie qui est en nous et combien il est important de chercher à apprivoiser plutôt qu'à dompter.
Ce roman est un bijou littéraire, multipliant les situations métaphoriques (et celle du dompteur est magnifiquement originale). Les personnages sont dépeints avec délicatesse mais sans concession même si l'auteur fait preuve d'une infinie tendresse pour les êtres imparfaits que nous sommes.
Les thèmes qui sont chers à Serge Joncour, la nature et la relation amoureuse, font ici l'objet d'un déploiement vertigineux, prônant l'harmonie et le respect.
L'angle du roman transcende les époques et lui donne un écho intemporel dans son approche des rapports de l'homme à la nature.
Le rythme palpite comme le coeur dans une poursuite, chaque époque a un suspens féroce qui m'a emportée jusqu'au bout de la nuit.
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Alors que je boudais cet auteur sans aucune raison objective, je me suis laissée influencer par diablotino et j'en suis très heureuse. Comme quoi, être sous (bonne) influence est parfois agréable ! . Et justement,dans Chien-Loup il est aussi question d'influence. Tout d'abord celle de la nature sur l'homme, celle de l'homme sur l'animal ( et inversement),et aussi la dualité entre sauvagerie et culture qui existe en chacun de nous. L'histoire est celle d'un couple,Franck producteur de cinéma et Lise actrice. A l'initiative de Lise qui a besoin de calme et de se couper de la vie citadine,ils s'installent pour trois semaines dans une vielle maison totalement isolée au coeur des Causses. Leur histoire fait écho à une histoire qui s'est déroulée au même endroit pendant la première guerre avec un dompteur de fauves et la population du village qui oscille entre fascination et rejet. Alors qu'une réelle tentions est palpable et même parfois proche d'un thriller , j'ai paradoxalement été apaisée par cette lecture. La magie de l'écriture de S.Joncour alliée à celle envoûtante de la nature grandiose m'ont totalement habitée pendant cette semaine où j'avais hâte de rentrer pour retrouver Orcieres.
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En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu'on avait apprivoisée aussi bien qu'un animal de compagnie, n'avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s'entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c'était en arrivant...
Serge Joncour raconte l'histoire, à un siècle de distance, d'un village du Lot, et c'est tout un passé peuplé de bêtes et anéanti par la guerre qu'il déterre, comme pour mieux éclairer notre monde contemporain. En mettant en scène un couple moderne aux prises avec la nature et confrontés à la violence, il nous montre que la sauvagerie est un chien-loup, toujours prête à surgir au coeur de nos existences civilisées.
Lien : https://www.senscritique.com..
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"Chien-Loup" est un beau roman, dans la lignée de ceux de Giono, de Kessel. Je l'ai lu très vite, à la manière d'un page-turner. Il est envoûtant, enivrant, bien écrit et sauvage. Très sensuel aussi, sans tomber dans le déballage. Je ne vous dis que ça. C'est à lire, d'autant plus que, pour avoir eu la chance de rencontrer l'auteur, je peux dire que c'est un homme charmant qui aime manifestement les gens.
J'ai encore plein de romans de Serge Joncour à lire : chouette !
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