Ce livre qui m'a été offert pour Noël est resté dans ma pile « à lire » durant de nombreux mois .
Je le lorgnais régulièrement, retardant le moment de l'ouvrir, voulant le garder pour le déguster. Je savais que Serge Joncour, avec son sens de la narration et son talent pour faire exister ses personnages, pourrait réactiver une envie de lire un peu en suspens. Cet été j' ai baladé le livre pendant 3 semaines et je me suis enfin décidée. Et je n'ai pas été déçue !
L'histoire se déroule sur presque 25 ans . Elle plonge le lecteur dans la vie de la famille Fabrier, paysans éleveurs dans le lot, et dans la France de ces années- là, ponctuée d'évènements nationaux et parfois mondiaux qui sont dans notre mémoire collective et que l'auteur revisite pour nous à travers le ressenti de ses personnages.
Le livre démarre sur la grande sécheresse de 1976, celui qui sera le personnage central de l'histoire, Alexandre, n'a que dix ans. On le voit grandir dans la ferme familiale, au milieu de 3 soeurs qui aspirent à quitter cet univers, et être embarqué dans « la succession » de ses parents ( qui ont eux-mêmes succédés aux leurs) c'est comme une évidence, il est le seul garçon, et puis la campagne est dans son sang.
Alexandre a aussi le goût d'un ailleurs, il est très amoureux d'une belle et blonde étudiante Berlinoise, colocataire de sa soeur à Toulouse, et pour se rapprocher d'elle, il se rapproche d'activistes anti nucléaire. Ce rapprochement servira, certes, son plan amoureux, mais l' histoire se vivra en pointillé, sans engagement, empêchant Alexandre de construire une vraie vie sentimentale.
Grâce à ses personnages bien incarnés, l'auteur déroule des points de vue divers sur le monde en mutation. le début de l'écologie, l'arrivée de la gauche au pouvoir, le féminisme, Tchernobyl, dont on ne mesure pas tout à fait l'impact, les projets autoroutiers. La résistance est incarnée par Crayssac, « combattant » du Larzac, éleveur de chèvre bourru et solitaire , avec lequel Alexandre a un peu plus qu'une relation de voisinage.
Un tableau à la fois intime et sociologique, la vision d'une France qui ne sait plus comment faire exister ses campagnes, le destin d'un homme ambivalent, attaché à ses terres , conscient d'une évolution nécessaire mais emporté au-delà de ses aspirations.
La fin m'a paru un peu étrange, elle laisse Alexandre sans solution, encore pris dans son rêve amoureux.
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Le roman d'un quart de siècle écoulé, avec la nature au coeur. Mais quelle nature ? Sauvage et naturelle ? Exploitée et souillée par l'Homme ? Serge Joncour interroge, interpelle, et derrière l'histoire d'Alexandre et de son amour de jeunesse Constanze, des combats du Larzac à la tempête de 1999 en passant par Tchernobyl et la chute du Mur, nous met devant des questions fondamentales : notre rapport à l'autre, à la terre, le tout sans porter de jugement.
Un regard intéressant sur l'évolution de notre société, d'où l'on ressort avec beaucoup de questions sur la notion de progrès, de bien commun. Un texte simple mais qui me pousse à "prendre position" ... suis-je Crayssac ? le patron de la Coopavia ? Suis-je les parents dépassés d'Alexandre, dépassés par un monde qui va trop vite pour eux ? Ou simplement Alexandre ... qui essaye de trouver sa voie, de tracer son chemin ...
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un très bon livre sur l'histoire rurale de la France, de la sécheresse de l'été 1976 jusqu'à la tempête de fin décembre 1999. Une très belle description sur l'évolution des pratiques agricoles, sur les tensions entre les différents types d'agricultures, sur l'intégration de l'agriculture au système agroalimentaire.
Il y est aussi question de vie familiale, de transmission entre les générations, de patrimoine.
Enfin la vie amoureuse y tient une place particulière, et la difficulté parfois pour un agriculteur de rencontrer, et de vivre, avec une femme d'un autre milieu social et culturel.
Belle description aussi d'une fratrie de quatre enfants dont les trois soeurs s'en vont à la ville vivre des vies qui ne sont pas forcément meilleures…
Et puis surtout, c'est le plaisir de retrouver des sensations, des pensées, des descriptions, d'un monde que nous avons parfois connu, mais oublié, et qui se révèle à nouveau grâce à ce très beau livre.
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En s'appuyant sur quelques années bien choisies, Serge Joncour nous fait revivre près d'un quart de siècle dans les pas d'Alexandre, paysan lotois tiraillé entre monde moderne et monde ancien. L'auteur laisse s'opposer l'attrait des villes et celui de la campagne, la soif de racines et l'envie de découverte du monde, les bienfaits et les risques de la modernité, le couple ou la soif de liberté, la puissance de l'homme et celle de la nature. En ouvrant ce roman on pourrait craindre l'ennui à suivre à travers le Lot et les autres départements voisins cet agriculteur amoureux confronté à de multiples questions qui le dépassent. Il n'en est rien et le chemin proposé par Serge Joncour est passionnant (mais avoir connu les années et les lieux décrits fait peut-être grandir l'intérêt).
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