" Bavure policière », peut-être, mais celle-ci sera sans conséquence…ou du moins je l'espère. Il y a deux semaines, je trouve dans un magasin de ma ville le «
Tea-Bag » d'
Henning Mankell, un
Lehane (
Prières pour la pluie), et O surprise, un des rares
Thierry Jonquet que je n'avais pas encore lu, ou surtout pas trouvé, «
le bal des débris ».
Une oeuvre de Jonquet, « c'est du sûr », on ne se trompe pas ! C'est du plaisir à lire, du bonheur en page. Alors je me contente de jeter un coup d'oeil au dos de couverture, et là, j'apprends que l'auteur nous a quittés en août 2009.
Et je me dis que je tiens là, entre les mains, son dernier roman.
Je me jette dessus- ou plutôt dedans- à peine rentré chez moi, et au fil des pages, de l'avancée de ce qui se veut être une histoire policière - j'écris bien « histoire » et non pas « intrigue »,- j'y trouve un ensemble quelque peu sibyllin, un style certes fluide mais sans surprise, et une fin que l'on pressent dès les tous premiers chapitres ; parce que de vous à moi, ce « Fredo », on sait bien qu'il va le réussir le coup qui est sensé le rendre riche, dans l'hosto où il travaille ; on sait bien que son « pote » Lepointre ne va pas le trahir ; oui elle nous est antipathique cette octogénaire parente de Crésus, protégée par une agence de sécurité qui veille nuit et jour devant sa chambre, et qui, quand elle pique sa crise, - la pauvre n'a plus trop sa tête à elle- doit aussitôt être mise en présence du contenu de son coffre .
Evidemment, on corse le tout de quelques difficultés, histoires de pimenter : alors un « plus malin » que notre duo de compères qui les double quelques secondes avant leur passage à l'acte, des flics dont l'auteur et les lecteurs se moquent - un certain commissaire Trottin qui semble avoir quelques idées pour orienter son enquête (est-ce voulu : trottin, crottin, crétin… ?) -mais qui n'a malheureusement que « quelques idées », et surtout des problèmes à les mette en application…..jusqu'au dénouement où, dix fois, je me suis dit : « Non, il ne va pas nous écrire cette fin là !! ». Et oui, il l'a fait!
Mal acquis ne profite jamais ! Après tout ce mal pour sortir les bijoux d'un bâtiment cerné par tous les flics de la ville, ces derniers finissent au fond de l'océan.
Aboutir dans les coffres de Neptune, on n'y aurait peut-être pas pensé. Mais que nos anti-héros ne devaient pas en profiter, c'était écrit, cette fin là transpirait à travers chaque paragraphe, chaque chapitre.
le livre terminé, délicatement fermé, force m'était de constater que j'étais vraiment loin de «
Moloch », «
Mygale », des « Orpailleurs » et autres, qui avaient tant excité plus d'une de mes nuits. Et puis cet humour un peu …facile, cet « hospice and love » qui m'a encore fait dire : « Ce n'est pas possible, ce n'est pas lui…ce n'est plus lui… ».
Non, ce n'était vraiment pas mon
Thierry Jonquet habituel, celui qui m'avait fait aimé les inspecteurs Rovere et Dimeglio, leur juge d'instruction, la jolie Nadia Lintz, à tel point, que la série « Boulevard du Palais » est certainement la seule que j'ai pu regarder -toutes chaînes confondues, câble ou pas- et que je n'ai jamais ratée pendant les années où Antenne2 la diffusait. Quel « Rovère » attachant vous faisiez, Monsieur Jean François Balmer !!!
Bah, murmurait une voix au fond de moi, même si c'était son dernier roman, il ne peut mettre en péril tout ce qui a précédé ; le « Sur la piste de Gandolfo » (trop loufoque pour les admirateurs de Jason Bourne) de
Robert Ludlum n'a en rien affecté l'ensemble de son oeuvre ; pas plus, je l'espère, le « A genoux » (l'épaisseur du roman laissait un peu trop présumer de l'histoire et de son issue, qui était tout, sauf la piste terroriste) n'a porté préjudice à
Michael Connelly.
Thierry Jonquet savait-il qu'il s'agissait de son dernier livre et « s'est-il fait plaisir en privilégiant la forme sur le fond, l'humour au reste? ».
Bref, j'ai bien essayé de lui chercher toutes les circonstances atténuantes et excuses absolutoires que l'avocat doit trouver à son client, mais également tout lecteur déçu et malheureux à un de ses auteurs de polars préféré.
Mais un petit goût amer persistait quand même quelque part…
Et puis, comme dans une perquisition où l'on sent que tout n'a pas été fouillé de façon parfaite et minutieuse, où l'on a le sentiment d'être passé à côté de l'indice ou de la preuve flagrante, j'ai relu le résumé, j'ai relu la date de sa mort. Et puis je ne sais pourquoi, j'ai cherché tout simplement la date de publication de ce « Bal des débris ».
1984.
1984 !!??
Mais c'est bien sûr !
Ce n'était pas son dernier roman, mais un de ses tous premiers !
Alors un peu « vert » me direz-vous, je vous le concède ! Oui, mais alors, O combien prometteur quant à ce que l'auteur pourrait nous réserver dans l'avenir.
Thierry Jonquet, c'est du « sûr » ! je vous dis. On ne s'y trompe pas.