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3,81

sur 196 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eté 2003. Paris. La longue canicule de 2003: sale temps pour les gros, les vieux, les clodos, les bobos, les aide-soignants en maison de retraite (oui, je sais, aujourd'hui on dit Ehpad), les écrivains qui partent en sucette et les Rmistes.

C'est un roman plus ambitieux que les autres productions de Jonquet mais, hélas, pas forcément le meilleur. A mon avis à cause de la multiplication des lignes narratives qui ne traduit pas véritablement le talent de l'auteur. Pari risqué. Cela peut parfois conduire à la confusion, aux digressions ennuyeuses, mais aussi au désastre.
Ici rien de tout cela, juste un peu d'agacement, car il n'est pas passé loin du chef d'oeuvre, Jonquet!

En effet, quand il décrit la misère, cela prend véritablement véritablement aux tripes. le Rmiste qui sombre dans la délinquance pour ne pas être déclassé et devenir clodo est un tableau de maître.
Quant à la bande de clochards qui vit de liches et d'embrouilles, on s'aperçoit que la frontière entre horreur et fraternité n'est plus très bien définie. Encore un tableau remarquable.

Puis mon enthousiasme est retombé car le personnage de l'écrivain Alain Colmont ne m'a pas saisi comme le coup d' effroi qui vous cloue (au lit) comme les précédents. Pourquoi? Parce qu'il ne fait pas le poids avec les premiers.
Bien sûr c'est aussi la description d'un déclassement mais comment dire, ce personnage est trop lisse, trop gentil, j'oserais dire aussi ennuyeux qu'un débat sur la dimension des poteaux en bois du carport pour faire passer la Porsche Cayenne break de mes voisins. Personnellement, je n'ai rien contre les écrivains en manque d'inspiration qui ne collent plus au marché ni contre les carports mais voilà, je n'y ai pas cru.

La partie polar m'a paru moins intense que dans bien d'autres que ses oeuvres. Savoir qui était "Mon vieux" n'était pas vraiment une surprise et la machination finale, même assez bien vue, peut s'oublier. Mais peut-être est-ce un ressenti qui découle du précédent point avec la présence trop importante du personnage de l'écrivain raté ou qui a raté sa vie?

Toutefois, ce livre vaut largement le détour en tant que roman social.
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La journée commence bien mal pour Daniel Tessandier. Sa propriétaire vient de lui annoncer qu'elle a besoin de récupérer le logement qu'elle lui loue pour sa petite-fille. RMIste de surcroît, ce n'est pas avec son maigre revenu qu'il pourra de sitôt retrouver un appart' et craint de se retrouver réellement à la rue. Mais, Daniel est prêt à tout pour conserver un semblant de vie sociale.
Alain Colmont, écrivain en mal d'inspiration, est scénariste à ses heures pour des téléfilms, seul moyen pour lui de pouvoir manger à sa faim mais surtout de payer les frais d'hospitalisation de sa fille qui lui coûtent les yeux de la tête. En effet, après un terrible accident de scooter, cette dernière s'est retrouvée défigurée et se trouve dans un établissement haut de gamme. Déjà anéanti depuis la mort de sa femme, sa vie tourne autour de sa fille à qui il ne peut rien refuser.
Mathurin Debion, lui, est aide-soignant. Entre ses quelques gorgées de rhum goulûment avalées, ses vieux patients dont il faut nettoyer la merde et ses heures de garde qui l'ennuient, il n'attend qu'une chose: ses vacances tant espérées sur son île. Sa seule petite escapade est la promenade avec le patient de la chambre 29, un vieil homme retrouvé dépouillé de ses affaires il y a plus de 3 ans, qui souffre de la maladie d'Alzheimer et dont personne ne semble s'inquiéter.
Et il y a aussi Gégé, Nanard, Florence ou Mécano, des clodos qui squattent du côté de Belleville ou encore Jacques Brévart, aide-soignant et voisin d'Alain.
Toute une galerie de personnages qui de prime abord n'ont rien en commun et qui, pourtant, vont se croiser... pour le meilleur mais surtout pour le pire....

Thierry Jonquet n'a pas son pareil pour nous montrer toute la noirceur de l'homme. Au fil des pages, on sent que ses héros risquent bien d'en baver. le contexte de la canicule de 2003 ajoute à cela une certaine moiteur, une ambiance étouffante qui deviendra vite insupportable pour chacun. Jonquet a voulu nous montrer que personne n'était à l'abri de la précarité et que les soucis d'argent peuvent faire faire de bien drôles de choses. Passant d'un personnage à l'autre, donnant au polar un rythme très soutenu, des liens se tissent ainsi entre les personnages et l'on comprend d'autant mieux la descente aux enfers de chacun. D'une écriture enlevée et détaillée, l'auteur nous plonge dans un monde sordide et poisseux et nous livre un polar réaliste, saisissant et efficace.

Y avait qu'un dimanche par semaine
Les autres jours, c'était la graine
Qu'il allait gagner comme on peut
Mon vieux....
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C'est la construction du ce polar qui en fait tout l'intérêt : on assiste à la présentation successive d'une galerie de personnages dont on se doute que l'histoire va les rassembler , mais voilà, on ne sait ni comment, ni pourquoi, ni quand (en général c'est à la fin du roman). Et nous voilà, lecteur, à faire connaissance avec un écrivain veuf dont la fille est dépressive à la suite d'un accident qui l'a défigurée, un RMIste qui se retrouve à la rue, une bande de SDF, et pour couronner le tout, un vieillard amnésique et sans papier. Il n'y a plus qu'à tisser peu à peu la toile de fond et le rendez-vous se fera avec des conséquences plus ou moins dramatiques pour chacun.

L'argent est le noeud de l'histoire, pour les sans-abris bien sûr, mais aussi pour l'écrivain qui après un roman à succès a du mal à vivre de ses écrits, d'autant que sa fille lui coûte une fortune en chirurgie plastique et hébergement psychiatrique.

Comme d'habitude, le récit abonde en anecdotes médicales (c'est le métier de notre auteur), qui ne font pas avancé le sujet mais ne font pad tache non plus, car elles illustrent les scènes au cours desquelles elles apparaissent.

Un bon polar, parce qu'on s'attache vite aux personnages plus vrais que nature, et qu'on attend avec plaisir que le puzzle se mette en place.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Les + :
C'est très noir.
On ressent la maturité et l'intelligence de l'auteur derrière ses écrits.
Une multitude de personnages prolétaires exquisément dépeints, dont la malchance, le jmenfoutisme pour certains et la survie pour d'autres vont faire percuter et entrelacer leurs destins.
Une critique acerbe de la société française
Les - :
L'histoire aurait mérité plus d'intérêt de ma part.
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Oui, j'ai bien aimé ce roman. Thierry Jonquet arrive à décrire tous ces personnages d'une façon très réaliste et très vivante. Par contre, j'ai trouvé que cela traînait quelque peu... Et ça m'énerve . Mais bon, je ne regrette pas ce moment passé à Belleville.
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Thierry Jonquet "Mon vieux", Seuil "Points" 2004.

Vingt ans après «Le bal des débris», Jonquet publie «Mon vieux». le ton a changé, il est dramatique, poignant.
L'enjeu est autrement plus fondamental : le fils va-t-il – avec une myriade de bonnes voire excellentes raisons – tuer son père pour sauver sa fille ? Va-t-il mettre en pratique cette euthanasie que nos brillantissimes manadjeurs de tout poil et gouvernants mortifères aspirent aujourd'hui à légaliser sous couvert de «mourir dans la dignité» pour supprimer «les bouches inutiles» non rentables ? Ce serait d'autant plus facile que l'action se situe pendant l'été 2003, pendant cette canicule qui provoqua dans la France entière une véritable hécatombe de personnes âgées, pour la plupart abandonnées par leurs enfants partis «profiter de congés bien mérités» et sacro-saints, à tel point que des centaines de dépouilles ne feront l'objet d'aucune reconnaissance de la part des familles…

L'auteur renforce encore son propos et son questionnement en mettant en parallèle cette déchéance de la vieillesse avec celle – encore plus cruelle ? – de la déchéance sociale aboutissant à la clochardisation la plus abjecte.
Ce roman prend ainsi des dimensions de témoignage vécu : il reprend de nombreux éléments sur le quartier, exposés dans «Jours tranquilles à Belleville», cette fois sous l'angle documentaire.

C'est un effarant réquisitoire exhibant le statut social de la grande vieillesse dans notre société d'individualisme, de jeunisme et d'hédonisme, dépourvue de tout idéal.
L'un des plus grands textes de Jonquet, à lire et relire.
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Alain Colmont, quinquagénaire, a plutôt réussi sa vie, mais divers accidents bouleversent les existences de ses proches et par ricochet la sienne. Alors qu'il cherche des solutions aux difficultés financières qui se profilent, il va croiser des individus soucieux de l'aider, mais aussi des personnes prêtes à profiter de la situation à ses dépens. Parmi eux figurent des marginaux dont Jonquet relate parfaitement le parcours et le cadre de vie. C'est surtout dans cette description et dans celle de l'hôpital qui accueille des vieillards en fin de vie que l'auteur excelle - par sa connaissance de ce milieu d'une part, par son talent narratif d'autre part.
Un bon roman de Jonquet qui m'a davantage fait penser à l'excellent "Le bal des débris" qu'à "Comedia" qui m'était tombé des mains...
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Voilà un livre comme je les aime. Certains passages sont un peu écoeurants, mais cela montre une réalité que nous ne devons pas ignorer. Je parle du monde de la rue. J'ai déjà lu des livres où il est évoqué, mais ici, il l'est de manière plus crue, plus impitoyable, et donc, plus réaliste. Les règles de la bande à Nanard, les trahisons ou les meurtres qui peuvent avoir lieu pour quelques billets; les scènes de beuverie, ou celles où tous les hommes de la bande couchent un par un avec la femme de la bande; la saleté omniprésente... Toutes ces scènes m'ont impressionnée, mais elles ont l'air si vrai. On sent que l'auteur sait de quoi il parle, qu'il évoque le quartier de Belleville dans toute sa nudité, franchement, sans complaisance.

Le personnage de Daniel est assez détestable. Il est raciste, car c'est tellement plus facile d'accuser les étrangers de sa propre misère. Il ne se demande pas si par hasard, il n'y serait pas un peu pour quelque chose. Il n'a pas d'argent, donc, il fait ce qu'il faut pour en gagner... sauf chercher du travail. Il ne peut pas travailler. Il ne supporte pas d'obéir aux ordres de qui que ce soit.
[...]
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une decouverte pour moi que cet auteur et,ma foi,une belle decouverte qui donne envie de pousser plus loin la recherche ! Un polar, un vrai qui va vous faire passer de belles heures de plaisir a lire ces pages et à aller d'aventures en aventures,assez noires bien sur avec notre heros.Le format du livre lui donne du nerf et du rythme et cree l'interet du livre.
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Cela commence par la présentation de protagonistes qui ne se croiseront qu'à la fin. Un groupe de clochards, un aide-soignant, un vieux patient inconnu, un SDF, un père et sa fille unique... A chaque chapitre, son personnage et ses problèmes, en général l'argent... Tous aurons un rapport avec Alain, le père de famille qui doit payer la clinique pour sa fille défigurée après un accident de scooter. Mais le père d'Alain, ravagé par la maladie d'Alzheimer réapparait dans sa vie et il va falloir rembourser ses frais d'hospitalisation... A Paris en 2003, l'intrigue s'installe très lentement. Les vieux meurent sous la canicule et Cantat porte un coup fatal à Marie Trintignant. Pas de grand suspens dans ce récit, mais une ambiance propre à chaque personnage, une longue mise en situation avant le croisement des chemins.
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