Challenge Non-fiction 2024
Ce tout petit livre nous enseigne les mythes, ne se contentant pas de les raconter mais les analysant. Etant véritable mythologue, et ce depuis longtemps, j'ai pris plaisir à le lire, même en connaissant les mythes, (j'en ai tout de même tiré des informations). Les mythes fondateurs, les passions divines, les mythes héroïques, les mythes philosophiques et les mythes romains se succèdent : je connaissais moins les deux dernières parties. Par exemple l'Atlantide : je ne la connaissais que de nom. de même le mythe romain de Picus, le pivert.
Quoi qu'il en soit, c'est instructif sur les valeurs grecques : la condamnation de l'hubris, l'hospitalité, la punition de l'exil. Et, d'un point de vue anthropologique, le pain et les céréales sont symboles de civilisation.
L'autrice, docteure en archéologie et histoire, fait appel à l'art (la Danaé de Klimt), à l'étiologie (l'enlèvement de Koré et les mystères d'Eleusis), à la littérature (la Machine Infernale), à la géographie (Phaéton serait tombé dans le Pô, appelé l'Eridan par les Grecs). Les interprétations des mythes m'ont plu. Par exemple, le mythe d'Europe est un parcours initiatique féminin, la cécité de Tirésias va de pair avec son don de devin, et les Amazones symbolisent l'altérité : elles sont femmes mais aussi Barbares, et d'ailleurs refusent les céréales.
Je regrette un peu l'effet catalogue, certes pallié par le fait que les mythes entretiennent des rapports entre eux (ex. Danaé et Persée), ainsi que le manque de développement de certaines explications (très intéressantes mais on en veut encore, on reste sur notre faim), cela dit ces deux défauts sont dus au format de ce livre.
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Le mythe grec fait partie intégrante de notre héritage culturel, il continue de vivre en nous.
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Le mythe n'a rien d'un dogme.
Il est réinventé chaque fois qu'un auteur le raconte et cette plasticité,cet étonnant pouvoir d'adaptation le fait évoluer avec les sociétés qui le portent , avec le temps aussi.
Au fur et à mesure qu'on s'éloigne des origines,avec la naissance de la philosophie et de la science,avec le développement de l'histoire et des interprétations rationnelles qui se répandent plus ou moins vite,plus ou moins complètement,le mythe évolue.
Peu à peu sa dimension symbolique se perd alors que tend à s'accroître sa fonction idéologique.
On ne croit plus au mythe,on s'en sert : sa vérité n'est plus en lui,mais dans le message dont on le fait porteur.
"Ouvrir la boîte de Pandore" : s'exposer, par une curiosité ou une initiative imprudente, à des surprises désagréables...
On connaît bien l'expression, peut-être moins Pandore.
Pandore est un présent de Zeus aux hommes à qui Prométhée vient de remettre le feu dérobé aux dieux.
" Moi, en place du feu, je leur ferai présent d'un mal en qui tous, au fond du coeur, se complairont à entourer d'amour leur propre malheur."
De Narcisse , le héros grec, il reste une fleur, née là même où il mourut ; mais aussi l'adjectif narcissique qu'on applique à celui qui , comme lui "brule d'amour pour lui-même".
Comme Tantale, Sisyphe subit aux Enfers un châtiment éternel : il roule devant lui,sur une forte pente,un énorme rocher constamment prêt à retomber,ce qui oblige le malheureux à renouveler sans cesse son épuisant effort.
Dans ce mythe,Camus lisait l'absurdité de la condition humaine.
Le mythe grec séduit : il est chatoyant, inventif, souvent inattendu, parfois même saugrenu...
Il peut être poétique, tendre ou chaleureux, mais parfois si cruel aussi !
Inépuisable, il surprend par ses potentialités infinies, qu'elles s'expriment dans les couleurs de Klimt lorsque le peintre fait pleuvoir l'or de Zeus sur Danaé ou dans ces sculptures qui, tels Léda et son cygne, hantent nos musées.