Ils revoient sa silhouette des derniers temps un peu lasse, les cheveux gris et le masque violent aux bons yeux doux, et dans le discours le redressement de toute la taille en un beau geste. Ici on chercherait à le décrire tel qu'en lui-même en fin l'éternité le change, comme l'a dit d'Edgar Poe, Stéphane Mallarmé, en un vers admirable par lequel peut débuter l'éloge de tous ceux qui ont cherché à laisser un nom illustré de vertu et de noblesse, de tous ceux qui ont voulu acquérir (aux dépens souvent des biens éphémères de la fortune) cette survie littéraire, cette consistance future, cette immortalité de l'âme conquise par l'âme elle-même, cette immortalité spirituelle et littéraire en laquelle peuvent espérer les libres penseurs résolus, tels que Clovis Hugues.
L’émission « Poètes oubliés, amis inconnus », par Philippe Soupault, diffusée le 3 avril 1960 sur France Culture.