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3,67

sur 2010 notes
Ce devait être un Noël comme les autres pour Holly et sa famille : la préparation du repas, l'arrivée des invités, l'impatience d'ouvrir les cadeaux. Mais ce matin-là, tout va mal. Holly se lève trop tard. Alors que son mari file en râlant récupérer ses vieux parents à l'aéroport, Holly reste seule avec sa fille adoptive Tatiana, ramenée de Sibérie 15 ans plus tôt. Elle essaie de rattraper son retard mais un malaise sourd l'empêche d'avancer dans ses tâches. Et puis, Tatiana n'est pas comme d'habitude, elle ne fait rien pour l'aider, multiplie les reproches et les remarques acerbes. Dehors, le blizzard se renforce. Effrayés par la tempête de neige, les invités se décommandent, laissant Holly seule avec une inquiétude lancinante et une adolescente revêche.


Une situation banale qui insidieusement devient cauchemardesque, un huis-clos angoissant, un suspense psychologique…tout le talent de Laura Kasischke qui sait si bien distiller des touches de noirceur dans une ambiance froide et aseptisée.
De l'histoire, il ne faut rien dire sous peine de déflorer l'intrigue mais la tension monte tout au long des pages, il est quasiment impossible de lâcher le livre et ce n'est qu'à la toute dernière page que tout prend sens.
Oscillant entre conte de Noël et thriller psychologique, entre banalité et folie, l'Esprit d'hiver ne finira de hanter ceux qui s'y frotteront. A lire absolument!!

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J'aime cet auteur et cet "Esprit d'hiver" est dorénavant mon préféré parmi tous les romans de Laura Kasischke.
L'histoire est simple, c'est le matin de Noël dans une famille américaine moyenne, il neige, la famille et des amis sont invités à venir partager le repas mais dès le réveil, rien ne va. Holly va donc passer plusieurs heures à la maison en compagnie de sa fille adolescente en attendant le retour de son mari, parti chercher ses parents à l'aéroport, et l'arrivée des invités.Mais il y a des jours comme ça où on a l'impression que tout se ligue contre nous, que le quotidien devient un fardeau et qu'il ne faudrait finalement qu'une goutte d'eau pour faire déborder le vase.

En même pas 300 pages, l'auteur a su créer une atmosphère particulière et surtout il règne un suspense à couper au couteau entre ces pages.
La tension est telle qu'on a envie de lire à toute vitesse pour comprendre enfin de quoi il retourne mais on se retient car on sent bien que chaque ligne est importante, que chaque détail a une signification.
J'ai donc pris mon temps, j'ai savouré chaque mot, chaque ligne et je suis une fois de plus conquise par cet auteur époustouflant.
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C'est le matin de Noël. Après une soirée qui s'est prolongée, Holly se réveille trop tard. Elle s'en veut déjà en voyant l'heure car elle sait que cette journée va être très occupée. En effet, elle reçoit la famille de son mari et quelques amis pour venir fêter Noël. Elle n'a pas préparé le repas et la table n'est pas encore mise. Comble de malchance, son mari, lui aussi à la bourre, s'empresse de quitter le lit conjugal pour aller chercher ses parents à l'aéroport. Elle espère pouvoir compter sur l'aide de sa fille adoptive, Tatiana, qu'elle a ramené de Sibérie 13 ans plus tôt. Mais, cette dernière un peu contrariée par le fait qu'elle tenait à ouvrir ses cadeaux dès l'aube, semble reprocher à sa mère l'heure tardive à laquelle elle s'est levée. La jeune fille est d'humeur maussade, n'attache aucune importance à sa maman et encore moins au fait qu'elle sollicite son aide. Son comportement devient de plus en plus bizarre. le blizzard souffle, la neige tombe abondamment et la maison se retrouve soudain comme enveloppée d'une sorte de torpeur...

Laura Kasischke nous plonge dans une ambiance oppressante, nous enferme dans cette maison en compagnie d'Holly et Tatiana et nous glace le sang avec toute cette neige qui semble arrêter le temps. Elle décrit à merveille cette relation entre cette mère aimante, possessive, choyant son enfant qu'elle a tant espéré et cette fille habituellement si tendre et avenante mais dont le comportement étrange et troublant semble l'inquiéter. le lecteur est confronté à l'angoisse d'Holly, dès son réveil, qui ne la lâchera pas de la journée. Ce huis-clos étouffant et angoissant, alternant les événements de la journée de Noël et les souvenirs de Holly lors de l'adoption de sa fille, devient de plus en plus mystérieux au fil du temps, le comportement de Tatiana soulevant de multiples questionnements et cette neige drue renforçant le sentiment d'enfermement des deux femmes. L'écriture de Laura Kasischke est envoûtante et étourdissante.

Esprit d'hiver... glacial...
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La fameuse angoisse des fêtes de fin d'années, je la connais, chaque année je la vis. Pas celle causée par le souci des cadeaux de dernières minutes qu'il reste à trouver, je vous parle de la véritable angoisse, celle qui s'amplifie plus les jours approchent, plus le soir du premier réveillon se précise. Celle qui vous prend aux tripes, qui vous tenaille l'estomac, qui vous oblige à vous allonger, à vous forcer à respirer calmement avant d'entrer dans l'arène et de sourire en faisant comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

"Prendre connaissance des horreurs de ce monde et ne plus y penser ensuite,
ce n'est pas du refoulement. C'est une libération."

C'est également avec un indéfinissable sentiment d'angoisse qu'Holly se réveille en ce matin de Noël. Ayant un peu abusé du bon vin, elle se réveille en retard, son mari déjà parti chercher ses parents à l'aéroport. Plus que quelques heures avant que tous les invités ne débarquent et rien n'est prêt. Sa fille Tatiana aurait pu la réveiller mais semble de pas l'avoir fait comme pour mieux pouvoir la mettre dans l'embarras et le lui reprocher ensuite. Tatiana ne semble d'ailleurs pas dans son état normal mais impossible d'en connaitre la ou les véritables raisons. Une tension aussi soudaine qu'inexpliquée semble s'être insidieusement glissée entre les deux femmes. Ajoutez à cela, une tempête de neige phénoménale qui bloque tous les accès de la ville et des invités qui, du coup, ne viendront pas, rien dans cette journée ne semble vouloir se dérouler comme prévu.

Tout au long des pages de son roman, Laura Kasischke distille au compte-gouttes une ambiance inquiétante à souhait, une atmosphère pesante, cotonneuse. L'aspect huit-clos de cette confrontation entre une mère et sa fille adoptive est accentué par la neige qui les entoure. Elles semblent coupées du monde, sans vue sur l'extérieur. L'image de la baie vitrée opacifiée par la chute perpétuelle des flocons de neige contribue à cette sensation d'isolement, d'étouffement. Aucune intervention extérieure ne semble possible.

"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."

L'utilisation répétée de phrases ou mots en italiques, pour appuyer le côté inquiétant, et les incessants flashbacks permettent d'ajouter à la confusion et au questionnement du lecteur. Qu'est-ce qui a bien pu les suivre ? Un démon ? Un esprit ? Esprit d'hiver. Esprits divers... Holly, Holy Bible… Que de drôles de questions qui me viennent à l'esprit pendant ma lecture, que d'associations d'idées fumeuses!... Et cette enfant ramenée treize ans plus tôt d'un orphelinat de Sibérie aussi glacial qu'effrayant, qu'est-ce qui ne va pas chez Tatiana ?

Je me retrouve le 31 décembre 2009, je me suis réfugié dans une salle de cinéma après avoir esquivé toutes les invitations possibles et imaginables, l'angoisse des fêtes, vous vous souvenez… Esther, Orphan, en Version Original, l'histoire d'une enfant sortie de son orphelinat par une famille américaine qui va chèrement payer ce geste désintéressé. Et perpétuellement, l'accroche du film, sur l'affiche, qui me revient en tête tout au long de ma lecture :

"Quelque chose ne va pas chez Esther… "

Il est 5h30, dans la nuit noire, le vent souffle fort, la pluie cingle sur les volets, je ne dors plus, je dois savoir, il le faut. Il me reste moins de cent pages, je ne refermerai cet Esprit d'hiver qu'une fois ma lecture achevée.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Nous sommes le jour de Noël et Holly doit préparer le repas car elle reçoit ses beaux-parents, deux amies et leur fille et un autre couple. Seulement, elle est en retard, car la veille, elle et son mari Eric se sont couchés tard.
Eric part en catastrophe chercher ses parents qui sont déjà arrivés à l'aéroport. Dehors, il y a le blizzard, la neige qui tombe en abondance.
Holly s'est réveillée avec une sensation de malaise, une angoisse avec une phrase qui la hante : « quelque chose les avait suivi depuis la Russie jusque chez eux ». Elle a besoin de noter cette phrase lourde de signification pour elle dans le cahier où elle écrivait des poèmes autrefois, phrase qui va revenir souvent de façon lancinante tel un leitmotiv.
On apprend ainsi qu'Eric et Holly ont adopté une petite fille qu'ils sont allés chercher dans un orphelinat en Sibérie. Ils l'ont appelée Tatiana, alias Tatty, pour qu'elle conserve un lien avec le pays où elle est née.
Rien ne se passe comme prévu, d'abord Tatty se lève en faisant la tête et s'oppose sans arrêt à sa mère, car elle a maintenant treize ans et elle est à fond dans l'adolescence. Donc elles se chamaillent sans arrêt.
Eric appelle car sa mère est malade et il a dû aller à l'hôpital. Dehors les routes sont impraticables donc les invités annulent chacun à leur tour. Ce qui désole Tattie et Holly qui aurait aimé parler de leur mauvaise entente avec son amie Thuy qui elle aussi a adopté une petite fille et qui semble de bon conseil et surtout Tatty s'entend bien avec elle.
Peu à peu, les souvenirs remontent et Holly qui se culpabilise de ne pas être une bonne mère, évoque tout ce qui va mal depuis l'arrivée de bébé Tatty à la maison : la bosse qui pousse sur la main d'Eric, les verres que Tatty a cassés de façon étrange comme si quelque chose de maléfique les avait suivis au retour de l'orphelinat, les CD neufs qui se sont tous retrouvés rayés avant d'avoir servi, l'ordinateur portable qui a disparu, etc..
Elle repense à l'opération qu'elle a dû subir car elle est porteuse d'une mutation génétique qui se traduira par un cancer du sein dont sa mère et sa soeur sont mortes très jeunes. Elle a décidé sur les conseils du médecin de se subir une double mastectomie et une ablation des ovaires.
Elle se demande, ce qui s'est passé pour que la petite fille adorable devienne une adolescente à ce point exécrable, car en ce jour de Noël, elle devient un mur et plus aucune communication n'est possible. Et je vous laisse découvrir la suite...

Ce que j'en pense :

Le titre de ce livre est inspiré d'un vers du poète et avocat Wallace Stevens qui écrivait : « il faut posséder un esprit d'hiver ».
On est donc dans un huis clos. Holly et sa fille sont bloquées dans la maison, isolées de tout par la tempête de neige et ce jour de Noël tout va de travers.
L'ambiance est glaciale à l'intérieur comme à l'extérieur. La mère et la fille s'agressent mutuellement sans qu'il y ait de vrais motifs de dispute. Tatty multiplie les allers et retours de la cuisine à sa chambre dans laquelle elle finit par s'enfermer. Holly avait fait installer un verrou pour que sa fille puisse avoir son intimité quand elle le voulait mais le verrou va servir pour la première fois. Comme s'il y avait un renforcement de leur éloignement l'une de l'autre et une matérialisation de rancoeur et d'opposition.
Chaque fois qu'elle redescend de sa chambre, elle a changé de tenue, alternant une robe rouge et une robe noire.
On assiste aussi au bilan qu'Holly fait de sa vie de femme et de mère. Quelque chose s'est cassé tout d'un coup, elle se regarde sans complaisance, fait le bilan de sa vie : elle est poétesse, elle a une certaine notoriété et a publié des recueils. Depuis l'arrivée de Tatty, elle n'a jamais pu écrire une ligne, toute l'inspiration s'est tarie et ce matin avec cette phrase qui revient en leitmotiv, elle sent que c'est urgent de la noter et que l'inspiration va revenir et c'est vital pour elle.
L'auteure pose des questions essentielles. Depuis son opération, Holly est-elle encore une femme car elle a été mutilée, (double mastectomie et ovariectomies à l'âge de 22 ans) et rendue incapable de procréer ? Est-elle une mère, n'ayant pas porté un bébé dans son ventre ? Y a-t-il une différence entre un enfant biologique et un enfant adopté ? Elle a peur que Tatty lui dise un jour, après une dispute, « tu n'es pas ma mère ». Je la comprends très bien je suis une mère adoptive (adoptante ?)
Elle dévoile peu à peu, au fil des tensions avec Tatty, le parcours terrible de l'adoption, car fait-on jamais le deuil de la stérilité ? À force de vouloir tout bien faire, est-ce qu'on ne fausse pas la donne ? Comme toute mère, et peut-être même encore plus, on veut faire le mieux possible pour cet enfant qui vient de si loin, mais l'enfant ne prend-il pas cela pour un excès d'exigence ? Il y a l'enfant adopté et l'enfant fantasmé…
Elle décrit très bien l'horreur des orphelinats où ils enfants ne sont pas bien traités (en Sibérie, on est carrément dans la maltraitance), les dessous de l'adoption avec l'argent à verser pour que le bébé qu'ils ont choisi lors du premier voyage survive et soit mieux traité…
Le fin est sublime, à mon avis, car je m'attendais à un clash entre la mère et la fille (encore un écho avec ma propre histoire) et c'est autre chose qui se passe qu'on n'imagine pas. Je vais donc faire une deuxième lecture de livre, orientée par la fin que je connais maintenant.
Un conseil : ne regardez sous aucun prétexte l'avant-dernière page sinon, vous allez passer à côté de ce livre qui va toucher le lecteur en fonction de sa propre histoire.
En tout cas, c'est la première fois que je lis un roman de cette auteure est j'ai bien l'intention de continuer car j'aime son écriture belle, déliée et en même temps directe, donnant parfois l'impression de recevoir un coup de poing dans le plexus, la façon dont elle entretient le suspens, l'angoisse même parfois. Elle nous entraîne avec elle, on la suit dans des méandres parfois en se demandant ce qui va arriver, et ce qui va nous arriver car j'ai eu l'impression de vivre en même temps qu'elle, probablement parce que l'adoption résonne en moi de façon parfois douloureuse.

Note : 8/10


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Éric et Holly ont adopté une petite fille. Ils l'ont arrachée à sa vie misérable dans un orphelinat gris de Sibérie pour l'emmener vers une vie plus lumineuse. Tatiana a maintenant 13 ans. C'est une jeune fille magnifique au teint bleuté de porcelaine, d'origine peut-être tzigane ou mongole. Elle garde en elle un secret, celui de ses origines.

Nous sommes le 25 décembre et la tempête de neige engloutit Tatiana et Holly dans un huis clos insupportable. Tout se ligue pour les enfermer à l'intérieur de cette maison où le malaise est perceptible dans chaque geste, chaque pensée, chaque parole. Les invités se décommandent, Éric ne peut les rejoindre ; un sentiment d'abandon s'immisce dans la tête d'Holly en ce jour de noël. Et pour couronner le tout, Tatiana a un comportement étrange.

« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Avec ce leitmotiv, on sent ramper une ombre. Et plus on s'enfonce dans les flashbacks du passé, plus il fait froid, plus l'angoisse monte d'un cran. On ouvre des portes interdites. On écrit des mots étouffés. On s'emmitoufle dans un univers sibérien, vaste et blanc de secret, silencieux et oppressant. On enlève aux rosiers leur capuchon d'hiver pour qu'ils voient enfin la vérité. Le poème peut enfin s'écrire et prendre son envol, les démons ont ôté leurs masques.

Un roman si bien ficelé qu'il nous embrouille. Le lecteur pourrait se croire dans l'histoire banale d'une famille faisant face aux difficultés de l'adoption, de l'éducation d'un enfant, du passage à l'adolescence, de l'angoisse d'exister en tant que mère - celle qui a donné l'amour sans avoir pu donner la vie. Une histoire qui met en lumière la misère d'une partie du monde face au trop-plein de l'autre, du sentiment de solitude et d'abandon en plein cœur des fêtes, du mensonge de bien-être de nos sociétés dites modernes.

Il y a tout cela mais il ne faut pas oublier le refrain maudit, ce début de poème à écrire :
« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Ce qui fera que ce thriller psychologique ne sera pas un « esprit empli de roses » mais un « esprit empli d'hiver », glacial et bouleversant.
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C'est l'hiver, la neige tombe à flot, les coeurs sont gelés, la vie semble arrêtée dans cette maison tapissée de blanc où une mère et sa fille adoptive se retrouvent seule le jour de Noël. Inutile de leur souhaiter un joyeux noël, pour cette maman, rien ne va se passer dans le meilleur des mondes.
Elle se réveille tard ce matin de noël. Son mari est déjà parti à l'aéroport chercher ses parents. Tatiana leur fille est de mauvaise humeur. Elle aurait voulu accompagner son père. D'une broutille, on passe vite à la catastrophe. Tatiana se renferme, se montre distante et rebelle à l'égard de sa mère. Son comportement est trouble, elle change de tenue plusieurs fois, verrouille sa chambre, ne répond pas. Elle est différente. Inaccessible.

C'est le premier roman de Laura Kasischke que je lis et je n'ai pas accroché à ce roman. Les nombreux flashbacks mettent une distance dérangeante avec la trame de l'histoire. J'y suis, j'y suis plus.
L'ennui m'a accaparée tout le long du livre. Je n'ai pas été sensible à l'écriture saccadée de l'auteure. L'atmosphère m'a semblé floue et peu enclin à la représentation glaciale d'un esprit d'hiver. La fin du roman permet enfin de comprendre la portée de ce roman mais trop d'ennui tue l'effet de surprise.
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♫ Oh, jingle bells, jingle bells
Jingle all the way ♪

Aaaah Noël et son gros pépère…
Dans un monde idéal, vous vous réveillez fraîche comme la rosée du matin, déjà apprêtée, le repas n'attendant plus que votre bon vouloir avant d'être servi à vos hôtes adorés.
Le monde d'Holly diffère quelque peu. Réveil à la bourre, une gueule de bois carabinée et une tablée encore à dresser pour des convives attendus une fois l'an ce qui vous suffit amplement, y a des matins comme ça.
Eric, son mari, l'aiderait bien mais il a ses parents à récupérer en quatrième vitesse, malin le gars.
Tatiana dite Tatty, leur jeune ado de fille, l'aiderait bien mais elle a décidé de jouer à Tatie Danielle ce matin, pénible la gamine.
Heureusement, le temps s'annonce clément lui. Tiens, non, comme une fantastique imitation de tempête de neige à l'extérieur. Sinon, tout va bien…
C'est finalement bien seule, perdue dans ses nombreuses pensées, qu'Holly va tenter de sauver ce qui peut encore l'être. La journée s'annonce interminable et mouvementée, elle sera bien pire !

Bon, on va pas se mentir, pas transcendé transcendé le gars.
Si le récit est très loin d'être désagréable, il manque furieusement d'intensité.
Holly est une femme qui réfléchit beaucoup, tout le temps.
Des réflexions légitimes sur son rôle de mère, sa place au sein de la sphère familiale, son éprouvant parcours du combattant pour finaliser l'adoption de Tatiana...associées à des questionnements beaucoup plus discutables sur ses éventuelles chances de finaliste au championnat du monde de jokari sans élastique associés à d'autres interrogations du même acabit.

Le danger du huis clos, rendre le lecteur claustro par un manque de rythme certain associé à une absence coupable de rebondissements dignes de ce nom.
Encore une fois, le tout se lit sans déplaisir mais ne m'a jamais fait décoller plus que ça. J'ajouterai au tableau un final légitimant logiquement cette satanée journée mais finalement assez convenu et dénoué de véritable surprise.
Paradoxalement, je le verrai bien adapté au cinéma, le résultat pourrait y être grandiose. Oui Spock, je sais, je suis totalement illogique...

Esprit d'Hiver aura soufflé le chaud et le froid tout du long, pas suffisant pour me réchauffer le coeur...
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Ce roman est pour le moins...étrange et étonnant ! Je l'ai terminé hier et cherche encore de quelle manière le décrire...
J'en suis ressortie tellement perplexe et pourtant, c'était vraiment bon.
Court, composé de peu de dialogues, avec peu de personnages, ça défile tout seul et plutôt rapidement. le récit se déroule sur une journée, soit le jour de Noël. Bien vite, seulement Holly (la mère) et Tatiana (la fille adoptive) se retrouveront à huis clos dans la maison, tandis qu'Eric (le père) est parti chercher ses parents à l'aéroport. Une grosse tempête, qui n'avait pas été annoncée, fait rage, rendant les routes impraticables, ce qui fait que tous les convives annulent leur présence chez Holly. Celle-ci, prise au dépourvu, a maintenant tout le loisir de réfléchir. Une lecture en apnée peut commencer...

C'est un roman où l'ambiance est à l'honneur. Il s'en ressort un grand sentiment de solitude. Et de silence. Un décor un peu brumeux, comme lorsqu'on se lève un lendemain de beuverie et qu'on a l'impression de ne pas être vraiment là, comme si les sons, les images et les sensations étaient un peu brouillés, déformés. Au ralenti, comme si le corps était plus présent que l'esprit mais dont le toucher se ressentait à retardement. Une ambiance étrange et angoissante.

Ce roman est bien écrit, j'avais toujours hâte de le reprendre pour voir si cette ambiance serait présente jusqu'à la fin. La réponse est oui. On a l'impression de marcher sur un fil qui pourrait casser à tout moment. On retient notre souffle. Même l'air ambiant est fragile. Quant aux personnages, je ne me suis pas vraiment attachée à elles. Je ressentais une certaine distance avec elles (probablement volontaire par l'auteure) et les ai trouvées la plupart du temps plus assommantes qu'autre chose. Mais je pense qu'ici l'atmosphère tient vraiment la vedette et c'est cet aspect qui rend le livre si spécial. L'environnement, la maison, c'est une bulle hermétique. Difficile d'en dire plus sans dévoiler de secrets...mais j'avais bien hâte de voir comment le récit se terminerait !

Je ne saurais trop comment classer ce roman mais chose certaine, il se déguste lentement, comme un bon vin. Plus on avance, plus on apprécie !

Merci à Celise pour cette pioche de février, un petit roman juste bien dosé - sans rien de trop ni de pas assez, on s'en tient à l'essentiel -, dépouillé d'humour sans être tout-à-fait noir, non plus. Un récit en osmose avec la saison. À recommander. Une auteure que je relirai avec plaisir !

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« Quelque chose les avait suivis depuis le Russie jusque chez eux ».

Quelque chose de plus que ce qu'ils étaient venus y chercher.
Une chose qui collera à la peau de Holly, jusqu'au dénouement.

Elle qui veut pouvoir écrire les pressentiments qui la tiraillent, les craintes et les doutes qui l'assaillent. En vain.
Holly voulait être écrivaine et composer des poèmes. Même qu'un.
Ces mots qui dansent enfouis en elle…

Elle qui pour conjurer l'hérédité maudite de la famille avait pu se débarrasser de son destin, n'avait plus ni ovaires, ni seins.
Ces maux qui dansent enfouis en elle…

Elle l'a connue toute petite à l'orphelinat Pokrovka n°2, Tatiana.
Elle aimait tellement son visage et ses cheveux « Raiponce Noir de Jais ».

Avec Eric, pour la ramener, ils ont dépensé sans compter.
Quinze ans, elle a escorté le temps qui passe, sans trébucher.

De concert, le jour de Noël et le blizzard sont arrivés et tout a chaviré comme un cancer.
Certains jours sont si longs qu'on en oublie le temps, peuplés de regards de haine et de combats de sang.

Esprit d'hiver n'est pas un roman de saison, pas un livre de printemps.
Il y fait froid dehors et angoissant dedans.
En mai, je fais ce qu'il me plait et pendant que ma tisane infuse, les phrases de Laura Kasischke bâties de miel diffusent leur fiel à la manière d'une Joyce Carol Oates, proche de la démence sans la violence.

Certains raisonnements sont répétitions jusqu'à l'incantation, certaines idées sont envoutantes jusqu'à l'obsession. Chaque page se tourne dans le tourment d'affronter le pire avec tout de même l'espoir de vivre l'apaisement après la tension, éprouvante parfois.
Dommage que la conclusion se fasse trop attendre.

Comme Holly, j'ai voulu « griffonner quelque chose de cet instant sur un bout de papier avant de perdre les mots. »

Ravi d'avoir tronçonné l'anxiété que dégage ce roman en lecture commune avec Fuyating, Labullederealita et Gonewiththegreen.



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