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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour écrire cette critique, il m'a fallu quelque peu me documenter, car, n'étant pas experte du Japon et de ses codes, il me semblait que certaines significations sourdes me restaient inaccessibles. Je ne prétends pas avoir tout dénoué, ni même avoir dénoué quoi que ce soit, mais, personnellement, j'ai le sentiment d'y voir (un peu) plus clair.
Tout d'abord ce titre, cet étrange titre, "Nuée d'oiseaux blancs". Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
N'étant pas japonophone, il m'a fallu ruser un tantinet. Je suis d'abord allée voir le titre du livre en anglais : " Thousand Cranes " littéralement " mille grues " ou " un millier de grues ". Ceci me fait sentir que le traducteur français s'est attaché non tant sur l'espèce que sur l'aspect : c'est un oiseau et il est blanc. Ensuite, je me suis dit que cette différence devait cacher une impossibilité de traduire vraiment le titre. Je suis donc remontée aux idéogrammes eux-mêmes, 千羽鶴, Senbazuru, qui individuellement signifient " mille ", " plume " et " grue ". La traduction de Google donne, pour l'association des trois "mille grues en papier ".
L'aspect vaporeux de la plume est donc rendu en français par l'emploi du terme " nuées ". Bref, tout ce long et fastidieux préambule pour vous amener à convenir comme moi qu'il doit bien y avoir quelque chose d'éminemment symbolique là-dessous et qu'on se fiche bien qu'il s'agisse de grues ou de colombes et qu'elles soient 347 ou 621 ou 2553. Il a là-dedans vraisemblablement la symbolique du blanc, la symbolique du fuyant, la symbolique de l'insaisissable.
Je suis donc allée voir quelle était la symbolique du blanc au Japon, et je me suis laissée convaincre qu'il y avait comme un parfum de mort là dessous, de pureté et de mort. Toujours pas satisfaite par cette seule explication, je suis allée fouiner du côté de la symbolique de la grue pour les Japonais. Quiconque a déjà vu une grue japonaise aura remarqué son sublime plumage blanc, élégamment relevé de noir sur les basses rémiges et sur la gorge, ainsi que ce troublant point rouge, au sommet du crâne et sur le front. Un vrai petit drapeau japonais animé.
Toujours furetant autour de la symbolique de la grue, je tombe soudain sur les inévitables origamis et la légende des mille grues d'origami, qui en japonais s'écrit 千羽鶴, Senbazuru. Voilà, j'avais enfin découvert le petit secret de ce titre, secret d'ailleurs seulement pour les malheureux ignorants du japonais, car pour les autres c'est limpide.
Que dit cette très ancienne légende japonaise ? Que si quelqu'un s'amuse à plier un millier de grues d'origami, alors il verra réaliser son souhait le plus cher ou bien il jouira d'un millier d'années de santé et de bonne fortune. C'est traditionnellement un cadeau de mariage donné par le père du marié, signifiant ainsi qu'il souhaitait mille ans de bonheur et de prospérité au couple.
Nous y voilà, ayant tant soit peu débroussaillé le titre, je peux désormais m'attacher plus au livre lui-même. Tout d'abord, c'est un style (Mais quelle est la part de la traduction, quelle est la part de l'auteur ? je ne saurais le dire dans cette langue si différente de la nôtre et dont rien que le titre m'a tant fait transpirer.), sobre, épuré, mais divinement élégant.
Quelque chose comme " l'esprit japonais ", tel qu'on se le figure dans les imageries populaires, façon Japon impérial de Kyoto. Je me souviens (Je ne l'ai malheureusement pas relu récemment et je témoigne donc au moins autant sur les impressions laissées au gré des ans en ma mémoire lacunaire que sur le contenu strict !) d'une fameuse description de la cérémonie du thé où l'on imagine les mille codes cachés où chaque geste, chaque absence de geste, chaque silence, chaque durée de silence sont éminemment porteurs de sens.
Le héros, Kikuji, est un trentenaire aisé vivant dans le Japon des années 1950, c'est-à-dire tout juste et imparfaitement relevé des meurtrissures de la seconde guerre mondiale.
Kikuji a perdu ses deux parents mais le souvenir de son père refait régulièrement surface, notamment en la personne de Chikako, experte en matière de cérémonie du thé, qui fut quelque temps la maîtresse de son père et qui cherche à le caser auprès d'une jeune fille charmante.
Kikuji bénéficiant du transfert entre père et fils, un peu à la manière de la nouvelle de Maupassant Hautot Père Et Fils (dans le recueil La Main Gauche), celui-ci va entretenir une relation avec elle.
Mais tout serait trop simple sans la survenue de Madame Ota, qui elle était la maîtresse attitrée du père et qui pleure encore sa disparition. Notre brave Kikuji, guidé par les suaves effluves de la volupté va, lui aussi, s'abandonner aux charmes de Mme Ota. Et comme tout serait décidément trop facile ainsi, la fille de Mme Ota, Fumiko entre elle aussi dans la danse et la transe sensuel de Kikuji. Elle aussi a bien connu le père, qu'elle considère d'ailleurs un peu comme tel.
Yasunari Kawabata, tout comme Guy de Maupassant dans la nouvelle sus-nommée, pose cette étrange question : Y aurait-il une certaine forme de fidélité dans l'infidélité ?
N'est-ce pas pour être fidèles au père que ces femmes se donnent au fils ? Il règne donc un fort et étrange parfum d'adultère et d'inceste mais il ne faut pas vous imaginer quoi que ce soit d'orgiaque ou d'exubérant.
Il en va de l'amour comme de la cérémonie du thé, tout en codes et en non-dits, quelque chose de l'esprit du film In The Mood For Love. L'inévitable rivalité entre Chikako et ses rivales se traduira, elle aussi, par l'entremise des insignifiantes remarques, attitudes codées ou objets symboliques.
La symbolique des couleurs est très prégnante, le blanc, bien sûr, qui évoque la mort et ce faisant, le père défunt, mais aussi le rouge, qui évoque lui les vivants mais aussi la fidélité.
Lesquelles deux couleurs résument à elles seules tout un pan de la tradition japonaise. Mais, si son père lui a fait présent de quelque chose, Kikuji jouira-t-il vraiment de mille années de bonheur et de bonne fortune avec toutes ces femmes ?...
En somme, une oeuvre intimiste, par touches légères, tout en raffinement et subtilité, avec un rythme lent et balançant comme les films de Wong Kar-Wai. Dans son style, une pièce d'orfèvrerie rare, mais ce n'est là que mon avis, qui plus est, altéré par le temps, donc, pas grand-chose.
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Dans ce roman nous suivons la destinée de Kikuji Mitani, trentenaire célibataire aisé dont les parents sont morts aujourd'hui. Il ne sait pas trop quoi faire de sa vie, pris dans les errements de la modernisation à l'oeuvre de la société japonaise et la nostalgie des rites anciens.

Kikuji est marqué à jamais par l'image d'horribles taches brunes vues sur la poitrine de Chikako Kurimoto, qui fut brièvement l'une des maîtresses de son père défunt, celui-ci ayant davantage aimé sa rivale Mme Ota.

Kikuji est attaché au rituel de la cérémonie du thé, et va retrouver régulièrement ces deux femmes ayant connu son père…Chikako est intrusive, sans-gêne, jalouse et méchante, et va s'atteler, comme pour se venger de son père, à pourrir dans une sorte de fausse amitié vénéneuse la vie sentimentale de Kikuji. Celui-ci ne va pas manquer, comme autrefois son père, de tomber sous le charme de la douce Mme Ota. Mais c'est sans compter la présence au cours d'une cérémonie du thé, de la toute jeune et jolie Yukiko Inamura, comme sortie d'un rêve et tout auréolée de son furoshiki (carré d'étoffe) de soie rose aux motifs d'oiseaux blancs, ainsi que de la très discrète fille de Mme Ota, Fumiko, qui ressemble trop à sa mère pour ne pas générer quelque émoi chez Kikuji…

Comme souvent dans les grands romans classiques japonais, Kawabata nous offre un jeu très psychologique où le héros masculin est le jouet de femmes tantôt perverses et diaboliques, tantôt fragiles, mystérieuses, évanescentes.
L'atmosphère est ici pesante, on sent que des drames vont survenir d'une situation dès le départ malsaine…Kikuji revit les mêmes émois avec les femmes qui ont marqué son père, comme une sorte de fatalité, de destin presque héréditaire et quelque peu vicieux.

Le rythme est lent, l'histoire semble peu riche en évènements, on pourra trouver que l'auteur fait des montagnes de choses sans grand intérêt pour construire ses dialogues et les relations entre ses personnages…Pourtant cela fonctionne, dès lors qu'on fait l'effort de se projeter dans la psychologie et les traditions nippones…On est frappé en particulier par le rôle central de la cérémonie du thé et des objets qui y sont attachés comme les tasses, présentées comme de véritables objets d'art, et qui véhiculent en permanence les souvenirs, transmettent les sentiments de génération en génération, suscitant l'imagination et les émotions des personnages.

Malgré une réserve sur la fin semi-ouverte pas assez soignée à mon goût, j'ai trouvé là un beau roman, pas ennuyant, tant le plaisir de goûter le style d'une grande élégance classique et poétique a été puissant. C'est un formidable vecteur pour nous faire partager l'art et l'expérience sensorielle de la cérémonie du thé, les émotions qui animent les personnages, et donner une forte acuité aux images qui frappent l'imagination du lecteur (les taches de Chikako, les objets précieux, la tenue vestimentaire et les accessoires de Yukiko...).

Un agréable moment de lecture à déguster comme un thé vert précieux du Japon.
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Lire Kawabata, c'est entrer dans un univers déroutant. Un univers qui lui est propre dans lequel les choses les plus infimes prennent toute leur importance. Ce n'est pourtant pas le premier roman de cet auteur que je lis mais j'ai une nouvelle fois été surprise. Il faut se laisser dériver dans un lent murmure des mots, suivre les personnages sans chercher à se raccrocher à notre propre raisonnement faute de quoi on achoppe, on trébuche tant la culture japonaise est différente de ce qu'on peut appréhender en Europe. Cette lecture a été difficile dans la mesure où j'ai mis du temps à lâcher prise. Une fois ce cap passé, j'ai repris des pages avec la tête libre de suivre la narration de Kikuji. Le récit est intimement lié à la pratique du thé qui témoigne d'une minutie, un art somptueux où l'objet prend une dimension quasi mystique et révèle toute la sensualité contenue, une sensualité dans laquelle la mort est liée. le destin des protagonistes peut-il être heureux avec Kawabata ? Comme la fleur de liseron coupée, belle et éphémère, les histoires d'amour le sont-elles également ? Une belle lecture.
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Je découvre Yasunari Kawabata grâce aux challenges Babelio et j'en suis enchantée.
"Nuées d'oiseaux blancs" est un texte d'une grande sensibilité, je ne suis donc pas surprise qu'il ait reçu le prix Nobel de littérature en 1968.
Ce court roman dont le personnage principal est un jeune homme nommé Kikuji est organisé en cinq livres. Avec franchise, il nous raconte sa découverte des femmes autour de l'art du thé, tradition japonaise qui permet de se réunir pour faire connaissance, rendre hommage à un défunt ou simplement pour le plaisir de se retrouver. Pourtant, l'atmosphère est loin d'être traditionnelle car l'harmonie qui se dégage de la cérémonie du thé n'est pas celle de la vie amoureuse du jeune homme.
Kikuji a toujours su que son père avait eu deux maîtresses, Chikako experte en l'art du thé qui a vite été délaissée puis Mme Ôta, veuve d'un ami collectionneur d'objets d'art, avec qui il a vécu un amour sincère que seul la mort du père de Kikuji a interrompu.
Si Chikako s'immisce dans la vie du jeune homme en cherchant à arranger son mariage, c'est dans les bras de Mme Ôta qu'il va se réfugier. Cette brève passion amoureuse sera funeste et le suicide de Mme Ôta laissera à Kikuji le souvenir d'une sensation merveilleuse de douceur, de volupté et d'apaisement. Ce drame le rapprochera de sa fille Fumiko.
La psychologie des personnages est décrite avec une grande finesse, je regrette juste qu'hommes ou femmes soient souvent en train de s'excuser, de demander pardon, la culpabilité prenant vite le dessus.
J'ai préféré l'importance que prennent les objets comme les tasses pour la cérémonie du thé ou la cruche de Shino symbolisant la beauté éphémère et confirmant la qualité d'esthète de Yasunari Kawabata.



Challenge Solidarité 2021
Challenge Riquiqui 2021
Challenge Coeur d'artichaut 2021
Challenge XXème siècle 2021
Challenge Multi-défis 2021
Challenge Nobel illimité
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Convié à une « réunion de thé » ,un jeune homme , Kikugi , s'y trouve en compagnie de deux ex-maîtresses de son défunt père et d'une potentielle future épouse . à partir de cet instant , Kikugi est pris dans une trame subtile ,en butte aux manigances de la fielleuse Kurimoto , envouté par la sensuelle Mme Ota , ému par la fille de celle-ci .Le héros se débat dans d'inextricables complications amplifiées par la si alambiquée étiquette japonaise. Un roman hanté par la mort et illuminé par la beauté des objets et des fleurs .
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Sans doute le meilleur Kawabata que j'ai lu, pas parce qu'il est plus abouti mais parce qu'il sonne plus vrai que d'autres que j'ai lu précédemment.

Niveau écriture ça ne change pas, la plume est toujours aussi bien maniée, ça glisse tout seul sans un accroc sur la page.

Mais ce qui fait que j'ai vraiment apprécié cette lecture c'est cette omniprésence de blanc, de transparence, d'image quasi onirique, où tout semble hors d'atteinte. Cette dernière impression est d'ailleurs fortement appuyée par ces moitiés de secret, ces non-dits qui s'entendent tout du long du livre, puisque c'est un peu la partie inaccessible du livre.

En ce qui concerne la trame de ce livre maintenant, elle n'est ma foi pas transcendante, même si elle est très plaisante, bien que les drames, les jalousies, les rancoeurs, les gênes, ne sont pas -à mon goût- toutes aussi catastrophiques ou aussi gênantes que l'auteur voudrait bien nous faire croire. En effet pour moi, certaines situations ne méritent vraiment pas tant de bienveillance ou de théâtralité dans les faits et gestes, du coup par moment j'ai trouvé que l'auteur en a fait un peu trop… et c'est là à mon sens le seul point presque négatif de ce livre.

Mais outre ceci, oui c'est un très bon livre, et j'ai passé un agréable moment de lecture avec ces personnages déchirés ou mauvais, et la fin à défaut d'être surprenante est plaisante, même si bien sûr elle est loin d'être joyeuse.
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Une oeuvre d'une haute symbolique qui véhicule un sentiment de profonde mélancolie. Mitani Kikuji, un jeune homme d'affaires, assiste à une cérémonie du thé organisée par l'ancien amant de son défunt père, Kurimoto Chikako, qui a l'intention de marier Kikuji à l'une de ses élèves, une jeune femme nommée Inamura Yukiko. Cependant, Kikuji est attiré par Mme Ota, une autre ancienne amante de son père, qui assiste à la cérémonie avec sa fille, Fumiko. La cérémonie devient tendue avec l'histoire des deux femmes, et Kikuji et Fumiko se retrouvent au milieu du tourbillon.

Après la cérémonie, Mme Ota attend Kikuji dehors. Ils parlent du père de Kikuji et finissent par passer la nuit ensemble dans une auberge. Bien que Kikuji soit en conflit à l'idée de coucher avec la maîtresse de son père, il ne peut nier son attirance pour Mme Ota ni le lien qui les unit. Chikako essaie d'éloigner Mme Ota et Fumiko de Kikuji et pousse Kikuji à revoir Yukiko et à s'engager dans le mariage proposé entre eux. Fumiko tente également de dissuader sa mère et Kikuji de poursuivre leur liaison, mais Kikuji et Mme Ota, désormais malade, se retrouvent. Accablée de tristesse et de honte, Mme Ota se suicide cette nuit-là.

Choqué par la mort de la femme avec laquelle il ressentait un lien si fort, Kikuji rend visite à Fumiko pour lui présenter ses condoléances et tenter de surmonter cette perte.

Ici, la cérémonie du thé fonctionne comme un symbole de décadence sociale, car au lieu de représenter un moment de sérénité et de paix communautaire, un lien entre les générations, elle laisse place à des intrigues personnelles. Chikako utilise la cérémonie comme un outil pour cacher des actes terribles et s'immiscer dans les relations des autres. Ainsi les principes fondamentaux de la cérémonie sont détruits.
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Kikuji est invité à assister à une cérémonie du thé. Celle qui officie, Kurimoto, est une des anciennes maîtresses de son père, décédé quelques années auparavant. Kurimoto a décidé de présenter une jeune femme à Kikuji, de jouer la marieuse. Envahissante, sans gêne, elle manoeuvre pour garder la main-mise sur une maison qu'elle a toujours considéré comme sienne, et tente de manipuler tous les protagonistes pour arriver à ses fins. Elle est pleine de ressentiment envers Mme Ota qui lui a succédé dans le coeur de son amant.
Est présente à la cérémonie cette autre autre maîtresse du père de Kikuji, celle avec qui il a partagé le plus longtemps sa vie.
Entre Kikuji et Mme Ota, une relation profonde, fulgurante et dévastatrice commence. Elle retrouve son ancien amant en Kikuji, et se torture de culpabilité. Elle aimait profondément cet homme. Au delà de l'arrière goût d'inceste que peuvent ressentir Mme Ota ou Kikuji, il y a l'émoi des amants, l'amour, la jalousie, qui transcendent et traversent les générations.

En filigrane, le père, que l'on découvre à travers les souvenirs des autres, comme peut-être l'auteur lui-même a découvert son père décédé alors qu'il avait un an à peine.
C'est un roman empreint de délicatesse aussi bien que de fortes émotions, fiévreuses, emportées. J'ai ressenti beaucoup de tristesse pendant ma lecture, du désespoir, ou plutôt le sentiment qu'il n'y a plus rien à attendre, que tout déjà a été vécu, appris, créé.

Kawabata décrit parfaitement l'éveil des sens, la volupté, qu'il s'agisse de toucher le grain d'une tasse de thé, d'admirer un verni délicatement translucide, ou de plaisir charnel.
C'est limpide,doux, léger et à la fois tranchant, froid, douloureux. C'est beau.
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On dit que le diable se cache dans les détails. Ici c'est le dieu Kawabata qui joue avec la subtilité. Il nous fait découvrir à partir de faits mineurs auxquels on ne porterait pas attention, le sens caché des situations et des choses. Par exemple si de frais liserons d'eau, coupés de bon matin, sont apparemment choses plaisantes, en réalité ils évoquent la mort car ils se fanent très vite. Cet exercice de révélation parcourt tout le roman. de manière ultime il aboutit à faire revivre les personnages défunts à partir des caractéristiques et de l'histoire de leurs objets familiers. Comme il s'agit de bols et pots anciens utilisés pour le service du thé, les cérémonies du thé ont un caractère quasi religieux dans le roman. On peut voir aussi dans ces objets des sortes de médiateurs. Ainsi la manière dont Kikuji décrit le pot que lui a offert Fumiko est une quasi déclaration d'amour.
Mais l'intérêt du roman réside surtout dans la manière, extrêmement pudique et délicate, dont il parle de la tendresse, du deuil, et du sentiment de culpabilité. (A cet égard il est curieux que la traduction utilise le mot « péché « pour nommer ce qui est présenté comme une faute ).
Le roman a aussi un aspect plaisant par l'humour dans lequel baignent plusieurs scènes, notamment la discussion sur une grande tache noire dont est affligé un sein de Chikako, la fausse raison qu'invoque Fumiko pour détruire le bol donné à Kikuji et la discussion décousue qui s'ensuit.

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