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Nicolas Kayser-Bril (Autre)
EAN : 9782490698264
141 pages
Nouriturfu (04/02/2021)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Dans "Voracisme", il est question du lien inextricable, consubstantiel, entre histoire de la suprématie blanche et histoire de l'alimentation. Une enquête journalistique, historique et sociologique, qui court des champs de canne à sucre au XVIIe siècle jusqu'aux rayons des supermarchés en passant par les salles et cuisines de nos restaurants.

« La race est particulièrement visible dans l’alimentation. D’abord parce que le concept fut inventé pour jus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis bien embêté avec ce livre ! J'ai adoré Bouffes Bluffantes et breuvages Bluffants, du même Nicolas Kayser-Bril.
Là, je ne peux pas dire que j'ai adhéré au projet. Je ne partage pas l'analyse, ou plutôt les conclusions qui sont le coeur de ce livre, et l'idéologie qui en découle. de manière générale, je dois bien dire être assez rétif (sans être Bretonne !) à toutes les analyses provenant des pays anglo-saxons depuis quelques décennies ; à savoir les luttes sectorisées, genrées, racisées. Ça ne me parle pas. Pas du tout. Et pire, cela me semble conduire à une impasse à la fois sociétale et idéologique.
Bon, je ne vais pas mettre la charrue avant les boeufs, et essayé d'étayer un peu mon propos.
Tout a mal commencé dès le premier chapitre, entre l'histoire ségrégationniste d'un logo d'une marque de pancakes aux USA et la justification du mot "race". Moi je suis assez d'accord avec les députés qui veulent enlever le mot race de la constitution. Il n'y a pas de races d'hommes, un Homme et une homme, et même parfois une femme, c'est à dire un humain. Considérons tout le monde pareil et on pourra repartir sur de bonnes bases. Ensuite ce pauvre auteur est obligé de se justifier d'être blanc mais de quand même parler d'un sujet qui touche aux noirs et autres "racisés". Ça me hérisse. Ça place tout de suite le livre dans une mauvaise condition. Pourquoi devrait-il se justifier ? Il veut en parler, il a son idée, et bien allons-y, il a autant le droit d'en discuter avec ses lecteurs qu'un joueur de foot de la philosophie d'Heidegger à l'épreuve du nazisme, si c'est sa passion du moment (et je suis sûr qu'il sera plus lu !).
Dans la suite de l'ouvrage, Nicolas Kayser-Bril continue de développer cette idée à travers les origines du racismes et ses prolongements aujourd'hui, des hypocrisies marketings et commerciales, à la répartition des postes dans les restaurants en passant par le commerce équitable et le rôle de la colonisation.
Il y a à dire sur tous ces sujets, mais celui qui m'a le plus interpellé est la justification du racisme (plutôt devrais je dire l'explication) dans le commerce du sucre, et la colonisation qui a suivi. Deux choses, de une je ne crois pas que le pire des racistes d'aujourd'hui arrive à la cheville de l'intolérance du plus tolérant des grecs antiques : ils n'y avait peut être pas de théorie raciste dans l'antiquité (quoique, si on lit bien Platon, les Spartiates ne risquaient pas de passer pour des libertaires) mais n'oublions pas que leurs femmes passaient de la main du père à celle du mari et vivaient dans un gynécée la quasi totalité de leur existence, que les esclaves étaient des meubles, et les étrangers des barbares ou des ennemis. Alors le coup du "avant le sucre, pas de races", il ne passe pas pour moi. le moyen-âge pourrait je crois fournir quelques beaux exemples.
Ensuite, sur la colonisation. On vit en France, en Europe, ou bien ? Les exemples, les sources, sont américaines. Anglo-saxonnes au mieux. Il faut vite faire une traduction, les ventes vont être fulgurantes aux USA, on y parle d'eux. Mais je crois qu'ici, c'est un peu différent. La France n'a pas eu de système ségrégationniste jusqu'en 1960. Elle a eu des colonies, un département (l'Algérie) colonial, menée des guerres de décolonisation, oui, mais avec un contexte et une idéologie bien différente. D'ailleurs Nicolas Kayer-Bril le dit (bien que ce soit très controversé), les colonies ont couté plus qu'elles n'ont rapportés. C'était plus une question d'image, une histoire de lutte avec des rivaux, de puissance, d'économie in fine plutôt que de l'idéologie.
Et c'est là que je diffère le plus avec l'analyse proposée ici : Là où l'auteur voit du racisme, je vois surtout de l'exploitation. Il n'y a pas de racisme dans l'économie capitaliste, libérale (il y a des clichés racistes pour vendre, ça oui, mais il faudrait en parler ailleurs, et je n'aurais surement pas le courage !), et s'il y en a en politique dans les nauséabonds partis acoquinés avec les tenants de la doctrine précitée, c'est bien pour détourner l'attention et continuer à exploiter aussi chez les blancs. Dire à un mineur sorti de Zola qu'il est suprémaciste, c'est un poil limite. Il est tout aussi exploité que l'autre qui produit le sucre qu'il mange. L'auteur ne dit très bien d'ailleurs. Il n'en tire pas la conclusion qui s'impose à moi, le racisme est surtout économique: une population facilement "escalavagisable" a attiré les rapaces de l'époque Moderne, et continue à le faire.
Les historiens de la "lutte des civilisation" ne sont que des épouvantails dressés dans les facs US pour nourrir l'idéologie des faucons (qui en sont de vrais !) du même pays.
Mettre tout le monde dans le même panier est tout de même fort de café (ah non pardon, de farine de gland torréfié). Pour en finir avec le côté histoire et colonisation, j'ai trouvé étrange de voir Kipling et pas Ferry, par exemple, et de ne rien lire des débats pourtant puissants et anciens au sein de l'histoire de la colonisation en France. de ce côté on ne peut pas dire qu'on soit trop en retard...

Enfin, la culpabilisation blanche n'est pas pour me convaincre du bien fondé des idées avancées. S'il faut payer plus pour se nourrir c'est simplement parce que la nourriture est la base de la vie et qu'un travail doit être justement rétribué, plus que le capital et les investisseurs ou les boursicoteurs qui achètent et revendent des stocks de denrées vitales pour en tirer le plus de profit. L'accaparement était un crime sévèrement puni, rétablir ce principe et supprimer la spéculation sur la nourriture serait un pas plus grand que cracher sur tous les blancs au seul prétexte qu'ils le sont. Dommage qu'on n'en parle pas dans ce livre. le lien entre exploitation des petits producteurs des Suds et inégalités étaient pourtant tout trouvé !

Bref, cet essai, bien que très documenté comme tous les autres ouvrage de Nicolas Kayser-Bril ne m'a pas convaincu et m'a au contraire énervé. Il me semble surfer sur une vague idéologie qui ne va pas déterrer les vrais problèmes et causes, et qui pire jette l'opprobre sur des gens n'ayant rien demandé. On ne construit pas bien lorsqu'on croule sous la culpabilité, et pire souvent, on aggrave les erreurs y ayant mené. Enfin, si les raccourcis dans Bouffes et breuvages Bluffants ne m'avaient pas gênés (puisqu'ils ne me paraissaient pas taire un important contexte ou biaiser les raisonnements), ici ce fut le cas ; il aurait sans doute fallu deux ou trois fois plus de texte pour développer des arguments historiques. Malheureusement, sobriété éditoriale et vérité ne font parfois pas bon ménage.
Dommage.
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Nouvelle parution au catalogue des Editions Nouriturfu, Voracisme – Trois siècles de suprématie blanche dans l'assiette de Nicolas Kayser-Bril incite à explorer le contenu de notre auge non pas d'après ses valeurs nutritives mais à travers les conflits socio-raciaux qui s'y jouent.

Qui s'étonne de nos jours, en Occident, de trouver à l'heure du dessert autant de mets sucrés pure canne, de café ou de thé sur la table ? Que ces produits viennent des quatre coins du globe, cela fait consensus, mais qu'ils soient tous liés à l'asservissement de populations et de territoires, et les arguties pleuvent. Qu'à cela ne tienne, le journaliste Nicolas Kayser-Bril a rassemblé une conséquente bibliographie dans un court et mordant essai pour lever le voile sur plus de trois cents ans de commerce inéquitable.

À l'origine, l'histoire de cette « vaste entreprise d'exportation, largement agroalimentaire » trouverait un de ses principaux moteurs dans le désir de produire davantage de sucre de canne – espoir permis par la découverte de territoires allant toujours plus vers l'ouest. D'une culture difficile, demandant beaucoup de main d'oeuvre, la production n'en était que très limitée avant la découverte de terres jugées comme vierges et de groupes ethniques à éduquer grâce au travail. le commerce triangulaire venait de naitre sous les bons auspices de l'évangélisation. Mais au fur et à mesure que les Occidentaux prenaient goût au sucre, le nombre d'esclaves converti.e.s augmentait. Plus question, dès lors, d'avoir des pratiques aussi barbares envers ses frères et soeurs chrétien.ne.s. Changer les conditions de travail, augmenter le salaire (si ce n'est en donner un) pour convaincre des engagés volontaires et risquer de perdre en profit ? Hérésie ! C'est ici que des interprétations des évolutions en biologie et en médecine offrirent de nouveaux arguments indéboulonnables : la classification des êtres humains en races. le racisme était né et l'esclavagisme pouvait être aboli sans risque. du haut de sa nouvelle valeur consacrée par sa peau, l'humain.e blanc.he pouvait continuer de transformer le monde en son grenier au mille et une saveurs.


Lien : http://untitledmag.fr/voraci..
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Cet ovni littéraire attire l'attention par sa couverture qui fait penser à la fameuse fourchette qu'Adama Traoré aurait utilisée pour "profiter" de ses codétenus.
Je m'attendais à un pastiche, mais non l'auteur se prend au sérieux ! Il croit à ce qu'il raconte. Même si c'est totalement premier degré ça reste un peu drôle par le côté pathétique, les grosses ficelles, les cautions sociologiques, historiques les plus alambiquées... utilisées pour faire passer les messages vaseux auquel l'auteur voudrait nous faire adhérer.
A lire au coin du feu lors de soirées UNEF.

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Voracisme est le second livre que je lis des éditions #nouriturfu après Maltriarcat.
Cette fois l'ouvrage s'intéresse au racisme sous le prisme de la nourriture. Après une introduction un peu ardue, l'auteur va remonter le fil de l'histoire et dénoncer les mécanismes racistes et coloniaux sur lesquels repose l'alimentation et la gastronomie occidentale aujourd'hui.

La lecture de cet ouvrage fut plutôt simple et m'a permis d'apprendre et de conscientiser de plein de choses autour de ces thématiques. Par exemple saviez-vous qu'on ne fait des confitures dans les foyers modestes que depuis le XIXème siècle ? période à laquelle le sucre est devenu accessible à tous !  

Encore une fois le capitalisme et le marketing sont des moteurs puissants qui perpétuent et popularisent de nombreux stéréotypes, images et slogans racistes.

J'ai bien l'intention de continuer à lire la collection #lepointsurlatable par exemple avec #faiminisme ou #steakisme .
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les lecteur.rices les plus assidu.es en cours d'économie me feront remarquer que tout cela est bien normal, que c'est là le principe même du capitalisme libéral. Des entrepreneurs avisés ont crée un nouveau produit et s'enrichissent avec, et tant mieux si les producteur.rices de café sont un peu moins mal traité.es au passage. Mais c'est bien là tout le problème. Pendant que les dirigeants de Malongo profitent de leurs villas avec piscine dans la vallée du Var, les petits producteurs à l'origine de leur fortune continuent de trimer sous le cagnard du Burundi, de Cuba et d'ailleurs pour gagner des clopinettes. Cet échange inégal, dans lequel des blanc.hes européen.nes profitent du travail des racisé.es, n'a rien de nouveau. Qu'on lui colle l'adjectif «équitable», en revanche, est très problématique.
C'est l'innocence qui fait le crime, écrivait James Baldwin. Le commerce équitable, c'est en grande partie une fabrique d'innocence, un générateur d'ignorance, dans laquelle la plupart des intermédiaires - organismes de certification, distributeurs et marques- essayent de cacher plus ou moins consciemment la véritable nature de leur commerce. Payer quelques centimes de plus des producteur.rices ne les sortira jamais de la pauvreté. [...]
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L'oublioir fonctionne à merveille. En 2007, un petit président français pouvais déblatérer tranquillement, à Dakar, que « le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire.» Sans doute ce président oubliait-il que ses prédécesseurs avaient été très actifs pour anéantir les cultures africaines, pour voler leurs symboles religieux et les exposer dans des musées d'«art primitif», oui encore pour chasser les Noir.es des commémorations, des livres d'histoire et des programmes scolaires.
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Bien sûr, les colonies ont aujourd'hui presque toutes disparu. Pourtant, la division raciale du travail reste la même qu'il y a un siècle : les blanc.hes mangent ce que les racisé.es font pousser et récoltent. Tout comme le colonialisme remplaça l'esclavage pour organiser la suprématie blanche, de nouveaux mécanismes et de nouvelles idéologies arrivèrent dans les années 1950 pour permettre aux blanc.hes de continuer à dominer - en toute bonne conscience.
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Écrire une histoire des liens entre la race et l'alimentation m'a semblé une évidence, notamment parce que le racisme est lui-même, en grande partie, la conséquence des pratiques alimentaires de nos ancêtres.
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Pourtant les races existent bel et bien. Non pas qu'elles aient une existence biologique, pas plus que les religions. Mais tous les Français sont capables de reconnaître l'identité raciale de leur voisin, de leur collègue ou de leur restaurateur. La race est une construction sociale d'une solidité incroyable.
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Vidéo de Nicolas Kayser-Bril
Rapide présentation du livre "Voracisme – Trois siècles de suprématie blanche dans l'assiette" par son auteur, Nicolas Kayser-Bril. Dans "Voracisme", il est question du lien inextricable, consubstantiel, entre histoire de la suprématie blanche et histoire de l'alimentation. Une enquête journalistique, historique et sociologique, qui court des champs de canne à sucre au XVIIe siècle jusqu'aux rayons des supermarchés en passant par les salles et cuisines de nos restaurants.
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