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Un beau livre, vraiment. Basé sur une histoire vraie, ce roman imagine les derniers mois de la vie d'Agnes Magnúsdóttir, entrée dans l'histoire comme dans la dure Islande du début du XXème siècle. Pas de suspens donc si l'on a un peu fureté avant pour connaitre le contexte historique, et du suspens pour les autres car on espère tout du long que la sentence à laquelle on la sait condamnée sera levée ou commuée.
Car la force du livre est là. En décidant de commencer la narration à partir du moment où la sentence est connue, on découvre une femme qui doit vivre normalement, dans une ferme comme les autres, vaquer aux travaux comme n'importe quelle servante de ferme de l'époque, mais en sachant qu'elle ne sera jamais rétribuée, et que c'est la mort qui l'attend au bout, et plus rapidement que pour ceux qui l'entourent.
C'est un beau portrait d'une femme fière et libre, mais aussi travailleuse et consciencieuse. Une femme attentive à ce qui l'entoure, aux changements du ciel et au passage du temps, une femme aussi qui a vécu de nombreuses épreuves mais qui jamais ne veut se laisser abattre.

L'auteur, une australienne qui incarne la magie de la littérature qui peut nous porter, nous lecteurs mais elle aussi écrivaine, dans un espace et un temps très différent, creuse deux sillons dans ce livre. le premier, probablement celui que j'ai préféré, c'est une description minutieuse mais jamais pesante des conditions de vie dans une petite ferme islandaise de cette époque. Les difficiles conditions de vie avec le froid et l'humidité toujours présents, la fin qui n'est jamais loin, ni pour les serviteurs ni pour les maîtres, tout le monde partageant les mêmes difficiles conditions de vie. Les retournements de fortune qu'on ne peut ni prévoir ni éviter, l'absence de véritable espoir de voir les choses s'améliorer. Une vie âpre pour tous, sauf pour quelques richards des bourgs voisins, mais ils sont bien peu nombreux et semblent vivre sur une autre planète. Et tout cela nous est raconté à travers l'hiver qu'Agnes Magnúsdóttir passe dans une ferme où elle a été envoyée pour attendre son exécution, puisqu'il n'y a pas de prison pour elle et qu'il faut attendre la confirmation de la peine qui vient du Danemark, l'Islande étant à cette période sous la dépendance de ce pays.
Et c'est là le deuxième sillon du livre. Comment cette femme marquée au fer rouge par sa condamnation est accueillie par des fermiers à qui sa présence est imposée, par les voisins aussi. Et comment cette femme voit l'échéance se rapprocher, son cheminement sur le chemin de la rédemption que lui propose son directeur de conscience. Je dois avouer m'être finalement lassée de cette partie du livre.
Mais malgré cette réserve, j'ai tout simplement adoré ce livre. J'ai eu l'impression, alors que je lisais ce livre pendant un mois de juin plutôt ensoleillé, de vivre cet hiver avec les personnages, de sentir le givre dans la maison, de voir les réserves de nourriture baisser, d'avoir froid, toujours et encore, d'avoir faim, de ne pas savoir de quoi demain sera fait. C'est un livre écrit d'une façon relativement simple, sans recherche inutile, mais très efficace. Documenté dans les moindres détails, c'est une immersion passionnante dans l'Islande du début du XXème siècle. Les personnages m'ont parfois rappelé ceux de la Cloche d'Islande de Laxness (prix Nobel de littérature 1955, excusez du peu…). L'écriture de Laxness est plus forte, plus expressive et travaillée, plus âpre, mais les petits détails de la vie quotidienne qu'Hannah Kent distille dans son livre rendent cette histoire (… j'allais dire savoureuse, ce n'est pas le mot pour un contexte si dur), disons, passionnante à lire et ce livre difficile à refermer.
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Pour son premier roman, l'australienne Hannah Kent s'est intéressée à l'histoire d'Agnes Magnusdottir, la dernière femme condamnée à mort et exécutée en Islande. Ce cas célèbre en Islande a apparemment fait couler beaucoup d'encre, mais dans la plupart des écrits, Agnes est présentée comme une femme froide et manipulatrice. Hannah Kent a voulu offrir un portrait plus humain de cette femme. Elle a donc fait le choix de nous présenter une femme vulnérable et sensible, victime de sa condition.
Agnes raconte son histoire à Toti, le pasteur chargé de la préparer à la mort, sous le regard haineux puis apitoyé des fermiers qui en ont la garde. En attendant son exécution, Agnes vit au milieu d'eux, chargée des tâches habituelles d'une servante. Et c'est ainsi que l'on découvre le quotidien d'une ferme islandaise au début du XIXème siècle. Une vie de labeur incessant, où maîtres et serviteurs partagent l'espace commun de la badstofa, où la vie est morne et difficile, le froid, la misère et la mort n'étant jamais bien loin.
Les confidences d'Agnes sont interrompues par des passages consacrés à d'autres personnages, notamment le pasteur Toti et la fermière Margret. Et des lettres, poèmes et extraits d'actes judiciaires, précédent chaque nouveau chapitre. L'apport de ces documents est particulièrement intéressant.
J'ai toutefois un bémol. En effet, le parti pris d'Hannah Kent pour Agnes est trop présent. Et cela devient dérangeant lorsqu'Agnes en arrive à parler de Natan et Pétur, les victimes du meurtre et lorsqu'elle raconte le crime en lui-même.
L'écriture d'Hannah Kent est agréable et fluide, le ton est rythmé et l'histoire est intéressante. Bref, j'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman. Hannah Kent a depuis écrit un autre roman pour lequel les critiques sont aussi bonnes. Par ailleurs, j'ai cru voir que ce roman sera bientôt adapté au cinéma avec l'actrice Jennifer Lawrence dans le rôle d'Agnes Magnusdottir. Et là j'avoue que j'ai quelques craintes avec une adaptation à l'américaine.

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Un livre islandais que j'ai beaucoup aimé
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Voilà un roman qui m'a transportée sans coup férir dans l'Islande du XIXe siècle, dans une vallée dure aux habitants, pauvres et sous l'influence implacable de la religion protestante.

Le personnage principal, Agnès Magnúsdóttir, est une jeune femme de 28 ans, condamnée à mort pour le meurtre de son amant. Un autre homme, Fridrik est également condamné et une servante graciée.

Plutôt que de laisser Agnès en prison, le commissaire de police décide de la confier à une famille de fermiers, laquelle n'a guère le choix et est obligée d'accepter, à contrecoeur. Un pasteur devra la rencontrer tous les jours pour l'inciter à prier et à se repentir en attendant son exécution.

Margret, Jon et leurs deux filles sont horrifiés à l'idée de recevoir une telle meurtrière, ils s'en font une idée quasi-démoniaque. Bien sûr, les choses ne se passeront pas tout-à-fait comme prévu. Passées les premières préventions, des liens se crééront, une forme de compréhension se fera jour et il s'avèrera qu'Agnès n'est peut-être pas la sorcière annoncée. Quant au pasteur chargé du suivi d'Agnès, il est jeune et inexpérimenté et la mission qui lui incombe le bouleversera durablement.

Ce que j'ai préféré dans ce roman, c'est la description de la vie quotidienne des fermiers à cette époque. L'image du badstofa où la famille vit et dort dans une pièce unique me restera en mémoire. Aucune intimité, des atmosphères enfumées et insalubres, un travail de bête et aucune perspective d'en sortir un jour. Ne parlons même pas du climat, terriblement difficile dans ces contrées. Bienheureux sont ceux qui mangent à leur faim.

L'évolution d'Agnès est intéressante à plus d'un titre. Elle est victime deux fois, en tant que pauvre, née avec la mauvaise mère, et femme dans une société où elles ne sont rien. Tous les rouages se sont mis en place pour sa perdition.

Une lecture captivante, que je conseille vivement.
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Islande, XIXe siècle. Condamné à mort pour le meurtre de son amant, Agnes est placée en détention chez un fermier modèle. Durant les longs mois d'incarcération, son confesseur et la famille, hostile au début, apprennent à connaitre la femme blessée derrière la meurtrière.
Ce roman (inspiré d'un fait réel) est beau et triste, très bien écrit car le personnage d'Agnes se révèle très doucement, entre les rumeurs, ce qu'elle raconte et ses pensées les plus intimes.
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Le jour où l'on manifeste contre les violences faites aux femmes, qu'on se souvienne du destin terrifiant d'Agnès, exécutée parce qu'elle était une femme, reconnue coupable de meurtre car elle était une femme, ce que Hannah Kent glissera pudiquement dans cette phrase, "femme qui pense n'est jamais tout à fait innocente", p 162.


Le roman, "à la Grâce des Hommes" de Hannah Kent est le poignant portrait d'une femme islandaise, Agnès. C'est au sein de la famille de Margrét, qu'elle attendra son exécution, la dernière d'Islande. Sa présence bouleverse l'âpre vie familiale portée par le froid féroce où le givre froisse les draps, les craquelle sans jamais calmer le vent.


Ce livre est d'une fracassante modernité sur la condition féminine, un plaidoyer Hugolien sur l'abolition de la peine de mort, un vertige de violence à l'encontre des femmes .
Agnès est abandonnée par sa mère à 2 ans, elle devient orpheline à 8 ans de sa mère adoptive Inga sa vrai maman, celle dont elle a reçu ce cadeau merveilleux pour une fille islandaise de savoir lire et de savoir écrire.
C'est de ce don, qu'Agnès tire toute la beauté qu'elle perçoit du monde et son unique désir d'orpheline est de grandir et de gagner sa liberté.


"Inga avait compris que j'aimais apprendre", "aussi elle m'enseignait tout ce qu'elle pouvait", "elle m'apprenait les sagas et dès que son mari était assoupi elle me demandait de les réciter à mon tour", p 174.
Elle a 8 ans et son petit frère 3 ans quand survient le drame, où sa vie bascula. Après la naissance d'une petite fille dans un froid glacial, Inga meurt en couche après trois jours de souffrances, dans une mare de sang. Aucun moyen d'alerter un voisin dans ces enfers islandais où le blizzard est féroce. le récit est douloureux.


Il me faut poser le livre. le bébé s'endort dans les bras d'Agnès en effaçant le jour. La honte où tout se mélange, la peur et la culpabilité envahissent son corps d'enfant. "Chaque jour laisse l'impression que s'est arrivé hier".
Björn ne gardera pas Agnès, elle quittera la maison de son enfance son frère Kjartan est poussé dans les bras de la religion, et la plus proche paroisse.


Est-ce le sacrifice d'Inga sa mère qui la sauvera, par son désir de voir Agnès se réaliser? Ou est-ce le deuil ineffaçable qui doit s'achever dans sa propre mort, avec en filigrane cette certitude d'enfant, de retrouver un jour sa mère, car pour une orpheline ne pas y croire serait insoutenable ?
Ce roman, est devenu par les mots de Hannah Kent, une réflexion puissante sur la condition féminine, on ricoche sans cesse sur l'héritage de Simone de Beauvoir, la soumission des femmes, la lecture de la religion confisquée par les hommes, l'exercice de l'autorité captée par les hommes.


Natan ne s'y trompe pas, ébloui par son intelligence et sa beauté, "tu ne ressembles pas aux habitants de cette vallée", ici, "les gens ignorent qui nous entoure, n'y comprennent rien. Ils ignorent s'ils sont morts ou vivants, cette manière de se résigner, d'accepter les choses comme elles sont", ajoute Natan page 265.

Natan est ambiguë, déjà entouré de femmes, et de la mère de son enfant, "il la veut comme un prédateur, pas comme un sage, ou comme son égal, le jour viendra où le même homme lui rappellera, "n'oublie pas d'où tu viens", "tu es une servante rien de plus", "une femme qui pense on ne peut pas lui faire confiance. Voilà la vérité". p165


Le roman est écrit comme un dialogue tissé entre deux femmes qui s'écoutent et se répondent, Hannah et Agnès, puis Hannah finira par s'effacer pour laisser Margrét devenir son double, et poursuivre le dialogue, autour de "qui je suis vraiment" ? Car personne avant Margrét ne l'avait écoutée avec le coeur.
Essai de réhabilitation d'Agnès, réhabiliter la femme au sens de celle qui s'instruit, de celle qui apprend les gestes de la sage femme, de celle qui maîtrise la laine, la tond, la carde, la tisse, de celle qui écrit. Elle est condamnée car elle est pleinement une femme, différente des autres femmes, résignées ou servantes.


"De la vie elle n'a vu que les arbres. Moi, j'ai vu leurs racines tordues enlacer les pierres et les cercueils". Avec elle on a percé les pierres, avec Margrèt on les a aimées, comme ses filles on a pu les écouter.
L'écriture sobre, ciselée, s' incruste d'images poétiques ou noires, émaillant un texte percutant.
Magnifique.
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J'ai beaucoup aimé le second roman de Hannah Kent « Dans la vallée » alors j'ai souhaité lire le premier. J'aime l'atmosphère des lieux, l'époque et l'histoire est très émouvante. On sent chez Hanna Kent un indéniable talent de conteuse. On pourrait raconter ce genre de récit à la veillée devant un feu de bois et frémir de peur à l'idée de ce qu'endure Agnes. Une atmosphère très intimiste liée à la rudesse climatique du pays.
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« A la grâce des hommes » de l'Australienne Hannah Kent est une bien jolie découverte. Porté par un sujet fort et un style d'écriture qui nous plonge dans l'Islande du premier tiers du XIXème siècle, avec une reconstitution passionnante des moeurs et coutumes en usage alors, c'est avec délice que j'ai dévoré les 400 pages de ce qui constitue, à mes yeux, un grand livre. Les personnages sont définis avec toutes leur complexité, leur faille, leur mensonge et leur part de vérité. Roman sur la culpabilité et le jugement hâtif que l'on peut jeter sur celui qui a commis une faute, écrin délicatement ciselé emmené avec un sens de la maestria peu commune, difficile de résister à l'envie de finir ce livre pour en connaître l'issue, même si cette dernière n'est pas à proprement parlée énigmatique puisque l'on sait dès le départ qu'elle sera forcément tragique. Non, « A la grâce des hommes » est un chemin sinueux, une quête du champ des possibles, un livre sur la rédemption et la puissance du verbe qui délivre. Méticuleux sans être ennuyeux, on est transporté par cette grâce confinant au petit miracle d'une oeuvre âpre, rugueuse par ces attraits mais aussi fondamentalement humaine et touchante.
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Un très beau et bon roman !
L'ambiance de l'Islande est parfaitement retranscrite. de la météo aux paysages, des aurores boréales aux maisons, le dépaysement est total.
En tant que lecteur, l'immersion est réussie. On vit avec les personnages de ce récit. le sentiment de partager leur vie et leur intimité est extrêmement fort.
L'écriture est soignée (bravo à la traduction), inspirée et riche.
Pas une page d'ennui. Ce roman allie à merveille fiction, récit “historique” et intrigue.
Au-delà de sa fin, les personnages vous hanteront un long moment...
Et pour avoir visité l'Islande, les descriptions sont absolument parfaites et réalistes.
À lire, donc, et à offrir !
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Bonjour les lecteurs ...
Cette histoire se base sur des faits réels.
Nous suivons l'histoire dAgnès Magnúsdóttir, jeune fille de ferme au nord de l'Islande, condamnée à mort pour le meurtre de deux fermiers en 1828, et exécutée par décapitation en janvier 1830.
En attendant l'exécution de la sentence, elle va être placée dans une ferme.
La cohabitation avec le fermier et sa famille s'avère bien compliquée , ceux-ci évitent autant que possible tout contact avec la prisonnière.
Son seul confident est un jeune pasteur qui cherche à la comprendre.
Petit à petit cependant, les relations s'améliorent entre la jeune femme et la maitresse de maison...
Petit à petit Agnès raconte SA vérité
Pour un premier roman, Hannah Kent s'en sort très bien.
Elle a fourni un grand travail de recherche sur la façon de vivre des fermiers islandais du début du XIX° siècle.
J'ai été happée par cette histoire au rythme lent correspondant bien aux paysages enneigés du nord de l'Islande, au climat rude.
Les paysages sont gris, la vie est rude les personnages ont des profils psychologiques bien particulier.
Agnès fut la dernière condamnée à mort d'Islande.
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