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Cette biographie romancée raconte la relation amoureuse et passionnée de Charles Baudelaire avec Jeanne Duval. Ils se sont rencontrés en 1842,Charles avait 21 ans. Jeanne est alors une belle jeune femme noire dont on ne connaît pas les origines, elle ne voudra jamais en parler . Elle joue au théâtre des petits rôles de soubrette, danse et se prostitue, "elle a des protecteurs" pour arrondir ses fins de mois. Charles Baudelaire vit d'une rente envoyée par sa mère. . Il va entretenir Jeanne avec cette rente et demandera sans cesse des rallonges d'argent à sa génitrice . Il sort beaucoup, fréquente le club des haschichins. Ses disputes avec Jeanne sont fréquentes, violentes. Ils se battent, se séparent et finissent toujours par se rabibocher. La mère de Charles déteste Jeanne, qu 'elle accuse de mauvaise influence sur son fils chéri, de surcroît elle est noire et madame Aupick est raciste.
Charles passe son temps à écrire et peaufiner ses poèmes qui seront éditer plus tard, car il a peur des refus. Il écrit aussi des chroniques, des feuilletons et des critiques d'art dans les journaux de l'époque, pour gagner sa vie. Il fera également des traductions de romans d'Edgar Poe. Car avec Jeanne, ils dépensent sans compter. Charles aime les beaux vêtements, il aime s'habiller en dandy, il fréquente aussi les brocanteurs, les antiquaires, les bistrots, les restaurants. Il boit beaucoup, consomme de l'opium aussi qui l'aide à surmonter ses douleurs., car Charles a contracté la syphilis, il fréquente toujours des prostituées. Il avoue aimer se rouler dans la fange et toucher le fond, le sordide. Ce qu' il retranscrit dans ses poèmes.. Certains, à leur sortie en 1857, seront interdits, car trop choquants pour les moeurs de l'époque, car le second empire se veut très conformiste.
Charles aura d'autres aventures, il s'éloigne de Jeanne, mais finit toujours par revenir, car Jeanne, il l'a dans la peau. Ils se font mal, se détestent, s'insultent et se réconcilient, c'est sans fin, c'est notoire et ça sera ainsi toute leur vie. Avec le temps, la passion de Charles se transforme en empathie, il aime Jeanne comme un père, il veillera et pouvoira à ses besoins jusqu'au bout. Jeanne est malade, elle a fait une attaque, et devra marcher dorénavant avec des cannes..Charles paie les frais d'hôpital et veille à ce qu'elle ne manque de rien.
Charles, est atteint de dépression et pense souvent à la mort, au suicide. Il part en Belgique pour donner des conférences bien rémunérées, car il croule sous les dettes, il vivra en Belgique de 1864 à 1866. Il fait une attaque et s'écroule dans la rue en 1866, il est victime d'une aphasie et d'une hémiplégie. Sa mère le fait rapatrier à Paris où il s'éteint le 31 août 1867.
Livre lu dans le cadre de la masse critique Babelio non fiction. Je remercie Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre.

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Un récit sur la passion amoureuse qui a uni Baudelaire à Jeanne Duval.
Un point de vue intéressant qui mêle fiction et réalité, l'amour qui unit les deux protagonistes au plus près de ce que l'on peut imaginer.
De nombreux vers du poète étaye l'ouvrage, nous replongeant agréablement dans Les fleurs du mal.
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C'est ma première grande émotion littéraire de l'année. Un sentiment de plénitude et d'avoir approché la beauté. Quelque chose qui s'inscrit durablement dans le corps et l'esprit, qui laissera son empreinte et embellit la vie. Parce qu'avec cette biographie romancée, Brigitte Kernel a réussi là où d'autres m'ont laissé dans les accotements. Une découverte de Baudelaire par la petite porte de sa vie, une ouverture qui met parfaitement en lumière et en compréhension ses textes, ses strophes, ses vers. Une découverte qui m'a bouleversée et sans doute pour longtemps
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"Baudelaire et Jeanne, l'amour fou" de Brigitte Kernel

Lu dans le cadre de l'opération Masse critique Babelio que je remercie pour cette lecture.

Une biographie du poète maudit, encore?
Non, pas tout à fait car l'auteure choisit, pour ce faire, un angle original, celui de sa relation passionnée et tumultueuse avec la Duval, cette fille, métisse, qui voulait devenir une star.

Inconditionnelle de l'homme et du poète, je craignais ne pas apprendre grand chose de cet ouvrage. Je me trompais ! ( J'aime me tromper dans ces cas-là!)

J'ai aimé le côté romanesque qui rend la lecture vivante, qui humanise ce monstre sacré de la littérature. Une biographie romancée qui apporte un éclairage inédit sur cette Jeanne, la fameuse et non moins méconnue dont on connaît surtout " la chevelure", le "parfum exotique" et le côté "vampire".

Un roman biographique qui nous donne également beaucoup d'informations sur la vie littéraire, artistique et mondaine du Paris des années 1840 - 1860.

Mais ce que j'ai particulièrement apprécié, (déformation du chercheur) c'est l'abondante documentation sur laquelle s'appuie l'auteure : poèmes, lettres, articles, qui offrent directement et "à chaud" la parole au poète, au critique d'art, au dandy, à l'homme.

Un livre à la fois intime, amoureux, érotique, artistique, psychologique, sociologique, médical... Bref, un instantané de la vie parisienne et baudelairienne, une biographie complète qu'on a plaisir à dévorer.

Je recommande aux amateurs qui approfondiront leurs connaissances et aux novices qui découvriront l'homme et en deviendront amateurs.
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Baudelaire et Jeanne : L'amour fou est une biographie romanesque riche et très intéressante sur le poète et sa muse principale. Brigitte Kernel restitue ici les tumultes de cet amour en s'appuyant notamment sur la riche correspondance de Baudelaire avec ses amis, éditeurs et sa mère mais aussi des témoignages de leurs contemporains.

L'histoire de cette passion aussi dévorante que mythique qui unit le poète Charles Baudelaire et l'actrice Jeanne Duval est donc au coeur de ce récit. Comme beaucoup d'entre vous j'imagine, j'ai découvert le poète en classe de première, l'année de mon bac de français.

Depuis, j'ai beaucoup lu son oeuvre et me suis intéressée à sa vie en lisant quelques biographies. Si ses biographes se sont beaucoup intéressés à Caroline Aupick, sa mère, la véritable femme de sa vie avec qui il avait une relation fusionnelle et très compliquée, Jeanne Duval, dont on se sait quasiment rien, reste souvent à la marge.

J'ai donc particulièrement apprécié suivre la vie tumultueuse de ce couple tout au long de ce récit entrecoupé de correspondance et de poèmes. le récit est certes romancé mais Brigitte Kernel a fait un gros travail de documentation, son style est fluide et les pages se tournent toutes seules.

Le couple marque les esprits et est au centre de bien des ragots et commérages, leur personnalité, leur style détonne et voir un homme blanc avec une femme de couleur, choque beaucoup à l'époque.

Leur amour est loin d'être un long fleuve tranquille : Jeanne s'enflamme, pique des colères, trompe Baudelaire avec des hommes comme avec des femmes, recherche des relations tarifées, comme toutes les actrices de cette époque. Charles le sait et l'accepte au grand dam de sa mère qui voue une haine implacable à Jeanne pour sa couleur de peau mais aussi parce qu'elle siphonne les économies de son fils.

Cette liaison, cet amour tiraillé, inspirera à Baudelaire les plus beaux de ses poèmes, notamment l'un de ses plus célèbres, La chevelure, mais bien d'autres encore dont certains, ont été condamnés par la cour en 1857, jugés trop licencieux, sur les sujets de l'amour libre et du lesbianisme.

Outre Jeanne et Charles, on croise de grands noms de la littérature ou des arts comme Victor Hugo, Théophile Gautier, Nadar, Gustave Flaubert… Il a aussi rencontré de grands peintres : Eugène Delacroix, qu'il admirait et qui lui fera un portrait, Gustave Courbet avec L'atelier du peintre où Charles et Jeanne sont présents même si Jeanne fut ensuite effacée. Jeanne, d'ailleurs, a elle aussi son portrait, avec La maîtresse de Baudelaire peint par Édouard Manet à la demande du poète.

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« Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone »

Derrière ce quatrain extrait de « Parfum exotique », il y a deux personnes, deux personnalités : Charles Baudelaire évidemment, le poète, et Jeanne Duval, la muse. Et c'est leur histoire que nous raconte Brigitte Kernel dans Baudelaire et Jeanne L'amour fou aux éditions de l'Archipel.

Brigitte Kernel romance les faits, mais ce n'est en rien gênant dans la mesure où elle explique les stratégies mises en place pour que nous puissions faire le tri entre la vérité pour laquelle il y a des preuves et la romance.

J'ai toujours beaucoup aimé Baudelaire et Les Fleurs du Mal, mélange de fange et de sublime, est un recueil que je trouve fascinant. Cette biographie romancée m'a donc beaucoup plu. L'autrice, qui ouvre ma participation au challenge « Mars au féminin », est fort bien documentée. Au cours des pages se mêlent les plus beaux poèmes de Baudelaire, la correspondance intense qu'il entretient avec sa mère et les témoignages des amis du couple et des biographes du poète. L'image ainsi construite de Baudelaire est très proche de ce que j'imaginais : dépressif, à la fois misanthrope et hyper sociable, peu sûr de lui et paradoxalement très hautain. J'ai aimé découvrir l'homme derrière « L'Invitation au voyage ».

Jeanne Duval est une femme assez fascinante. Sincèrement amoureuse de Baudelaire, elle assume néanmoins ses autres relations, nécessaires pour qu'une actrice soit entretenue quand son unique amour est ruiné. Elle aime les hommes, les femmes, l'alcool, la liberté, les jolis objets, les sorties et l'argent. En cela, c'est une femme libre avant l'heure, une de celles qui refuseront toujours de se laisser enfermer par les préjugés et les lois socialo-morales qui imposent un certain type de vie à la gent féminine.

Néanmoins, et c'est ce que je regrette un peu, je n'ai pas été touchée une seule par l'amour qui lie ces deux esprits atypiques. J'ai évidemment senti le lien indéfectible entre eux, l'amour qui les rappelle constamment l'un vers l'autre, en dépit des jalousies, des problèmes d'argent et des conséquences désastreuses de la maladie. Mais à aucun moment mon coeur n'a vibré pour les deux amants. Je les ai aimés séparément, je les ai compris ensemble, mais ils n'ont pas su me toucher.
Toutefois, c'est une oeuvre remarquable qui nous plonge de manière très immersive dans le Paris du XIXe siècle, celui des artistes bohèmes, qui ne sont pourtant pas dépourvus de préjugés racistes, celui des salons, des mécènes, des soirées pleines d'alcool, d'opium et de prostituées. On y sent extraordinairement bien la fange et la boue dans lesquelles Baudelaire a traîné pour faire naître les petits bijoux de son recueil, dont on apprend également la douloureuse fortune : sa sortie attendue, son procès retentissant…

C'est donc un très bon récit qui nous apprend énormément de choses sans que le lecteur ne s'en rende compte, plongé qu'il est dans les sombres ruelles parisiennes et par petites touches dans les mots ensorcelants d'un des plus grands poètes de notre littérature.

Lien : https://livresque78.com/2021..
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Promenade entre amour et haine, entre amitié et inimitié, entre mots doux et insultes, entre poésie et correspondances, entre réalité et romanesque accompagné par une multitude d'artistes qui nous mène dans des tripots, des bistroquets où règne le stups et la splendeur de la pauvreté.

Promenade dans le noir, le brouillard, le désespoir qui a mangé mes heures de sommeil et donner l'envie de relire du Baudelaire.

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
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Après la Muse ténébreuse de Charles Baudelaire de R. Confiant et Crénom Baudelaire de J. Teulé, je termine ce troisième récit de B. Kermel, Baudelaire et Jeanne.

Trois prises de vue différentes sur la passion qui a uni et détruit durant 20 années Jeanne Duval et Charles Baudelaire, inspirant à celui-ci une bonne partie des Fleurs du mal.

La plume de B. Kermel, est celle que je préfère, une prose plus douce (féminine, dirais-je), d'où est absente la rugosité de ses deux confrères se complaisant avec facilité dans une certaine trivialité tout au long de leur récit.

B. Kermel met, avant tout, l'accent sur l'amour, la passion entre le poète et sa muse et apporte les preuves du dévouement de Charles à Jeanne jusque dans la déchéance de celle-ci.

R. Confiant présente les choses de façon différente et termine son récit avec des accents de haine et d'amertume mettant dans la bouche de Jeanne des propos durs à l'égard de son poète.

RC s'est intéressé à Jeanne, avant tout. J. Teulé, à Charles, et B. Kermel, aux deux sur un pied d'égalité. Sa prose est bien plus équilibrée ; elle ne cherche pas à produire des effets de style ou de vocabulaire, mais elle montre la vie de Charles et de Jeanne dans toutes ses vicissitudes, avec simplicité et, à l'évidence, avec beaucoup d'empathie pour Jeanne et Charles.

Dans chacun des récits on va naturellement retrouver les rapports difficiles de Charles avec sa mère Caroline Aupick, la haine de celle-ci pour Jeanne, haine réciproque, les indignités de la courtisane, l'échec de Charles en Belgique et sa haine injustifiée des Belges, ses amis artistes, la Présidente qui a suscité un béguin passager chez le poète, etc. etc.

Les hasards de l'édition, pas tout à fait, puisque ces ouvrages datent de 2021, année de la célébration du centenaire de la naissance de Baudelaire, offrent une espèce de trilogie biographique romancée, bien entendu, et tout à fait intéressante.

Cette "trilogie" m'a permis de redécouvrir Baudelaire, de relire ses poèmes (oubliés depuis longtemps) et de découvrir cette Jeanne dont on ne nous parlait pratiquement pas lorsque, au collège ou au lycée, il nous fallait étudier certains des textes du poète. En tout cas, je n'ai point le souvenir d'en avoir entendu parler durant mes jeunes années.

Conclusion, je vote pour Brigitte Kermel. Pat.
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Charles Baudelaire est un auteur que j'apprécie également beaucoup. Je me souviens avoir étudié Les fleurs du mal pendant mes études au lycée, avoir travaillé certains de ses poèmes, et je me souviens plus particulièrement de la chevelure qui m'avait beaucoup marquée, et aussi du très célèbre Invitation au voyage avec son dernier vers qui m'inspire toujours : « Là, tout n'est qu'ordree et beauté, luxe, calme et volupté. »

Je me souviens avoir étudié sa vie personnelle, et d'avoir abordé le sujet de sa maîtresse et muse, Jeanne Duval, mais sans plus de précision. Je suis donc très contente d'avoir pu découvrir cet auteur plus intimement. Brigitte Kernel apporte quelques précisions en tout début de lecture sur ce qui est réel et ce qui est romancé. Elle s'est appuyée sur la correspondance de Charles Baudelaire pour écrire ce livre et elle nous explique que pour se repérer, lorsque dans le texte, elle cite l'auteur par son nom, Baudelaire, c'est donc que c'est la réalité, et lorsqu'elle le cite par son prénom, Charles, c'est de l'ordre du romancé. Pareil pour Jeanne Duval. J'ai trouvé cela très ingénieux de la part de l'autrice, cela permet au lecteur de discerner la réalité de l'histoire.

J'ai donc suivi avec beaucoup d'intérêt la vie de Charles Baudelaire. Il rencontre Jeanne Duval à 21 ans, et va lui consacrer sa vie. Cette liaison avec Jeanne est très mal vue. Jeanne est une femme d'origine métisse, elle est comédienne, d'une nature plus dévergondée, rieuse, désinvolte, parfois grossière, elle ne passe pas inaperçue dans une société austère, surtout aux côtés de son amant Charles Baudelaire, plus grave, d'allure hautaine. le couple marque les esprits et occasionne pas mal de ragots. Leur amour n'est pas de tout repos. Jeanne s'emballe souvent, pique des colères, elle a des amants, masculins ou féminins, Charles le sait et l'accepte. Ils en paieront le prix puisqu'ils seront tous deux atteints de syphilis, maladie très grave et mal soignée à cette époque. Ils se sépareront souvent, se déchireront et se retrouveront. La mère de Charles, Madame Aupick, sera toujours opposée à cette liaison et ne le cachera pas à son fils, refusant de l'aider quand il en a besoin. Une relation vraiment très tumultueuse qui durera toute leur vie.

Cette liaison, cet amour tiraillé, inspirera à Baudelaire les plus beaux de ses poèmes. Celui que j'aime par exemple, cité plus haut, La chevelure, est justement inspirée de Jeanne, de ses cheveux frisés et bruns. Elle en a inspiré plein d'autres que j'ai découverts maintenant, certains ont même été refusés à la parution, jugés trop tendancieux et trop osés, sur les sujets de l'amour libre et les lesbiennes par exemple. Il était un précurseur sur beaucoup de sujets. Il avait un siècle d'avance. D'ailleurs l'oeuvre originale ne fût intégralement publiée qu'en 1949, quatre-vingt ans après la mort de Baudelaire. Quand on lit ces poèmes maintenant, on peut se rendre compte qu'ils ne sont vraiment pas vulgaires, ça montre bien comment était la société de cette époque.

J'aime beaucoup suivre la vie des auteurs célèbres. Je suis toujours épatée des autres grands noms de la littérature ou des arts qu'ils peuvent croiser. Charles Baudelaire a été ami avec Hugo, Théophile Gautier, Alfred de Musset, Gustave Flaubert et plein d'autres. Il a aussi rencontré de grands peintres, Eugène Delacroix qui lui fera un portrait, Gustave Courbet avec L'atelier du peintre où Charles est présent, et aussi Jeanne qui a été effacée mais dont on voit l'ombre tout de même. Jeanne, d'ailleurs, a elle aussi son portrait, avec La maîtresse de Baudelaire peint par Édouard Manet. J'aime beaucoup quand un livre est plein de références réelles, je m'amuse toujours à faire alors des recherches sur le net, à aller voir les tableaux, pour avoir certains secrets de leurs réalisations. C'est très enrichissant.

Et l'autrice a eu la très bonne idée de mettre à la fin de l'ouvrage les poèmes entiers de Baudelaire dont elle parle dans le livre et qui sont généralement ceux inspirés par Jeanne Duval. Elle a mis aussi ceux qui ont été longtemps interdits. J'ai beaucoup aimé replonger dans les vers et les mots de ce poète. Cela m'a donné grande envie de relire Les fleurs du mal, je me suis rendue compte en les lisant, que j'avais une autre compréhension de certains, j'ai pris de l'âge par rapport à ma première lecture et je ne vois plus la vie de la même façon. La signification change, les mots ont une autre portée.

Je me suis vraiment régalée avec ce livre. Il est très bien écrit, le style de Brigitte Kernel est très fluide. Elle a su mêler les faits réels et ceux créés avec une extrême finesse, s'il n'y avait pas l'indice des noms et prénoms, il est impossible de se rendre compte de ce qui est vrai ou romancé. Je me suis laissée porter par les mots de Brigitte Kernel, par la vie de Charles et Jeanne. Je me suis attachée à eux deux, j'ai essayé de les comprendre, ils sont tous les deux très touchants et n'ont pas été gâtés par la vie. le choix narratif de l'autrice à la troisième personne du singulier permet de garder une certaine distance avec les personnages et les émotions et j'ai apprécié. Je suis également épatée par le travail de recherches qu'a dû effectuer Brigitte Kernel pour fournir autant de précisions et de références dans ce livre. Tout est bien précis, documenté, sans pour autant être lourd ou indigeste à lire. C'est finement dosé et cela se lit sans aucune difficultés.

C'est un livre comme je les aime et qui m'apporte tant de choses. Il m'a permis de me divertir, de me changer les idées en rentrant dans la vie de ce couple avant-gardiste. Et il m'a permis aussi de m'enrichir de nouvelles connaissances, sur cet illustre poète, sur son époque, sur les difficultés de la vie d'alors, et sur ses écrits bien sûr que j'ai pris beaucoup de plaisir à relire. J'ai très envie de le lire à nouveau. Cette nouvelle collection des éditions Écriture est vraiment très belle. Après Rimbaud et Baudelaire, le prochain à paraître en novembre devrait porter sur Gustave Flaubert. Comment vous dire à quel point j'ai hâte de le lire, Flaubert étant un auteur que j'ai aimé lire aussi.

Je ne peux sincèrement que vous conseiller et recommander ces livres et celui-ci plus particulièrement sur Baudelaire et ses amours tumultueuses. C'est un livre plaisant à lire, à la portée de tous, c'est un bon moyen de s'enrichir tout en passant un moment de lecture sympathique.


Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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J'ai adoré les deux romans précédents de de Brigitte Kernel et me réjouissait de ces retrouvailles. L'amour fou entre Baudelaire et Jeanne, voilà de quoi éveiller ma curiosité !

Pourtant dès les premières pages, je suis intriguée : pourquoi préciser qu'une partie de l'histoire est romancée, mise en garde qui sera répétée au long du livre comme s'il fallait s'en excuser ? Et pourquoi dès les premières lignes décrire Jeanne comme "grossière dans sa manière de marcher et déglutir"? Et pourquoi n'y a t'il dans tout le livre aucun portrait de Jeanne (alors qu'il en existe plusieurs dont des croquis faits par Baudelaire) ? Une histoire d'amour s'écrit bien à deux ?
Passé ces remarques, la lecture se révèle intéressante, très bien documentée. Brigitte Kernel a habilement associé le récit et les poèmes de Baudelaire pour nous décrire cette relation faite de passion et de destruction. de bonnes descriptions, les costumes, les plaisirs, Paris et sa vie artistique, ses célébrités, c'est réaliste ! L'auteur a su retracer intelligemment la psychologie de l'époque, à la fois cruelle envers tout ce qui dérange un certain ordre bourgeois, et à la recherche d'expériences nouvelles. J'ai beaucoup aimé les échanges imaginés entre Baudelaire et Nadar, donnant une touche vivante au livre.
Cette liberté prise par l'auteure, le récit devenant enfin roman, j'aurais voulu la retrouver pour Jeanne. Or les citations de ses contemporains la laissent prisonnière de la misogynie de l'époque (époque qui appartenait aux hommes et où les femmes ne pouvaient être intellectuelles).
Même si l'auteur émet quelques réserves sur ces critiques négatives, elle paraît hésiter à s'en écarter et les qualificatifs de grossière (dès les premières lignes) et de peu intelligente interpellent.
Comme les amants terribles tiraillés entre passion et répulsion, l'auteure paraît hésiter entre simple récit et vrai roman, nous ballottant entre un poète cultivé et artiste et une Jeanne fade et inconsistante voire perverse et cupide.
Jeanne aurait pu être revue avec un regard neuf, celle d'une femme certes imparfaite, mais sans être grossière, avec des qualités suffisamment inspirantes pour être une muse et amie.

Merci à Babelio et aux éditions "Ecriture" de m'avoir fait découvrir ce livre qui est une excellente introduction à la (re)lecture des "fleurs du mal".


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