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3,72

sur 480 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai déniché ce roman par hasard en errant dans un magasin de livres. J'ai aimé le résumé et je connaissais cet auteur pour le lion (que je n'ai pas encore lu mais qui, d'après beaucoup de personnes est vraiment bien), alors je me suis dit pourquoi pas pour celui-ci.

Cette histoire m'a beaucoup rappelé Adultère de Paulo Coelho (mais sous une forme beaucoup plus réussie selon moi): une femme pour personnage principal ayant une vie presque parfaite mais qui s'adonne à des fantasmes pas très corrects. Ici le thème principal tourne autour de la prostitution en plus de l'adultère.

L'écriture de Kessel est assez envoûtante je dois dire. Même si cette histoire traite de fantasmes sexuels (puisque Séverine ne va pas chez Mme Anaïs pour de l'argent), l'auteur ne tombe jamais dans la vulgarité, il reste même assez poétique et j'ai trouvé un charme particulier à ce roman pour cela.

Concernant les personnages, je n'ai pas eu d'attache particulière envers Séverine, mais cet aspect n'a en aucun cas gêné ma lecture. Chez Pierre son époux, réside une gentillesse hors normes que j'ai plutôt apprécié. L'auteur jongle bien entre le côté sombre de Séverine,dite "Belle de Jour", et l'idéalisme qui transparaît de son époux quand elle rentre le soir.
On suit Séverine dans ses bouleversements, entre les rencontres qu'elle peut faire (bonnes ou mauvaises), ses peurs, ses plaisirs et ses souffrances. Elle a parfois des sentiments que j'ai du mal a saisir et qui me dépassent un peu, mais le charme du roman reste toujours présent.
L'intrigue m'a tenue jusqu'au bout et je n'ai pas été déçue.

Un roman que je recommande et un auteur que je compte découvrir un peu plus.
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La duplicité de Séverine est le motif sulfureux de ce roman de Kessel.

Ici, ce qui est inavouable demeure derrière une façade bourgeoise bien pensante.
En société, Séverine est sage comme une image mais quelquechose la ronge (le plaisir de la chaire) et dès que l'occasion se présente - quand son mari est parti travailler - Séverine retrouve ses sens et cède à des pulsions que la morale réprouve.

Illustration du corps qui réclame la passion que l'esprit ne peut donner.
Séverine et “Belle de jour” sont la même personne. Conflit de deux personnalités dans une même personne mais cela tient car tout est cloisonné. Quand l'une attend sagement que son mari rentre du travail l'autre tait sa vie de débauche.

Intéressante situation pour le lecteur mais à moyen terme intenable pour l'héroïne. Belle de jour mais laide de nuit. Pourquoi?
Petite, a subi les attouchements d'un pervers. Tout est expliqué dès la première page.

Dans la préface, Kessel tente de justifier la singulière situation de cette jeune femme, qui ne couche jamais avec son jeune mari mais avec d'autres, par quelques expériences vécues. Kessel, amateur de femmes, en a rencontré. Admettons, mais il faut le lui concéder: il n'est pas mateur.

Donc, pas de voyeurisme dans ce roman, uniquement une tension croissante très réussie grâce à un scénario habile bien qu'improbable.
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Loin des amours bourgeoises et de leurs félicités convenues, c'est derrière les portes closes que se nichent les plus belles histoires d'amour, jamais lisses, rarement linéaires, parfois houleuses, souvent dramatiques.

D'un extérieur pourtant aussi délicatement lisse que la jeune Catherine Deneuve qui l'incarna à merveille, Belle de Jour est tout cela : pleine du plus bel amour mais déchirée de l'intérieur entre une âme qui chérit sa servilité à l'aimé et le corps qui exige sa liberté, héroïne tragique, dont la perte est inscrite dans sa chair à son corps défendant.

Le roman fit, bien évidement scandale lors de sa parution en 1928, et pourtant la morale est sauve : Belle de Jour paiera cher, très cher, son abandon aux sens.
Aujourd'hui, c'est une grande compassion que l'on ressent pour cette jeune femme que rien dans son environnement d'alors ne prépare ni ne prémunit contre les assauts de ses propres passions; et là où jadis ne transparaissait que le vice, c'est aujourd'hui la pureté d'un immense amour qui jaillit de ce roman terrible, servi par une plume somptueuse.
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Le livre

Séverine a tout pour être heureuse : elle est aisée financièrement, elle a un mari qui l'aime et qu'elle aime à la folie, des amis, des activités. Pourtant, elle ne se sent pas complètement comblée, en particulier en ce qui concerne les relations intimes. Un jour, elle apprend qu'il existe des maisons closes où des dames exercent le plus vieux métier du monde pour gagner leur vie. Et c'est le début d'une longue descente aux enfers, jusqu'au drame.

Mon avis

Sans a priori sur ce texte, conseillé par mon amie Lili, mais bien disposée envers Kessel, dont j'avais dévoré Les Cavaliers, puissante fresque des steppes afghanes, j'ai pris mon temps pour aborder ce court roman.

Tout d'abord, je me suis de nouveau laissée charmée par l'écriture de Joseph Kessel, un style efficace très proche de celui du XIXe siècle, donc avec un vocabulaire riche et des phrases qui sont un régal à la lecture.

En ce qui concerne le sujet du roman, en l'occurrence la décadence d'une femme, j'avais un peu peur de lire une autre version de l‘Ingénue libertine de Colette, qui m'avait moyennement plu. Et pourtant, je me suis complètement laissée absorbée par cette aventure, avec le coeur serré à chaque étape de Séverine dans le mensonge, sans parler de l'adultère et du vice.

En réalité, c'est la tension entre la raison et les désirs qui est dessinée ici avec une rare acuité et une grande finesse : “Comme ces réserves secrètes avaient soutenu jusqu'alors des penchants que sa raison tenait pour droits, ses désirs avaient toujours une vigueur à laquelle elle cédait d'un impatient, d'un invincible mouvement”. Séverine cède entièrement à ses désirs, alors même qu'elle sait qu'elle ne doit pas.

C'est le portrait, non pas d'une libertine ou d'une femme de vice en tant que telle, qui serait amorale (Séverine ne l'est pas, et elle aime son mari plus que tout au monde, veut le protéger et le rendre heureux) mais simplement d'une femme faible, victime d'une “mollesse“, rongée aussi en partie par le remords de ne pouvoir montrer tout cet amour à son mari. Or, à partir du moment où le premier pas a été fait, elle n'est plus capable de se défaire de ce qui devient vite une habitude, et même une drogue : c'est “la véritable intoxication de Séverine, où l'habitude tenait plus de place que le plaisir.”

A la différence de Minne dans L'Ingénue libertine, elle ne cherche pas vraiment le plaisir en tant que tel, elle essaye simplement de comprendre son propre corps, qui se refuse à un mari qu'elle aime. Et à sa grande surprise c'est dans l'indifférence et dans le dégoût qu'elle va trouver ce plaisir.

Tout aussi étrange et presque aussi monstrueuse que la séparation de Jeckyll et Hyde, le bien et le mal; ici coexistent en Séverine, sans jamais se rencontrer, l'amour et le plaisir ; les sentiments et le corps. Et contrairement à Minne, elle regrette ses actes, consciente de ne pouvoir associer les deux en sa seule personne, et elle en souffre.

Il me semble qu'au-delà de l'histoire de Séverine, c'est une histoire universelle qui est racontée ici : celle de la relation entre l'homme et la femme; du rapport entre le coeur et le corps, entre les désirs et la raison.

Mais laissons les derniers mots à Joseph Kessel :

Ce que j'ai tenté avec Belle de Jour, c'est de montrer le divorce terrible entre le coeur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour et l'exigence implacable des sens. Ce conflit, à quelques rares exceptions près, chaque homme, chaque femme qui aime longtemps, le porte en soi. Il est perçu ou non, il déchire ou il sommeille, mais il existe.

Et c'est ce qui fait de Belle de Jour, un grand livre.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Belle de jour, vu le film il y a fort longtemps j'en avais un vague souvenir, mais lire le livre je découvre tout le côté psychologique et sentimental de Séverine.
L'écriture est plaisante, mais si ce n'était pas écrit KEssel sur la couverture pas certaine que j'aurai deviné, je ne retrouve pas la poésie que j'ai pu me délecter dans le Lion ou Les cavaliers.

Qui n'a pas vu Belle de jour ? mais lire le livre apporte une toute autre dimension, et si ma fois à cette époque le livre était qualifié de sulfureux, je vous rassure, les qualificatifs ont pris aussi un coup de vieux. Il n'y a rien d'osé, et plutôt de la courtoisie et du respect dans les rapports de Madame Anaïs et ses filles publiques.
Le côté désuet car l'époque est ce qu'elle était, il est bon de redécouvrir une certaine forme de savoir vivre même dans des milieux "de bas étages".
Le plaisir de se plonger dans cette époque, de suivre le cheminement d'une épouse amoureuse éperdue, mais qui a ce besoin de sauvagerie de sa chair. La dissociation de l'âme et du corps dans une relation amoureuse est mise en avant dans le comportement de Belle de jour.
Un livre à lire avant le film, je vais devoir revoir le film pour le savourer maintenant en connaissant toute la complexité de l'état mental de Séverine.
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Séverine semble avoir la vie parfaite. Un mari aimant et médecin qui semble tout faire pour la dorloter. Une belle vie dans un confortable appartement parisien. Des fréquentations et des sorties diverses et variées.

Et pourtant, nous allons suivre Séverine se plonger dans une réflexion sur l'adultère et la prostitution...

Un roman étonnant où suivre le personnage principal s'avère difficile. Il faut essayer de comprendre ses réflexions, ses idées et aussi sa folie. Séverine a une vie aisée, confortable et facilitée par son entourage. Et pourtant elle donne l'impression de tout vouloir claquer.

L'écriture est captivante. L'auteur relate la vie des personnages sans jamais entrer dans le pathétique ou l'obscénité. Pour ma part, le livre m'a surtout plu pour la qualité de l'écriture et les dialogues entre les personnages que pour l'histoire elle-même.
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Les apparences sont parfois trompeuses : Pierre et Séverine Sérizy forment un couple idéal : Séverine est d'une beauté renversante et Pierre un médecin extrêmement bien noté à l'hôpital , vénéré par les étudiants en médecine .
Ils s'aiment d'un amour unique et sans restrictions .
Mais il y a une ombre au tableau , l'amour et le plaisir ne font pas toujours bon ménage , en dépit de son amour pour Pierre , Séverine n'éprouve guère que froideur dans le lit conjugal .
Renseignée par l'une de ses amies , elle apprend l'existence d'une maison de rendez-vous , rue Virène (nous sommes à Paris) , où des femmes de milieux aisés se donnent pour de l'argent à toutes sortes d'hommes , plutôt fortunés .
Elle se trouve un joli pseudo pour ce lieu de débauche : elle devient "belle de jour" , comme cette fleur qui ne fleurit que dans la journée .
Malgré de fortes réticences , elle finit par devenir une "cliente" régulière de cette maison . Elle a besoin d'être salie , de se sentir souillée pour trouver le plaisir , "une joie bestiale" , qu'elle ne trouve pas dans le lit conjugal .
Il faut dire à sa décharge qu'elle a été victime d'attouchements dans son enfance dans la maison de ses parents , on en est informés dès le début du roman . D'où cette double personnalité : "belle de jour" l'après-midi pour des amants de passage , et épouse vertueuse d'un homme qu'elle aime et qu'elle vénère , la nuit .
Mais cette double vie ne peut durer indéfiniment , l'épouse affleure sous l'écorce de la femme de petite vertu . Malheureusement , c'est Pierre qui va faire les frais de cette scission , les hommes qui fréquentent la maison de la rue de Virène ne sont pas tous des bourgeois friqués , il y a aussi des malfrats et des braqueurs de banques .
Ce roman décrit bien la dissociation entre le coeur et le corps , entre le sentiment amoureux et le plaisir charnel . La morale de cette histoire est que l'on ne peut pas toujours concilier les deux .
Ce qui m'a beaucoup plu dans ce texte , c'est l'utilisation du passé simple et de l'imparfait du subjonctif , qui sont hélas complètement passés à la trappe dans tous les medias et le roman contemporain .
Il y a également le côté carte postale du passé avec un Paris qui n'existe plus , et toutes ces maisons de rendez-vous qui n'appartiennent plus guère qu'à L Histoire .
Je ne connaissais guère de Joseph Kessel que "le lion" et "les cavaliers" , deux romans qui n'ont rien à voir avec cette oeuvre de 1928 , que je découvre maintenant , et que j'apprécie énormément . Pour ceux qui n'ont que le film de Bunuel en tête , oubliez-le , le roman n'a presque rien à voir avec le scénario du film sorti en 1967 !
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Entre coeur et chair !

Nous sommes ce qui nous envahit silencieusement ! Et si la pudeur n'existait que pour avoir des secrets à taire ?

Entre Séverine & Pierre tout semble parfait de prime abord, mais Séverine s'offre a son époux sans appétit, ni envie. Un grand bouquet de désir qui se flétrit & se fane sans être respiré, même si elle demeure très amoureuse de lui ! Autour d'une conversation, elle entend parler d'une maison où l'on se donne à la luxure, troublée, elle songe a s'encanailler, littéralement, se rétracte, tergiverse, lutte, mais une fois la tentation à son paroxysme & l'âme débordée par les sens, son avidité prend le pas sur l'amour & la chair sur sa communion, Séverine s'y rend ! Elle est rebaptisée Belle de jour chez Mme Anaïs, fait commerce de son corps clandestinement & découvre la jouissance dans la soumission & l'humiliation. Toujours habitée par le dégoût, la culpabilité & le remords de tromper son Jules jusqu'à ce qu'elle rencontre Marcel, le tout autre, qui provoque le tremblement. Cette dérive ne prendra fin que dans un mélodrame inévitable !

C'est évident, elle aime toujours Pierre, mais est-ce suffisant ? 

Dans un style épuré & une plume raffinée, Kessel offre au lecteur des moments d'introspection suspendus dans le temps. Il explore le désir féminin, mais aussi l'envie vaine de faire cohabiter un bon mariage & des pulsions perverses qui ne cadrent pas avec une union correcte, de l'époque, en tout cas ! Catalogué comme oeuvre sulfureuse l'auteur explique dans sa préface qu'il souhaitait « montrer le divorce terrible entre le coeur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour et l'exigence implacable des sens. Ce conflit, à quelques rares exceptions près, chaque homme, chaque femme qui aime longtemps, le porte en soi. Il est perçu ou non, il déchire ou il sommeille, mais il existe. »

Et moi j'achève mon bouquin en me demandant dans quelle folie sombrons-nous donc pour accepter de nous rendre librement vulnérable aux tourments du désir & de l'amour ?
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Paris, années 1920.
Pierre Sérizy, jeune médecin, est marié à Séverine. Bien que très amoureux, ils peinent à s'accorder l'un à l'autre. Chacun, à sa façon, se livre peu, lui spirituellement, elle -dont on apprendre qu'elle fut victime d'un viol dans son enfance- charnellement : "Cette âme, sans le vouloir, se refusait à elle, comme sa chair se refusait à lui" (pages 38-39). Entendant parler d'une amie qui fréquente une maison de rendez-vous, son trouble la conduit à passer devant, puis à y entrer... Tout en conservant son coeur à Pierre, elle accueille ainsi chaque après-midi dans son lit des hommes différents, et en vient à se demander "pourquoi elle appartient à tous lorsqu'elle en aime un seul" (page 84).
Si le sujet est sulfureux, le récit ne l'est pas. Roman de facture classique, Belle de Jour est l'histoire d'une double vie : côté face, Séverine, femme respectable d'un médecin, côté pile, Belle de Jour, son surnom de prostituée entre 14h et 17h. Fondée sur le mensonge, cette double vie dont les deux parties sont d'abord séparées par une cloison étanche, va peu à peu en devenir une seule lorsque la vérité commence à apparaître. Ainsi va arriver le drame, qui n'est que l'engrenage de ce mensonge initial. L'intrigue est bien menée : Belle de Jour se lit donc avec plaisir.
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Ayant déjà lu quelques livres de J. Kessel (Le Lion, L'armée des ombres, Les Cavaliers, L'équipage). Je ne m'attendais pas à lire un tel récit chez cet auteur que je savais envoûtant. Ce qui est sûr, l'histoire est troublante, scandaleuse pour l'époque (il faut se méfier de l'anachronisme et retirer nos yeux de lecteurs du XIXème siècle). On est tenté de s'interroger : pourquoi Kessel s'est-il risqué sur un sujet délicat, avec une telle audace, une telle sincérité ?
Les appréhensions sont vites effacées par la plume toujours délicieuse de Kessel ! le drame est sulfureux, les personnages merveilleusement analysés. Sur un thème grave et terrifiant, Kessel arrive à emporter le lecteur qui ne lâche plus le livre jusqu'à la dernière ligne. Ce n'est certainement pas un livre à juger mais un ouvrage plein de littérature, de liberté et d'authenticité .
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