Parce qu'il a assisté à l'agonie du fils de son châtelain, en janvier 1190, Adam des Lices, jeune tisserand du village de Malandicurt, est jeté dans une geôle du château. Tiré de là plusieurs semaines après son incarcération, le voilà promu chevalier par le seigneur Adelain, à sa propre stupéfaction. Et chargé de résoudre l'énigme de la malédiction qui frappe les alentours, semant des cadavres étêtés et monstrueusement mutilés d'hommes. Rude promotion quand on a manoeuvré jusqu'ici que le métier à tisser...
Kevin Alexandre Kazek, historien de formation, se lance avec
La croqueuse de mal (de mâles, ça conviendrait également très bien) dans un thriller médiéval où flottent des relents de malédiction ancienne et visiblement démoniaque, sur fond de superstitions et de folklore mosellan. Il montre combien le vernis chrétien peut vite se craqueler en cas d'événements extraordinaires et faire remonter des croyances d'ordre païen au jour. C'est également vrai pour les sentiments qu'inspire la forêt à cette époque. Source de richesses grâce au bois et au gibier, elle reste aussi effrayante. Un monde où l'homme et sa civilisation se heurtent au sauvage et à ses dangers, aux possibles présences d'un surnaturel ancré dans les esprits.
Le contexte historique est bien mis en avant, apportant une grande précision dans les termes relatifs à la vie au Moyen Âge. En ce qui concerne l'intrigue et la structure narrative, le récit pèche par manque de liant et d'étoffe. Et de vraisemblance pour le soudain changement de statut d'Adam.
Il me semble que
La croqueuse de mal est le premier roman de l'auteur et sans doute ceci explique cela.
Paru aux éditions messines de la Serpenoise, l'ouvrage a surtout vocation à être diffusé en Lorraine, avec un tirage certainement peu conséquent. S'il n'est pas appelé à connaître le succès, il a du moins le mérite d'être sérieux quant à l'Histoire, et de situer son récit dans un village de Moselle dont il permet de découvrir le passé et ses croyances.