Nous sommes beaucoup à considérer Cuba comme une terre peuplée de légendes et d'images captivantes issues des années « glorieuses » de la révolution ou encore la beauté naturelle de ses paysages. Il n'est donc pas surprenant qu'elle soit aussi une source d'inspiration pour de nombreux artistes: on pense évidement à
Ernest Hemingway, mais plus récemment c'est le talentueux
Yasmina Khadra qui s'est approprié cette île pour en faire le décor de son histoire de «
Dieu n'habite pas La Havane ».
À Cuba, Juan del Monte Jonava ne fait plus vibrer grand monde. Ancien chanteur à succès du Buena Vista Café, « Don Fuego » comme on l'a longtemps surnommé, n'est plus que l'ombre de lui-même. le club où il chante chaque soir depuis des années le met à la rue. Sur l'île, le régime castriste est finissant, et des étrangers commencent à racheter à l'État certains clubs, hôtels et restaurants.
Confus et se sentant déclassé, il traverse une crise existentielle quand il croise Mayensis, une jeune femme sans-abri d'une grande beauté, fuyant son passé et... elle-même.
Quelques jours plus tard, Juan la retrouve blessée après avoir subi une tentative de viol et décide de l'héberger, inquiet qu'elle croise le chemin d'un assassin qui hante le quartier depuis quelques jours. le temps passe et les cicatrices physiques et psychologiques de Mayensis commencent à guérir tandis que la carrière de « Don Fuego » semble se rétablir peu à peu, grâce à de petites productions privées.
Le lien entre les Mayensis et lui devient de plus en plus étroit: Juan chante dans des soirées privées et Mayensis lui écrit des poèmes qu'elle lui récite au bord de la mer.
Ce roman de
Yasmina Khadra nous transporte à Cuba à l'heure où le régime castriste s'essouffle. C'est avant tout une jolie déclaration d'amour à cette île contrariées par un régime autoritaire ou par l'injustice d'un sort que les cubains n'ont pas choisi. On entend la musique, on est bercé par le rythme des vagues de la plage. Une carte postale, fort agréable grâce à un style d'écriture simple, élégant, et efficace !
Ce récit, sous ses allures de fable, aborde tout de même des questions profondes sur cette société cubaine qui entretient une hypocrite identité de façade destinée aux touristes pour mieux couvrir une réalité un peu moins reluisante, mais aussi un amour intergénérationnel qui permet de tourner la page sur les chapitres marquants d'un temps qui passe. À travers cette romance,
Yasmina Khadra mène une réflexion nostalgique sur la jeunesse perdue, sans cesse contrebalancée par la jubilation de chanter, de danser et de croire en des lendemains heureux.
On notera que si la trame romanesque connaît un essoufflement à mi-chemin dans la lecture, la fin du livre offre un nouveau souffle et des dizaines de pages pleins d'émotions et de poésie : « En vérité, on ne perd jamais tout à fait ce que l'on a possédé l'espace d'un rêve, puisque le rêve survit à sa faillite … ».
Meilleur conteur de l'Orient que des Caraïbes, le romancier réussit malgré tout à retranscrire cette atmosphère magique propre à La Havane doublée d'une poésie dans laquelle il excelle à chaque reprise.
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