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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En apparence, une poésie simple et sympa qui chante l'ivresse et le Carpe diem, une irrévérence mélancolique qui invite à se réjouir et qui clame la sagesse de ne pas être sage.
Irrévérencieux au point que, d'après ce qu'Amin Maalouf écrit dans son livre-hommage à Omar Khayyam, après sa mort en 1131, en Perse « chaque fois qu'un poète composait un quatrain pouvant lui attirer des ennuis, il l'attribuait à Omar; des centaines de faux vinrent ainsi se mêler aux robaïyat de Khayyam, si bien qu'il devint impossible, en l'absence du manuscrit, de discerner le vrai. »
Les Robaïat sont donc peut-être l'oeuvre de toute une bande de poètes indociles, ce qui, contrairement au narrateur du livre d'Amin Maalouf, me réjouirait plutôt.
Les quatrains de Khayyam (& co?) sont sans doute moins simples qu'ils n'y paraissent: ils font l'objet d'un travail considérable d'interprétation et de traduction - au moins une cinquantaine en Français -, certains soulignant par exemple l'utilisation d'un vocabulaire soufi qui donnerait aux poèmes une dimension plus spirituelle que pochtronne. Bon, l'un n'empêche pas forcément l'autre, comme Omar Khayyam l'a dit bien avant avant Boris Vian:
« Amoureux et buveurs, dit-on, sont voués à l'enfer.
À cette absurdité l'esprit ne peut se faire.

Si vont en enfer qui aime et qui boit,
Le paradis demain
comme la paume de la main
sera désert. »
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Khayam était un grand savant perse. Né au milieu du XIème siècle, il s'est intéressé entre autres aux équations du trois et quatrième degré , à l'astronomie (et à instaurer les années bissextiles), aux coefficients binomiaux. Un homme en avance sur son temps.
Parallèlement , il écrivait des quatrains (Rubayat).
Lecture très agréable , où l'auteur ne peut s'empêcher de boire du vin à chaque ligne ou presque , demandant à Dieu de regarder la bonté de son coeur et non ses beuveries ou ses courses trépidantes derrière les tulipes , à savoir les filles.
Khayam veut croire à Dieu, à sa bonté mais n'en veut aucune contrainte. Lui il croit au jus de vigne , va à la mosquée pour changer ses tapis et pense que l'on devrait jeûner de prière plutôt que de vin.
Bon , il a eu quelques soucis avec les religieux durant sa vie.
Il y a aussi de l'autodérision puisque l'auteur n'hésite pas à se mettre en scène.
Une lecture agréable , forcément dépaysante, et qui remise dans son contexte est sacrément surprenante.
Khayam , un peu comme les poètes Tang Li Baï ou Du Fu est un épicurien.
Il croit en un Dieu que jugera la bonté de son coeur et non pas son asservissement.
J'ai découvert cet auteur , non pas en lisant l'histoire des mathématiques ! , mais dans le dictionnaire insolite de la Turquie dont je vous ai déjà parlé. Qu'encore une fois, je ne saurais trop vous conseiller.
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Né en Perse dans la région du Khorasan vers 1050, fils d'artisan (son père était fabricant de tentes), Omar Khayyam, de son vrai nom Omar Iben Ibrahim el-Khaiami (littéralement Omar, fils d'Abraham, fabricant de tentes) est un des plus grands poètes célébrés encore aujourd'hui dans tout le Proche et le Moyen-Orient.

C'est tout d'abord en tant que mathématicien, géomètre et astronome qu'il acquière une grande renommée. Dès 1074, il publie de nombreux traités d'algèbre qui font autorité. C'est bien plus tard que le savant homme connaîtra une renommée littéraire, notamment en publiant les Robâiyât (Quatrains), textes courts composé de quatre vers. Oeuvre essentielle d'Omar Khayyam, les Quatrains seront découverts tardivement en Europe. La première traduction est faite en 1851.

Ces Quatrains n'ont pas été écrits dans le silence et la solitude que requiert le travail d'écriture mais composés lors de soirées de retrouvailles que l'auteur organisait dans sa demeure avec ses amis. Ces textes courts sont comme des sentences, des pensées douces mais toutes empruntes de scepticisme, de pessimisme voire de blasphème. En Perse, à une époque où les pouvoirs religieux et politique exerçaient une forte influence sur les esprits, les textes d'Omar Khayyam, circulaient en secret auprès de ses lecteurs.

Épicurien, goûtant aux plaisirs de l'éphémère mais rejetant toute forme de vie mondaine, penseur critique envers son époque et ses contemporains, contemplatif face au divin mais très méfiant à l'égard de tout dogme et du pouvoir religieux, Omar Khayyam apparait aujourd'hui encore comme un esprit libre, un penseur tout à fait à part.

Les thèmes de ses Quatrains sont toujours liés à l'impermanence de la vie, des êtres et du temps, à la nécessité de vivre pleinement les plaisirs et les saveurs de l'amour, de l'amitié et de tout ce que nous offre la nature (l'auteur fait dans ses textes une grande place au vin, symbole d'un attachement à la terre mais aussi rempart contre les vicissitudes de la vie).

La lecture d'Omar Khayyam agit comme un révélateur d'une époque, de consciences très attachées à leur condition, à leur quotidien, aux usages en cours dans une société dirigée par un pouvoir politique et religieux omniprésent.

Plusieurs siècles plus tard, les résonnances de la Perse du XIème siècle sont nombreuses qui viennent jusqu'à nous, lecteurs, témoins d'un monde actuel en quête de sens.

"Ô coeur, puisqu'en ce monde le vrai même est une hyperbole,
Pourquoi t'inquiéter à ce point de ce trouble et de cet abaissement ?
Livre ton corps au destin, et ton âme à la merci des heures ;
Ce que la plume a écrit ne sera pas raturé pour toi."
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Grand mathématicien du Moyen-Âge, astronome, Omar Khayyam est aussi poète et philosophe. Dans ses quatrains, il prend ses distances avec la recherche scientifique qui l'a motivé dans sa jeunesse pour se plonger dans une contemplation toute épicurienne, se contentant de prendre la vie comme elle vient et de picorer les petits moments de bonheur qui se présentent.

Les seuls plaisirs qui trouvent grâce à ses yeux sont l'amour d'une femme et le vin, breuvage qui fait souvent son apparition dans ses poèmes.
« Je bois du vin comme la racine du saule boit l'onde claire du torrent.
Allah seul est Allah. Allah seul sait tout, dis-tu ?
Quand il m'a créé, il savait que je croirais au vin.
Si je m'abstenais de boire, la science d'Allah serait en défaut. »
Pas sûr que les théologiens soient parfaitement en accord avec ce raisonnement !

Poèmes à déguster sans modération, à l'ombre d'un arbre, un verre de vin à la main.
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J'ai découvert ce poète persan du 11éme-12ème siècle grâce au bel ouvrage d'Amin Maalouf : Samarcande. et depuis je suis sous le charme. ces quatrains sont beaux, légers parfois avec des vers consacrés au vin qui sont très beaux mais que l'on pourrait lui reprocher au nom d'une interprétation dure de l'Islam.

cet ouvrage est paru chez Albin Michel avec une traduction de Omar Ali-Shah.
je ne sais pas si j'ai coché le bon dans la liste car il y a eu beaucoup de traductions....
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Qui se souvient des Turcs Selkjoukides ? personne. En revanche, le nom d'Omar Khayyam - dont la vie s'est entièrement déroulée sous cette dynastie - reste immortel. Sa célébrité tient seulement à quelques dizaines de brefs poèmes: des quatrains. Dans ces "roubaïyat", écrits dans la langue persane (farsi), les deux premiers vers riment ensemble avec le dernier, le troisième étant un vers libre. La fidèle traduction de ces poésies est sans doute difficile mais, pour autant que je puisse en juger, elle est réussie dans l'édition dont je dispose; la langue me semble fluide, le vocabulaire simple, la poésie dépourvue d'enflure lyrique.

Omar Khayyam démontre qu'il est un esprit libre, aimant la vie, indépendant des imams bigots et des princes de son époque, fasciné par l'impermanence humaine et par la force du destin. On est sidéré par l'audace de certains de ses vers, que les fanatiques ont sans doute considérés comme gravement provocateurs. Par exemple, il a écrit:
"Dans la cellule ou à l'école, au monastère et à la synagogue,
S'abritent ceux qui redoutent l'Enfer et recherchent le Ciel.
Celui qui connait les secrets de Dieu
Ne sème pas de telles semences dans le coeur de son coeur".

Le poète chante inlassablement les plaisirs de l'existence, et surtout le vin: une boisson prohibée dans l'Islam rigoriste. Il insiste tellement là-dessus qu'on peut se demander si, dans ses poésies, le vin n'est pas pour lui la métaphore de l'amour divin. Ainsi, certains critiques ont fait l'hypothèse que son orientation religieuse était le soufisme. Mais il est difficile d'être affirmatif à ce sujet. Quoi qu'il en soit, un grand nombre de ces quatrains sont des merveilles ciselées comme de minuscules chefs d'oeuvre.
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Les Rubayat ou Rubaiyat (quatrains) d'Omar Khayyam, publiés après sa mort survenue en 1131, sont une institution, une forme poétique universellement aimée, citée et pastichée en Perse et dans l'Iran contemporain. J'apprends que leur nombre est estimé entre cinquante et plus de mille à partir de divers manuscrits posthumes, plus ou moins tardifs et authentiques. La République Islamique d'Iran en aurait donné une liste officielle (que je n'ai pas trouvée sur Internet), ce qui est remarquable compte tenu du fond agnostique et même ironique de l'oeuvre (p 11 et 53 de l'édition 1994) :
Le Coran, qu'on appelle la grande parole,
On le lit de temps en temps, jamais tout le temps ;
Sur ce verre, en enluminure, un verset du Coran ;
Ce verset, on aime se le verser en tout lieu, en tout temps !

Au vin ne renonce personne d'esprit résolu !
Le vin, c'est ce qui fortifie l'individu !
Le mois du Jeûne, s'il faut renoncer à quelque chose,
Que ce soit aux prières ! C'est, semble-t-il, la meilleure chose.

Je me suis procuré deux versions publiées en Français par Gallimard, dans la collection Poésie (1994) et dans la collection Folio Sagesse (2002). Une minorité seulement des quatrains est citée dans les deux livres qui n'utilisent pas de numération commune. La divergence peut être masquée par les écarts de traduction, par exemple (Editions 1994 p 73 et 2002 p 13) :
Bois du vin ! car Dieu sait que tu sommeilleras dans la glaise
Sans compagnon de jeu, sans ami, sans camarade, des journées et des années !
Prends garde à garder ce secret bien caché :
Aucune tulipe fanée n'a refleuri jamais !

Bois. Tu devras sous la terre dormir plus que ton content
Sans compagne et sans confrère, camarade ou confident.
Il est un profond secret qu'il ne faut dire au profane :
La tulipe qui se fane ne refleurira jamais.

L'obstacle de la langue rend la prosodie inaccessible. La distance culturelle et les écarts de traduction (grande platitude de l'édition 1994) ne donnent qu'une idée confuse de la poétique et des images. Sur le plan des idées, au-delà de nombreuses répétitions (ou pastiches ?), Khayyâm a des siècles d'avance sur Ronsard par le scepticisme épicurien, et même sur le Mallarmé de Brise marine (« La chair est triste hélas, et j'ai lu tous les livres ») ou le Saint-John Perse d'Amers (« Nos livres lus, nos songes clos, n'était-ce que cela ? ») :
Tous les plaisirs, les avoir voulus... et puis ?
Tous les livres, les avoir lus... et puis ?
Khayam, tu vas vivre, admettons, cent ans…
Mettons, si tu veux, cent ans de plus… et puis ?
(Edition 1994 p 25)
Une goutte d'eau frémit, puis s'engloutit dans la mer ;
Une poussière surgit, puis se dissout dans la terre.
Et toi, qu'es-tu venu faire en ce monde ? Eh bien, voici :
Une bestiole prend vie un beau matin, puis se perd.
(Edition 2002 p 54)
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Enivrant recueil de courts poèmes prônant l'hédonisme par de délicates et poétiques odes au vin, aux aimées et aux fleurs.
Délicieux !
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plaisir de ces poèmes, presque redoublé par la jolie édition, petit livre soigné
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