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EAN : 9791091555548
176 pages
Atelier des Cahiers (22/10/2019)
3.63/5   15 notes
Résumé :
Le 1er mars 2019, les Coréens ont fêté le 100e anniversaire de la déclaration du Mouvement d’indépendance de la Corée. La romancière Kim Da-eun, dans Le Jardin Interdit, met en scène quelques acteurs de cette époque tragique, tourmentée, marquée par la lutte entre la modernité imposée par le colonisateur et une tradition soucieuse avant l’heure de l’environnement. On découvre parmi de nombreux personnages, le nouveau gouverneur japonais, fier de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Durant l'occupation japonaise entre 1910 et 1945, en 1926 exactement, à Gyeongseong (Séoul, Corée du Sud) le nouveau gouverneur japonais veut faire construire sa résidence, fleur de la domination coloniale. Pour trouver le site idéal, lieu de concentration du ki, force vitale et cosmique, il fait appel aux géomanciens du Joseon (période où le pays a été gouverné par la dynastie Joseon, ou dynastie Yi, de 1392 à 1910.) le géomancien Kim est choisi. Mais Kim va être confronté à un dilemme. Celui de servir le gouverneur et lui trouver le meilleur emplacement pour sa demeure ou lui résister en choisissant le plus mauvais.

Il faut un peu de temps pour entrer dans ce roman raffiné et instructif, mais cela en vaut la peine. L'histoire de la dynastie Joseon avec ses rites et ses traditions, et la géomancie, version coréenne du feng shui qui à travers le yin et le yang a influencé les constructions et l'urbanisme coréens, sont passionnantes à découvrir. Surtout sur fond d'affrontements larvés entre Coréens et colonisateurs japonais, en particulier au sujet d'un certain Jardin Interdit...

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Atelier des cahiers.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Gyeongseong, Royaume de Joseon, 1926. le pays subit la colonisation de son voisin japonais depuis seize ans déjà. le roi est retenu au Japon et l'homme fort en Corée est désormais le gouverneur général, un japonais traumatisé par la tentative d'assassinat dont il a été victime dès son arrivée dans le pays. Blessé dans sa fierté, il souhaite afficher sa puissance en faisant construire une ''maison de vie'' dans l'enceinte même du palais de Gyeongbokgung. Pour l'aider à trouver un ''lieu propice'', il fait appel au géomancien Kim, détenteur des secrets du pungsu, le feng-shui coréen. Pour cet homme fier de son art et de sa terre, cette demande est un terrible dilemme. Doit-il indiquer un lieu propice au gouverneur et être ainsi un traître à son pays en collaborant avec l'ennemi ? Ou peut-il préconiser un endroit néfaste et mettre en péril sa réputation professionnelle ? Et si la solution était le jardin interdit que seul le roi pouvait fouler de ses pas ?

Classé au rayon polar, le jardin interdit est bien plus que cela. On est très loin de la trame classique avec crime et recherche du meurtrier. Il y a bien une femme dont on a retrouvé le corps démembré mais l'intérêt n'est pas là. Ce qui rend ce roman original et passionnant, c'est la description des moeurs et traditions du Joseon, l'intention des colonisateurs d'imposer la culture japonaise et la résistance qui s'organise.
Les traditions et croyances coréennes, jugées archaïques, sont foulées au pied et le Japon s'acharne à les éradiquer. Les envahisseurs ont construit le bâtiment du gouvernement général devant le palais royal de Gyeongbokgung, coupant ainsi l'énergie vitale venant de la montagne, au grand dam des géomanciens qui craignent pour la survie de leur patrie. le gouverneur fait rechercher dans tout le pays, les jarres contenant le cordon ombilical et le placenta des rois du Joseon, une autre manière de montrer au peuple que plus jamais la dynastie royale ne retrouvera sa place au palais. Aussi, la résistance s'organise. C'est une pièce de théâtre à double sens que l'on monte, en déjouant la censure. Cela peut aussi passer par une conversion au christianisme afin de se mettre sous la protection des missionnaires américains. Ou c'est un géomancien, pris entre deux feux, mais bien décidé à berner ce gouverneur général qui veut s'emparer du ki, la force vitale et l'énergie cosmique, pour dresser une résidence vouée à démontrer la pérennité de la colonisation. Pour trouver l'endroit propice, Kim utilise la métaphore de la matrice originelle, comme lieu de naissance et de vie. La Corée est une femme, c'est la terre-mère, souvent assaillie par les occupants, son intimité est violée, aussi faut-il trouver le point précis de son plaisir pour y bâtir une maison qui serait alors protégée, choyée, hors de toutes les menaces...
Le jardin interdit est un roman riche, aux intrigues nombreuses et imbriquées. D'un abord difficile, il ne se laisse pas facilement apprivoisé mais si on persiste à connaître les méandres et les enjeux de la géomancie, à s'imprégner de cette culture si différente, on finit par s'attacher à découvrir le fin mot de l'histoire et on ressort de cette lecture un peu plus intelligent qu'avant.

Un grand merci à Babelio et à L'atelier des Cahiers pour cette découverte enrichissante.
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Je dois avouer que cette lecture a été assez laborieuse....
Je ne connais absolument rien à la culture coréenne ou à son histoire. Alors tout ce qui est géomancie m'est un peu passé au-dessus. Ce qui est bien dommage, car c'est un peu la base du roman j'ai l'impression. J'ai eu bien du mal avec ce qui est apparemment considéré comme une science, alors que pour moi cela s'approche plus de la superstition.
La relation occupant/occupé est elle intéressante. Mais l'écriture m'a paru assez elliptique, et du coup j'ai eu parfois du mal à mettre les choses bout à bout. Et la scène finale m'a l'air de résoudre le tout en 2 mn, alors que la lecture du roman m'a pris bien du temps. J'ai trouvé ça très frustrant et agaçant.
Il m'a aussi fallu du temps pour correctement distinguer les personnages les uns des autres et ne plus les confondre. Et là il faut que j'avoue que je n'ai pas tout compris dans l'intrigue... Cette femme morte, je ne suis pas sûre de son identité. Et Serin, qu'est-ce qu'elle vient faire là ? Et c'est quoi au juste ce jardin ? Oui, je sais, c'est un peu le titre du roman...
Bref, c'est une lecture qui se mérite, et là je n'avais peut-être pas suffisamment de temps de cerveau disponible.
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1926 - Kim est géomancien ; il habite à Gyeongseong (Séoul) qui, depuis 6 ans, est sous domination japonaise. le roi coréen vient de mourir, son héritier est prisonnier au Japon, le gouverneur japonais est l'homme le plus puissant de la province de Joseon. Celui ci est diminué (psychologiquement) par l'attentat qui a eu lieu contre lui à son arrivée au pouvoir : les coréens veulent toujours se battre pour leur indépendance et se libérer de l'emprise du Japon.
Un livre sur le choc des cultures. Je pensais les deux cultures plus proches
Par exemple une des coutumes des coréens (à cette époque) est d'enterrer dans une jarre le placenta et le cordon ombilical d'un nouveau-né.
Les japonais trouvent cette coutume inutile et morbide et le gouverneur charge un homme, Haruki, de collecter dans tous le pays ces jarres des anciens rois de Corée : de quoi jeter de l'huile sur le feu ...
Kim, le géomancien, est chargé quant à lui, de trouver le lieu de la future résidence du gouverneur ; il est partagé : doit-il bien faire son travail de géomancien et trouver un lieu propice pour un ennemi (et dans ce cas il sera considéré comme un traître par les coréens) ou doit-il choisir un lieu néfaste pour affaiblir le gouverneur du japon et permettre aux coréens gagnent leur indépendance. En parallèle, on suit aussi l'histoire de Serin une jeune femme devenue interprète dans une mission chrétienne .

C'est un livre intéressant au niveau de la culture coréenne, j'ai appris énormément sur la géomancie (c'est la partie qui m'a le plus intéressée) Cependant je suis restée un peu en dehors de l'histoire. Les personnages sont très nombreux et je les ai parfois confondus. le style est aussi parfois elliptique et je n'ai pas compris tous les actes et sentiments des personnages (peut être un manque de connaissance de ma part des cultures asiatiques) ....je n'ai pas compris la fin.

En conclusion: un sentiment en demi teinte.
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Le prologue, les lettres de la mère du gouverneur général du Joseon où elle lui rappelle sa révélation « Tu m'avais dit que, dans le ciel bleu qui te fascinais, un immense oeuf rouge et rond avec au centre une tache noire avait murmuré à tes oreilles -Si tu bâtis une maison de vie, tu auras pour toujours le Joseon à tes pieds ».
La Corée est sous le joug du Japon depuis plusieurs années. le jour de son investigation, le nouveau gouverneur est victime d'un attentat et décide la construction d'une maison près de ce bâtiment à étages qu'est le parlement qui lui permettrait d'asseoir son pouvoir. Ce bâtiment dissonant du point de vue architecture a été construit devant l'ancien palais pour bien montrer aux coréens qu'il n'y a plus de roi et que le pays est devenu japonnais. le gouverneur-général décide de confier la tâche de trouver le terrain propice aux géomanciens coréens et Kim s'en voit chargé. Coréen, il est partagé entre obéir aux ordres du japonnais, l'envahisseur, et son âme coréenne qui refuse cette intrusion. Commence un jeu subtil entre les deux hommes. Doit-il agir comme géomancien ou citoyen coréen ? Pour ne pas que la maison se construise sur la résidence du palais, Kim propose le jardin interdit où seul le roi pouvait déambuler.
« Bien que le Japon ait annexé le Joseon et qu'il domine le pays, il ne faut pas qu'il possède la matrice de la terre. Il ne faut pas que nous soyons privés de la terre où la vie du Joseon est conçue. On peut être dépouillés du pays tout entier, mais on ne doit pas être dépouillés de cette petite partie. Si l'on bâtit la résidence dans le palais, il se peut, du poins de vue de la géomancie, que le Japon règne pour toujours sur le pays. »
Le gouverneur utilise les croyances coréennes selon son bon vouloir. Au Joseon (ancien nom de la Corée), a chaque naissance, on place le cordon ombilical et le placenta dans une jarre que l'on enterre. Haruki, agent spécial du gouverneur est à la recherche des jarres royales pour décorer l'allée menant à la future maison pour bien montrer au coréen qu'il n'y aurait plus de dynastie coréenne régnant sur le pays, que seul le Japon règne et régnera.
Serin, la seule femme du roman, coréenne a pris la foi chrétienne et fréquente l'ancien restaurant à gisaeng (geishas) devenu un foyer pour femmes où elle se sent bien et comprise. On lui fait confiance, apprend l'anglais et un peu de japonais. Elle est mandatée pour traduire les propos du géomancien

J'ai découvert la géomancie, composante principale de ce roman. Rechercher un, lieu propice ou impropre à une construction en harmonie. Tout l'art de choisir un terrain

La Corée est féminine, le schéma du jardin interdit ressemble au vagin féminin. Chacune à sa manière résiste. Serin, se libère du joug japonnais en se mettant sous l'aile chrétienne ; Myeongwood, jeune femme disparue,  militante de l 'indépendance, dont on a découpé l'utérus avec un soin chirurgical.
Kim Da-Eun, à travers le géomancien, parle de son pays, terre nourricière, assaillie, souillée par les chinois, les japonnais, mais qui résiste ( Myeongwood). le palais en est la matrice.
Un livre subtil, dense, riche en enseignements tout en restant fluide. Tout est métaphore, image pour parler de la colonisation, de la suprématie japonaise sur la Corée et la résistance des coréens. L'art des envahisseurs qui tour à tour rejettent ou acceptent la culture, les traditions coréennes pour mieux s'en servir.
Il faut prendre son temps pour entrer dans le livre où chaque chapitre porte le nom du narrateur, ce qui simplifie grandement la lecture.
Découvertes d'une autrice et d'une maison d'édition qualiteuse.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Kim se demanda de nouveaux pourquoi il avait été choisi parmi les nombreux experts en géomancie : il n’était guère différent des autres. Pour devenir géomancien, il fallait d’abord apprendre la théorie, puis faire son apprentissage auprès d’un maître pour être ensuite capable de prévoir les mouvements des vents et les sens des cours d’eau. Il fallait aussi pouvoir distinguer, dans une maison ou une chambre, les lieux remarquables des lieux malfaisants. Après avoir terminé cet apprentissage, on pouvait exercer dans la fonction publique en passant un concours d’État ou se mettre à son compte. Kim avait suivi tout ce processus et passé le concours d’État.
Contrairement aux autres géomanciens, c’est son père qui lui avait enseigné toutes ces choses. Il avait d’abord été initié à la pratique et non à la théorie. Enfant, il ignorait tout de la géomancie, mais il avait grandi en regardant son père parler du yin et du yang. Contrairement aux autres géomanciens qui achètent leur boussole, la sienne, qui provenait de Chine, il l’avait héritée de son père. Aujourd’hui il avait la chance de l’utiliser. A la pensée qu’il examinerait l’énergie du dragon(*) qui ruisselait depuis le Baegaksan vers le pays Gyeongbok, son cœur se mit à battre la chamade, mais Kim répondit avec indifférence :
– Puisque je suis ici, j’aimerais seulement visiter le Gyeongbokgung.

(*) Le géomancien doit d'abord scruter le dragon, terme technique qui désigne les montagnes.
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Même les plantes les plus faibles se frayent un chemin à travers les fissures des roches les plus dures.
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On n’est pas un homme si l’on n’a pas été angoissé. On n’est pas humain si l’on n’a pas passé du temps à se désoler.
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L’oeil qui voit ce qui n’est pas visible est plus important que le terrain visible.
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L'image vacillante du géomancien Kim se refléta dans l'étang qui entourait le pavillon. Contrairement à son esprit agité et troublé, les poissons, comme s'ils retenaient leur souffle, étaient immobiles.
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Video de Da-eun Kim (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Da-eun Kim
L'auteure sud-coréenne Kim Da-eun nous présente son roman "Le Jardin interdit" paru aux éditions L Atelier des Cahiers. Une intrigue au Pays du Matin calme mêlant géomancie et colonisation japonaise...
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