Le recueil de nouvelles intitulé "
Brume", couvre une période de 17 années d'écriture et qui en fait une oeuvre exceptionnelle, poignante et fascinante.
Dans l'ensemble, les 22 nouvelles sont des réelles pépites Kingiennes que l'auteur ouvre le bal avec "
Brume", une nouvelle longue de plus de 100 pages où des créatures s'attaquent à la population en se servant d'une épaisse
brume pour mieux se déplacer. Un climat spécial et terrifiant qui ne joue pas du tout sur l'action mais plus sur le suspense. L'histoire se passe quasi constamment au même endroit. On retrouve beaucoup d'ingrédients qui ont fait le succès du Maître : la psychologie des personnages et une bonne grosse couche avec une critique du fanatisme religieux et sociale. On a même droit à une véritable surenchère de bestioles toutes plus terrifiantes les unes que les autres, qu'il y en a pour tous les goûts : des araignées, des scorpions, des espèces de pieuvres et des grands "trucs" tellement immondes. Au niveau de l'ambiance glauque, c'est une vraie pure petite merveille. Quelle atmosphère ! Un huis-clos fantastico-horrifique avec un récit qui va crescendo vers l'épouvante. Inoubliable.
"En ce lieu, des tigres" est une nouvelle rédigée en souvenir de la première institutrice de Steevie qu'il avait jadis, eu à Stratford dans le Connecticut. Et si un tigre venait la boulotter dans les toilettes ? L'auteur n'aurait pas été contre. La première fois que j'ai lu, j'ai eu comme l'impression que le Maître se payait notre tête. Puis en la relisant, je l'ai vu autrement. La nouvelle se veut absurde et volontairement ridicule. C'est le genre de texte qu'un écrivain s'amuse à écrire pour délirer, un peu comme un musicien s'amuserait à jouer des airs débiles pour décompresser après un concert. Une nouvelle très courte mais géniale et prenante. Un récit surréaliste.
"Le singe" (thème de la couverture), un homme voit ses pire souvenirs ressurgirent à la vue d'un singe en plastique. Digne d'un véritable film d'horreur, c'est une nouvelle poignante, angoissante, dérangeante et fantastique que j'ai beaucoup aimé.
"La révolte de Caïn" est une nouvelle troublante car, elle est prémonitoire du massacre de Columbine qu'elle rappelle évidemment "
Rage", écrit
sous le pseudonyme de Richard Bachman.
"Le raccourci de Mme Todd" m'a vraiment plu par sa narration enjouée que l'auteur nous Maine tout au long dans un univers fantastique et qui nous laissera bouche bée à la dernière page. Mme Todd qui apparaît notamment sous les traits de son épouse,
Tabitha King. Une nouvelle poétique et touchante qui rappelle aussi un épisode de "La quatrième dimension". J'adore.
"L'excursion", chose rare chez
Stephen King, est un récit à forte tendance Science-Fiction dont le thème est la téléportation sur Mars. La conclusion est atroce.
"Le gala de noces" se passe durant la prohibition. Un mafieux invite un groupe de jazz aux épousailles de sa frangine. Une seule condition : ne pas se moquer d'elle car elle est grosse, un vrai dinosaure humain.
Sur seulement 3 pages, "Paranoïa : une mélopée" est un très beau poème et qui a amplement mérité sa place dans ce recueil.
Le premier jet de la nouvelle "Le radeau" écrite en 1968, fut perdue
par Steevie (un de ses défauts de perdre plein de manuscrits). Une nouvelle flippante qui procure du suspense avec une bonne dose de pression.
"Machine divine à traitement de texte", une nouvelle parut à l'époque dans la revue Playboy et qui rapporta deux mille dollars. Un récit très plaisant à parcourir avec son côté glauque et à la fois touchant. Une nouvelle originale.
"L'homme qui refusait de serrer la main", une nouvelle que j'ai trouvé assez basique avec une conclusion sans surprise.
"Sables" une nouvelle très délirante qui me rappelle "Twilight Zone".
"L'image de la Faucheuse" est une nouvelle foutrement intéressante.
"Nona" relate la cavale sanglante d'un homme possédé. Sa fuite se termine
dans un caveau avec sa belle. Une excellente nouvelle digne d'un polar schizophrénique et violent qui traite d'un amour éphémère, étrange et
meurtrière.
"Pour Owen", un poème où le Maître avait rendu un bel hommage touchant à son fils qui était atteint d'obésité.
"Le goût de vivre" ou la volonté réelle de survie d'un homme qui fait preuve de cannibalisme envers son propre corps pour survivre après un nauf
rage. Une nouvelle vraiment horrible et prenante.
"Le camion d'oncle Otto" fut écrit après un long voyage de notre cher Steevie en voiture. Un beau récit dans le style de "
Christine".
"Livraisons matinales (laitier n°1)" Je ne vous conseille pas d'être sur le chemin de sa tournée.
"Grandes roues : où l'on lave son linge sale en famille (laitier n°2)", une nouvelle extra comme la précédente.
"Mémé", un récit touchant où un enfant est confronté à la mort de sa grand-mère. Il est seul dans la maison et ne sait pas quoi faire, ni comment réagir... surtout lorsque la mémé désire l'étrangler. Une des meilleures nouvelles du recueil avec "
Brume" et "Le singe"
"La ballade de la balle élastique", une nouvelle qui décrit à merveille la paranoïa et plus généralement, la folie.
Puis enfin, "Le chenal" est une nouvelle que j'apprécie car j'adore les histoires qui se développent sur une île.
J'ai retrouvé dans chacune de ses nouvelles, de la magie et du suspense, avec du plaisir en barre. "
Brume" est un excellent recueil complet du Maître, abordant des thèmes fondamentaux sur les destinées et qui ne manquera pas de vous faire passer quelques bons moments d'angoisse. Un véritable joyau Kingien que je vous recommande très fortement. Un grand classique.