La masse ne fait pas le poids.
C'est avant tout un hommage à «
L'homme qui rétrécit » de
Richard Matheson, le livre lui est d'ailleurs dédié. Mais le personnage principal au lieu de rétrécir de jour en jour, perd du poids jusqu'à être plus léger que l'air. Mais si l'oeuvre de Matheson avait le statut indéniable de roman, on est avec « Élévation » dans le conte moderne où messages et clefs de compréhension sont distillés au fil de l'avancement des chapitres.
L'élévation corporelle de Scott est corrélée à son élévation morale par la perspective du néant qu'entraîne cette curieuse pathologie. Même si pour King le comble de cette élévation serait de faire ami-ami avec un couple de lesbiennes farouches. C'est un peu faible bien que j'en comprenne là aussi le caractère métaphorique. Mais si nous allons vers un versant tortueux de la critique et par les pouvoirs que nous confère le politiquement correct dans l'extension du domaine de la phobie humaine, ne serait-ce pas un peu grossophobe, voire carrément une apologie de l'anorexie. Être en surpoids serait-il un handicap à la grandeur d'âme. Peut-on être à la fois pro-saphique et grossophobe sans se faire retirer son étiquette de démocrate progressiste. Laquelle des deux positions a le plus crédit dans le flux des influences relayées médiatiquement. J'arrête là ma plaisanterie, elle n'a que trop duré.
King est un merveilleux écrivain et il le prouve encore un fois avec « Élévation », c'est simple, bien narré, efficace et évocateur. le film mental que l'on se fabrique à sa lecture est imprimé des palpitations de la beauté.
Pour conclure, « Élévation » est le double karmique de «
Gwendy et la boite à boutons » qui était lui aussi excellent et avait ce même don occulte, cette force qui donne à son tour l'envie d'écrire, la conviction qu'appartenir à la caste des faiseurs de phrases est possible. Matheson s'est occupé de la taille, King s'est mesuré au poids et lui a réglé son compte.
Samuel d'Halescourt