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« On m'appelle Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver a obtenu le prestigieux Prix Pulitzer pour une histoire dont l'autrice revendique des racines à la Charles Dickens. En effet Demon Copperhead, le personnage dont nous suivons le récit à la première personne, a tous les ingrédients pour en faire un anti héros à la Dickens. C'est peu dire que Demon n'a pas eu toutes les chances de son côté dès sa naissance, lui qui fît irruption dans la vie dans un mobil-home au fin fond des Appalaches, d'une mère toxicomane et d'un père décédé avant même qu'il ne vienne au monde. Un beau-père dont la cruauté et la perfidie n'a d'égale que le peu d'intelligence dont il est pourvu. Voilà un peu dans quel piège notre pauvre Demon a mis les pieds. Il va connaître les services sociaux et les familles d'accueil, la pauvreté, les moqueries des camarades le prenant pour un plouc, un Red neck comme on les appellent, dans une région des Appalaches déjà connu comme étant l'une des plus déclassées des Etats-Unis. Dans son coin, personne ne va à l'université. Il ne connaît qu'une jeune voisine qui a fait des études pour devenir infirmière. C'est un roman extrêmement dur, sombre et qui nous dévoile la face voilée et cachée des Etats américains les plus pauvres. Barbara Kingsolver adopte le langage et les codes de ces générations paumées, méprisées, oubliées. En creux, la toxicomanie notamment celle des junkie accroc au fentanyl et autres médicaments délivrés sur ordonnance par des médecins peu scrupuleux, ou qui ferment volontairement les yeux. Demon est un personnage attachant malgré ses manques, mais comment pourrait-il en être autrement avec la vie qu'il mène et le peu d'affection dont il a été l'objet. C'est un pavé que j'ai dû lire par petites touches car vraiment le sujet est difficile et extrêmement noir. Des générations décimées par la drogue, la pauvreté, le manque de tout ce qui peut vous permettre de sombrer dans ce chaos qu'est la toxicomanie. J'ai été profondément ému par cette lecture qui laisse une trace durable dans l'esprit du lecteur. le Prix Pulitzer est amplement mérité car c'est un roman brillamment écrit qui délivre un message sans concession sur la situation américaine face à ce fléau de la drogue. Si vous vous sentez prêt à pénétrer dans un tel univers, c'est une lecture qui, à coup sûr, vous marquera.
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Après une lecture d'une telle densité, c'est un peu un ami que je laisse en chemin. J'ai passé une semaine avec Demon et il y a bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé.

Couronné du prix Pulitzer, ce roman est typiquement ce que l'on peut qualifier de « grand roman américain ». Un roman social qui emprunte à Dickens le thème de l'enfance malheureuse dans un Amérique gangrenée par la crise des opioïdes.
Le récit de la vie de Demon, racontée à la première personne avec la fraîcheur de l'enfance pour les premiers chapitres, happe tout de suite le lecteur. le style fleuri et non dénué d'humour de cet orphelin donne un ton foisonnant de vie malgré la noirceur de son parcours. Demon est un « cassos des mobiles homes », un pèquenaud parmi tant d'autres rednecks des Appalaches, terre oubliée aux habitants humiliés. Rien ne lui sera épargné malgré son incroyable capacité de résilience. On s'indigne, on s'exalte, on est ému.

Un roman ambitieux et remarquable qui couronne une autrice dont le talent ne faisait déjà aucun doute.
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« … Charles Dickens, un type hyper vieux, mort depuis un bail et étranger en plus de ça, mais putain, il les connaissaient, les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici. » (p. 419).

C'est sans doute une des raisons pour laquelle l'autrice a eu l'ingénieuse idée de proposer une adaptation moderne du célèbre roman « David Copperfield » en le situant dans le comté De Lee en Virginie, des années 1990 au début des années 2000.

Si vous n'avez pas lu D. Copperfield, pas de stress car Demon Copperhead, né Damon Fields sur le sol d'un mobil-home, a son histoire bien à lui, sorti du ventre de sa mère toxico, encore dans la membrane amniotique, « se débattant à l'intérieur d'un sac pour en sortir comme un petit boxeur tout bleu ». Une naissance qui présage déjà des combats qu'il va devoir mener dans la vie.
Car devenir orphelin très jeune à la mort de sa mère n'augure déjà pas un avenir radieux et encore moins dans cette région pauvre, abandonnée par les pouvoirs en place où les habitants sont traités de ploucs ou de péquenauds par le reste des Etats-Unis, où les services sociaux sont surchargés, l'éducation minimale et la douleur tant physique que morale résolue à grands coups d'opiacés faisant les choux gras des entreprises pharmaceutiques et de certains médecins peu scrupuleux et engendrant des dépendances non seulement aux opioïdes mais à toutes les autres drogues plus faciles à se procurer. C'est tout cela que raconte ce roman qui nous emmène dans les coins les plus sombres de ce pays.

Si vous avez lu D. Copperfield, c'est la cerise sur le gâteau. Car même si l'effet de surprise est un peu moins présent puisqu'il s'agit de la même trame à quelques petites exceptions près, on peut découvrir la subtilité avec laquelle les scènes et les personnages qu'on reconnaît immédiatement ont été transposés pour correspondre au cadre et à l'époque, à commencer par Demon, garçon débrouillard et à l'humour cynique alors que nous avions affaire à un David plutôt naïf chez Dickens.

Ce roman d'apprentissage est en effet moins romanesque que l'original par ses sujets très durs.

Mais les zones rurales des Appalaches possèdent une richesse que personne ne pourra leur enlever: la solidarité et l'humanité de ses habitants attachés à la famille et à la terre. Une lueur au bout du tunnel qu'il est possible d'atteindre si on rencontre les bonnes personnes. Une petite note optimiste qui rend un bel hommage au roman de Dickens.

Epoustouflant!
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Un coup de coeur pour ce roman et un amour renouvelé pour son autrice Barbara Kingsolver!
Dans Demon Copperhead, l'autrice réimagine David Copperfield et le transpose de nos jours dans les Appalaches. Elle raconte d'ailleurs que c'est Dickens lui-même qui lui aurait conseillé de laisser l'enfant raconter l'histoire, car personne ne remet sa parole en doute.
Comme pour David Copperfield, l'histoire de sa vie commence par sa naissance, dans son cas dans une caravane, auprès d'une mère adolescente, sans le sou, sobre un jour sur quatre. L'autrice lui fait vivre l'enfer, les placements en famille d'accueil, les brimades, la dépendance aux opioïdes, ...
Au delà de son histoire personnelle, c'est le portrait d'une région que dresse l'autrice, qui a longtemps enduré l'exploitation et la condescendance. L'essor puis le déclin des industries du tabac et du charbon ont laissé ce territoire exsangue. Je vous conseille au passage l'excellent essai de l'autrice sur les femmes sur les piquets de grève contre l'industrie minière dans les années 80.
C'est sa région que l'autrice raconte, elle qui a grandit dans une ville rurale du Kentucky. Elle nous propose une visite guidée d'une Amérique de la misère et des inégalités sociales, avec les services sociaux inexistants face aux familles d'accueil incompétentes voire maltraitantes, mais aussi la violence ordinaire ou la crise des opioïdes.... de l'Angleterre victorienne à l'Amérique des Appalaches, plus d'un siècle s'est écoulé certes mais peu de choses semblent avoir changé, d'où la remarque de Demon après lu Dickens : "putain, il les connaissait les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici." Elle nous décrit la pauvreté certes, mais le lien aussi, la solidarité entre les personnes, indéniable lorsque les Peggot recueillent Damon/Demon/Diamant ... Oui, faites attention aux noms du roman, ils sont loin d'être choisis au hasard!
La parole de Demon vaut de l'or en effet, sa truculence et son esprit permettent une narration et une description pleines de nuances, sans jugement mais au contraire avec beaucoup d'humanité, souvent avec une touche d'humour. Les personnages sont nombreux certes mais tellement bien cernés qu'ils semblent pouvoir se matérialiser !
Je ne peux que vous conseillez cette lecture, Prix Pulitzer 2023, mais aussi tous les autres romans de Barbara Kingsolver!
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Découvrir Barbara Kingsolver, c'est comme ouvrir une veille malle oubliée dans un grenier poussiéreux, détailler chaque objet et se souvenir.


Découvrir la vie de Demon, c'est s'apprêter à effectuer un voyage à travers l'horreur. Celle que l'on refuse de voir, souvent, celle que l'on rejette, tant qu'elle nous ne touche pas, celle que l'on refuse d'approcher. Peut-on parler de fatalité, lorsqu'on naît dans une famille dysfonctionnelle où la drogue sévit ? Peut-on parler de chance lorsqu'elle sourit ?


J'ai été touchée par l'abnégation de Demon. Malgré toutes les péripéties traversées, il subsiste en lui cette petite étincelle, cette flammèche, où l'espoir survit. Il en faut de la débrouillardise pour se sortir de la misère et de la violence, pour se donner la chance de vivre et d'oser braver ses démons.


Barbara Kingsolver est une conteuse prodigieuse. Elle sculpte les personnages avec une finesse magistrale. Chaque relief a une histoire particulière, chaque imperfection témoigne. Elle nous oblige à porter notre attention sur tous les aspects. C'est fort. C'est ingrat. C'est douloureux. Une sombre beauté. Elle raconte l'abject. Elle raconte les oublié.es. Elle raconte l'innommable et l'indicible. Une longue balade tumultueuse. Un épanchement lugubre où pourtant tout reste à bâtir.
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J'ai beaucoup entendu parler de Barbara Kingsolver sans avoir d'occasion de la lire avant de recevoir ce service presse. Et cette découverte me donne incroyablement envie de renouveler l'expérience tant sa plume, le choix de ses sujets et la richesse de ses personnages m'ont émue. Avant de vous présenter mon avis sur "On m'appelle Demon Copperhead", je tiens à éclaircir un point : oui, ce roman est très lié à "David Copperfield" (1850) de Charles Dickens mais il serait dommage de le limiter à cela tant il est une grande oeuvre par et pour lui-même !

Alors qu'il commence à raconter sa vie, Demon Copperhead tutoie autant qu'il rudoie le lecteur, le mettant face à un monde où toutes les illusions finissent par s'effondrer, et pourtant ce surprenant narrateur ne s'arrêtera jamais de rêver. le lecteur ne tarde pas à comprendre que le véritable démon de cette histoire est la société américaine qui exclut et stigmatise les Red Necks, les péquenauds, les ploucs. La camisole de misère dans laquelle elle les enferme charrie son lot d'enfants abandonnés, de filles-mères, d'abus de drogue, de violence. Et c'est là que l'humanité et la bienveillance de l'autrice rayonnent tant il faut les aimer pour aussi bien parler d'eux.

L'histoire de ce fils de junkie ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil et tombant dans les pires addictions est classique, presque prévisible, mais la langue avec laquelle elle nous est racontée est si vivante et spontanée qu'elle m'a donnée l'impression de me tenir assise en face de Demon chaque jour lorsque j'ouvrais ce livre ! Ses souffrances dénoncent le drame d'une société non pas mise en échec mais qui a fui ses responsabilités, laissant à elle-même une partie de sa population qui, ne trouvant aucun secours auprès d'infrastructures sociales insuffisamment équipées et financées, s'est tournée vers l'oxycodone.
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🪁Chronique🪁

Où commence la route vers la perdition?

Je ne crois pas qu'il y est une ligne de départ. Ou alors elle est tellement loin, dans le temps et dans l'espace, que ce n'est plus qu'une illusion. Ta naissance, Damon, n'est pas un commencement mais un lent cheminement de circonstances et d'évolutions qui t'ont jeté là, sur les planches de ce Mobil-home, avec les dés de la malchance. Certes, tu vas te battre, essayer de combattre coûte que coûte, ce déterminisme social, mais Damon, tout a été pensé pour que tu ne t'en sorte pas. Tout a été truqué de long en large et en travers, pour que tu te noies dans une baignoire ou un océan plus ou moins démoniaque. le naufrage n'était pas une question de fait, mais de temps. Et pourtant, tu en as eu des noms pour tromper le sort, de Démon à Diamant, mais rien n'y a fait. Ce fut un acharnement continu. Sans doute est-ce la terre, le sang, ou ton étoile mais la perdition était annoncée avant même ton envie de vivre. C'est ainsi. Et dieu sait que tu en avais l'envie, de vivre. A pousser toi-même les portes, à foncer droit devant, a déjouer les eaux stagnantes de la pauvreté, tu t'élanceras vers les cieux, comme un jet puissant. Mais étant un Déplorable, qu'est-ce que ça va bien pouvoir changer pour ton salut?

La morale de cette histoire, c'est qu'on connaît
jamais la taille de la blessure que les gens ont dans le coeur, ni ce à quoi ça peut les mener, quand l'occasion se présente.

Je pense à toi Demon Copperhead, dans le jour déclinant. A ce que tu as dû endurer. Personne n'a le droit de souffrir autant. Plus je te lisais, plus je m'attachais, tu penses bien. Tu es un garçon extraordinaire, plein de ressources, de qualités diverses, et j'aime tellement te voir découvrir la vie avec ta sensibilité à fleur de peau. Dis-moi comment j'aurai pu faire autrement que de me passionner pour ta franchise et tes aventures? Comment ne pas voir ton potentiel inouï, et le don qui t'es propre? Mais plus, j'avançais dans ces pages, plus mon coeur se déchirait. Je sais que le quotidien d'un enfant placé, est difficile. Mais ma peine n'a fait que grandir, me submerger. A force je n'y arrivais plus. Je ne pouvais pas te laisser, mais mon hypersensibilité ne gérait plus le raz-de-marée. On n'a pas cessé de tuer ton innocence, ta joie, tes perspectives. Tu n'étais qu'un enfant, bordel. Et un enfant n'a pas à se confronter à la violence, à la drogue, à la faim. Cette indifférence de tous, m'a anéantie. Personne ne voyait, personne ne faisait rien, personne ne te protégeait. Que ce soit les figures parentales, les services sociaux, le corps médical, personne n'a bougé le petit doigt. Tout le monde a laissé faire. Ce n'est même pas qu'une histoire de pèquenauds, mon cher Demon, c'est le Mal qui a agit à tes dépens. le mal comme le décrit Einstein, celui par lequel il peut proliférer puisque il y en a qui l'observe sans rien faire. Ce n'est pas toi, le déplorable, c'est eux. C'est cela qui est déplorable. Ce qui m'est vite devenu insupportable, c'est leurs déplorables inactions…

Certains appellent ça addiction. D'autres disent amour. Où est la frontière?

J'aime beaucoup ces deux A, qui foutent bien de dégâts dans nos vies. Et on peut dire que la vie, encore, ne t'a pas gâté, Diamant. Elles t'ont toutes les deux tenues par la main, et t'ont emmené bien loin. Il n'y a pas de frontière qui tienne, face à ces deux-là! Elles t'ont jeté dans le gouffre, et tu ne t'ai même pas beaucoup débattu, faut dire, avec tes yeux de jeune premier. Diamant, l'amour et l'addiction se sont ligués contre toi. Pour le meilleur et pour le pire. Mais il faut bien que tu comprennes encore une fois, que ce n'est pas qu'une affaire personnelle, ce n'est pas qu'une blessure transgenerationnelle, non. C'est une plaie systémique. le pus de la société américaine qui s'est gangrené dans le marasme et le silence, mais que Barbara Kingsolver remonte à la surface, avec une grande lucidité et fait resurgir de ses profondeurs infernales. La crise des opioïdes ronge les États-Unis, mais elle ne sera pas la seule, évidemment. Et ce roman social, magistral, nous offre un panorama bien sombre des douleurs visibles et invisibles qui ravagent, inexorablement, la population et, surtout, les plus démunis…

Quels mots est-ce que je peux bien écrire ici pour que les yeux voient et croient?

Pour moi, c'est bien suffisant, Barbara. Pour moi, c'est un chef-d'oeuvre que tu nous offres là. J'ai tout vu et je te crois, quand tu me parles d'inégalités, de mépris, de tragédies. Je vois bien l'effet miroir avec Dickens, et je crois en ton talent. Je vois tout de la beauté que tu as mis en Demon Copperhead, et je crois que ce personnage va traverser le temps, survivre à l'oubli comme son homologue. Quels mots, je pourrais mettre de plus, que exceptionnel. Fulgurant. Magnifique. Bouleversant. Puissant. Coup de coeur phénoménal. Quels yeux le verront, et qui me croira quand je dis, que c'est sans doute, le meilleur livre de l'année, de la décennie, du siècle? Je vais faire voler tout ça sur un cerf-volant en espérant qu'il atteigne l'autrice…
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Ou comment réussir à s'en sortir- ou pas – lorsqu'on est issu d'une famille détruite et que personne ne semble vouloir de vous, lorsque l'on est originaire d'une région où rien n'est fait pour aider les gens à s'éduquer et trouver un travail digne de ce nom, lorsque que tomber dans la drogue semble la seule issue pour échapper au quotidien.
Sans sombrer dans le mélo, Barbara Kingsolver nous fait entrer dans la vie de Demon Copperhead, dont l'existence ne commence par sous les meilleurs auspices, entre le décès avant sa naissance de son père, et la lutte que mène sans succès sa mère contre ses addictions.
J'ai beaucoup aimé ce livre, et tout le microcosme de personnalités décrites.
Il y a peu de vrais méchants de cette histoire malgré toutes les mésaventures que subit Demon : la plupart de ceux qui vont profiter de lui sont en fait des pauvres gens, qui essaient de survivre quitte à spolier de plus faibles qu'eux. Et il y a beaucoup de gens bien, même si leur aide n'est pas appréciée par ceux qui estiment ne pas mériter autre chose que la vie miséreuse qui est la leur.
L'auteur a le talent de nous amener dans son histoire, de nous faire visualiser les différentes personnes qui entourent Demon, et de nous faire passer avec lui par toutes les phases, entre espoir et renoncement, joie ou désespoir.
Le seul bémol que je mettrais à ce livre , est le peu de surprise quant aux différentes situations, même si elles sont très bien écrites !
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STOP ! Arrêtez tout ! Foncez vous le procurer et plongez dans ce roman FANTASTIQUE !
Oui, je pèse mes mots ! C'est mon coup de coeur de l'année.
J'ai pleuré, j'ai ri, j'ai pesté, j'ai vraiment vécu cette lecture.
Le personnage de Demon vous habite et vous obsède.
Le roman reprend les thèmes de la dureté de l'Amérique des laissés pour compte. Avec un focus sur l'incapacité des services sociaux, la crise des opioïdes et la pauvreté.
Vous me direz : " c'est pas le premier roman qui traite ces sujets !!!" Et vous avez raison ! Mais ici c'est différent. L'auteure (pédagogue en plus) sait vous mener tout au long de la jeunesse de son héros avec talent, finesse et poésie !
Je suis conquise et je vous recommande VIVEMENT d'essayer cette merveille !
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Barbara Kingsolver est décidément une conteuse hors pair. Elle le prouve une nouvelle fois avec « On m'appelle Demon Copperhead », Prix Pulitzer 2023, un roman qui vous happe pour ne plus vous lâcher malgré ses six cent vingt pages.
« Je me suis mis au monde tout seul » confie le narrateur né « d'une gamine de dix-huit ans […] vautrée dans sa pisse et ses cachetons ».
Le gosse grandit dans un mobil-home auprès de sa mère junkie et alcoolique qui meurt d'une overdose. de son père melungeon disparu il a hérité la peau mate, la tignasse rousse et les yeux verts.
Le comté De Lee, coin de Virginie situé dans les Appalaches, où se déroule l'histoire est un repaire de rednecks, des bouseux oubliés des gouvernements successifs.
En faisant le récit poignant d'un garçon de sa naissance à son entrée dans l'âge adulte, « On m'appelle Demon Copperhead » est un roman d'apprentissage qui, sans misérabilisme, avec une grande justesse de ton entre trivialité et poésie ainsi qu'un humour désabusé, souligne la force des déterminismes sociaux dans la construction d'une personnalité.
Mais malgré les maltraitances, les obstacles et les plongées dans la drogue, Demon, avec son intelligence, son talent pour le dessin, des rencontres providentielles et des rêves qu'il pense parfois trop grands pour lui, fera preuve de résilience pour s'extraire d'un destin tout tracé.
En transposant le « David Copperfield » de Charles Dickens à notre époque, Barbara Kingsolver fait le portrait d'une communauté de laissés-pour-compte du rêve américain qui trouve l'oubli dans les opioïdes distribués en toute légalité par le système de santé américain.
Cent mille personnes en meurent chaque année.
Glaçant !

EXTRAITS
Ce paradis pourri où tous les maux du monde avaient élu domicile.
Nous les gens des collines on était les souffre-douleurs de l'Amérique.
Lien : https://papivore.net/littera..
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