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Il aura fallu du temps pour que le prix Pulitzer 2023 soit publié en France. Transposition de David Copperfield dans les bas fonds des Appalaches rongés par la crise des opioïdes, On m'appelle Demon Copperhead narre le périple du jeune Damon, ballotté de familles d'accueil en familles d'accueil, alternant les matchs de football américain et les après-midi à trimer dans les champs de tabac. Un parcours chaotique, qui deviendra très vite catastrophique.

La succession de malheurs pourrait paraître excessive, si elle n'était pas si réaliste. Elle-même résidente des Appalaches, Barbara Kingsolver connaît bien son sujet, et donne chair à ses personnages grâce à la narration de Damon, riche, imagée, vivante. Un roman fascinant et une fresque de l'Amérique oubliée.
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Au sein d'une famille pauvre du fin fond de l'Amérique, il y a la drogue, l'alcool, l'enfant au milieu à la merci du copain grand costaud manipulateur. L'écriture est celle du garçon qui raconte, directe et sans fioritures.
Je me sens comme un voyeur en lisant le livre, j'ai l'impression de Kingsolver joue sur un registre si malsain que j'ai envie de savoir la suite … toujours pire que ce que je viens de surmonter.
J'ai arrêté la lecture après le premier tiers, et à onze ans, le héros a subi tant de situations cruelles que je n'ai pas envie d'en savoir plus. J'ai bondi parfois tant la violence est épouvantable.
Tout le monde va adorer ce roman – déjà prix Pulitzer – pour les raisons qui me font reculer. Ce fut le cas pour "American Darling" de Tallent. On pourrait dire « Vous vous en souviendrez pendant longtemps » … mais pas pour de bonnes raisons.
Nancy Huston a très bien décrit ce phénomène dans « Professeurs de désespoir » : plus c'est monstrueux, mieux c'est.
Il est certain qu'il y a nombre d'enfants maltraités mais ce récit n'est pas pour moi.
Je suis terriblement déçue car j'avais adoré « Les cochons au Paradis » et « Les yeux dans les arbres », livres que je considère comme les meilleurs romans que j'ai eu la chance de lire. Son précédent roman, « Des vies à découvert » m'avait laissée perplexe, je comptais sur celui-ci pour renouer avec cette auteure. Et c'est toujours si triste de ne pas réussir à terminer un livre.

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Je ressors emballée de cette lecture…et, chose rare, j'ai du mal à passer à un autre livre, tenue par l'envie de rester avec Demon et frustrée de ne pas profiter plus de ce qui s'amorce à la fin du livre !
J'ai mis un peu de temps à entrer vraiment dans l'histoire, mais ensuite, que régal de lecture ! Barbara Kingsolver a vraiment l'art de dépeindre avec réalisme et sans complaisance les situations de ses personnages. Certes, ce qu'elle raconte est une dure réalité, des scènes par fois glauques, à la limite du sordide, mais elle le fait avec beaucoup d'empathie pour ses personnages, sans pathos excessif en recontextualisant leurs déboires dans un environnement social, économique et politique. Elle excelle dans l'art d'insuffler des éclats d'espoir dans la succession d'épreuves que Demon va affronter.
Damon Field, surnommé Demon Copperhead, est le personnage principal et le narrateur : de sa naissance rocambolesque ( «Déjà, je me suis mis au monde tout seul. ») avec une mère qui lutte contre les démons de la dépendance à l'alcool et aux médicaments et un père décédé, au jeune homme qu'il deviendra, la vie s'acharne à mettre sur sa route nombres d'épreuves reflets d'une certaine société délaissée dans des états ruraux du sud des Etats-Unis : services sociaux de l'enfance défaillants, préjugés empreints de racisme, amis de plus en plus « paumés », accidents. Demon fera souvent les mauvais choix, le sachant souvent pertinemment lui-même, mais comme s'il était dans l'impossibilité de faire autrement, poussé par un déterminisme effrayant ou une vraie spirale d'autodestruction. Heureusement, quelques piliers, rares mais fidèles parmi les fidèles, seront toujours là pour lui et sa personnalité intrinsèquement bonne, gentille le sauvera plus d'une fois.
Barbara Kingsolver dit elle-même avoir été inspirée par David Copperfield de Dickens, et ce livre m'a donné envie de le lire, pour faire le parallèle entre les deux histoires. En tout cas, elle dépeint une certaine frange de la société américaine actuelle, gangrénée par la drogue, l'addiction aux médicaments et opiacés, avec beaucoup d'acuité et de clairvoyance. Ce roman pourrait constituer un véritable message d'alerte sur les ravages en cours à cause de ses substances dont la consommation explose !

Lien : https://deslivresetmoi72.wix..
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Pour lecteur aimant les romans denses et exigeant ! C'est la transposition d'un David Copperfield de Charles Dickens dans une Amérique moderne rurale, où le jeune Demon nous raconte les mésaventures de sa triste vie et nous donne une vision sombre de la société entre pauvreté et addictions. le fond du roman est très intéressant ainsi que les sujets abordés. le fait que l'histoire soit raconté par Demon donne parfois une certaine légèreté aux propos. Cependant, la densité (600 pages) du roman apporte un peu de lourdeur ainsi que le manque de dialogues, et le ton monocorde. J'ai parfois eu l'impression de manquer d'air, c'est dommage.
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Demon nous raconte son histoire. D'ailleurs il s'adresse directement au lecteur par moments.
C'est un livre prenant, qui nous retrace la vie d'un jeune depuis sa naissance. Une vie au fin fond des Appalaches, qui commence avec une naissance pour le moins rocambolesque. 
Une vie qui va nous entrainer dans le tréfonds de l'Amérique.
Faut dire que le pauvre Devon n'a pas toutes les cartes en main pour réussir à la naissance… le jeune Demon va accumuler tous les problèmes : il vit seul avec sa mère dans la presque misère dans un mobil-home. Heureusement qu'il a pour voisins une tribu - les Peggot - qui l'a intégré à la famille. Mais bien vite tout se dégrade avec le mariage de sa mère avec un homme qui le considère comme un bon à rien, une charge et qui a l'emprise sur sa mère. Cet homme est violent et passe son temps à le rabaisser. Rapidement sa mère va mourir et le jeune Demon va être baladé de famille d'accueil en famille d'accueil … Et il ne gagne pas au change… car il est en plus loin de la tribu.
Les galères se succèdent. Puis il va avoir la chance de retrouver un semblant de foyer, une grand-mère et des personnes positives. L'avenir s'éclaircit grâce au sport, mais pour combien de temps.. Et les ravages des anti-douleurs qui vont lui faire courir des grands dangers… Un amour toxique, des amis qui n'en sont pas… Mais il y a aussi des amis qui sont présents, et toujours les membres de la tribu, et son don pour le dessin… Un reportage sur la société édifiant et terrifiant. 
Ce qui est formidable c'est que malgré tout il s'accroche, il avance, il ne veut pas se laisser dominer, et il croit en l'avenir. Parviendra-t-il à passer le cap ? L'avenir s'annoncera-t-il plus clair à la fin du roman? Arrivera-t-il à toucher son rêve, la mer… Trouvera-t-il son âme soeur ?
C'est un livre qui n'est pas facile à lire et que j'ai mis longtemps à lire. 624 pages ce n'est pas si long, mais c'est tellement dense et prenant que j'ai été incapable de le lire d'une traite. Il m'a fallu faire des pauses et digérer avant de continuer. On passe de moment extrêmement captivants à des épisodes qui traînent en longueur : pour moi il aurait pu être un peu moins long. C'est dur d'encaisser le parcours de vie de ce jeune qui est plongé dans la violence, la misère, l'exploitation des enfants, le racisme, la drogue, le sordide, l'enfer des familles d'accueil…
 Dire que c'est un coup de coeur :non (juste pas). J'ai pris trop de coups dans le ventre en le lisant! Dire que j'ai été frappée au coeur, bouleversée, choquée et que j'ai trouvé ce roman extra-ordinaire : oui.
Un grand merci aux Editions Albin-Michel - Terres d'Amérique pour leur confiance et cette lecture qui restera marquée dans les mémoires.
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Une chose est sûre, Barbara Kingsolver sait raconter une histoire, mille histoires, et n'a pas volé son Prix Pulitzer pour « On m'appelle Demon Copperhead ».

J'ai été happée dès la première ligne : « Déjà, je me suis mis au monde tout seul. Ils étaient trois ou quatre à assister à l'événement, et ils m'ont toujours accordé une chose : c'est moi qui ai dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup ». Quelle histoire que celle de ce jeune garçon, Damon, ou Demon, qui raconte son histoire d'enfance et d'adolescence cabossée dans une Amérique profonde abandonnée par les pouvoirs publics, ravagée par la drogue, la pauvreté, l'ignorance. On est témoin, tout le long de l'histoire, des dégâts causés par la drogue et les médicaments tristement célèbres tels que l'Oxycontin, le Fentanyl, à une population rurale américaine démunie et laissée pour compte par l'Etat, les médecins, les services sociaux, l'administration.

N'allez pas penser que c'est un roman misérabiliste, triste et aux destins terribles à la Zola. Dramatique, oui, mais aussi une histoire de résilience, de mains tendues. Malgré la lente descente aux enfers de Demon et de nombreux autres personnages, c'est un roman lumineux, sensible, très fort, avec des personnages marquants, aux personnalités attachantes. C'est surtout un roman terriblement bien écrit (mention spéciale à la traductrice !), à travers la voix gouailleuse de Demon qui se raconte.
Dans le tragique, de l'humour aussi, et dans les situations désespérées, des petites lumières qui s'éclairent ici et là pour sortir Demon de l'abîme dans laquelle il plonge trop souvent. le dessin, pour lequel il a un don, est sa bouée de survie tout le long de son histoire. Quelques personnages secondaires, placés ici et là sur la route de Demon, sont lumineux et indispensables à différents moments de sa vie pour l'aider et le secourir. Ça rend le roman moins noir, et l'histoire de Demon inoubliable.

J'ai adoré ce livre, c'est un gros coup de coeur de ce début d'année.
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Je me suis totalement immergée dans cette histoire. Mon Dieu quel talent ! Un style d'écriture qui me fait penser à Stefen King (le style hein, pas le contenu). Et il y a du Dona Tarrt, dont j'espère lire une prochaine oeuvre d'ailleurs.
La vie de Demon racontée par lui-même, la réalité des enfants placés, ceux dont personne ne veut. Ce qu'ils peuvent subir trop jeunes, la drogue, la rage dans une société sans pitié. le parcours de Demon prend les tripes. J'avais envie de tout casser devant toutes ces injustices, cruautés. de voir ce que la misère fait aux gens. Comment elle peut les rendre inhumains.
C'est un livre à lire. C'est un livre qu'on oublie pas. C'est un livre que l'on doit poser de temps à autre pour digérer. Un livre qui mérite largement son prix.
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Je viens de refermer ce livre mais je sais qu'il va m'accompagner de longues années comme m'avait accompagné l'arbre aux haricots, autre roman de Barbara Kingsolver. L'écriture est belle, les descriptions puissantes et sensibles. Barbara Kingsolver est de ces écrivains qui savent faire du beau avec le pire, Quant aux personnages que dire? Regarder ce gamin se débattre dans un monde hostile mais il y a les belles rencontres qui donne l'espoir.
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Grace aux talents de conteuse de Barbara Kingsolver, Demon, tu es devenu mon héros. C'est grâce à toi, à ta force, à ton courage et à ta façon de me présenter ton histoire avec une gouaille d'enfer, te mettant à nu devant moi, me plongeant à tes côtés dans ce pays où le rêve américain n'est pas à la portée de tous, selon l'endroit où tu es né qui détermine hélas à bien des égards la suite.

Bienvenue aux pays des inégalités, qui méprise les plus démunis, où l'oxy devient roi pour supporter la douleur de vivre effaçant petit à petit les oubliés de l'Amérique, les rendant invisibles concrètement. 


Et si Barbara, à travers toi avait envisagé de  rendre hommage à David Copperfield, crois-moi t'as rien à lui envier et c'est vachement réussi. 


“ Je voyais la scène. Je veux dire que je la voyais vraiment. Je les ai dessinées, ces falaises blanches où Miss Barks m'avait emmené une fois. Comme j'avais jamais vu de seigle, j'ai fait un champ de tabac à la place. Pareil pour le bouquin de Charles Dickens, un type hyper vieux, mort depuis un bail et étranger en plus de ça, mais putain, il les connaissait les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici. ”



Et je suis sûre que ce Prix Pulitzer c'est avec toi qu'elle va le partager, car tant de résilience dans une si petite vie, ça mériterait même la Silver Star après tous les combats traversés. 

Ton histoire donne vie à un roman extraordinaire d'une auteure qui me bouleverse depuis 1999, quand j'avais fait connaissance avec sa plume à travers : L'arbre aux haricots, suivi par : les cochons au Paradis, les débuts déjà prometteur d'une grande écrivaine américaine. 

Alors chers lecteurs et lectrices, n'hésitez surtout pas à faire connaissance avec Demon Copperhead, qui va vous offrir une épopée bouleversante où le rire effacera vos larmes qui pourraient parfois déborder devant tant de courage face à l'adversité. 


Un grand,  très grand roman, un portrait saisissant de Demon, mais aussi de l'Amérique, de ses nombreuses failles et du sort des laissés pour compte, absolument révoltant qui est loin de faire rêver. 

Chronique complète sur mon blog ➡➡ https://madosedencre.over-blog.com/2024/02/on-m-appelle-demon-copperhead.htm
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Ce roman de plus de 500 pages est le lauréat du "Women's prize for fiction" 2023.
L'histoire est écrite à la première personne et c'est Demon qui nous raconte sa vie en Virginie de l'âge de 10 ans environ à la vingtaine, par là.
Et quelle vie...d'une dureté...le mot est faible. Il m'a carrément fallu faire des pauses dans ma lecture, reprenant le lendemain, tellement certaines scènes, certaines situations, revers de fortune étaient difficiles à lire.

Et au milieu de cela, des passages, des personnages d'une luminosité phénoménale, en nuances. Je pense au personnage de June, la tante de Maggot, cette mère de substitution qu'on a envie de rencontrer, et cette famille de voisins qui fait ce qu'elle peut et chez qui on a envie d'aller déjeuner le dimanche.
C'est tellement bien écrit, que ce soit la voix de Demon gamin ou ado ou jeune adulte.
On commence alors qu'il vit avec sa très jeune mère addict dans un mobile home, avec un beau père antipathique et des voisins formidables.
Je n'ai pas lu "David Copperfield" mais ce livre reprend des étapes et des personnages de Dickens transposés dans les Appalaches des années 90, avec ce gamin roux balloté de familles d'accueil en boulots d'esclave, de malchance en coup de bol. Et parfois, il a l'espoir via certaines rencontres et la vie reprend le dessus.
C'est très fort, on y parle d'addiction, de famille, de femmes déglinguées qui ne devraient pas être mères, de gamins laissés à eux mêmes, de bêtises d'ados, de rednecks et de foot. Et de gens formidables dans la simplicité de leur vie quotidienne. Pas de héros ici, juste des gens qui essaient de survivre et d'aimer.
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