Naomi, la trentaine, est institutrice et d'origine japonaise de troisième génération. Elle reçoit un jour un appel téléphonique qui lui apprend le décès de son oncle. Elle rejoint sa tante (
Obasan en japonais) par alliance, pour préparer les funérailles. Dans l'attente de l'arrivée des autres membres de la famille, Naomi retrouve des documents, notamment une enveloppe que Tante Emily, soeur de sa mère, lui avait adressé pour essayer de la rallier dans son combat et sa lutte pour la reconnaissance des brimades subies. Jusque-là, elle n'avait pas souhaité entrer dans l'histoire douloureuse de la famille et de ses nombreux non-dits, la jeune femme prend le temps de lire les documents qui expliquent les traumatismes que sa famille a dû subir, parce qu'ils étaient Japonais, installés au Canada durant la seconde guerre mondiale.
Joy Kobawa avec pudeur et par petites touches, reconstitue l'histoire familiale. Arrivés au début du XXème siècle, les grands parents ont adopté leur nouvelle patrie et élevé leurs enfants avec les codes et la mentalité canadienne. Leurs enfants, à leur tour se sentaient parfaitement intégrés mais lors d'un voyage au Japon, la mère et la grand -mère maternelle de Naomi restent prisonnières à Tokyo, en ces lendemains de l'attaque de Pearl Harbour, elles ne reparaîtront jamais. Et c'est
Obasan et son mari qui vont veiller sur Naomi et Mickael son frère. Plongée dans le climat de guerre, la famille va dès lors subir les décisions iniques du gouvernement canadiens, se défiant des Japonais supposés ennemis de l'intérieur
Sur le même thème que le roman de
Julie Otsuka "
Quand l'empereur était un dieu"
Joy Kogawa fait le récit de la chasse aux sorcières à l'encontre des japonais habitant le Canada au lendemain de Pearl Harbor, avec les mêmes ressorts - campagne de dénigrement des japonais intégrés, suspections d'entente avec l'ennemi, et les mêmes conséquences : internement dans des camps, cruauté envers des japonais installés de longue date sur trois générations - les isei, nisei, sansei (ichi, ni, san - un, deux, trois en japonais) et qui devront subir l'enfermement en camps, la spoliations de leurs biens, déportations dans des terres indiennes délaissées.
Joy fait la lumière sur un épisode sombre et inhumain du Canada.
Une page d'histoire méconnue.