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3,76

sur 887 notes
L'Afrique est un continent qui m'a toujours fascinée. Ce roman retrace les événements marquants qui ont touché plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest pendant les années 1990, en particulier le Liberia et le Sierra Leone.
Birahima est une jeune ivoirien de 10 ans. Il a été abandonné par sa mère et il quitte son village pour rejoindre, à pied, son unique famille, c'est à dire sa tante qui vit au Libéria.
Il va être enlevé en chemin par une bande redoutable, il va connaître l'horreur des camps d'"enfants-soldats", des colonels sanguinaires, des dictateurs ridicules, des religieuses qui manient la kalachnikov pour survivre.

C'est un récit qu'on n'oublie pas. Ces pages tragiques de l'histoire de l'Afrique contemporaine sont écrites et analysées par la conscience d'un enfant qui a prafois du mal à exprimer toute l'horreur des situations auxquelles il est confronté. Un enfant privé d'instruction, comme il y en a encore tant dans de nombreux pays et plus particulièrement en Afrique.
Le seul lien à la culture et même le seul accès à la culture et à l'instruction sera pour Birahima la lecture régulière d'un gros dictionnaire qui va aider le jeune enfant à mieux préciser ce qu'il ressent et les situations terribles qu'il traverse.
Quelle intensité, quelle brutalité dans ce livre! L'horreur et la violence à l'état brut. On compatit face au vécu de ce jeune enfant.
Ce livre vous marque, c'est un témoignage d'une force incroyable.
A tel point que mon amie américaine qui a vécu en Afrique de l'Ouest pendant cette période, me disait récemment qu'elle n'avait toujours pas pu finir la lecture de ce livre, tant elle retrouvait des situations dont elle-même avait aussi été témoin.
La galerie de personnages est absolument stupéfiante: les mots me manquent pour évoquer ce terrible colonel "Papa le Bon"!!! Un Papa qui recrute dans la violence ses enfants-soldats et qui les manipule en les abreuvant de hasch.
La soeur Gabrielle qui dirige d'une main de fer son couvent est absolument étonnante: elle n'hésite pas à donner une formation "militaire" à ses religieuses et a été auparavant une exciseuse très connue!
Les rivalités ethniques sont remarquablement analysées de même que les conflits entre les différents dictateurs en jeu.
Ainsi on peut découvrir les alliances entre plusieurs ethnies, alliances qui compliquent encore plus la situation: rivalités entre Bambaras (= "ceux qui ont refusé") et Malinkés en Côte d'Ivoire, le héros étant lui-même un Malinké et rivalités entre Krahns, Gyos au Libéria, ces deux dernières ethnies s'étant finalement alliées pour mieux lutter contre les descendants des esclaves noirs américains qui ont constitué au fil du temps une classe dirigeante très "fermée".

On apprend à cette occasion que les Gyos ont été soutenus par M. Houphouët Boigny, alors Président de Côte d'Ivoire et par le colonel Kadhafi.
Voilà les principaux tenants de cette terrible guerre tribale qui va commencer à noël 1989 et qui va se prolonger tout au long des années 1990.
On y voit le parcours du très inquiétant Taylor qui a sévi longtemps au Libéria.
C'est un témoignage incomparable.
L'auteur, Ahmadou Kourouma, est né en 1927. Il était ivoirien. Il est mort en 2003. Il a obtenu le prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre.
Le livre "Allah n'est pas obligé" a obtenu, en 2000, le prix Renaudot, le prix Goncourt des Lycéens et le prix Amerigo-Vespucci.
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Birahima, jeune garçon malinké de dix ou douze ans, a quatre dictionnaires pour raconter son blabla, sa vie de merde: le dictionnaire Larousse et le Petit Robert pour "chercher et expliquer les gros mots français aux noirs nègres indigènes d'Afrique", l'Inventaire des particularités lexicales du français d'Afrique pour la même raison mais dans l'autre sens, pour nous; et enfin le Harrap's pour nous expliquer le pidgin.

Car Birahima a beaucoup à nous dire sur sa vie d'enfant soldat, et il nous joint tout de suite, avec son insolence et son "parler petit nègre" à nous asseoir, à l'écouter et à noter tout ça.
Commence alors le récit de ces horribles années, la mort de sa mère, son enrôlement dans la guerre civile, son kalachnikov, la drogue, la mort, les massacres.
L'écriture est riche, orale, percutante, insolente comme ce gamin, et on en oublierait presque que c'est ce vénéré, ce grand et vieux Ahmadou Kourouma qui se cache derrière ce récit.
Les premières lignes surtout nous entraîne et une fois qu'on les a lues, ferré, on ne peut plus abandonner ce livre. Et tant mieux. Car en dehors de son indéniable qualité littéraire, il nous entraîne tout droit dans ce cauchemar qu'endurent des milliers d'enfants-soldats totalement déboussolés et manipulés dont on ne parle, bien souvent, qu'une fois le conflit apaisé.

A lire, absolument.
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Je viens de relire « Allah n'est pas obligé ». Au fur et à mesure, les émotions de la première lecture me revenaient quasiment intactes. le récit de cet enfant-soldat est stupéfiant. Il relate son embrigadement et sa participation aux effroyables massacres du Liberia et du Sierra-Leone dans les années 90. Rien ne nous est épargné. Je repense souvent au passage des « manches longues » et « manches courtes ». (Il me semble d'ailleurs avoir vu ces scènes dans un film, je ne me souviens plus lequel.)
Il faut être préparé pour lire ce livre. Mais qu'on se rassure, l'Afrique n'a pas le monopole de la barbarie, loin de là !
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Birahima est comme beaucoup d'enfants de ce coin d'Afrique , délaissé par son père et orphelin de mère .Alors comme d 'autres , ils tombent entre les mains de marabouts , grigri man ou multiplicateur de billets à deux balles et c'est la fin , symbolisée par une kalach et des gris gris fétiches.

A travers l'histoire de cet enfant soldat, l'auteur revient sur l'histoire mouvementée du Liberia et de la Sierra Leone . C'est culturellement très intéressant et humainement effroyable !
Un exemple : pour que des élections ne se tiennent pas un groupe rebelle s'évertua à couper mains et bras à tous ceux qui pouvaient mettre un bulletin dans une urne. Oui, dans ce livre aussi les limites sont repoussées.

Ce qui fait le sel de ce roman est la prose de l'auteur qui s'appuie sur le narrateur , le jeune Birahima , qui s'exprime comme un enfant de 10 ans , avec des expressions puisées autant en Afrique qu'en Occident. Si cela n'atteint pas le niveau de la vie devant soi de Romain Gary, c'est quand même réussi. Et parfois drôle , puisque le jeune Birahima nous explique beaucoup de ses tournures , Faforo ! (bangala de mon père, c'est le sexe !).

Une lecture instructive , qui fait froid dans le dos et relativise certains problèmes occidentaux
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La guerre racontée par un enfant- soldat : orphelins, miséreux, ils sont enrôlés dans des « armées » pour ne pas mourir de faim. Peu leur importe pour qui ils tuent, ce qu'ils veulent, c'est manger. Ils sont affamés, ils sont drogués, on leur donne des kalashs, ils sont battus ou abandonnés en forêt.

Ils ont bien plus peur d'avoir faim que de la mort qu'ils côtoient au quotidien.
« et quand on n'a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni soeur et qu'on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s'égorge, que fait-on ?
bien sûr on devient un enfant-soldat. »

Le Liberia , pays non colonisé par les Blancs, l'a été par les ex-esclaves Noirs Américains, qui ont pris le pouvoir en méprisant les « noirs africains nègres indigènes » et les ont colonisés.
Ils n'avaient connu que l'esclavage, alors, ils l'appliquent.
L'Indépendance en 1860 vis à vis de ces Noirs Américains riches n'a rien arrangé, car s'ensuit une tragique histoire du pays, entre Doe, Taylor, enfin le Prince Johnson, qui filme la séance de torture de Doe –fait rapporté par Ryszard Kapuscinski , dans Ebène, , et par le petit Birahima.
Tous des gangsters, dit-il.

Ahmadou Kourouma , pour donner à tous ces crimes, ces tortures, ces assassinats, un ton drolatique (fait rire par son pittoresque. )utilise, et trop me semble-t-il, un recours au dictionnaire Larousse, ainsi qu'à L'inventaire des particularités lexicales africaines, parfois trois fois par page, entre parenthèses comme je viens de le faire, comme si le petit Birahima avait un Larousse dans les mains alors qu'il est presque nu.
Bien entendu, c'est un recours stylistique pour noter l'ignorance totale de ce petit qui n'a aucune conscience qu'il tue.

Il fait comme tout le monde, point.

Le titre complet : « Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes les choses qu'il fait sur terre », ironise : la croyance non seulement en un dieu, mais aussi dans les féticheurs censés protéger ces petits avec des amulettes, dans les séances de désenvoutement de femmes un peu pornographiques, rien ne vaut.
Personne n'est obligé.
Parce qu'en fait, le nerf de la guerre, ce sont l'or et les diamants, tout s'éclaire enfin dans cette sombre suite de violence lorsque notre meurtrier inconscient de l'être arrive en Sierra Leone.

Déjà, au Liberia, trouver une pépite est un des plus grands malheurs qui puisse vous arriver : le propriétaire vous décompte les prêts, prend la pépite et vous limoge.

La faim vous attend.

La guerre tribale fait rage, l'or n'arrange rien.
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"Allah n' est pas" obligé est un roman du vétéran des écrivains de l' Afrique sub-Saharienne Ahmadou Kourouma.
Ce dernier est un des grands écrivains ivoiriens .Il a à son
actif une importante bibliographie .
Ce roman a été publié au mois d' août 2000 et a reçu le prix Renaudot la même année .
Ce récit a pour cadre l' Afrique de l' Ouest au moment où la guerre civile entre des bandes rivales faisait rage dans des pays comme le Libéria , la Sierra-Leone ...
le principal protagoniste du récit est un jeune enfant ,
Birahima âgé d' à peine une douzaine d' année .Il vit en Côte-d' Ivoire avec sa mère .Cette dernière décède ,Birahima restant seul , on lui conseille de rejoindre sa tante établie auLibéria , pays voisin .Personne ne se dévoue pour lui tenir compagnie durant son trajet sauf , un jeune handicapé , Yacouba , le bandit boiteux .
Les voilà sur la route du Libéria . Très vite , ils sont enrôlés dans les différentes factions rivales qui se font une guerre sans merci .
Birahima devient soldat-enfant avec tout ce que cela entraîne : drogue ,meurtres , viols...Yacouba arrive facilement à se faire une place de féticheur auprès des
bandits , très croyants .
De péripéties en péripéties , Birahima et Yacouba vont
traverser la Guinée , la Sierra-Léone , le Libéria et enfin
la Côte-d' Ivoire .
La réalité et les épreuves qu' ont vécu ces jeunes enfants-soldats vont laisser sans aucun doute des traces
indélébiles et en seront marqués à jamais .
Une lecture dont on ne sort pas indemne .




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Ce qui marque dans ce livre, c'est le langage de notre héros, il a une manière assez particulière de raconter ses récits de guerre. Pendant que tout chamboule autour de lui, il se cherche des mots dans le dictionnaire, s'il n'en trouve pas, il en crée. Puis à un moment, il en fait un peut trop. Sinon dans le récit, on retrouve l'extrême ébullition qui agite l'Afrique subsaharienne vers la fin du 20e et début 21e siècle, la montée en flèche des rébellions, l'enrôlement des enfants soldats, les violences, les viols, les pillages, la consommation de la drogue en milieu jeune. Birahima se retrouve enrôler comme enfant soldat, et il nous retrace toutes les atrocités qui font partie de leur quotidien. Ces enfants font partie d'une génération sacrifiée. Les guerres, les violences volent leur jeunesse, les horreurs tuent leur enfance...de l'horizon, ils ne voient que du brouillard...
Un livre très touchant!
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Lecture très difficile et éprouvante, puisqu'elle nous raconte l'histoire de Birahima, jeune Ivoirien, enfant-soldat. Tout y est raconté sans concession... de son embrigadement, en passant par sa formation et ses crimes... Il faut avoir le coeur bien accroché, parce que rien ne nous est épargné... Mais c'est le genre de lecture nécessaire, afin de comprendre le monde dans lequel nous vivions... Malheureusement composé de ce genre de crime contre l'Humanité... Je ressors troublé de ma lecture. Les mots frappent forts et frappent dur... Les prix attribués à ce récit sont amplement mérités !
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Allah n'est pas obligé, disait sa grand-mère. Pas obligé d'exaucer toutes les prières des croyants prosternés. Birahima, le narrateur, en fait l'apprentissage de dure façon dans sa quête d'un avenir meilleur représenté par sa tante vivant au Libéria. À travers les guerres tribales des pays d'Afrique de l'Ouest, Birahima, accompagné d'un féticheur musulman, traversera de dangereuses frontières en tant qu'enfant-soldat, seule manière pour un orphelin de manger à sa faim, épousant toutes les causes à sa portée pourvu qu'elles le mènent à son but. « Et quand on n'a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni soeur, et qu'on est petit, un petit mignon dans son pays foutu et barbare où tout le monde s'égorge, que fait-on? »
Au début, on ne sait trop à qui s'adresse son bla-bla, comme il dit. On sent une grande lassitude chez lui mais sitôt qu'il a commencé, il ne peut plus s'arrêter. Il raconte ses aventures « (…) avec les mots savants français de français, toubab, colon, colonialiste et raciste, les gros mots d'africain noir, nègre, sauvage, et les mots de nègre salopard de pidgin. » Un enfant devenu trop tôt un homme, assistant et participant aux pires exactions guerrières, drogué au haschich pour mieux tuer de sang-froid, dans un monde environné de superstitions et de fétichismes dans lequel la pitié et la compassion sont inexistantes.
Un roman-choc que je ne suis pas près d'oublier. Une descente en apnée dans les profondeurs de la noirceur humaine.


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Birahima est un jeune garçon que des circonstances familiales conduisent au dur « métier » d'enfant-soldat. Nous commençons par faire la connaissance du jeune garçon dans son village natal. En dépit de la lourde infirmité de sa mère, l'enfant vit relativement bien. Après la mort de celle-ci, nous le suivons dans sa nouvelle vie. Au Libéria puis en Sierra Leone, Birahima participe à des pillages et des massacres. Il semble conscient des atrocités auxquelles il participe, mais se montre fataliste. L'enfant n'est pas sans coeur et pleure ses camarades morts, ce qui ne l'empêche pas d'exécuter sa tâche d'enfant-soldat avec une certaine fierté. On comprend, à la lecture de ce texte, comment une telle dualité est possible. Ces enfants ont un passé assez lourd, sont approvisionnés en drogue dure pour tenir le coup et sont conditionnés à tuer sans scrupule.

Quelques mots sur le style qui fait l'originalité du texte mais peut dérouter. le narrateur Birahima s'exprime en « petit nègre » (l'extrait que je cite en donne un aperçu). Après une courte période d'adaptation je me suis faite à ce style particulier. Par ailleurs, j'ai bien apprécié les petites notes d'humour, jurons… qui ponctuent le récit et détendent l'atmosphère. Certaines scènes sont si pénibles que ces petites parenthèses sont les bienvenues.

Le thème est intéressant et l'histoire de ce jeune garçon éclaire bien sur la réalité des enfants soldats mais j'ai trouvé la lecture assez fastidieuse, notamment la seconde partie. L'histoire politique des deux pays et des nombreux clans qui s'entretuent prend beaucoup de place dans le récit, l'entrecoupant constamment. Quelques repères m'auraient suffit. Je dois avouer que j'ai sauté quelques pages à plusieurs reprises pour revenir à l'histoire personnelle de Birahima, plus évocatrice à mes yeux de la terrible situation de ces pays d'Afrique.

Je n'ai donc pas été totalement séduite par ce livre, qui a obtenu de nombreux prix (dont le prix Renaudot et le Goncourt des lycéens), mais je ne regrette pas pour autant cette lecture très instructive.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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