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Piotr Kowalski (Illustrateur)
EAN : 9781949028515
120 pages
Aftershock Comics (19/01/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
TOMORROW BELONGS TO…WHO?

The Future. Ultra-modern megacities reward millions of their citizens with a completely funded life, with every need met, from food to housing and healthcare, in order to compete in an economic power struggle in which population is key.

But a few rural residents still cling to their independence in what last American small towns are left. When a nearby megacity pressures the people of a small town to join up or ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Zack Kaplan, dessinés et encrés par Piotr Kowalski, et mis en couleurs par Brad Simpson, qui ont également réalisé les couvertures. Il comprend également une introduction de Kaplan d'un page développant sa relation avec le futur, ainsi qu'une postface d'une page de Kaplan sur le montage du projet et la collaboration entre les auteurs. Il se termine avec des couvertures variantes réalisées par Brandon Peterson, Natasha Alterici, Soo Lee, Andrea Mutti, Darick Robertson, Tommy Lee Edwards, 4 lettres fictives de fermiers, et 6 pages d'étude graphique.

Quelques années ou décennies dans le futur, un groupe de trois personnes accueille les nouveaux venus dans une grande cité. Ils font la promotion des nombreux avantages : des fruits et des légumes biologiques provenant des fermes verticales de la mégapole, la couverture médicale avec ses visites et sa technologie de pointe, une grande sécurité grâce aux robots gérés par des êtres humains, des appartements à la décoration modulables à l'envi, un revenu minimum universel, des spectacles et des événements sportifs, des équipements en réalité virtuelle dans chaque foyer, c'est-à-dire une mégapole sans famine, sans maladie, sans pauvreté sans crime. Bienvenue, pour rejoindre le futur. Dans le Midwest des États-Unis, dans ledit futur, William Libbey, le maire de Franklin, une petite ville rurale, apprend à sa fille Clem (diminutif de Clementine) à tirer au fusil : elle est particulièrement malhabile et son petit frère Owen qui assiste à la leçon se moque d'elle quand elle rate un dindon. Soudain un loup se jette sur elle et elle se retrouve à terre, utilisant son fusil pour tenir éloignée la gueule de l'animal sauvage. Son père parvient à abattre le loup. Clem éprouve des difficultés à respirer, mais elle n'a pas son inhalateur avec elle. Elle l'a perdu en roulant par terre sous la force de l'attaque du loup. Son père n'a d'autre choix que de la porter jusqu'à une tente où un médecin utilise un respirateur artificiel alors qu'elle est évanouie.

Clem ayant repris ses esprits, le père et ses enfants reprennent leur marche de retour vers Franklin. Là l'horizon, ils peuvent voir la mégapole et ses gratte-ciels rutilants. le père explique que c'est une incarnation du futur, un futur accueillant et addictif. Il ajoute qu'à partir du moment où un individu s'installe, ou où il marchande ses valeurs, cet individu perd sa liberté, et que la cité en a fait sa chose. Il leur fait promettre de ne jamais faire de compromis, de ne jamais rejoindre la mégapole, et ils lui promettent. Ils arrivent dans la grand rue de Franklin et découvre un individu en costume monté sur le plateau d'un énorme pick-up, protégé par un shérif et un policier, incitant les habitants, environ 200 personnes, à rejoindre la mégapole. William Libbey lui indique qu'il n'est pas le bienvenu dans la ville. L'individu rétorque que c'est un lieu public libre, et qu'il espère que William n'était pas en train de se livrer au braconnage. Ne voulant pas envenimer la situation, il réitère son invitation, et propose de laisser un chargement de dindes à cuire pour Thanksgiving. Libbey refuse, et ils repartent. le soir, lors de la fête, les discussions vont bon train, quelques-uns exprimant à William Libey leur intention de vendre.

Aftershock est une maison d'édition fondée en 2015, publiant régulièrement des histoires courtes en une demi-douzaine d'épisodes dans des genres très différents, parfois réalisées par des auteurs très connus comme Garth Ennis. Ici, Zack Kaplan a déjà plusieurs miniséries et séries à son actif comme l'excellent Port of Earth (2017/2019) avec Andrea Mutti, et Piotr Kowalski est un artiste ayant aussi bien réalisé des bandes dessinées européennes que des comics mémorables comme Terminal Hero (2014/2015) avec Peter Milligan ou Sex (2013/2016) avec Joe Casey. le lecteur plonge dans un récit qui se lit rapidement avec une dynamique basée sur une dichotomie simple : Clementine Libey se retrouve seule après l'évacuation de sa ville et elle décide de respecter la parole donnée à son père : hors de question de d'accepter d'aller vivre dans une mégapole, quels qu'en soient les avantages. Son jeune âge lui donne une volonté inflexible, inaccessible à la raison. Elle parvient à trouver un vendeur ambulant qui accepte un troc avec elle : elle effectue de petites tâches et lui prépare des bons petits plats quand l'occasion s'en présente, et il lui apprend à manier une arme à feu, et lui fournit quelques accessoires comme un fusil et des cartouches. le combat de David (l'adolescente farouche) contre Goliath (l'équipe du shérif et le représentant de la mégapole) peut s'engager.

Le dessin de couverture apparaît très détaillé, avec un encrage de la silhouette de Clem qui lui donne de l'épaisseur et de la texture, et une cité scintillante, promettant un futur radieux et moderne. le lecteur retrouve les mêmes qualités dans les pages intérieures. L'artiste impressionne tout du long avec peut-être une sensibilité européenne, et une capacité à réaliser des dessins immédiatement lisibles, avec un bon niveau d'informations visuelles. Il y a tout ce qui le faut pour une description réaliste et consistante, sans que les cases n'en deviennent trop chargées. Cet artiste sait faire exister ses personnages d'une manière très impressionnante. En observant Clem agir, le lecteur peut voir qu'il s'agit d'une adolescente déjà bien autonome, avec une détermination sans faille, rien qu'en faisant attention à ses regards. Il la voit aussi décontenancée quand une personne a une réaction à laquelle elle ne s'attendait absolument pas, ou quand survient un événement imprévisible. Elle n'a rien d'une jeune fille naïve et crédule, ni d'un adulte blasé et fort de plusieurs années d'expérience. Lorsqu'il observe les autres personnages, le lecteur constate la même qualité de direction d'acteur, la même attention portées aux détails des expressions de visage, et des postures pour le langage corporel. le père a le visage plus fermé, mais il s'inquiète vraiment quand sa fille ne parvient plus à retrouver son souffle. le vendeur itinérant en a vu d'autres, et ne se laisse pas attendrir par la jeune demoiselle : il se comporte en professionnel, tout en ne pouvant pas s'empêcher de prendre parfois une posture d'éducateur. Même le représentant en costume cravate de la mégapole n'est pas monolithique, sa fragilité d'être humain transparaissant dans certaines situations.

Ce type de récit d'anticipation exige de la part du dessinateur qu'il soit capable de donner à voir un environnement imaginaire avec un bon équilibre entre les éléments réalistes, et les éléments futuristes. Piotr Kowalksi est l'artiste de la situation : la visite guidée de 5 pages aboutit à un dessine en double page spectaculaire, et le lecteur se prend à rêver d'une ville aussi propre et accueillante, une sorte de paradis urbain. Il joue bien sûr du contraste entre la dimension de cette ville et ses constructions humaines, avec les espaces naturels ou peu aménagés par l'être humain. Il représente des végétaux et des essences d'arbres cohérents avec le climat et la géographie, à l'opposé d'une nature factice reconstituée en studio. Il ne s'agit pas d'un environnement paradisiaque apportant tout aux personnes qui ont choisi d'y vivre, ni d'un enfer hostile à la vie humaine. Il sait représenter aussi bien les chevaux que les loups. Chaque séquence bénéficie d'un plan de prise de vue conçu sur mesure, avec un sens de la mise en scène évitant les têtes en train de parler pendant les dialogues, ainsi que les personnages donnant l'impression de se déplacer dans un décor en deux dimensions, tendu derrière eux. le lecteur se projette dans chaque endroit, en ayant l'impression d'un reportage réalisé en direct, comme si tout cela était bien réel.

Dans un premier temps, le lecteur se dit qu'avec un tel artiste, le scénariste n'a pas dû trop forcer, et effectivement l'histoire se déroule rapidement sur cette dichotomie entre ville et nature, entre vie bien rangée dans un appartement et une ville fabriquée, et vie sous le signe de la liberté dans un environnement naturel moins prévisible. Il reconnaît bien volontiers que l'intrigue tient ses promesses, avec des rebondissements réguliers, et des inventions stupéfiantes (par exemple, les gigantesques engins de terraformation), et des moments pensés pour leur qualité visuelle (par exemple la vision d'une cité engloutie). Il reconnaît que l'opposition entre ville et campagne prend du sens dans ce contexte d'anticipation avec une mégapole attrayante offrant tout le confort moderne, à tous ses habitants, sans ses inconvénients, et un milieu naturel plus exigeant pour ses habitants. Il prend progressivement conscience de l'intelligence d'avoir choisi une adolescente comme personnage principal. Sa soif d'absolu lui fait refuser toute forme de compromission de ses idéaux, tout type de compromis. du coup, elle prend en pleine face la réalité de la destruction de sa ville natale Franklin, associant sa destruction aux individus qui sont venus faire la promotion de l'intégration dans la mégapole. Sa révolte est donc pleine et entière, et elle lutte de la seule manière qu'elle peut envisager : en s'en prenant à ceux qui pour elle incarne ce système. le lecteur est tout entier acquis à sa cause… jusqu'à ce qu'elle commette les actes qu'elle a planifiés. À ce moment, il devient difficile de faire la part entre une vengeance légitime, et une forme de sabotage criminel contre le système en place qui satisfait l'écrasante majorité, ce qui apporte une ambiguïté politique complexe au récit.

Perdu dans la production mensuelle pléthorique de comics, celui-ci peut attirer l'attention du lecteur pour son scénariste et pour son dessinateur, ce qui fait déjà beaucoup. Il lit un récit divertissant et rapide, avec une dynamique basique et efficace, opposant la vie urbaine à la vie campagnarde. Il s'immerge totalement dans ces environnements, ayant la sensation de côtoyer des individus réels, et de se déplacer dans des endroits tout aussi réels. Il se retrouve à prendre fait et cause pour une personne qui finit par ne représenter que ses propres intérêts, refusant de se soumettre au système en place, qui pourtant satisfait es besoins du peuple.
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