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4,06

sur 1200 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un collègue qui m'a prêté ce livre à un moment où je n'avais rien à faire et rien à lire. Ni la première ni la quatrième de couverture ne m'intéressaient: l'histoire de 2 enfants jumeaux confiés pendant la guerre à une grand-mère méchante, bof. Je me suis dit que ça allait être Vipèpre au poing version hongroise. En fait c'est très bien car c'est raconté à hauteur d'enfant, avec un mélange de naïveté et d'écriture plate. Ça m'a rappelé Annie Ernaux et le Petit Nicolas. Sauf que ce qui est raconté est particulièrement atroce et dérangeant. Les jumeaux sont donc déposés chez la Grand-mère (mi Thenardier mi Baba-Yaga) dans un village près de la frontière car la grande ville est sans cesse bombardée et manque de tout. En plus le père est prisonnier de guerre. D'emblée, on se demande s'il n'aurait pas mieux valu pour les enfants qu'ils crèvent de faim plutôt que de vivre dans des conditions hugoliennement sordides ça ce n'est pas seulement le foyer de la grand-mere qui est horrible, c'est tout le village: une communauté triste d'alcooliques pervers. Mais les enfants sont diablement intelligents et s'entraînent à survivre.
La question qui se pose est "pourquoi lire ça ?" Ce que j'ai particulièrement apprécié ce sont les portraits où, sous la crasse et la méchanceté brute perce l'humanité.
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La méchanceté pousse jusqu'au sadisme, et c'est justement le thème de ce récit terrifiant où la pornographie se révèle crasse, et met en scène la séparation de la mère totalement démunie, confiant ses deux jeunes garçons à la garde de la grand-mère maternelle, durant la seconde guerre mondiale; tous les liens étaient rompus depuis très longtemps. Les enfants découvrent pour la première fois l'existence de l'aïeule et sa dureté maligne révélant la haine et la méchanceté des hommes. Elle leur fournit les mêmes armes de défense que les siennes; afin qu'ils puissent apprendre à survivre au jour le jour dans l'enfer de la guerre...L'enfant n'est méchant que parce que il est faible, et c'est justement cette faiblesse qui est exploitée pour sauver la peau des deux frères, en les rendant plus forts.
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Quel curieux livre, à nul autre pareil...Les deux jumeaux Claus et Lucas vivent dans u pays en guerre, envoyés à la campagne chez leur grand-mère, qu'ils détestent et qui les malmène sans aucun scrupule. Mais de scrupules, les deux jumeaux en ont ont encore moins… et ils vont entreprendre leur propre éducation, pour le moins étonnante. Leur détachement est inimaginable, de même que leur cruauté et leur insensibilité devant certaines situations. Ces enfants me font peur, tant ils sont sans foi ni loi. le style est direct, beaucoup de dialogues, pas ou peu de descriptions, des phrases simples, parfois choquantes, toujours percutantes.
J'ai hâte de lire la suite dans les deux volumes suivants!.
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La Grand cahier est le premier volume de la Trilogie des jumeaux. Il narre le quotidien dur et violent de deux frères, nés au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est la guerre, aux occupants succèdent des "libérateurs". Les deux petits sont conduits par leur mère, chassés par la faim et les bombardements, chez leur aïeule, à la campagne. Cette dernière n'a de grand-mère que le nom, c'est une femme d'une avarice sordide, repoussante de saleté, une sans-coeur analphabète, la rumeur dit qu'elle a même empoisonné son mari. Dans un tel environnement hostile, les enfants observent et tirent les leçons, se cuirassent à force de volonté, s'astreignent à des exercices à seules fins de dompter la douleur. Malgré leur soif d'apprentissage et d'éducation, les enfants deviennent peu à peu de véritables sauvageons...

C'est un roman dur que le Grand cahier. le choix de la narration, prise en charge par les enfants, avec des mots simples, sans effusion aucune, ni même d'expression apparente de sentiments, accentue l'impression poignante d'âpreté et d'inhumanité.
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Après avoir découvert les différentes critiques sur Babelio, j'ai eu envie de lire « le grand cahier» d'Agota Kristof. C'est un livre étonnant, déroutant, d'une grande force malgré son libellé assez simple.
Les repères spatio-temporels sont inconnus mais on suppose qu'on se trouve en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale puis sous le régime totalitaire soviétique.
Le livre se présente sous la forme d'un recueil de rédactions écrites par deux enfants, des jumeaux quasiment abandonnés par leur mère, à la campagne pendant la guerre et à la charge d' « une » grand-mère. Celle-ci connue dans le village comme une « sorcière », une empoisonneuse. Ces enfants vont être placés dans une situation de totale précarité.
le livre est découpé en une multitude de chapitres très courts. Ces textes suivent le modèle scolaire avec un cadre fixé par les enfants eux-mêmes. Il est très strict : 2 h de rédaction sur 2 feuilles quadrillées d'un cahier. La consigne est de s'en tenir rigoureusement aux faits sans y mettre le moindre doute, le moindre choix, le moindre sentiment. Toutes leurs activités de pensée et de langage vont vers une préoccupation concrète, survivre. le livre détaille leurs techniques personnelles de survie car aucun adulte ne prend soin d'eux. Livrés à eux-mêmes, ils sont affamés et frigorifiés, utilisés mais restent en vie avec un coeur et un corps qui s'endurcissent. Impossible de les différencier, les jumeaux ne font qu'un. Ils sont capables du pire mais possèdent pourtant une espèce de conscience morale et un sens du « bien ». On est vraiment à la frontière de l'humanité.
Et ils ne vous laissent aucun répit : vous avez juste le temps d'assimiler une information qui se révèle sauvage, virulente, nocive qu'un nouveau chapitre commence et vous intoxique. On lit et après quelque temps, on se sent mal, car c'est le lecteur qui fait le lien causal entre les différents faits énoncés. le lecteur prend conscience du résultat. Une catastrophe !
C'est un livre dur, choquant, complexe.
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On est dans la seconde guerre mondiale dans un pays qu'on ne dit pas vraiment dans le roman. En Hongrie, en Pologne ou quelque part par là. Deux jumeaux de 10 ans peut-être sont confié à leur grand-mère pour travailler à la ferme. Ils s'achètent un grand cahier pour raconter la vie de tous les jours.Très bonne lecture, facile à lire mais coeurs sensibles s'abstenir car beaucoup de violence et de scènes cruelles. Mais c'est la guerre.
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"Le grand cahier" montre de façon édifiante comment faire plus avec moins. Première partie d'une trilogie, le roman raconte avec des phrases d'une simplicité déconcertante et dans un style précis l'histoire de deux frères jumeaux remis à leur grand-mère pendant la guerre. Les descriptions sont réduites à l'os, le style factuel, la langue simple, sans fioritures d'aucune sorte. Très fusionnels, les jumeaux sont les comme les deux faces d'une même pièce, ils ne font qu'un, n'ont pas besoin de se parler et racontent de façon surprenante à la première personne du pluriel. Ils sont confrontés à la souffrance, à la guerre, à la mort, au crime et aux perversions sexuelles. Pour s'adapter à leur environnement, ils expérimentent divers exercices pour s'endurcir et leur permettre de survivre. Ils s'instruisent en utilisant un dictionnaire et la Bible. Bien qu'une grande partie de ce qu'ils font puisse être considérée comme illégale et immorale en temps normal, ils sont guidés par un sens puissant de justice naturelle basé sur le besoin plutôt que sur la propriété. Ils notent en toute objectivité dans un grand cahier leurs expériences, chaque court chapitre du livre correspondant à l'une d'elles. Leur distance ou leur insensibilité par rapport aux évènements est étayée par un langage sec et épuré. Tout cela produit une lecture pour le moins étonnante avec une histoire difficile, brute et complexe, et bien sûr, pas pour tous les estomacs. Les deux jumeaux n'ont rien d'attachant, ils sont tout sauf de petits anges et pourtant on tourne les pages pour mieux les connaitre. À travers eux, Agota Kristof nous délivre un message implacable : quand le monde est cruel, les individus apprennent à être cruels à leur tour, ils inventent leur propre code moral et deviennent impitoyables pour imposer leur propre marque de justice ; c'est ainsi que les humains fonctionnent sous pression. le lecteur peut faire semblant de ne pas entendre, de ne pas comprendre ou de s'offusquer, mais la voix d'Agota Kristof transmet inexorablement son message. J'imagine que la raison pour laquelle ce roman dégage une telle force est que l'auteur a elle-même souffert de la guerre et de ses ravages, du déracinement et de l'exil. La puissance de son livre nait sans doute au sein de cette souffrance. Elle réussit à écrire un roman intense et explosif en combinant un langage sobre, une présentation objective et un contenu froid et lugubre. Bref un écrivain et un livre à découvrir.
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J'avoue qu'il m'est rarement arrivé de lire un livre aussi perturbant par les sujets abordés : pendant la guerre, une maman laisse ses jumeaux à sa mère à la campagne pour leur donner la chance de survivre. La grand-mère, sans coeur, les ignore, ne s'en occupe pas. Les jumeaux livrés à eux-même vont devenir petit à petit des petits monstres qui devront faire leur place dans la dure vie qu'on leur impose. Ils vont inventer leur propre règle, leur propre loi, leur propre morale... Et l'écriture est d'autant plus forte qu'elle emploie le point de vue des enfants, un "nous perturbant" qui enrôle les lecteurs dans cet enfer qui est le leur. Et puis, l'anonymat des noms "la grande ville", "la petite ville", "grand mère" "mère" "père" n'est là que pour nous montrer comment dans un contexte de guerre, chaque enfant peut devenir comme ces jumeaux qui survivent dans une espèce de fatalité implacable.
En tout cas, cette lecture perturbante ne peut pas laisser indifférent. On ne peut pas dire que l'on a aimé mais j'ai été accrochée par une sorte ce curiosité malsaine qui m'a fait livre le roman d'un trait... Et mon côté masochiste me donne envie de lire la suite...
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Il y a des livres que l'on referme, et que peu de temps après, quand on le retrouve, on ne sais même plus de quoi ça parlait.
"Le grand cahier", ce ne sera certainement jamais le cas, car sous son apparence quelconque de roman familial, c'est une histoire qui ne peut en aucun cas laisser indifférent.
Tout se passe pendant la guerre dans une grande et une petite ville, c'est ainsi que l'auteure décrit la situation, sans jamais donner de période ni de lieu.
Une mère confie ses deux petits jumeaux à leur grand-mère, modèle parfait de la grand-mère détestable, car avare, méchante, sale et j'en passe.
Sans s'embourber dans une situation qui pourrait s'avérer catastrophique pour les enfants, ceux-ci vont tout faire pour s'endurcir, s'éduquer et se parer à tout pour survivre dans cet enfer. de là il vont tout connaitre, des personnages de tous bords aux habitudes des plus dépravées, tout y passe.
C'est cruel, morbide, dur, choquant, je n'arrive pas trouver les termes à employer. Pourtant, il ressort de ce roman une histoire puissante morcelée en petits chapitres de trois ou quatre pages maximum, ce qui facilite énormément la lecture.
J'ai trouvé dans ce livre, une histoire, qui malgré sa dureté, exprime beaucoup de tendresse et de bonheur simple, qui font que j'ai beaucoup aimé ce livre et que je vais attaquer dès aujourd'hui "la preuve", la suite qui fait partie d'une trilogie.
Ce livre est à lire, mais attention aux âmes sensibles...
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Deux frères jumeaux sont envoyés chez leur grand-mère maternelle pour échapper aux bombardements et à la disette qui frappe "la grande ville". (On imagine que les faits se passent en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale". Leur Grand-mère, sèche, sale, cruelle, est surnommée "la sorcière" et mérite bien son nom. Acceptant à contrecoeur l'arrivée de ces petits-fils qu'elle n'a jamais vu, "ces fils de chienne" elle leur mène la vie dure.

Mais Klaus et Lucas vont s'endurcir. Exercice d'endurcissement du corps puis de l'esprit, de jeûne, d'immobilité, pour "vaincre la douleur" et ne plus jamais avoir mal, les jumeaux vont faire preuve d'un mental infaillible et se consacrer eux-même à leur études. Leur exercice de composition constitue les chapitres de ce "grand cahier" qu'ils cachent comme un tésor dans le grenier : "l'arrivée chez grand-mère", "notre voisine et sa fille", "exercice de jeûne", chaque épisode est relaté dans ce carnet.

Tout est à la première personne du pluriel ce qui renforce l'idée que les deux enfants sont une seule et même personne. Ils parlent d'une même voix et ne supportent pas la séparation. Au fur et à mesure des exercices, ils vont s'affranchir des codes sociaux et définir eux même leur morale. Bientôt la situation va s'inverser et ils vont exercer un certain pouvoir de domination sur leur grand-mère...Le chantage devient un art qu'ils maîtrisent avec brio. "La pomme ne tombe pas loin du pommier" dira un gendarme.

Il n'a pas tort. Dangereux et parfois cruels, ils surpassent la sorcière. Mais la limite entre le bien et le mal est floue et ils se montrent aussi parfois plein d'empathie: ils aident leur voisine "bec de lièvre" et sa mère à survivre et restent au chevet de leur grand mère qui les a pourtant fait souffrir.

"Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est à dire la description fidèle des faits". Cette règle d'or d'écriture des jumeaux font que ce livre est d'une atmosphère et d'un ton sans égal, à la fois enfantin et cruel. Les jumeaux ne laissent rien transparaître de leur sentiments, ce qui les rends froids et insensibles. Certaines scènes sont très crues, d'autres très violentes et laissent le lecteur dans un désarroi le plus total face à l'indifférence affichée des deux enfants... On ne sait pas si on doit les plaindre ou les maudire, les aimer ou les craindre.

Une lecture qui dérange, un livre fort et impitoyable.
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